Le pape François dénonce la vente d’armes
Mon ami Mathieu m’a dit hier au
téléphone qu’il a mis sur Facebook un
texte du pape François qui condamne la vente d’armes. Mathieu m’a aussi dit
qu’il reçoit beaucoup de messages de gens qui sont touchés par les propos du
pape sur ce sujet. Il est vrai qu’il est très rare d’entendre un chef d’État (le pape est aussi un chef d’État) se
prononcer contre le commerce des armes. Cela se comprend aisément: la plupart
des pays les plus riches et les plus industrialisés de la planète, vendent des
armes aux pays qui vivent des conflits, dans un but purement économique. Voilà
où aboutit la logique des nations qui mettent l’économie au-dessus du bien des
personnes.
J’ai donc été voir sur l’internet
pour constater par moi-même à quel point le pape a souvent dénoncé les pays qui
font le commerce des armes. Étonnamment, il semble que se soit surtout en
présence de jeunes que le pape s’est ouvert le cœur sur ce sujet. J’ai écrit
« étonnamment », mais de fait, cela ne m’étonne pas car les adultes
sont plus portés à l’hypocrisie et à la duperie, que les enfants. Les adultes
se forgent toujours de très bonnes raisons pour justifier le mal qu’ils font.
Ne dit-on pas que « la vérité sort
de la bouche des enfants ». De plus, le présent appartient aux adultes, mais l’avenir appartient aux enfants. Le pape sait très bien qu'en touchant le coeur des enfants, il construit l'avenir. Voici quelques unes des interventions du pape sur ce
sujet.
Question, d’un enfant égyptien: « Cher Pape, nous venons de pays pauvres où il y a des
guerres. L’école est un bien pour nous; pourquoi les personnes puissantes n’aident-elles
pas l’école ? ».
Réponse du pape: Pourquoi les personnes puissantes
n’aident-elles pas l’école ? On peut poser la question à un niveau un peu plus
large aussi : pourquoi de nombreuses personnes puissantes ne veulent-elles pas
la paix ? Parce qu’elles vivent des guerres ! L’industrie des armes, cela est
grave ! Les puissants, certains puissants, gagnent de l’argent en fabriquant
des armes, et ils vendent les armes à ce pays-là qui est contre celui-ci, et
ensuite ils les vendent à celui-ci qui est contre celui-là... C’est l’industrie
de la mort ! Et ils gagnent de l’argent. Vous savez, la cupidité nous fait
beaucoup de mal, l’envie d’avoir plus, plus, plus d’argent. Quand nous voyons
que tout tourne autour de l’argent — le système économique tourne autour de
l’argent et pas autour de la personne, de l’homme, de la femme, mais autour de
l’argent — on sacrifie beaucoup et on fait la guerre pour défendre l’argent.
C’est pourquoi tant de personnes ne veulent pas la paix. On gagne plus avec la
guerre! On gagne de l’argent, mais on perd des vies, on perd la culture, on
perd l’éducation, on perd tant de choses. C’est pour cela qu’ils ne la veulent
pas. Un prêtre âgé que j’ai connu il y a plusieurs années disait cela : le
diable entre à travers le portefeuille. Par la cupidité. C’est pour cela qu’ils
ne veulent pas la paix! » (1)
Environ un mois plus tard, le pape
répondait dans la même ligne à une autre jeune :
« Et merci à toi, Sara, passionnée
de théâtre. Merci. « Je pense aux paroles de Jésus: donner la vie ». Nous en
avons parlé à présent. « Souvent, nous respirons un sentiment de manque de
confiance pour la vie ». Oui, parce qu’il y a des situations qui nous font
penser: « Mais, est-ce la peine de vivre ainsi? Que puis-je attendre de cette
vie? ». Pensons, dans ce monde, aux guerres. J’ai parfois dit que nous vivons
une troisième guerre mondiale, mais par morceaux. Par morceaux : en Europe, il
y a la guerre, en Afrique, il y a la guerre, au Moyen-Orient, il y a la guerre,
dans d’autres pays, il y a la guerre... Mais comment puis-je avoir confiance
dans une telle vie, puis-je avoir confiance dans les responsables du monde?
Lorsque je donne mon vote à un candidat, puis-je avoir la certitude qu’il ne conduira
pas mon pays à la guerre? Si tu ne te fies qu’aux hommes, tu as perdu! Cela me
fait penser à une chose: des gens, des dirigeants, des entrepreneurs qui se
disent chrétiens, et qui fabriquent des armes ! Cela me rend un peu méfiant:
ils se disent chrétiens! « Non, non père, moi je ne fabrique pas, non, non...
Mais j’ai placé mes économies, mes investissements, dans les usines d’armement
». Ah! Et pourquoi? « Parce que les intérêts sont un peu plus élevés... ». Et
même le double jeu est monnaie courante aujourd’hui: dire une chose et en faire
une autre. L’hypocrisie... Mais voyons ce qui s’est passé au siècle dernier: en
1914, en 1915, précisément. Il y a eu la grande tragédie de l’Arménie. Beaucoup
sont morts. Je ne me souviens plus du nombre, plus d’un million certainement.
Mais où étaient les grandes puissances alors? Elles regardaient d’un autre
côté. Pourquoi? Parce qu’elles étaient intéressées par la guerre, leur guerre!
Et ceux qui meurent sont des personnes, des êtres humains de deuxième classe.
Puis, dans les années trente-quarante, la tragédie de la Shoah. Les grandes
puissances avaient les photographies des lignes ferroviaires qui conduisaient
les trains aux camps de concentration, comme Auschwitz, pour tuer les juifs, et
aussi les chrétiens, également les roms, les homosexuels, pour les tuer là. Mais,
dis-moi, pourquoi ne les ont-ils pas bombardées? L’intérêt! Et peu après,
presque en même temps, il y a eu les lagers en Russie: Staline... Combien de
chrétiens ont-ils souffert, ont-ils été tués? Les grandes puissances se
partageaient l’Europe comme un gâteau. De nombreuses années ont dû s’écouler
avant de parvenir à une « certaine » liberté. Il y a l’hypocrisie de parler de
paix et de fabriquer les armes, et même de vendre des armes à celui-ci qui est
en guerre avec celui-là, et à celui-là qui est en guerre avec celui-ci ! (2)
Mais il ne faut pas croire que
le pape se prive de lancer le même message aux adultes, et ce, dans les
endroits les plus stratégiques. Lors de son allocution devant le Congrès des États-Unis l’an dernier, le
pape a clairement montré son désaccord avec le commerce des armes:
« Dans cette perspective de dialogue, je voudrais
reconnaître les efforts réalisés au cours des derniers mois pour aider à
surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé.
C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les
femmes, de toutes les manières possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui
avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue – un dialogue qui
aurait pu avoir été interrompu pour des raisons les plus légitimes – de
nouvelles opportunités s’offrent pour tous. Cela a demandé, et demande, courage
et hardiesse, qui ne sont pas synonymes d’irresponsabilité. Un bon dirigeant
politique est quelqu’un qui, ayant à l’esprit les intérêts de tous, saisit le
moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme. Un bon dirigeant politique
choisit toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des espaces (cf. Evangelii gaudium,
n. 222-223).
Être au service du dialogue et de la paix signifie aussi
être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux
nombreux conflits armés dans le monde. Ici,
nous devons nous demander: pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à
ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus
et à des sociétés? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est
simple: pour de l’argent; l’argent qui est trempé dans du sang, souvent du sang
innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir
d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes. » (3)
(1) Discours
du pape François aux enfants et jeunes des écoles italiens, Salle Paul VI,
lundi le 11 mai 2015. Pour lire le dialogue en entier le dialogue du pape avec
les enfants, veuillez cliquer sur le mot suivant: Français.
(2) Rencontre du pape François avec les jeunes à Turin, Piazza Vittorio, dimanche le 21 juin 2015. Pour lire le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant: Francese.
(2) Rencontre du pape François avec les jeunes à Turin, Piazza Vittorio, dimanche le 21 juin 2015. Pour lire le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant:
(3) Visite au Congrès des États-Unis
d’Amérique, Capitole des Etats-Unis, Washington D.C., jeudi le 24 septembre
2015. Pour lire
le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant: Français.
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