lundi 25 avril 2016

Le dimanche de la nouveauté

Le dimanche de la nouveauté
 

Le cinquième dimanche de Pâques de l’année C peut être qualifié de « dimanche de la nouveauté ». Il y a deux jours, j’ai commenté la deuxième lecture de la messe de ce dimanche, en m’arrêtant aux paroles que voici, tirées de l’Apocalypse de saint Jean : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous dit :

« Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13, 34-35)

Pourquoi ce commandement est-il nouveau? Il est nouveau d’abord et avant tout parce que Jésus ne l’avais jamais donné auparavant. Ma sainte préférée, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, m’a fait comprendre un jour pourquoi Jésus n’avait pas donné son commandement nouveau avant la veille de sa mort. C’est quand même étonnant, non? C’est son commandement à Lui, celui qui lui est le plus cher, et il attend la veille de sa mort pour nous le donner. Jésus a donné beaucoup de commandements durant sa vie publique: Tenez vos lampes allumées; soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait; aimez vos ennemis; faites du bien à ceux qui vous haïssent et vous persécutent, etc. Tout cela, Jésus nous a invités à le faire dans les enseignements que nous retrouvons dans les évangiles. Mais nous étions alors invités à vivre ces commandements au mieux, de la meilleure façon possible.

Mais la veille de sa mort, Jésus demande à ses apôtres de s’aimer les uns les autres comme Lui les a aimés. Cela c’est nouveau. Jamais Jésus n’avait levé la barre aussi haute en donnant un commandement; sauf, peut-être pour le commandement suivant: « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ». Là aussi la barre est extrêmement haute, mais on pourrait se donner comme excuse que personne n’a vu le Père. Comment alors pouvoir l’imiter? Mais les apôtres ont vu pendant trois ans comment et à quel point Jésus les a aimés. Et le geste du lavement des pieds que Jésus a posé quelques minutes avant de donner son commandement nouveau, était un condensé très fort et inoubliable de l’amour qu’il avait toujours manifesté envers ses apôtres.

Thérèse de l’Enfant-Jésus a dit un jour à Jésus: « Tu sais très bien Jésus, qu’il m’est impossible d’aimer mes sœurs comme tu les aimes, à moins que Tu ne viennes en moi pour les aimer à travers moi ».  Or juste avant de donner son commandement nouveau, Jésus s’est donné en nourriture aux apôtres; il a institué l’Eucharistie. Il a trouvé le moyen de venir en nous pour nous transformer en Lui, pour nous communiquer Son AMOUR. Maintenant, grâce au plus grand des sacrements, nous pouvons aimer comme Lui nous aime, parce que c’est Lui-même qui aimera à travers nous. Voilà pourquoi Jésus ne pouvait pas donner son commandement nouveau avant le soir du Jeudi Saint.  

Le commandement de Jésus est nouveau aussi parce que chaque jour nous devons entendre Jésus nous le chuchoter à l’oreille. Chaque jour nous devons entendre ce commandement de la bouche de Jésus car chaque jour nous risquons d’offenser quelqu’un ou d’être offensé par quelqu’un. De même que nous devrions prier le Notre Père à chaque jour pour demander pardon à Dieu comme nous pardonnons aux autres, de même devrions-nous demander à chaque jour à Jésus de nous chuchoter à l'oreille son commandement nouveau.

Car nous avons tous l’expérience de ceci: c’est très souvent dans les « communautés chrétiennes » que le commandement nouveau de Jésus est le moins bien vécu. Quel mystère! Voilà un très grand mystère à mes yeux. Comment se fait-il que dans nos paroisses, il y ait tellement de jalousies, de médisances, de rancœur, de fermetures, de conflits, entre des personnes qui viennent se nourrir régulièrement du Pain de Vie???  Comment cela se fait-il ????  Et cela, même les gens qui ne fréquentent pas l’église, le savent. Presque tout le monde peut dire ceci: « Les chrétiens qui fréquentent la messe le dimanche, ne sont pas meilleurs que nous. Nous les entendons parler durant la semaine au bureau; nous voyons à quel point ils sont critiques des autres, à quel point ils médisent, ils se fâchent facilement et sont rancuniers. »

Jean Vanier, qui est un des plus grands prophètes de notre temps, a écrit un livre magnifique sur la vie en communauté. Le livre s’intitule: « La communauté, lieu du pardon et de la fête ». Je trouve ce titre génial. Jean Vanier est allé au cœur de la question en ce qui concerne la vie en commun. Il faut qu’à chaque jour, à chaque heure du jour, nous soyons prêts à pardonner à qui nous offense. Car l’offense est si facile et le pardon parfois si difficile. Mais si nous apprenons à pardonner, et seul Jésus peut vraiment nous apprendre cela, la fête s’ensuivra. Là où il y a pardon, il y a la fête, comme le montre si bien la parabole du Père Miséricordieux, autrefois appelée la parabole de l’enfant prodigue (Lc 15, 11-32). 

Jésus aurait aussi pu dire: « C’est au manque d’amour que vous aurez les uns pour les autres, que les gens pourront savoir que vous n’êtes pas mes disciples. »







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