Une vie ordinaire
Gérard Raymond est né à Québec, dans la paroisse de Saint-Malo, le 20 août 1912. Fils de Camille Raymond,
conducteur de tramways, et de Joséphine Poitras, il est le quatrième d'une famille de huit enfants. Ses parents lui
transmettent la même foi qui les fait vivre, l'amour de Dieu, du prochain et le culte de l'Eucharistie.
À douze ans, il commence ses études classiques au Petit Séminaire de Québec. Ses professeurs et ses condisciples le
considèrent comme un étudiant doué, travailleur et soucieux de bien préparer son avenir. Il connaît des succès
scolaires constants et prend part à toutes les activités que le milieu étudiant de l'époque peut offrir.
Lors d'un concours intercollégial portant sur les saints martyrs canadiens, il mérite le premier prix. Son texte est
publié sous le titré: Le sourire du martyr (1931). Ce travail est l'expression de ses sentiments et de ses désirs
intimes. Le jeu de mots qu'il a choisi comme pseudonyme pour signer son oeuvre. J. Mitré (j'imiterai), exprime bien
les aspirations profondes de Gérard pour le martyre. Presque toujours le premier de sa classe, il sait reconnaître
l'essentiel: « Peu importe les succès de classe, pourvu que j'arrive bon premier dans ce grand concours dont le ciel
est l'enjeu. Mon Dieu, faites de moi un saint » (19 septembre 1930).
On le voit s'appliquer à la prière, réciter chaque jour son chapelet et s'arrêter souvent dans les églises qui se
trouvent sur son chemin d'écolier pour se recueillir, et les vendredis pour méditer le chemin de la Croix. Mais on est
loin de se douter de l'intensité de la vie intérieure qui l'habite.
En décembre 1931 - il n'a que 19 ans - il doit entrer à l'Hôpital Laval. Les médecins viennent de diagnostiquer une
phtisie foudroyante (tuberculose à évolution très rapide) qui va l'emporter. Il vivra encore six mois. Il décède le 5
juillet 1932, quelques semaines avant d'avoir atteint ses 20 ans. Durant son séjour à l'hôpital, il n'a pas de plainte,
pas de regret et il donne à tout l'entourage l'exemple de l'acceptation généreuse de la volonté de Dieu.
Une âme d'élite
La qualité de l'âme de Gérard Raymond nous est révélée par le journal intime que le jeune homme commence à
rédiger le 23 décembre 1927, et que ses parents vont trouver dans son bureau de travail au lendemain de son décès.
Gérard Raymond indique lui-même le but de l'exercice qu'il entreprend: « Ce journal, ô mon Dieu, je veux qu'il soit
un long colloque avec vous où je vous dirai mes pensées et mes joies, et où je reviendrai me retremper les jours où
ma ferveur faiblira. »
Dans cet écrit, il livre ses sentiments, ses élans, ses rêves. On y découvre sa profonde humilité, son ardent amour de
Dieu, son souci d'accomplir parfaitement son devoir d'état, son sublime esprit de sacrifice, son souffle apostolique et
son abandon total à la volonté de Dieu.
Gérard Raymond se révèle encore, dans ces pages, capable d'une élévation spirituelle remarquable: « Je sais bien
qu'on ne peut vous aimer sans souffrir, ô Jésus. Je sais qu'il faut monter plus souvent le Calvaire que le Thabor; mais
c'est un bonheur que de souffrir pour celui qui nous aime. Faites-moi donc éprouver ce bonheur dès qu'il vous plaira
» (juillet 1929).
Il dévoile également son désir de devenir prêtre, missionnaire et martyr. « Depuis mon enfance, je n'ai jamais pensé
à choisir une autre vocation que celle du prêtre » (septembre 1929). « En attendant, être missionnaire par la prière
et le sacrifice » (octobre 1930). « Je crois avoir l'attrait pour la vie franciscaine: vie cachée, vie de pénitence, vie
toute à Dieu » (juillet 1929).
Aussi, souvent il se recommande à la petite Thérèse de Lisieux qu'il aime beaucoup: « Apprenez-moi à devenir un
saint. » Et il cherche à l'imiter: « Je veux suivre la petite Thérèse de Jésus, dans sa petite voie. Voie d'amour, voie
d'enfance, voie d'abandon » (15 juin 1929).
Le secret de Dieu
C'est peu de temps après sa mort, avec la publication de son journal, qu'on commence à le connaître et à lui confier
des intentions de prière. Bientôt, des témoignages lui attribuent des conversions, des guérisons et d'autres faveurs
temporelles. (1)
Je veux placer devant moi la Croix, En faire mon idéal
Je suis dans l'admiration en pensant à ce jeune Québécois mort à 19 ans et dont la vie rayonne encore un siècle après sa vie sur cette terre. Je suis heureux de savoir que mon ami Gérard avait ce jeune passionné de Dieu comme patron et comme aide dans le ciel. Je suis aussi émerveillé à la pensée que la mère de mon ami Gérard ait pensé à donné à un de ses enfants le nom de Gérard Raymond. Les saints rayonnent vraiment d'une façon spéciale.
Le plus âgé de mes deux amis nommés Gérard :
Après avoir été visiter le plus jeune de mes deux amis, je suis allé voir mon autre ami Gérard qui lui est nonagénaire. Si je me souviens bien, il a 92 ou 94 ans. Après l'avoir salué, je lui ai demandé si ses parents l'avait appelé Gérard en l'honneur de Gérard Raymond. Il m'a répondu que non, mais que sa mère l'avait nommé Gérard en l'honneur de saint Gérard Majella. Elle aimait tellement ce saint qu'elle a appelé un autre de ses garçons Majella qui est décédé à l'âge de trois ans. Il n'en fallait pas plus pour que j'aille m'informer sur ce saint dont j'avais déjà entendu le nom mais que je ne connaissais pas du tout.
"Dès l'âge de cinq ans, le petit Gérard mettait sa joie à parer de fleurs un petit autel orné d'images pieuses, parmi lesquelles celle de l'archange saint Michel tenait une place d'honneur. ... Mais où Gérard appelait sur lui l'admiration de tous, c'était à l'église. Il s'y tenait constamment à genoux, dans une attitude recueillie, qui ravissait les âmes et les portait à Dieu. Quand le prêtre élevait l'hostie sainte, il s'inclinait profondément, le front à terre. Un matin, pressé par un élan intérieur, il s'approcha avec les autres fidèles de la Table sainte, pour recevoir l'Eucharistie ; mais comme il n'avait alors que huit ans, le prêtre passa outre, sans la lui accorder. Gérard se retira dans un coin de l'église et pleura amèrement.
Ces larmes touchèrent le coeur de Jésus, qui, la nuit suivante, le fit communier par la main de l'archange saint Michel. Ce fait est appuyé sur de tels témoignages qu'il est impossible de le mettre en doute (1).
L'archange Saint Michel donnant la communion au jeune Gérard
Sous l'impression de ces grâces merveilleuses, l'enfant revenait sans cesse vers le sacrement.de l'autel, et restait de longues heures près du tabernacle. Dès que la cloche appelait les fidèles à la visite du soir, il sortait de la maison pour aller à l'église, et y entraînait les petits camarades qu'il rencontrait.
(1) Le lendemain de cette nuit mémorable, Gérard, avec l'ingénuité de son âge, raconta cette communion miracuculeuse devant plusieurs personnes amies de la famille, entre autres, Emmanuelle Vetromila. — Plus tard, devenu religieux, et interrogé au nom de l'obéissance, il confirma la réalité de cette faveur.
Tiré de :
Le jeune Gérard dut cependant attendre l'âge de dix ans pour faire officiellement sa "première communion". J'ai tenu à souligner à quel point dès son jeune âge Gérard Majella vouait un très grand amour pour Jésus Eucharistie pour mieux intuitionner par la suite la souffrance qu'il endura lors de la pire épreuve de sa vie.
Biographie de Gérard Majella
Gérard Majella naît le 9 avril 1726 à Muro Lucano en Italie. Il est le plus jeune de cinq enfants, son père est un humble artisan tailleur. Dès l'enfance, il est favorisé de grâces exceptionnelles. A huit ans, il ne trouve sa joie qu'auprès du tabernacle, plonge dans de profondes prières, il en oublie même de manger. Son père meurt lorsqu’il a douze ans et Gérard est alors placé chez un tailleur. Après quatre ans d’apprentissage, il devient serviteur de Monseigneur Claudio Albini, évêque de Lacedonia, celui-ci se montre dur et sévère avec le jeune garçon qui accueilli les châtiments par amour pour le Christ. Gérard vivait tout absorbé en Dieu, presque sans manger et faisait déjà d'étonnants miracles. Le jeune garçon était déjà possédé de la folie de la Croix.
Ressentant en lui un profond appel à la vie religieuse, Gérard se présente au couvent des capucins de sa ville, il y est refusé à cause de sa santé fragile. Ne se décourageant pas, il entre à vingt-trois ans, en 1748, dans la congrégation du Saint-Rédempteur fondée en 1732 par saint Alphonse de Liguori. Dès son noviciat chez les rédemptoristes, Gérard pratique les vertus avec héroïsme. Il fait ses vœux solennels en 1752 et se voit, alors, confier différentes charges selon les nécessités : jardinier, concierge, cuisinier, garçon d’écurie. On lui confie aussi la place de sacristain, qui lui donne l’occasion de satisfaire sa dévotion, il a de fréquentes extases en contemplant le Christ crucifié. En toutes circonstances, Gérard est joyeux, prompt à obéir, partage ses biens avec les plus pauvres, et pratique diverses mortifications et dévotions. Il fait écrire sa règle de vie sur la porte de sa cellule : « Ici on fait la volonté de Dieu, comme Dieu le veut, et aussi longtemps qu’il le veut ». Le frère rédemptoriste était empli d’une brûlante charité envers le prochain et réalisa de nombreuses guérisons inexplicables. Il avait le don de bilocation, le don de connaître l’avenir et obtins des grâces de conversions tout à fait incroyables chez les pécheurs les plus endurcis.
Gérard supporta avec patience la calomnie lorsqu’il fut accusé publiquement par une jeune fille, d’avoir une relation illicite avec une certaine Nicoletta, en réalité abandonnée par un noble débauché, et père de l’enfant qu’elle portait. Frère Gérard se refugia dans le silence afin de rester fidèle à la règle qui lui imposait de souffrir en silence n’importe quelle mortification. Troublée par son humilité et son acceptation de la volonté de Dieu, l’accusatrice se convertit et le disculpa entièrement.
Après une courte mais intense vie religieuse Gérard Majella meurt de la tuberculose le 16 octobre 1755, il n’avait que 29 ans. Il est béatifié en 1893 par Léon XIII et canonisé par Pie X en 1904. Saint Gérard Majella est fêté le jour de sa naissance au Ciel : le 16 octobre.
Il est le saint patron et protecteur des femmes enceintes, des mères de famille, des enfants à naître, des personnes accusées à tort et de la bonne confession.(2)
Quelques détails sur l'épreuve de sa vie :
Il a été dit précédemment que Gérard est entré dans la Congrégation du Saint Rédempteur (les Rédemptoristes) fondée seize ans auparavant par saint Alphonse de Liguori. Une dame nommée Néréa Coggiano accusa Gérard Majella d'avoir eu une liaison avec une jeune femme nommée Nicoletta et d'être le père de son enfant. Néréa complota avec la jeune mère et son témoignage était tellement convaicant qu'elle persuada Don Benigno, un prêtre d'une grande vertu de la véracité de ses dires :
" Néréa écrivit à saint Alphonse, et don Benigno apostilla le témoignage de sa pénitente. On se figure aisément la torture dans laquelle fut plongé le saint fondateur en recevant ces deux lettres. Le Frère Gérard, le thaumaturge, le convertisseur, le pacificateur, sous le coup d'une accusation infamante ! "
Alphonse de Liguori "envoya donc le plus prudent de ses collaborateurs, le P. André Villani, faire discrètement une enquête à Lacédonia." Le Père André Villani transmit le résultat de son enquête au Père Alphonse de Liguori, le rccteur majeur (le supérieur général) des Rédemptoristes. Le Frère Gérard semblait bel et bien coupable.
Calomnie accréditée auprès de saint Alphonse. — Gérard refuse de se justifier. — Privation de la communion. — Angoisses et consolations. — Dieu justifie son serviteur. « La Règle le défend !