Pourquoi l’Évangile n’est pas accueilli
Pour quelqu’un qui est chrétien,
il peut sembler surprenant que l’Évangile ne soit pas accueilli par tous. Mais
la première Personne à ne pas être surprise que son message ne « passe » pas, c’est Jésus lui-même. Dans
la « prière sacerdotale »
(Jean, chapitre 17), cette magnifique prière que Jésus a adressée à son Père à
la veille de sa mort, notre Maître et Seigneur dit ceci: « Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde
les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi
je n’appartiens pas au monde » (Jn 17, 14). L’esprit du monde est
l’Esprit de Dieu, ce sont deux mondes différents et souvent opposés.
Je lis ces jours-ci la pièce de
théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt, intitulée: Mes
Évangiles. Schmitt a écrit cette pièce après avoir écrit son roman
intitulé: L’évangile selon Pilate. Le
thème est le même dans les deux œuvres: Pilate fait tout ce qu’il peut pour
discréditer la thèse de la résurrection de celui qu’il a fait tuer. Après avoir
écrit son roman, Schmitt avait d’autres idées à mettre sur papier sur ce thème
et il l’a fait sous la forme d’une pièce de théâtre. Le titre de la pièce est
évocateur: « Mes Évangiles ».
J’imagine que Schmitt étant au courant qu’il existe des évangiles apocryphes,
s’est dit que lui aussi pouvait imaginer les évangiles à sa façon. Je ne suis
pas d’accord avec certaines de ses interprétations, mais certaines pages de la
pièce sont tout simplement savoureuses. Je vais vous citer dans un instant une
de ces pages.
La pièce de théâtre commence
après la mort de Jésus. On vient annoncer à Pilate que le corps du crucifié
honni par les autorités juives, a disparu et que certaines personnes disent
avoir vu Jésus ressuscité. Pilate met tout en œuvre pour découvrir le complot et
trouver les coupables de cette supercherie. Une de ses hypothèses est la
suivante: Jésus a un sosie. Un des amis de Jésus se promène, capuchon sur la
tête et un peu « arrangé », et se fait passer pour le Maître. Cette
hypothèse semble être confirmée par le fait que saint Jean est un jour pris en
flagrant délit en train de rôder autour de la demeure de Marie, la mère de
Jésus, capuchon sur la tête, barbe rasée et paupières noircies au charbon.
Pilate, tout heureux, est convaincu d’avoir trouvé le coupable. Il le fait
alors emprisonner dans une geôle du fort Antonia. Avant d’emprisonner le
disciple de Jésus, Pilate lui fait subir un interrogatoire. Au beau milieu de
l’interrogatoire, Pilate, surpris, reçoit une déclaration d’amour:
- Je t’aime, Pilate.
- Cesse de parler comme lui. (« lui » étant Jésus)
- C’est lui qui m’a appris.
- Comment peux-tu prétendre
m’aimer? Je te capture; dans quelques heures, je te livrerai au sanhédrin; tu
ne reverras sans doute jamais le jour, et tu prétends m’aimer?
- Je t’aime. Et Yéchoua (Jésus) t’aimait aussi. Et sur la croix,
il a murmuré pour toi et ceux du sanhédrin: « Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
J’attrapai Yohanân (saint Jean) à
travers les barreaux et je le secouai violemment.
- Vous êtes fous ! Tous fous ! Caïphe a raison: il faut vous
empêcher de parler !
- Tu ne veux pas que je t’aime ?
- Non, je n’en veux pas de ton
amour, je préfère choisir qui m’en donne. Et à qui j’en donne. Domaine privé.
- Tu as raison, Pilate, répondit-il.
Que deviendrions-nous si nous nous aimions tous? Penses-y, Pilate, que
deviendrions-nous dans un monde d’amour? Que deviendrait Pilate, préfet de
Rome, qui doit sa place à la conquête, à la haine et au mépris des autres? Que
deviendrait Caïphe, le grand prêtre du Temple, qui t’achète sa charge à force
de cadeaux et assoit son autorité sur la crainte qu’il inspire? Y aurait-il
encore des Juifs, des Grecs, des Romains dans un monde inspiré par l’amour?
Encore des puissants et des faibles, des riches et des pauvres, des hommes
livres et des esclaves? Tu as raison, Pilate d’avoir si peur: l’amour
serait la destruction de ton monde. Tu ne verrais le Royaume de l’amour que sur
les cendres du tien. »
(Éric-Emmanuel Schmitt, Mes
Évangiles, Albin Michel, 2004, pp. 120-121).
Cette page de Schmitt se
passerait volontiers de commentaires. Nous avons ici une des raisons majeure du
manque de foi en la religion chrétienne: CELA FAIT L’AFFAIRE DES GENS DE NE PAS
CROIRE. Plusieurs personnes savent très bien que s’ils acceptaient l’Évangile,
leur monde s’écroulerait, leur façon de vivre devrait changer; ils ne se
reconnaîtraient plus. Et cela fait peur. D’ailleurs, Eric-Emmanuel Schmitt sait
très bien de quoi il parle en imaginant ce dialogue entre Pilate et saint Jean.
Quand Schmitt est passé de l’athéisme à la foi en plein désert du Hoggar, et
quelque temps plus tard de la foi en un
Dieu anonyme à la foi en Jésus Christ (car
Schmitt est chrétien; il croit que Dieu s’est incarné et que Jésus est
ressuscité), tout son univers intellectuel, toute sa structure mentale
s’est écroulée. Il a alors été confronté à une très dure décision: ou
bien il chercherait à mettre en doute l’expérience très forte qu’il venait de
vivre, et même à la nier, ou bien il prendrait le temps pour se reconstruire
mentalement, intellectuellement et spirituellement. Il a fait le bon choix: il
s’est reconstruit. Bravo pour ce courage et cette détermination, monsieur Schmitt. Vous avez témoigné plus d'une fois du fait que cette décision de vous reconstruire a été difficile à prendre et probablement plus difficile encore à vivre. Mais c'est le prix à payer pour être vraiment libre.
Ce que j'aime de monsieur Schmitt, entre autres choses, c'est qu'il ne se laisse pas intimider par ceux qui, devant lui, osent mettre en doute l'expérience religieuse extraordinaire qu'il a vécue en 1989. Je me souviens de son passage à l'émission québécoise "Tout le monde en parle " (le 21 février 2016) dont les deux animateurs se plaisent souvent à ridiculiser la religion catholique. Alors qu'il venait de témoigner de sa rencontre avec Dieu en 1989, M. Marc Béland (acteur, danseur et metteur en scène québécois), assis tout près de lui, le regarde et lui dit: " Ce n'est pas Dieu que vous avez rencontré; vous avez fait un " voyage astral ". Monsieur Schmitt a alors répondu: "Pourquoi n'aurais-je pas pu rencontrer Dieu ce jour-là? Était-ce parce qu'Il était occupé avec vous? " Quelle réponse appropriée! Il faut vraiment être effronté pour oser mettre en doute une expérience aussi forte que celle qu'a vécue l'écrivain dans le désert du Hoggar, et qui plus est, devant lui et à la télévision.
Ce que j'aime de monsieur Schmitt, entre autres choses, c'est qu'il ne se laisse pas intimider par ceux qui, devant lui, osent mettre en doute l'expérience religieuse extraordinaire qu'il a vécue en 1989. Je me souviens de son passage à l'émission québécoise "Tout le monde en parle " (le 21 février 2016) dont les deux animateurs se plaisent souvent à ridiculiser la religion catholique. Alors qu'il venait de témoigner de sa rencontre avec Dieu en 1989, M. Marc Béland (acteur, danseur et metteur en scène québécois), assis tout près de lui, le regarde et lui dit: " Ce n'est pas Dieu que vous avez rencontré; vous avez fait un " voyage astral ". Monsieur Schmitt a alors répondu: "Pourquoi n'aurais-je pas pu rencontrer Dieu ce jour-là? Était-ce parce qu'Il était occupé avec vous? " Quelle réponse appropriée! Il faut vraiment être effronté pour oser mettre en doute une expérience aussi forte que celle qu'a vécue l'écrivain dans le désert du Hoggar, et qui plus est, devant lui et à la télévision.
Je me souviens d’un dialogue que
j’ai eu avec un de mes amis d’enfance qui est athée. Je lui ai dit: « Si un jour tu devenais chrétien, cela
changerait des choses dans ta vie ». Et il m’a répondu: « Je sais très bien que cela changerait des
choses dans ma vie ».
Voilà certes une réponse au
manque d’adhésion à la foi chrétienne: la foi chrétienne, aussi belle
soit-elle, DÉRANGE. Elle dérange nos habitudes, elle dérange souvent nos
convictions, elle nous met dans une situation embarrassante qui requiert du
courage et de la détermination. Et surtout, elle dérange notre nature
pécheresse.
Le mal ne fait pas seulement
vivre les romanciers, en leur fournissant la matière première de leurs romans,
il fait aussi malheureusement très souvent vivre les puissants.
Ce qui me trouble le plus
cependant, c’est de voir un président américain qui se dit chrétien et qui
bafoue une entente qui a pour but de protéger la planète, qui vend de
l’armement militaire pour des milliards de dollars à un pays qui, on le sait
très bien, n’en fera pas un bon usage. Tout cela pour faire rouler l’économie
et pour supposément rendre les Etats-Unis « great again ». Le pouvoir peut malheureusement corrompre tous
les humains, croyants ou non croyants, car tous sont pécheurs devant Dieu.
SEIGNEUR,
PRENDS PITIÉ !
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