Solennité du Corps et du Sang de Jésus
Hier, nous avons célébré la
solennité du Corps et du Sang de Jésus. Voici les réflexions qu’ont suscitées
en moi les lectures de la messe de la fête.
Nous avons entendu à l’évangile,
un extrait du fameux chapitre six de saint Jean où Jésus affirme de façon
solennelle, qu’il donnera sa chair à manger et son sang à boire. Devant
l’incrédulité de la foule, Jésus emploie les mots « Amen, amen, je vous le dis », qu’il emploie à chaque fois
qu’il déclare solennellement une vérité:
« Amen, amen, je vous le dis : si
vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son
sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon
sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
(Jn 6, 53-54)
Je me suis levé très tôt hier
matin (4h30), et j’avais le goût d’aller adorer le Seigneur dans la chapelle de
notre résidence. Je désirais remercie Dieu d’être né dans la religion
catholique. Seuls les catholiques du monde entier prennent au sérieux les mots
de Jésus que nous venons d’entendre. Quand Jésus a prononcé ces mots, il y a
deux mille ans, la grande majorité de ceux qui le suivaient, a cessé
de se mettre à son école et à son écoute. À tel point que Jésus s’est retourné
vers les douze apôtres et leur a demandé « Allez-vous partir vous aussi? » (Jn 6, 67) Et saint Pierre de
donner cette réponse merveilleuse: « Seigneur,
à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).
Oui, ces paroles de Jésus sont vraiment les paroles de la vie éternelle puisque
la communion au corps et au sang de Jésus sont le gage, la promesse que Jésus
nous ressuscitera au dernier jour, pour entrer définitivement dans la vie
éternelle. Jésus nous dit dans la citation ci-dessus, que nous avons déjà en
nous la vie éternelle quand nous mangeons son Corps et que nous buvons son Sang,
mais qu’à la fin du monde, le Corps du Ressuscité, nous ressuscitera nous
aussi.
L’eucharistie gage de notre persévérance
La première lecture de la messe
était tirée du livre du Deutéronome. Voici la première partie de la lecture:
« Souviens-toi de la
longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert; le
Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté; il
voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder
ses commandements, oui ou non? Il
t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à
manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue –
pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce
qui vient de la bouche du Seigneur. »
(Dt 8, 2-3)
La manne, le pain venu du ciel, a permis aux Hébreux de
persévérer pendant quarante ans dans leur marche dans le désert, jusqu’à leur arrivée dans la terre promise. L’eucharistie nous permettra à nous aussi de persévérer
jusqu’à notre entrée au ciel. Le première lecture de la présente fête, devrait
nous parler avec force à nous les catholiques de Montréal en 2017. Nous aussi,
le Seigneur nous fait passer par le désert depuis environ quarante ans. Ceux qui
croient au vrai Dieu sur l’île de Montréal, sont de plus en plus rares. Notre
peuple expérimente sa pauvreté. Il semble bien que Dieu veuille aussi savoir ce
que nous avons dans le cœur; si oui ou on nous allons continuer à croire en
Lui ou si nous aussi nous allons l’abandonner. Or l’abandon du seul Dieu
vivant et véritable est généralisé chez les baptisés de Montréal qui avaient
reçu l’insigne grâce d’être catholiques. Notre peuple n’est plus chrétien.
Voici mon expérience: les catholiques ont commencé à
s’éloigner de Dieu le jour où ils ont cessé de participer à l’eucharistie
dominicale. Tant qu’ils participaient à la fraction
du pain, Dieu les gardait près de lui et sous sa protection. Quand j’étais
adolescent, ma foi était tiède. J’allais à la messe le dimanche parce que je
croyais encore en Dieu, mais aussi parce que connaissant le tempérament
bouillant de mon père, je savais qu’il valait mieux pour moi de me pointer à la
messe dominicale. Mais mes amis qui ont cessé à cette époque d’aller à la messe,
se sont éloignés de la foi catholique. Mes trois grands amis d’enfance ne
croient plus au seul Dieu vivant et véritable.
J’ai lu ou entendu un jour une phrase de Mgr Fulton Sheen,
archevêque de New-York dans les années 1950, qui m’a toujours impressionnée. Il
a dit que dans l’évangile (pour moi il
est clair désormais qu’il parlait de l’évangile selon saint Jean), la
première fois où il est fait mention de la future trahison de Juda, c’est en
lien direct avec l’eucharistie. C’est le jour où Jésus a annoncé qu’il
donnerait sa chair à manger, qu’il a annoncé pour la première fois que Judas
allait le livrer. Voici la fin du chapitre 6 de saint Jean:
« Mais il y en a parmi
vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement
quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta: « Voilà pourquoi je
vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par
le Père. » À partir de ce
moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de
l’accompagner. Alors Jésus dit
aux Douze: « Voulez-vous partir, vous aussi? » Simon-Pierre lui répondit :
« Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous
savons que tu es le Saint de Dieu. » Jésus
leur dit: « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze? Et l’un
de vous est un diable! » Il
parlait de Judas, fils de Simon Iscariote; celui-ci, en effet, l’un des Douze,
allait le livrer. » (Jn 6, 64-71)
Et Judas a trahi Jésus le jour
où notre Maître a institué l’eucharistie. Le soir du Jeudi Saint, Judas a quitté la table où Jésus s’est donné pour la
première fois en nourriture; et ce soir-là, Judas n’a pas seulement quitté la
table eucharistique; il a aussi quitté le collège des apôtres et même la vie
terrestre puisqu’il alla se pendre ce soir-là.
Pour moi, il y a un lien direct à établir entre le fait d’arrêter de participer à l’eucharistie dominicale et le fait d'abandonner Jésus. L’adhérence
au mystère du Corps et du Sang de Jésus, est le ciment de notre foi pour nous
les catholiques. J’ai dit à mes paroissiens en fin de semaine: « Peut-être que vous venez à la messe sans
réfléchir à ceci: si vous cessiez de participer à l’eucharistie dominicale, je
suis sûr que petit à petit, vous perdriez la foi au vrai Dieu ». C’est
en tout cas ma conviction.
L’eucharistie, signe et force d’unité
Voici la deuxième lecture de la
messe d’hier:
« La coupe de
bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ? Le
pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ? Puisqu’il y a un seul pain, la
multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul
pain. » (1 Co 10, 16-17)
Ces paroles de saint Paul nous
montrent que la communion eucharistique est le ciment de notre union en tant
que disciples de Jésus. Le rite de la communion à la messe, commence avec la
prière du Notre Père. Cette prière
nous fait réaliser que même si les personnes réunies dans l’enceinte de
l’église le dimanche, sont de familles humaines différentes, de nationalités
différentes, d’âge et de sexe différents, nous sommes tous frères et sœurs. Car
nous avons tous le même Père dans les cieux. Et quelques minutes plus tard,
lorsque les membres de l’assemblée communient au Pain de Vie, le même
sang, le sang de Jésus, coule dans nos veines. Quelle union extraordinaire
s’opère alors entre nous! Une fois que nous
réalisons la grandeur et la profondeur de cette union grâce au Corps et au Sang
de Jésus, toute faute contre l’unité et la charité entre les membres de notre
communauté, devrait nous sembler scandaleuse.
Que brille sur nous ton visage
J’ai terminé mon homélie hier
en parlant de l’adoration eucharistique. Jésus a voulu que le sacrement de son
Corps et de son Sang soit présent dans tous les tabernacles du monde, pour
notre plus grande joie et notre plus grande consolation. Il est malheureux que
nos églises soient fermées à clef en dehors des heures de messe. Mais en notre
paroisse, toute personne qui veut venir adorer Jésus, peut le faire. Des clefs
lui seront données pour avoir accès à notre chapelle d’adoration.
Je suis convaincu que
l’eucharistie reçue comme aliment spirituel ou contemplée et priée lors de
moments d’adoration eucharistique, est le remède à tous les maux quels qu’ils
soient. C’est la
PRÉSENCE RÉELLE de Jésus parmi nous, avec son Corps et son
Sang, qui changera notre monde. J’ai demandé à mes paroissiens hier de prier
pour moi afin que je mette l’adoration eucharistique au cœur de ma vie. Je leur
ai dit que depuis plusieurs mois, j’ai la conviction intime que si j’adorais
davantage Jésus dans le Saint Sacrement, je ferais davantage pour la paroisse.
De cela, je suis convaincu. Mes paroissiens m’ont assuré qu’ils prieraient pour
moi dans ce but. Moïse est un exemple extraordinaire de cela. Lorsqu’il se
tenait de façon prolongée en présence du Seigneur, son visage rayonnait
lorsqu’il revenait parler au peuple de Dieu. Quand on le lui a fait remarquer,
il était embarrassé et se mettait un voile sur le visage jusqu’à ce qu’il
retourne en présence du Seigneur. Or saint Paul nous encourage à ne pas cacher
à nos frères et sœurs la gloire du Seigneur qui brille sur nos visages:
« Nous ne sommes pas
comme Moïse qui mettait un voile sur son visage pour empêcher les fils d’Israël
de voir la fin de ce rayonnement passager.
Et nous tous qui n’avons pas
de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes
transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action
du Seigneur qui est Esprit. » (2 Co 3, 13 et 18)
Je suis convaincu que quiconque prend du temps pour
adorer Jésus dans le Saint Sacrement, verra non seulement son intérieur
changer, mais aussi son visage et tout particulièrement ses yeux. À chaque
premier jour de l’an, la première lecture de la messe nous dit comment Aaron,
le premier prêtre et ses fils, bénissaient les fils d’Israël: « Que le Seigneur te bénisse et te garde!
Que le Seigneur fasse briller sur toi
son visage, qu’il te prenne en grâce! Que
le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Livre des Nombres 6,24-26). Pour que le
Seigneur fasse briller sur nous son visage, il faut le fréquenter, le regarder,
l’adorer et le laisser nous regarder, nous transformer et nous illuminer. Quand
on demande au Seigneur de faire briller sur nous son visage, ce n’est
évidemment pas pour nous-mêmes, mais pour les autres. Qui peut voir son propre
visage, à moins de se trouver devant un miroir? Ainsi l’adoration eucharistique
devient un apostolat.
Mais l’adoration eucharistique est aussi vécue pour
nous-mêmes. Nous deviendrons de meilleures personnes si nous nous exposions davantage à Jésus Eucharistie. On parle d'exposition du Saint-Sacrement, mais c'est nous aussi que nous devons exposer devant Jésus Hostie. Le
pape François, lors de la messe chrismale du 2 avril 2015, a fait réfléchir les
prêtres sur les moyens qu'ils utilisent pour se reposer. Il les a invités à
se reposer « dans le Seigneur ».
Il est très clair que le pape prêche ce qu’il fait ou fait ce qu’il prêche. Le
pape vit une heure d’adoration tous les soirs de 19h à 20h. Ne vous demandez
pas pourquoi son visage est aussi rayonnant. Le pape croit Jésus qui nous dit: « Venez à moi vous tous qui êtes
fatigués et je vous donnerai le repos » (Mt 11, 28). Mais nous,
croyons-nous à ces paroles de notre Maître? Nous nous faisons parfois des idées
fausses quant à la meilleure façon de nous reposer. Personnellement, je passe
souvent deux heures devant la télévision en fin de soirée, en pensant que cela
me repose. Mais je suis sûr que si je passais une heure devant la télévision et
une heure devant le Saint-Sacrement, j’expérimenterais davantage le repos.
Priez pour moi, afin que Jésus m’obtienne cette grâce, de vivre chaque soir un
temps d’adoration eucharistique. Merci à tous ceux et celles qui prieront à
cette intention.
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