Onction avec le saint chrême pour signifier que
nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois.
nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois.
Le pape saint Léon Le Grand, décédé en 461, a dit un jour cette phrase merveilleuse :« Chrétien, reconnaît ta dignité ». Ce pape a bien raison de nous inviter à réfléchir et à méditer sur l’immense faveur que notre Dieu nous a faite en nous appelant au baptême. Le jour de notre baptême, nous sommes devenus « prêtres, prophètes et rois ». J’ai déjà fait allusion à cela en parlant du baptême sur mon blogue, dans le long texte intitulé : « Le prêtre et les sacrements », en date du 22 juin 2011. Mais je désire aujourd’hui ajouter quelques éléments de réflexion.
Nous sommes tous d’accord, je pense, pour admettre la supériorité de l’être sur l’avoir. Être quelqu’un est beaucoup plus important que d’avoir quelque chose. Mais même si nous sommes tous d’accord sur ce point, nous n’en tirons pas toujours les conséquences. À toutes les fois que je commence une phrase en disant : « Je suis », je dis quelque chose de très important sur moi-même. Lorsque je rencontre un jeune, je lui demande souvent ce qu’il est. Parfois on me répond : « Je suis étudiant ». Je lui demande alors : « Est-ce que tu étudies? » Voilà la question essentielle à demander à un étudiant. Un étudiant est fait pour étudier, un étudiant se doit d’étudier. Cela devrait aller de soi, non? Et lorsqu’il m’arrive de recevoir des adultes au sacrement de la réconciliation, je suis abasourdi lorsque, à la fin de la confession, je ne sais même pas si cette personne est mariée ou non, célibataire ou non. Si j’étais marié, je suis sûr que ma confession porterait d’abord sur mon état matrimonial et les manquements que j’accuserais auraient d’abord comme objet ou sujet ma relation avec mon épouse et mes enfants.
Nous sommes tous d’accord, je pense, pour admettre la supériorité de l’être sur l’avoir. Être quelqu’un est beaucoup plus important que d’avoir quelque chose. Mais même si nous sommes tous d’accord sur ce point, nous n’en tirons pas toujours les conséquences. À toutes les fois que je commence une phrase en disant : « Je suis », je dis quelque chose de très important sur moi-même. Lorsque je rencontre un jeune, je lui demande souvent ce qu’il est. Parfois on me répond : « Je suis étudiant ». Je lui demande alors : « Est-ce que tu étudies? » Voilà la question essentielle à demander à un étudiant. Un étudiant est fait pour étudier, un étudiant se doit d’étudier. Cela devrait aller de soi, non? Et lorsqu’il m’arrive de recevoir des adultes au sacrement de la réconciliation, je suis abasourdi lorsque, à la fin de la confession, je ne sais même pas si cette personne est mariée ou non, célibataire ou non. Si j’étais marié, je suis sûr que ma confession porterait d’abord sur mon état matrimonial et les manquements que j’accuserais auraient d’abord comme objet ou sujet ma relation avec mon épouse et mes enfants.
Or, chers amis, si nous sommes baptisés, vous et moi, nous sommes chrétiens. Je dis souvent aux gens, surtout aux jeunes adultes, que ma plus grande fierté, c’est d’être chrétien. Or si je suis chrétien, je suis prêtre, je suis prophète et je suis roi. Notre Dieu a mis des siècles et des siècles à se révéler. Une des plus belles révélations de Dieu, c’est Moïse qui l’a reçue. Quand Moïse a demandé à Dieu de révéler son nom, il a eu comme réponse de la part de Dieu : « Je suis celui qui suis ». Parfois on traduit : « Je suis celui qui est »: « Dieu
dit à Moïse : " Je suis celui qui est. " Et il dit : " Voici ce
que tu diras aux Israélites : "Je suis" m'a envoyé vers vous. » (Ex 3, 14)
Jésus a souvent repris à son propre compte, surtout dans l’évangile de Jean, cette façon qu’a Dieu de se nommer. Dans une des nombreuses polémiques impliquant Jésus et les juifs dans l’évangile de Jean, Jésus déclara : " En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham existât, Je Suis. " (Jn 8, 58) Comme enfants de Dieu, nous devons faire très attention à ce que nous sommes.
Prophètes :
Or nous sommes prophètes. Dimanche dernier, dans la première lecture de la messe, nous entendions Moïse exprimer un désir qui lui semblait quasiment être une utopie. Moïse déclarait que ce serait tellement une belle chose si tous les membres du peuple de Dieu étaient des prophètes. Or ce désir, qui semblait alors une utopie, s’est réalisé avec la venue de Jésus. Désormais, tout membre du peuple de Dieu, tout baptisé, est prophète. Le prophète dans la Bible, n’est pas d’abord celui qui prophétise l’avenir. Le prophète dans la Bible est celui qui est nourri de la Parole de Dieu (et donc de la pensée de Dieu) et qui n’a pas peur de la proclamer. Si un jour votre fille de onze ans se voit offrir de la drogue à l’école et qu’elle affirme clairement et énergiquement qu’elle n’est pas d’accord avec ça, elle jouera son rôle de prophète. Pour être prophète, il faut se nourrir de la Parole de Dieu. C’est ce que Dieu, à deux reprises dans la Bible, a voulu nous faire comprendre. Au prophète Ézéchiel (Ez 3, 1-4) et à saint Jean dans l’Apocalypse (Ap 10, 8-11), une voix venue du ciel a demandé à ces deux hommes de Dieu de prendre un livre et de le manger; littéralement de le manger, de s’en nourrir. Ce n’est que lorsqu’une personne se sera nourrie de la Parole de Dieu et qu’elle l’aura faite sienne, qu’elle pourra se dire prophète et l’être vraiment. Nous, les catholiques, nous avons tellement à apprendre sur ce point, de nos frères et sœurs protestants qui, très tôt dans leur vie, se nourrissent de la Parole de Dieu.
En cette année de la foi qui commencera bientôt, mes paroissiens seront invités à se nourrir davantage de la Parole de Dieu grâce au magnifique projet appelé: L’Aventure de l’Évangile. Je me propose de vous parler de ce projet dans un prochain article. Il est important de se rappeler que dans le Notre Père, Jésus nous invite à demander le pain de chaque jour. Il nous est facile pour nous aujourd'hui de savoir que Jésus avait alors à l’esprit d’abord le Pain de vie, l’eucharistie, et deuxièmement la Parole de Dieu qui devrait aussi être notre nourriture de chaque jour: « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). Nous avons un corps qu'il faut nourrir, mais aussi une âme qui a faim de Dieu et de ce qu'Il a à nous dire. La nourriture nécessaire à notre corps était aussi dans l'esprit de Jésus lorsqu'Il a formulé le Notre Père, mais elle venait sûrement en troisièmement lieu dans son esprit. Ceci étant dit, il faut bien sûr faire des distinctions. Dans les pays où la pauvreté est extrême, et où les gens n'ont pas de quoi se nourrir pour vivre, il faut d'abord assurer ce besoin essentiel du corps; car si le corps meurt, l'âme ne peut plus elle non plus agir ici-bas.
Prêtres:
« Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d'offrir dons et sacrifices pour les péchés. » (Heb 5, 1)
Le prêtre a pour mission d’intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu. Le prêtre est donc un médiateur entre Dieu et les hommes. Ce rôle et cette mission sont souvent mis en œuvre par la prière. À chaque fois qu’une personne baptisée prie pour une autre personne, elle exerce son rôle de prêtre. Mais le rôle le plus grand et le plus important du prêtre est d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Offrir quels sacrifices? D’abord et avant tout le sacrifice de Jésus notre Seigneur. Il n’y a pas de meilleur endroit pour exercer le sacerdoce commun des fidèles que de participer à l’eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus. Il fut un temps où les gens semblaient penser qu’à la messe, c’était uniquement le prêtre qui offrait le sacrifice par excellence : le sacrifice de Jésus sur la croix. Comme c’est malheureux d’avoir pensé cela aussi longtemps! Or ceux qui offrent le sacrifice de la messe, ce sont tous les fidèles qui participent à l’eucharistie. Il est malheureux qu’en français, au moment de l’offertoire, le prêtre n’utilise pas les mêmes mots que ceux employés en langue italienne ou désormais en langue anglaise. Car le nouveau rituel en usage dans le monde anglophone depuis quelques mois, reprend la même traduction que l’italien. En français, le prêtre qui préside l’eucharistie, introduit la prière d’offertoire en disant : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église. ». Mais le texte en italien ou en anglais est beaucoup plus spécifique et fort : « Priez mes frères pour que mon sacrifice et votre sacrifice soit agréable à Dieu le Père tout puissant. »
Comme prêtres, tous les fidèles sont donc invités à offrir au Père le sacrifice de Jésus, pour le salut du monde. Mais après le sacrifice de Jésus, le plus important pour le chrétien est d’offrir sa propre vie en sacrifice saint et agréable à Dieu. En ce sens, le début du chapitre 12 de la lettre de saint Paul aux Romains est tout simplement magnifique :
« Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre. » (Rom 12, 1)
Une autre belle traduction de ce texte dit ceci :
« Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c'est là pour vous l’adoration véritable » (Rom 12, 1)
Donc, à toutes les fois que je fais un renoncement par amour de Dieu et du prochain, que j’offre à Dieu un sacrifice qui m’engage personnellement, qui implique ma vie, j’exerce mon rôle de prêtre.
Rois:
Par le baptême, nous sommes rois. Il n’est pas facile, à première vue, de comprendre en quoi consiste cette royauté. Un passage de l’évangile qui a été proclamé en Église dimanche dernier peut nous conduire à une réponse :
« Et si ta main est pour toi une occasion de péché, coupe-la : mieux vaut pour toi entrer manchot dans la Vie que de t'en aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint pas. Et si ton pied est pour toi une occasion de péché, coupe-le : mieux vaut pour toi entrer estropié dans la Vie que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. Et si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le : mieux vaut pour toi entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point. » (Mc 9, 43-48)
En quoi ce passage où Jésus n’y va pas de main morte, peut-il nous faire comprendre en quel sens nous sommes rois? Un roi est quelqu’un qui gouverne. Un chrétien doit être capable de gouverner sa vie et non pas se laisser gouverner par ses passions, par son égoïsme et ses conditionnements de toute sorte. C’est cela, à mes yeux, être roi par le baptême. Si quelqu’un me tend une « enveloppe brune », un pot-de-vin, pour m’acheter ou m’influencer et que je suis tenté de tendre la main pour accepter le cadeau empoisonné, que Jésus me redise : « Coupe ta main; il vaut mieux pour toi entrer manchot dans le royaume de Dieu, que d’aller avec tes deux mains dans la géhenne ». Si j’ai les yeux sur l’épouse d’un de mes confrères de travail ou si je suis tenté de regarder de la pornographie, que Jésus me dise : « Arrache ton œil; il vaut mieux pour toi entrer borgne dans le royaume des cieux, que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne ». C’est cela pour moi être roi, c’est cela régner sur ma vie. Et cette façon de régner sur sa vie est le seul moyen d’être libre, est la seule façon de conquérir la liberté que Jésus est venu nous apporter et qu’Il nous a méritée par sa mort et sa résurrection : « Si le Fils vous libère, vous serez réellement libres »(Jn 8, 36).
Nelson Mandela a dit que ce qui lui a permis de garder courage et de rester libre intérieurement alors qu’il a été incarcéré pendant vingt-sept ans, dont dix-huit ans dans une minuscule cellule, c’est le poème de William Ernest Henley intitulé : Invictus (Invaincu). La dernière strophe de ce poème dit ceci :
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.
Qu’on peut traduire ainsi:
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
Voilà, à mes yeux, exprimé de façon poétique, ce que signifie être roi pour un chrétien et une chrétienne. Si on suit une telle interprétation, nous pouvons en quelque sorte dire que le fait d’être prêtre, a Dieu pour but ultime; le fait d’être prophète a pour but le prochain; et le fait d’être roi a pour but notre sanctification personnelle.
Si vous êtes intéressés à connaître mes réflexions sur quatre des sept sacrements de l’Église catholique (le baptême, la réconciliation, l’eucharistie et le mariage), vous n’avez qu’à cliquer sur les mots suivants : Le prêtre et les sacrements
Ajout: J'ai donné cet enseignement sur YouTube. Pour le visionner, daignez cliquer sur le lien ci-dessous:
La dignité du baptême : Nous sommes prêtres, prophètes et rois / Guy Simard. Watch later. Share. Copy link ...
19 mai 2015 · Téléversé par Guy Simard, omv
Ouf! Il (nous ou) me faudra lire, relire, et relire plusieurs fois, tellement il y a de choses à assimiler dans votre texte. C'est vraiment plein de nombreux enseignements que l'on oublie trop souvent! Merci!
RépondreSupprimerMerci pour l'enseignement
RépondreSupprimerBien venu !
RépondreSupprimerTexte très riche et profond, merci.
RépondreSupprimerMerci! Très éducatif en ce jour du Christ Roi!
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