dimanche 11 novembre 2012

Un vent de fraîcheur

Un vent de fraîcheur 

Un vent de fraîcheur a soufflé hier sur Montréal. Je ne parle pas de météo; le mercure était assez près du point de congélation. Je parle de vent de fraîcheur sur la terre aride qu’est devenue Montréal la grande, Montréal que je qualifie parfois assez méchamment de « Babylone du Québec » ou, de façon un peu plus bienveillante de « Capharnaüm québécoise ». Sur nos terres arides à force de nous couper de nos racines spirituelles et de refuser la sève qui monte toujours, à grand-peine il est vrai, du grand arbre de vie qu’ont planté nos ancêtres et les nombreuses personnes québécoises canonisées ou béatifiées par notre Mère l’Église, un grand vent de fraîcheur a soufflé hier.    

 

Un de mes meilleurs amis qui habite à Québec et dont le nom est Michel Fauteux, m’a invité il y a de cela quinze jours environ, à aller visionner un film documentaire intitulé : Alleluia, dans le cadre des RIDM (Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal). Ce film mettait en « vedette » quatre jeunes québécois âgés entre 19 et 24 ans, qui sont devenus frères Dominicains : Jonathan, Daniel, Julian et Simon. Le film nous permet de suivre les débuts de ces jeunes dans la vie religieuse, leurs deux premières années de formation : le postulat et le noviciat. Ce film est tout simplement magnifique, spécialement les vingt-cinq dernières minutes et le début. Vers le milieu, il y a eu un léger flottement qui nous a permis de mieux apprécier les deux moments forts du film dont je viens de parler.

 

J’ai été étonné et ébloui de voir tant de sagesse chez des jeunes québécois qui se sont dits ouvertement athées ou incroyants avant leur conversion qui a commencé au CEGEP, grâce à un professeur de philosophie intelligent et croyant. Tel fut le premier choc spirituel à l’origine de l’éveil religieux de ces quatre jeunes : comment quelqu’un d’intelligent pouvait-il être croyant en 2012?

 

Je ne vous parlerai pas davantage du film que vous pouvez d’ailleurs aller voir cette semaine car il y aura une autre représentation. J’ai même su que ce documentaire sera télédiffusé un jour, probablement à Radio-Canada ou RDI, mais on ignore quand.

 

Je veux toutefois vous parler un peu du bonus auquel nous avons eu droit hier. Le réalisateur du film et les quatre jeunes religieux sont montés sur scène après la projection du film et ont répondu aux questions du public. Ce fut, un « plus » pour toutes les personnes présentes, un cadeau que l’on doit sûrement au fait que nous étions un samedi. Les quatre jeunes ont pu venir d’Ottawa où ils étudient et participer au lancement du film.

 

Lorsqu’il y a des périodes de questions, il y a toujours quelqu’un qui prend la parole pour poser des questions embêtantes et que nous préférerions ne pas entendre. Ce fut le cas hier. Un homme d’âge mûr a été assez critique concernant les jeunes religieux. Mais une fois de plus, je me suis rendu compte que les questions ou les remarques les moins intelligentes sont souvent très précieuses car elles font ressortir davantage l’intelligence des gens auxquels elles sont posées; à supposer bien sûr, que les gens qui reçoivent la question soient vraiment intelligents. Ce fut le cas hier.

 

Je vais rapporter deux remarques de l’homme d’âge mûr et les réponses auxquelles nous avons eu droit, comme un grand cadeau. Malheureusement, je ne pourrai pas vous donner les réponses textuelles des jeunes car je n’avais pas mon enregistreuse avec moi. Sachez toutefois que les réponses étaient encore plus belles que ce que je vais en dire. J’avais l’impression de me retrouver devant les jeunes du livre de Daniel dans la Bible, à la cour de Babylone. Les questions de l’homme de l’âge mûr ne seront pas « textuelles » elles non plus, bien sûr, mais cela est moins grave dans mon esprit.

 

Première remarque de l’homme d’âge mûr: constatant que les quatre jeunes portaient devant nous l’habit dominicain, habit de couleur beige-blanc très visible de loin, il a dit ceci: « C’est bien beau cet habit dominicain que vous portez, cela fait partie aujourd’hui du spectacle en quelque sorte, mais j’espère que vous ne portez pas cet habit en public, dans les rues. » Voici la réponse reçue : « Oui, il nous arrive de porter notre habit religieux en public. Mais tout dépend de la raison pour laquelle nous portons notre habit. Nous ne le portons pas pour provoquer les gens, ou comme un moyen de contestation ou d’ostentation. Nous le portons dans un but d’évangélisation. Notre expérience est la suivante : plusieurs personnes, nous voyant même de loin, s’approchent de nous pour nous parler, nous poser des questions, se confier à nous. Notre habit religieux nous aide à entrer en contact avec les gens. Cet habit attire souvent les gens à nous et ainsi nous pouvons répondre à leurs questions ou écouter ce qu’ils ont à nous dire. Les gens qui nous approchent sont toujours bienveillants. »

 

Deuxième question de l’homme de l’âge mûr: « C’est bien beau tout ça, mais vous partez d’un « a priori » (d’une idée préconçue, d’une supposition): l’a priori que Dieu existe; et vous fondez votre vie sur ça. » Et voici la réponse reçue : « Je tiens à rappeler ce que vous avez vu dans le film : tous les quatre, nous venons du milieu de l’incroyance. C’est la recherche de la vérité qui nous a conduits à Dieu. C’est à force d’étudier, de lire de grands maîtres, d’observer la nature que nous en sommes venues à la conclusion et à la certitude que Dieu existe. C’est tout sauf un « a priori ».  

 

Autre question venue de l'assistance: Une assez jeune femme, peut-être dans la trentaine, a posé à nos quatre jeunes religieux la question suivante: "Que pensez-vous de la position de l'Église catholique sur des questions telles que l'avortement, la contraception, l'accessibilité des femmes à la prêtrise, etc? " Une telle question n'était vraiment pas surprenante, en un sens, car ce sont les questions que les gens "du dehors (les personnes qui vivent en marge de l'Église ou même en dehors d'elle)" posent toujours aux personnes "du dedans (les personnes qui fréquentent l'Église), surtout si ces dernières se présentent comme ayant autorité. Un des quatre jeunes a répondu de façon très surprenante et très belle. Il a commencé par dire qu'il n'avait aucun problème avec la position de l'`Église catholique sur ces questions et qu'au contraire, il était tout à fait d'accord avec ce que propose et enseigne l'Église sur ces sujets. Et immédiatement après, il a ajouté ceci, que je trouve tout simplement admirable: Mais vous savez chère madame, quant à nous, au début de notre conversion, nous nous sommes battus avec des questions beaucoup plus grandes et importantes que celles-là. Comme celles-ci, par exemple: "Est-ce qu'il est possible et raisonnable que Dieu se soit fait homme? Est-ce qu'il est possible que Jésus soit vraiment ressuscité? La résurrection de Jésus est-elle un mystère défendable?" Voilà les questions qui nous préoccupaient et que nous devions d'abord affronter et résoudre." Cette réponse est presque géniale à mes yeux. D'une part, elle relativise l'importance des questions posées par la dame, et, ce qui est encore plus extraordinaire, elle offre en même temps une clef pour résoudre ces mêmes questions: si Dieu s'est fait homme, si Jésus est vraiment ressuscité, alors tout est possible pour Dieu et pour la personne qui croit en Lui. Par conséquent, les choses qui nous semblent impossibles à croire, auxquelles faisaient référence  les questions de la dame, deviennent du domaine du possible.

 

L’Église nous invite à lire les signes des temps. Ces quatre jeunes sont un signe pour nous. Le réalisateur du film, Jean-Simon Chartier, est non-croyant. Il a pourtant fait un film magnifique qui capte l’essence même de la foi. Comment ne pas faire un lien avec le dernier film de Bernard Émond, cinéaste lui aussi non-croyant, qui passe en ce moment sur nos écrans de cinéma? Bernard Émond a fait une trilogie sur les trois vertus théologales : la foi, avec son film La Neuvaine; l’espérance, avec son film « Contre toute espérance » et la charité avec son film « La Donation ». Présentement, nous pouvons voir son film intitulé : « Tout ce que tu possèdes ».

 

Ce dernier film de Bernard Émond, « Tout ce que tu possèdes » tombe pile car l’évangile d’aujourd’hui, en ce dimanche 11 novembre, est le suivant:


EVANGILE - Marc 12, 38-44
Dans son enseignement, Jésus disait :
38 « Méfiez-vous des scribes, 
qui tiennent à sortir en robes solennelles 
et qui aiment les salutations sur les places publiques,
39 les premiers rangs dans les synagogues 
et les places d'honneur dans les dîners.
40 Ils dévorent les biens des veuves 
et affectent de prier longuement : 
ils seront d'autant plus sévèrement condamnés. »
41 Jésus s'était assis dans le Temple en face de la salle du trésor 
et regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. 
Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes.42 Une pauvre veuve s'avança 
et déposa deux piécettes.
43 Jésus s'adressa à ses disciples : 
« Amen, je vous le dis : 
cette pauvre veuve a mis dans le tronc
plus que tout le monde.44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, 
mais elle, elle a pris sur son indigence : 
elle a tout donné, 
tout ce qu'elle avait pour vivre. »

Simon, Julian, Daniel et Jonathan  ont témoigné devant nous hier de ce que c’est que de découvrir Dieu dans sa vie. Ils ont témoigné de la vérité du passage de l’évangile où Jésus dit à la foule en parabole: « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ. » (Mt 13, 44)

 

 

5 commentaires:

  1. Jésus disait à la foule ces paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ. (Mt 13, 44)

    ...C'est la première fois que je comprends cette parabole!

    J'ai vraiment hâte de voir ce film. Quelle tristesse que je n'aie pu venir avec vous!

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    1. Je ressens le même sentiment, Mathieu. Quelle tristesse que nous n'ayons pu venir avec notre si cher père Guy.

      Colette

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  2. Bonjour,

    Un vent de fraîcheur... en effet, quelle belle métaphore, titre significatif, symbolique pour votre texte, père Guy.

    Comme il est et serait beau et bon qu'un tel vent souffle sur Montréal actuellement! Les montréalaises et montréalais en ont un réel et pressant, voire un urgent besoin, dans les circonstances présentes de l'actualité.

    Sûroit, alizé, sirocco, tous des beaux noms de vents pour lesquels je ressens le si fort désir par les temps troubles que nous connaissons actuellement. Que de fraîcheur serions-nous en droit de nous attendre et souhaiter, et ce dans le coeur de la population montréalaise autant que québécoise. Le plus beau vent, que l'on puisse espérer, et qui soufflerait dans l'esprit et le coeur, devrait en être plutôt un venant du souffle de l'Esprit Saint!

    Je ne veux surtout pas embêter qui que ce soit, membres de votre blog, avec mes états d'âme. Par contre, nous ne pouvons fermer les yeux ni nous mettre la tête dans le sable, faire semblant de ne rien voir ou ressentir devant la déplorable, néfaste et malsaine situation qui prévaut autant à Montréal qu'au Québec tout entier. Oui, cela ressemble fort aux termes que vous exprimez, père Guy, et c'est réaliste et non méchant de le mentionner, comme étant la "Babylone du Québec", plus bienveillant comme vous dites "Capharnaüm québécoise"! (rires).

    Ce n'est que ma réflexion bien personnelle face au texte que vous avez écrit, et que j'ai reçu comme une douce pluie d'été vivifiante, une ondée rafraîchissante.

    Souhaitons-nous, toutes/tous et chacun/e, que le souffle de l'Esprit Saint nous atteigne et nous caresse de sa douceur et de ses bienfaits.

    En terminant, je pense à un petit chant de la Famille Myriam, que j'ai eu le bonheur de connaître en février 1997, - époque où mon époux était hospitalisé - lors de leur passage à la paroisse Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, à Ville-Émard. Retraite paroissiale sur le thème "Quelle joie"! à laquelle j'ai eu le privilège bénéfique et tellement bienfaisant d'assister et d'accueillir come une une bouffée d'oxygène.

    Ce fut la première fois que j'achetais une cassette audio des chants de la Famille Myriam. Ces beaux chants inspirés me font toujours un bien immense à écouter dans les moments plus sombres de ma vie. Le nom de ce chant qui me touche toujours est : Viens Esprit de lumière! (Maranatha, en langue inuit, sous toutes réserves de ma part).

    Je nous le partage avec gratitude, et ce en reconnaissance pour Famille Myriam qui est une famille empreinte de joie et de bonheur partagé.

    Je suis incapable de trouver sur YouTube cette magnifique chanson. Par contre, je nous fais lire et écouter ceci.

    http://www.youtube.com/watch?v=h5y6RKOsOCc

    Veuillez excuser la longueur de mon commentaire et merci de m'avoir lue.

    Colette est mon prénom usuel! (sourires)

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  3. Commentaire d'un jeune homme de Québec qui a vu le film Alleluia! dimanche, à Québec, en la fête du Christ Roi:

    «Il y avait beaucoup de monde, surtout des catholiques; il ne restait que quelques sièges dans la salle. Il y avait quatre frères dominicains et nos deux évêques auxiliaires. Je pense que les gens ont beaucoup aimé, enfin pour ceux à qui j'ai parlé.»

    Commentaire d'une dame qui a aussi vu le film à Québec:

    « (...) tous, nous avons beaucoup aimé. Nous avons hâte qu'il sorte en DVD.

    C'est merveilleux de voir aller ces jeunes! Ils ont bien besoin de nos prières dans ce monde d'incroyants rebelles à l'Église que sont les gens de notre génération.»

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    1. C'est vraiment agréable que d'avoir de la rétroaction (feedback) face à ce film, ainsi que via le blog de notre ami, père Guy. Quelque part, cela rejoint un peu l'espérance que je nous souhaitais et nous souhaite toujours dans mon "longgg.." commentaire (rires) sur ce texte "Un vent de fraîcheur".

      Il est à souhaiter également qu'un grand nombre de personnes puisse voir ce film, toutes valeurs humaines et de foi confondues.

      Merci Michel de nous l'avoir partagé

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