Comment toucher les cœurs?
« L’Église ne grandit pas
par le prosélytisme. Elle grandit par attraction. » (Benoît XVI)
Nous prenons de plus en plus
conscience que notre monde va à la dérive. De plus en plus de gens disent ne
pas croire en un Dieu personnel. Les gens d’Église s’évertuent à trouver des
moyens de toucher les gens, de leur donner le goût de Dieu. Nous multiplions
les journées de formation, les documents et les rencontres d’équipes
pastorales, pour trouver comment rejoindre les gens. Le problème principal,
selon moi, est que nous mettons beaucoup trop d’espoir dans le « faire » et pas assez d’insistance
sur l’ « être ». Pourtant
nous savons tous que c’est la qualité intérieure d’une personne qui touche les
gens, qui remue les gens. Seul un cœur épris de Dieu, amoureux de Dieu,
assoiffé de Dieu, pourra avoir une chance de communiquer cette soif à une personne
qui ne l’a pas. En ce sens, la page suivante écrite par le Père Jacques Loew, est très pertinente:
Comment faire boire
un âne qui n’a pas soif ?
Et
comment, toute révérence gardée,
donner
la soif et le goût de Dieu aux hommes d’aujourd’hui ?
Des
coups de bâton ?
Mais
l’âne est plus têtu que nos bâtons…
Lui
faire avaler du sel ?
Pire
encore et qui relève presque des tortures psychiatriques.
Comment
donc faire boire cet âne en respectant sa liberté ?
Une
seule réponse : trouver un autre âne qui a soif…
et
qui boira longuement,
avec
joie et volupté,
au côté
de son congénère.
Non
pas pour donner le bon exemple,
mais
parce qu’il a fondamentalement soif,
vraiment,
simplement
soif,
perpétuellement
soif.
Un
jour, peut-être,
son
frère, pris d’envie,
se
demandera s’il ne ferait pas bien de plonger, lui aussi,
son
museau dans le baquet d’eau fraîche.
Des
hommes ayant soif de Dieu sont plus efficaces
que
tant d’âneries racontées sur lui.
(Tiré de: Jacques Loew et Jacques Faizant, Paraboles et Fariboles, Fayard, 1978)
Le pape
François, s’adressant aux catéchistes le 27 septembre 2013, en pleine année de
la foi, a clairement indiqué quel passage biblique il nous faut méditer et
appliquer dans notre vie, si nous voulons toucher les cœurs. Ce passage
biblique, nous le connaissons tous, je pense, mais très peu de personnes osent
en tirer une conséquence pratique pour leur vie. Le pape François, lui, ose au
moins nous indiquer une conséquence pratique. Aurons-nous l’amour nécessaire
pour mettre en pratique ce qu’il nous suggère? Je l’espère.
Le texte
biblique qui résout en quelque sorte la question que pose le présent blogue,
est le suivant: « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure
en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors
de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 5)
Mais
écoutons notre pape:
Chers catéchistes, bonsoir !
Il
me plaît qu’il y ait, durant l’Année de la foi, cette rencontre pour
vous : la catéchèse est un pilier pour l’éducation de la foi, et nous
voulons de bons catéchistes ! Merci de ce service à l’Église et dans
l’Église. Même si parfois ça peut être difficile, si on travaille beaucoup, si
on s’engage et qu’on ne voit pas les résultats voulus, éduquer dans la foi
c’est beau ! C’est peut-être le meilleur héritage que nous pouvons
donner : la foi ! Éduquer dans la foi pour qu’elle grandisse. Aider
les enfants, les jeunes, les adultes à connaître et à aimer toujours plus le
Seigneur est une des plus belles aventures éducatives, on construit
l’Église ! “Être” catéchiste ! Non pas travailler comme
catéchistes : cela ne va pas ! Je travaille comme catéchiste parce
que j’aime enseigner… Mais si tu n’es pas catéchiste cela ne va pas ! Tu
ne seras pas fécond, tu ne seras pas fécond ! Catéchiste c’est une
vocation : “être catéchiste”, c’est cela la vocation, non travailler comme
catéchiste. Attention, je n’ai pas dit “faire” le catéchiste, mais “l’être”,
parce que cela engage la vie. On conduit à la rencontre avec Jésus par les
paroles et par la vie, par le témoignage. Rappelez-vous ce que Benoît XVI nous
a dit : « L’Église
ne grandit pas par le prosélytisme. Elle grandit par attraction ». Et
ce qui attire, c’est le témoignage. Être catéchiste signifie donner le
témoignage de la foi ; être cohérent dans sa vie. Et ce n’est pas facile.
Ce n’est pas facile ! Nous aidons, nous conduisons à la rencontre avec
Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage. J’aime rappeler ce que
saint François d’Assise disait à ses frères : « Prêchez toujours
l’Évangile, et, si c’est nécessaire aussi par les paroles ». Les paroles
viennent… mais d’abord le témoignage : que les gens voient l’Évangile dans
notre vie, qu’ils puissent lire l’Évangile. Et “être” catéchiste demande de
l’amour, un amour toujours plus fort pour le Christ, un amour pour son peuple
saint. Et cet amour ne s’achète pas dans les commerces, il ne s’achète pas non
plus ici à Rome. Cet amour vient du Christ ! C’est un cadeau du
Christ ! C’est un cadeau du Christ ! Et s’il vient du Christ, il part
du Christ et nous devons repartir du Christ, de cet amour que Lui nous donne.
Que
signifie ce repartir du Christ pour un catéchiste, pour vous,
pour moi aussi, parce que moi aussi je suis catéchiste ? Qu’est-ce-que
cela signifie ?
Je
parlerai de trois choses : un, deux, trois comme faisaient les vieux
jésuites… un, deux et trois !
1.
Avant tout, repartir du Christ signifie avoir une familiarité avec Lui,
avoir cette familiarité avec Jésus : à la dernière Cène, Jésus le
recommande instamment aux disciples, quand il était en passe de vivre le plus
grand don d’amour, le sacrifice de la Croix. Jésus utilise l’image de la vigne
et des sarments et dit : demeurez dans mon amour, demeurez attachés à moi,
comme le sarment est attaché à la vigne. Si nous sommes unis à Lui, nous
pouvons porter du fruit, et c’est cela la familiarité avec le Christ. Demeurer
en Jésus ! C’est demeurer attachés à Lui, à l’intérieur de Lui, avec Lui,
parlant avec Lui : demeurer en Jésus.
Pour
un disciple, la première chose est de rester avec le Maître, l’écouter,
apprendre de Lui. Et cela vaut toujours, c’est un cheminement qui dure toute la
vie ! Je me rappelle tant de fois dans le diocèse, dans le diocèse que
j’avais auparavant, d’avoir vu à la fin des cours du séminaire catéchétique,
les catéchistes qui sortaient en disant : " J’ai le titre de
catéchiste ! " Cela ne va pas, tu n’as rien, tu as fait un
petit bout de chemin. Qui t’aidera ? Cela vaut toujours ! Ce
n’est pas un titre, c’est une attitude : rester avec Lui ; et durant
toute la vie ! C’est rester en présence du Seigneur, se laisser regarder
par Lui. Je vous demande : comment êtes-vous en présence du
Seigneur ? Quand tu vas près du Seigneur, que tu regardes le Tabernacle,
que faites-vous ? Sans paroles… Mais je dis, je dis, je pense, je médite,
j’écoute… Très bien ! Mais te laisses-tu regarder par le Seigneur ?
Nous laisser regarder par le Seigneur. Lui nous regarde et cela, c’est une
manière de prier. Te laisses-tu regarder par le Seigneur ? Mais comment
fait-on? Regarde le tabernacle et laisse-toi regarder… c’est simple !
C’est un peu ennuyeux, je m’endors… Endors-toi, endors-toi ! Lui te
regarderas lui-même, Lui te regarderas lui-même. Mais sois sûr que Lui te
regarde ! Et cela est beaucoup plus important que le titre de
catéchiste : cela fait partie de l’être catéchiste. Cela réchauffe le
cœur, garde allumé le feu de l’amitié avec le Seigneur, te fait sentir que Lui
te regarde vraiment, qu’il est proche de toi et qu’il t’aime.
Dans une des
sorties que j’ai faites, ici à Rome, lors d’une Messe, un monsieur relativement
jeune s’est approché de moi et m’a dit : "Père je suis heureux de
vous connaître, mais moi, je ne crois en rien ! Je n’ai pas le don de la
foi ! ". Il comprenait que c’était un don. " Je n’ai pas le don
de la foi ! Qu’est-ce que vous me dites ? ". " Ne te
décourage pas. Lui t’aime. Laisse-toi regarder par Lui ! Rien de
plus". Et cela je vous le dis à vous : laissez-vous regarder par le
Seigneur ! Je comprends que pour vous ce n’est pas si simple :
particulièrement pour la personne mariée et qui a des enfants, c’est difficile
de trouver un long temps de calme. Mais, grâce à Dieu, il n’est pas nécessaire
que tous fassent de la même manière ; dans l’Église il y a variété de
vocations et variété de formes spirituelles ; ce qui est important c’est
de trouver la façon convenable pour rester avec le Seigneur ;
et cela est possible, c’est possible dans chaque état de vie. En ce moment,
chacun peut se demander : comment je vis “ce fait de rester” avec
Jésus ? C’est une question que je vous pose : "Comment est-ce
que je vis ce fait de rester avec Jésus, ce fait de demeurer en Jésus ?
". Ai-je des moments durant lesquels je reste en sa présence, en silence,
je me laisse regarder par Lui ? Est-ce que je laisse son feu réchauffer
mon cœur ? Si dans notre cœur il n’y a pas la chaleur de Dieu, de son
amour, de sa tendresse, comment pouvons-nous, nous, pauvres pécheurs,
réchauffer le cœur des autres ? Pensez à cela ! (1)
« Il
arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un
de ses disciples lui demanda: « Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » (Lc 11, 1)
« Sa
façon de prier (NDLR: on parle ici de Guite, mère de famille et sœur de sainte Élisabeth de la Trinité ) est en elle-même un témoignage qui marque ceux qui en sont
témoins:
- En la
voyant à l’église, plongée dans une méditation profonde, j’étais comme attirée
vers le Seigneur », raconte une amie. » (2)
Celui qui a des oreilles pour
entendre, qu’il entende.
Je vous encourage à lire au complet le texte duquel est tiré le long passage ci-dessus (1), ainsi que le message que le pape François a envoyé aujourd'hui même aux personnes réunies pour le Symposium international sur la catéchèse à Buenos Aires, en Argentine. Pour avoir accès directement à ce texte, veuillez cliquer sur le sigle suivant: [ES - IT]. Le texte sera en espagnol. Pour la traduction en français, cliquer sur l'invitation à traduire le texte, qui se trouve en haut à votre droite. Si cette invitation n'est pas visible, veuillez cliquer à droite sur votre souris et cliquer à nouveau sur les mots: traduire en français.
Message du Saint-Père au Symposium international sur la catéchèse [Buenos Aires, 11-14 juillet 2017]
Je vous encourage à lire au complet le texte duquel est tiré le long passage ci-dessus (1), ainsi que le message que le pape François a envoyé aujourd'hui même aux personnes réunies pour le Symposium international sur la catéchèse à Buenos Aires, en Argentine. Pour avoir accès directement à ce texte, veuillez cliquer sur le sigle suivant: [ES - IT]. Le texte sera en espagnol. Pour la traduction en français, cliquer sur l'invitation à traduire le texte, qui se trouve en haut à votre droite. Si cette invitation n'est pas visible, veuillez cliquer à droite sur votre souris et cliquer à nouveau sur les mots: traduire en français.
Message du Saint-Père au Symposium international sur la catéchèse [Buenos Aires, 11-14 juillet 2017]
https://w2.vatican.va/.../papa-francesco_20130927_pellegrinaggio-catechisti.htm
(2) Odile Haumonté, Élisabeth de la Trinité et sa sœur Guite, Éditions des Béatitudes, 2016 , p. 118.
Père Guy,
RépondreSupprimerIl faut que ce blogue soit envoyé à l'OCQ et à l'Office de l'Éducation à la foi!
On a beau mettre en place "catéchèse intergénérationnelle" ou une autre forme de catéchèse, mais si on ne trouve pas le moyen de toucher les coeurs, nous ferons du "sur-place". Ce blogue est une pièce maîtresse pour toutes les personnes qui ont un rôle à jouer en catéchèse.
Merci!
Christiane "une catéchète un jour, une catéchète toujours"
Chère Christiane, il est vrai que ce blogue insiste sur la première condition pour être catéchiste. Les "catéchèses intergénérationnelles" ont pour but de répondre à une deuxième recommandation du pape: "Le catéchiste est aussi créatif ; à la recherche de différents moyens pour annoncer le Christ".
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