dimanche 5 janvier 2014

Bruno Lantéri, apôtre de la Miséricorde

Bruno Lantéri, apôtre de la Miséricorde


Le Père Bruno Lantéri, fondateur de la Congrégation religieuse à laquelle j’appartiens, les Oblats de la Vierge Marie, a vécu une bonne partie de sa vie sacerdotale, durant une période très trouble de l’histoire de l’Église : la période qui a suivi immédiatement la Révolution française. Soupçonné de comploter contre le régime impérial, il a même été mis à l’écart de la vie en société pendant trois ans (de 1811 - 1814), sur ordre de Napoléon Bonaparte. Le Piémont de l’époque, avait été conquis par Napoléon. Dès 1802, « le gouvernement avait ordonné la suppression complète des Ordres monastiques et des Congrégations religieuses dans le Piémont. Rome avait demandé aux religieux de ne pas résister, de quitter leurs maisons religieuses et de mettre de côté leur costume religieux, comme le gouvernement le commandait » (Timothy M. Gallogher, omv, Begin Again, The Life ans Spiritual Legacy of Bruno Lanteri, The Crossroad Publishing Company, 2013, pp.61 et 62; la traduction française de ce texte, a été faite par moi).

Pourquoi parler de la période la plus sombre de la vie de notre fondateur? C’est pour souligner que notre fondateur, malgré de grandes souffrances et de terribles épreuves, a toujours eu foi et confiance en l’infinie bonté de Dieu et en sa tendre Miséricorde. Croire que Dieu est bon quand tout va bien, c’est assez facile à faire. Mais croire que Dieu est bon quand tout semble s’écrouler autour de nous, c’est parfois héroïque. Une des phrases de la Bible que notre fondateur appréciait tout particulièrement, se trouve au tout début du Livre de la Sagesse. Je vais la citer en latin, car notre fondateur la citait souvent en latin, mais aussi parce qu’un des mots en latin, met l’emphase sur un des aspects importants de la spiritualité de notre fondateur. La phrase du livre de la Sagesse, est la suivante : « Sentite de Domino, in bonitate » (Sg 1, 1). Si on considère cette phrase avec les yeux et le cœur d’une personne de langue française, on la traduirait ainsi : « Ressentez que Dieu est bon ». Je pense sincèrement que notre fondateur aimerait cette traduction, qui est d’ailleurs l’équivalent de ce que nous dit le Psaume 33 dans la Bible : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 33, 9). Dans les bibles plus récentes, on traduit ainsi cette phrase : « Ayez sur le Seigneur des pensées droites », ce qui, de fait, veut dire la même chose : si nous voulons penser à Dieu de façon adéquate, nous nous devons de penser à Lui comme étant infiniment bon.

Notre fondateur était un confesseur et un directeur spirituel très couru de son temps. Nous pouvons avoir une idée des conseils qu’il donnait aux gens qu’il accompagnait, en lisant les lettres qu’il envoyait à des personnes qui se confiaient à lui. À une dame qui se confiait à lui, le Père Lantéri répondit :

« Pensons au fait que le Saint des Saints, Jésus Christ, a voulu lui aussi être tenté. Par conséquent, nous devrions considérer les tentations comme des faveurs, et nous remplir d’allégresse spirituelle, en conformité avec ce que nous demande saint Jacques : Mes frères, pensez aussi que toute l’allégresse de cette vie se situe dans le fait d’avoir des tentations, en sachant qu’avec les tentations, nous exerçons la patience, qu’avec la patience, nous exerçons toutes les vertus. Il est facile d’être gentil sans contrariété, patient sans occasions, chaste sans combat. Par conséquent, persuadez-vous que les tentations sont un bien que Dieu vous procure, et soyez assurée que Dieu ne permettra pas que vous soyez tentée au-delà de vos forces.

Apprenez à aller de l’avant avec vos manquements, et, par conséquent, supposez comme certain que vous en commettrez plusieurs, parce que servir Dieu sans manquement, est accordé uniquement au ciel, et saint François de Sales dit que la perfection ne consiste pas à ne jamais tomber, mais à se relever aussitôt après la chute, en reconnaissant notre misère et en demandant pardon à Dieu, mais en toute tranquillité, et sans nous étonner, en disant à Dieu que nous avons agi d’après ce que nous sommes et que Lui doit agir d’après ce qu’Il est. Si nous tombons, nous devons nous relever aussitôt et demander pardon; et ne jamais nous fatiguer de nous relever, même si nous tombons mille fois car si le petit enfant ne voulait plus se relever ni marcher parce qu’il tombe souvent ou par crainte de tomber à chaque pas, il n’apprendrait jamais à marcher.

Par conséquent, faisons-nous une grande idée de la bonté de Dieu. Ne la mesurons pas d’après notre petitesse, en nous imaginant qu’Il se lasse de notre instabilité, de notre pauvreté, de nos oublis, et qu’Il désire se venger de nos péchés, nous enlever son aide, nous refuser des grâces (1). Penser ainsi ferait en sorte que nous n’oserions plus aller lui demander pardon quand nous manquons à nos résolutions. Il n’est pas ainsi, notre bon Dieu. Dieu n’a pas besoin de nous, si ce n’est pour exercer sa miséricorde. Attribuons à Dieu ce qui lui appartient, c’est-à-dire, d’être bon, miséricordieux, plein de compassion; d’être un père aimant qui nous relève, qui ne se fatigue jamais de nous pardonner, et qui au contraire, se sent honoré et heureux quand nous allons lui demander pardon. » (Bruno Lantéri, Carteggio, volume 2, p. 126 ; la traduction française est la mienne)

En lisant ces phrases, comment ne pas entendre la voix de notre cher pape François, qui nous exhorte souvent à ne jamais nous fatiguer de demander pardon à Dieu?  

Dans le même ordre d’idée, on pourra lire avec profit, la très belle expérience spirituelle qu’a vécue un jour madame Georgette Blaquière. Pour prendre connaissance de cette expérience, veuillez cliquer sur les mots suivants : Dieu ma joie: Décès de madame Georgette Blaquière

(1) Dans une lettre écrite à une autre personne, le Père Lantéri reprend cette idée et nous dit que le fait de penser que Dieu se lasse de nos fautes, et qu’à cause d’elles, Il nous refuse son aide ou les grâces dont nous avons besoin, « est une abomination due à notre ignorance et constitue un grand tort que nous faisons à Dieu, en le mesurant d’après notre petitesse ». (Bruno Lantéri, Carteggio, volume 2, p. 133 ; la traduction française est la mienne)



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