lundi 26 septembre 2022

Certains baptêmes : un non-sens

  Certains baptêmes : un non-sens 

Je suis heureux d'écrire ce blogue alors que nous fêtons au Canada, les Saints Martyrs Canadiens, ces huit hommes qui ont donné leur sang pour que la foi chrétienne naisse et grandisse en Amérique du Nord. (voir le blogue précédent)

Le thème que j'aborde aujourd'hui ne sera pas une absolue nouveauté pour certains d'entre vous. J'ai abordé se thème de différentes façons dans le passé, car il me tient vraiment à coeur. Les réflexions que je vous partage aujourd'hui, sont le fruit d'une grande souffrance que j'expérimente depuis de nombreuses annnes en tant que prêtre. 

Je considère qu'il n'y a rien de plus éprouvant et de plus déprimant que de faire des choses qui n'ont plus de sens à nos yeux. Quand cela se produit, nous devons avoir l'honnêteté de nous demander pourquoi nous continuons d'agir ainsi. 

Les Québécois de souche qui demandent le baptême pour leurs enfants, ne savent absolument pas, pour la plupart, ce qu'ils demandent. Ils n'ont pas du tout l'idée que :
- le baptême a rapport avec la vie, 
- que le baptême est le début d'une vie nouvelle, 
- et que notre baptême doit gouverner notre vie de tous les jours, jusqu'à notre dernier souffle. 

C'est ce que veut nous faire comprendre la Première lettre de saint Pierre Apôtre dans la Bible : 

"Le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l'engagement envers Dieu d'une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ." (1 Pierre 3, 21)

La grande majorité des jeunes couples québécois qui demandent le baptême pour leurs enfants, ne connaissent presque rien de Jésus Christ, ne croient pas qu'il soit Dieu et ne croient pas en sa résurrection. Et ils demandent le baptême. Plusieurs prêtres considèrent qu'il y a dans cette demande, quelque chose qui s'apparente à de la magie. C'est un peu comme si ces jeunes parents avaient la vague idée que le baptême était quelque chose d'important pour leur enfant et que cela leur apportait une certaine protection. 

- " Mais le baptême est un engagement envers Dieu " nous dit l'apôtre Pierre. Le baptisé ou la baptisée s'engage envers Dieu pour toute sa vie. L'enfant, par la bouche de ses parents et marraines, s'engage à vivre selon l'enseignement de Jésus le Christ, tous les jours de sa vie. Le baptême est un "engagement". 

- Et c'est "l'engagement d'une conscience droite", nous dit aussi l'apôtre Pierre. Et c'est là où le bât blesse (1), dans mon cas, depuis de nombreuses années. Le baptême est un geste de foi car il s'agit d'un sacrement, un sacrement de la foi. Le prêtre, ou le diacre, juste avant de baptiser, demande SOLENNELLEMENT aux parents s'ils veulent que leur enfant soit baptisé dans la foi de l'Église. Et les parents répondent solennellement : "OUI". Mais nous savons très bien, nous les prêtres, que la très grande majorité de ces jeunes couples ne nous disent pas la vérité quand ils répondent aux trois questions que nous leur posons sur la foi : 

3Profession de foi

Le prêtre demande aux parents et parrains une triple profession de foi

 Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre?

      Parents et parrains : Je crois.

Croyez-vous en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né de la Vierge Marie, a souffert la passion, a été enseveli, est ressuscité d'entre les morts, et qui est assis à la droite du Père?
      Parents et parrains : Je crois.

Croyez-vous en l'Esprit Saint, à la Sainte Église catholique, à la communion des saints, au pardon des péchés, à la résurrection de la chair, et à la Vie éternelle?
      Parents et parrains : Je crois.


Ils répondent "oui" alors que dans leur coeur, c'est "non". Je le sais parce que j'ai à quelques reprises demandé à des groupes de jeunes adultes qui demandaient un sacrement, s'ils pensaient que Jésus est Dieu. Et dans un groupe de quinze personnes, quatorze sur quinze répondaient un "non" catégorique : "Non, il n'est pas Dieu."

Un de mes confrères m'a rapporté ces jours-ci les propos que lui a tenus un prêtre de Montréal. Ces propos m'ont beaucoup touché car je me les suis dits plusieurs fois ces dernières années. Le prêtre en question a dit à mon confrère : "Ces gens nous mentent, et ils savent que nous savons qu'ils nous mentent". Cela est très grave car ils font alors de nous des complices : ils nous rendent complices de cette mascarade. Car il s'agit véritablement d'une "MASCARADE" (2)

Je ne serai plus dorénavant complice de cette mascarade. Si cela ne fait rien à ces jeunes couples d'agir avec une conscience qui n'est pas droite, moi, cela me fait quelque chose. En conscience, je ne peux plus jouer à ce jeu, car malheureusement, il ne s'agit pas d'un jeu, mais de la vie éternelle. 

Je me dis, pour me consoler, que ces jeunes couples agissent plus par ignorance que par malice, mais cela est pour moi une bien piètre consolation. 

J'accueillerai dorénavant avec beaucoup d'amour les jeunes couples qui demanderont le baptême pour leurs enfants. Je leur dire que je me réjouis de cette demande, mais que je pense sérieusement qu'ils ne comprennent pas la beauté, la grandeur et la profondeur de cette demande. Je leur dirai que je ferai tout mon possible pour qu'ils comprennent tout cela, mais que cela prendra du temps. Ce temps, je l'emploierai à leur faire vivre des expériences qui les amèneront à découvrir la beauté de la foi chrétienne et, je l'espère, à vivre une rencontre avec Dieu. Le pape Jean-Paul II, lors de son passage au Canada, et plus précisément à Montréal, nous a posé cette question essentielle et magnifique : 

" Chers frères et soeurs du Québec, du Canada, qu'en est-il de votre rencontre avec le Dieu vivant ?" (3)
 
C'est donc signe qu'on peut rencontrer Dieu. 

Je veux passer le peu d'années qu'il me reste à vivre sur cette terre, à aider mes concitoyens à vivre une expérience de Dieu, à réaliser que Dieu n'est pas une idée, mais une Personne qui nous aime infiniment et qui veut continuellement entrer en relation avec nous. 

Voilà mon projet de vie pour les dix prochaines années. 

Je prie l'Esprit Saint de me venir en aide, pour que je puisse réaliser un tant soit peu, ce magnifique désir. 

Voici, ci-dessous, un extrait du film intitulé : "Robe noire".

Robe noire (film)

 Synopsis 

Vers 1634, installés dans une mission qui deviendra la ville de Québec, des Jésuites tentent, sans beaucoup de succès, de convertir les Algonquins au christianisme. Le gouverneur Samuel de Champlain envoie un jeune prêtre, le Père Laforgue qui sait parler en langues indiennes, établir des contacts avec les Hurons dans un lointain village. Il est accompagné de guides algonquins qui le surnomment très vite "robe noire" car il porte en permanence sa soutane de prêtre. Le groupe est également accompagné d’un aide laïc.

(Tiré de : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robe_noire_(film))


 

6 commentaires:

  1. Nous voyons clairement la profonde tristesse dans ce partage ci-haut! Cependant, n'est-il pas vrais que le Baptème nous fais enfant de Dieu, n'est-il pas vrais également que le péché de nos pères sont purifier. Le Baptème est avant tout une union avec Dieu, les parents assistent à cette union malgré possiblement un grand manque de Foi et c'est triste. Cependant, le Christ sur la croix n'a t-il pas dit en mourant, "Père pardonne leur car il ne savent pas ce qu'ils font!" Laissons Dieu aimer les enfants Baptisé et prions pour les parents. Un fils peut-il cesser d'être un fils?

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  2. Un fils, peut-il cesser d'être un fils? Le Baptème nous fait enfant de Dieu. Prions pour les parents malgré les manquent de foi et laissons Dieu aimer ses enfants.

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  3. Lors de la célébration au sacrement du Baptème, le Christ est présent avec nous et attends dans la joie d'accueillir cette enfant. Ne pas le baptiser en son nom, le Christ souffre encore sur la croix! Le regard du Christ est avant tous sur l'enfant. Les parents, parrain-marraine, Grand parents, la famille et la communauté d'église, sont tous en soutient pour la foi du petit enfant Baptisé dans sa vie.

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  4. Il ne s'agit aucunement de ne pas baptiser l'enfant. Nous voulons tous baptiser les enfants. Il s'agit de trouver le moyen pour que la semence du baptême puisse s'épanouir et grandir. Dans un monde idéal, il est vrai que les parents, parrains et marraines, grands-parents et communauté chrétienne sont un soutien pour la foi de l'enfant baptisé, mais ce n'est pas ce qui se produit aujourd'hui. Ce n'est vraiment pas ce que je vois aujourd'hui et ce que je constate.

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    1. J ai une question mon père si les parents eux même n ont pas la foi dans quel but baptise t il leur enfant? Puisque l enfant n est pas en âge de connaître quoi que se soit🤷🏾‍♀️ c est comme s il le fesait pour le plaisir sans connaître le sens profond du bapteme

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  5. En effet et le moyen reste encore ce que Vatican II mentionne, poursuivre ce qui est demandé à nos prêtres soit.... l'évangélisation, administrer les sacrements et accompagner les Chrétiens dans leurs cheminements. Surtout aussi, faire confiance en l'Esprit Saint et redonner confiance également aux Québécois par un accueil avec invitation. La recherche de vérité est toujours dans le coeur de l'Être humain. Qu'avons nous à offrir comme services?

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