Un très beau cadeau
Hier, 15 juin 2017, j’ai reçu un
très beau cadeau. On dit souvent que « rien n’arrive pour rien »;
je le crois, même si je ne vis pas toujours selon cette conviction, comme le
montre à l’évidence le blogue précédent.
Normalement, tout me parle ou,
pour mieux m’exprimer, Dieu me parle en toutes choses; dans les petits, le moyens
et les grands événements.
Une paroissienne m’a téléphoné
hier pour m’offrir un crucifix sur pied sculpté par Louis-Philippe Hébert, sculpteur québécois de grand renom. Cette paroissienne se nomme Louise
Hébert, épouse de feu monsieur Pierre Hébert. Pierre Hébert avait reçu de son père Charles, un crucifix fait par son oncle (l'oncle de Charles) Louis-Philippe Hébert. Charles Hébert était le fils d'Horace Hébert, frère de Louis-Philippe. Philippe (c'est ainsi qu'on avait l'habitude de nommer Louis-Philippe au sein de sa famille immédiate) avait donné ce crucifix à son frère Horace (âgé de 9 ans) en 1869. Philippe avait alors 19 ans et n'avait pas encore étudié la sculpture. En remettant ce crucifix à son frère Horace, Philippe lui recommanda de bien le conserver. Charles donne le témoignage suivant dans une lettre écrite pour authentifier l'origine du crucifix:
" Vers 1915, mon oncle Philippe vint nous rendre visite à 427A rue St-Germain, Hochelaga. Papa montra le crucifix à son frère Philippe, et celui-ci, très surpris lui dit: " Comment, tu as encore ça! Je te l'ai donné avant mon départ pour Rome (en septembre 1869). Je ne te croyais pas si conservateur. Tu as bien observé ma recommandation. Je t'en félicite."
Charles termine son témoignage en disant: " De ce dernier fait, j'ai été témoin visuel et auditif. Je m'en souviens comme d'hier et je ne l'ai jamais oublié."
C'est donc l'immense talent naturel de Louis-Philippe Hébert qui transpire de cette oeuvre. Philippe a commencé à suivre des cours de sculpture en 1872-1873. Dès que
j’ai reçu l'appel téléphonique de madame Louise Hébert, je me suis précipité chez elle pour
aller chercher le précieux cadeau. Le crucifix n’est pas signé par l’artiste,
mais les citations mises ci-dessus sont tirées d'un document que j'ai en ma possession, document signé par plusieurs neveux et nièces de Louis-Philippe Hébert, dont monsieur Charles Hébert, qui atteste que le crucifix a bel et bien été fait par leur oncle qu'ils ont tous connu.
Louis-Philippe Hébert est né le 27
janvier 1850 et est décédé le 13 juin 1917. Il y a trois jours, cela faisait
donc 100 ans que ce sculpteur de renom est décédé. On dit de Louis-Philippe
Hébert qu’il était le meilleur sculpteur de sa génération:
« Vers
1890, il est considéré comme le meilleur sculpteur de son époque. …
Louis-Philippe Hébert fut reconnu par ses pairs et le public. Sir Arthur Conan
Doyle, lors d'un voyage à Montréal en 1915, écrivit qu'il avait été
"profondément ému" par l'œuvre de l'artiste. En effet, il doutait
qu'il existât un meilleur sculpteur à cette époque. M. Hébert reçut de
nombreuses distinctions; il était membre de l'Académie royale canadienne
(1880); il reçut la Médaille
de la Confédération
(1894); il fut nommé Chevalier de la
Légion d'honneur (France, 1901) et "Companion of St.
Michael and St. George" (Angleterre, 1903). Louis-Philippe Hébert est
décédé en 1917. On le considère comme un des plus grands artistes que ce pays
ait produit. » (1)
Pour vous convaincre de la
qualité de ce sculpteur, un seul exemple suffira: les deux grands prophètes, Ézéchiel et Jérémie, qui ornent le bas de la chaire en la Basilique Notre-Dame de Montréal.
« Le
sculpteur québécois Louis-Philippe Hébert (1850-1917) est chargé d'en exécuter
toutes les sculptures en bois de tilleul. Hébert entreprend ces travaux en 1882
pour les terminer en 1887. Fidèle au programme iconographique, il crée des
personnages vigoureux, empreints de réalisme, et fait montre d'une parfaite
maîtrise de la sculpture académique.
La
chaire étant une tribune élevée du haut de laquelle le prêtre s'adressait
autrefois aux fidèles, la transmission de la Parole divine s'impose comme thème pour sa
décoration. Hébert sculpte ainsi quatre prophètes: Ézéchiel et Jérémie, qui sont installés au pied de la chaire,
Daniel et Isaïe, qu'on devra finalement loger dans des niches du retable de
chaque côté du maître-autel à la suite des modifications apportées à l'escalier
de la chaire. » (2)
Chaire de la basilique Notre-Dame, Montréal
les prophètes Ézéchiel et Jérémie sont au pied de la chaire
Ézéchiel et Jérémie, sculptures de Louis-Philippe Hébert, basilique Notre-Dame de Montréal
Il est grand temps maintenant de vous montrer le crucifix sur pied que j'ai reçu en cadeau:
Sculpture en bois de Louis-Philippe Hébert,
hauteur: 26 pouces (66 cm)
Ce cadeau m’est cher pour plusieurs raisons:
- Je l’ai reçu en la semaine où
je célèbre mon 34ème anniversaire d’ordination presbytérale. J’ai
été ordonné prêtre le 12 juin 1983 par le pape Jean-Paul II, en la Basilique Saint-Pierre,
à Rome.
- Je l’ai reçu en la semaine où
on célèbre le 100ème anniversaire de la mort du sculpteur
Louis-Philippe Hébert, mort le 13 juin 1917.
- Nous fêtons cette année le 375ème
anniversaire de la fondation de Montréal. C’est une occasion pour les
Montréalais de se rappeler leurs origines chrétiennes. Le crucifix que j’ai
reçu en cadeau, a été sculpté par un grand Montréalais. Louis-Philippe Hébert a
vécu plusieurs années à Montréal et est décédé à Montréal. On raconte qu’il
aurait dit que sa meilleure réalisation est la statue qu’il a faite de Paul Chomedey de Maisonneuve, le
fondateur de Montréal. On remarquera les fleurs de lys, emblèmes de la province
de Québec, aux extrémités de la croix.
Paul Chomedey de Maisonneuve, sculpture de Louis-Philippe Hébert,
située sur la Place d'Armes, devant la Basilique Notre-Dame de Montréal
Ce matin, au déjeuner, je
lisais le livre d'Odile Haumonté intitulé " Élisabeth de la Trinité et sa soeur Guite ". Ce livre raconte la vie de sainte Élizabeth de la Trinité et de sa sœur Marguerite,
surnommée Guite. On y apprend que la veille de son entrée chez les Carmélites, Élisabeth a légué en souvenir à sa chère soeur Guite, son crucifix sur pied:
« Le 1er août,
veille du départ, est la plus horrible journée. Élisabeth redouble de tendresse
envers sa mère et sa sœur. Guite s’efforce de montrer un visage heureux, au
moment où sa sœur va réaliser son plus grand désir, mais elle se cache pour
pleurer. Marie (la mère d’Élisabeth), elle, ne se cache pas et sa
souffrance devient plus aiguë quand elle voit le chagrin marquer le visage de
Guite. Petite trinité d’amour où chacune saigne de voir souffrir les deux
autres !
- C’est une vraie agonie, avoue
Guite.
Élisabeth écrit rapidement
quelques lettres d’adieu. À sa chère amie Marie-Louise, elle laisse son
rosaire. À sa douce petite Guite, elle donne un crucifix sur pied qui ne la
quittera jamais. Sous le socle, Sabeth (surnom d’Élisabeth) a écrit ces
mots :
« Que le Christ te console,
qu’il essuie tes larmes, qu’il t’apprenne à souffrir, à aimer ! … Au pied de sa
croix, où il m’a tant donné, je te donne rendez-vous : là il n’y a plus de
séparation et ma petite Guite retrouvera toujours sa Sabeth. » (4)
Je suis tenté d'écrire ce message de sainte Élisabeth de la Trinité sous le pied de mon crucifix.
Louis-Philippe Hébert
jeanprovencher.com/2014/11/17/lenfance-du-sculpteur-louis-philippe-hebert/
https://www.erudit.org/culture/continuite1050475/continuite1053180/16636ac.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Louis-Philippe-Hébert
(4) Odile Haumonté, Élisabeth
de la Trinité
et sa soeur Guite, Éditions des Béatitudes, 2016, pp. 58-59.
Voir aussi:
https://is.muni.cz/th/64471/ff_m/suppl._complet.pdf
"Ce petit
billet (la dédicace qu'a écrite Élisabeth à
sa soeur Guite), découvert récemment, est collé au-dessous du pied d'un crucifix (26 cm de hauteur) qu'Elisabeth donna à
Guite. Guite garda ce crucifix toute sa vie dans sa chambre."
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