Montrer Jésus :
Le cardinal français Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, en visite au Québec à l’occasion du Congrès Eucharistique International de 2008, dans une entrevue accordée au Père Thomas Rosica, csb, dans le cadre de l’émission télévisée Sel et Lumière, a partagé quelque chose de très intéressant concernant Benoît XVI à peine élu pape.
Une fois que le candidat à la papauté a reçu le nombre suffisant de votes pour être élu, on lui demande s’il accepte la tâche d’être pape. Dès qu’il dit oui, le secret du conclave est levé. Le nouveau pape a alors parlé en privé aux cardinaux. Le cardinal Barbarin a dit qu’il a alors sorti son carnet pour prendre des notes car ce seront les premières paroles du nouveau pape et personne d’autres que les cardinaux pouvaient entendre ses propos.
Le pape a d’abord dit pourquoi il avait choisi le nom de Benoît XVI. Il a dit que l’Europe était en train de se faire et que saint Benoît en était le patron. Il a dit que le pape Benoît XV avait vécu un pontificat marqué par la guerre et que lui Benoît XVI désirait connaître un pontificat de paix.
Le pape a ensuite dit cette phrase admirable : « De toute façon, la seule chose qui m’intéresse, que je veux faire, c’est de parler du Christ, d’annoncer le Christ et, si possible, de Le montrer. »
(il est possible de regarder cette interview sur internet. Vous allez sur Google et vous écrivez: Salt + Light Television | Witness . Une fois sur la page, vous faites descendre votre curseur; à un moment donné, sur votre extrême droite, vous verrez apparaître les mots : Previous Episodes; le 29ème est le Cardinal Philippe Barbarin. L’interview est en français avec des sous-titres en anglais)
N’est-ce pas que cette façon de « voir » le ministère du pape et la vocation chrétienne en général est belle et originale ? Benoît XVI est conscient qu’en tant que « vicaire du Christ » sur cette terre, il lui appartient en premier lieu de « montrer » le Christ au monde. Son vénérable prédécesseur était aussi très conscient de cela. Dans sa Lettre Apostolique « Novo Millennio Ineunte » qui marquait la clôture du grand jubilé de l’an 2000, le pape Jean-Paul II écrivait ceci :
II
UN VISAGE À CONTEMPLER
UN VISAGE À CONTEMPLER
« Nous voulons voir Jésus » (Jn 12,21). Cette demande, présentée à l'Apôtre Philippe par quelques Grecs qui s'étaient rendus en pèlerinage à Jérusalem à l'occasion de la Pâque , résonne aussi spirituellement à nos oreilles en cette Année jubilaire. Comme ces pèlerins d'il y a deux mille ans, les hommes de notre époque, parfois inconsciemment, demandent aux croyants d'aujourd'hui non seulement de « parler » du Christ, mais en un sens de le leur faire « voir ». L'Église n'a-t-elle pas reçu la mission de faire briller la lumière du Christ à chaque époque de l'histoire, d'en faire resplendir le visage également aux générations du nouveau millénaire?
Notre témoignage se trouverait toutefois appauvri d'une manière inacceptable si nous ne nous mettions pas d'abord nous-mêmes à contempler son visage. Le grand Jubilé nous a assurément aidés à le faire d'une manière plus profonde. Au terme du Jubilé, tandis que nous reprenons le chemin de la vie ordinaire, conservant en nous la richesse des expériences vécues en cette période toute spéciale, notre regard reste plus que jamais fixé sur le visage du Seigneur. » (Novo Millennio Ineunte, no. 16)
Les Grecs qui ont formulé cette demande à l’apôtre Philippe : « Nous voulons voir Jésus » ont exprimé le désir conscient ou inconscient de toute personne humaine vivant sur cette terre. La vocation chrétienne a précisément pour mission de « faire voir le visage de Jésus au monde ». Jean-Paul II a bien raison de dire que cela ne peut se faire que par la contemplation assidue et continue du visage du Christ tel qu’Il nous est révélé dans les évangiles. Et un jour, peut-être, parviendrons-nous nous aussi à dire avec l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vis; c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2, 20)
Jean-Marie Vianney
Durant l’année sacerdotale que nous avons vécue dernièrement, le saint curé d’Ars nous a de nouveau été présenté comme modèle. Un jour, une personne ayant rencontré Jean-Marie Vianney, s’est exclamée : « J’ai vu Dieu dans un homme. ». Voilà ce que les gens ont vu il y a deux mille ans en contemplant Jésus; voilà ce que les gens devraient voir en regardant un chrétien ou une chrétienne. Lors de son pèlerinage apostolique en France en 1986, le pape Jean-Paul II est allé à Ars et a dit ceci :
« Oui, à travers ce prêtre, c’est le Christ qui est devenu spécialement présent en ce coin de France. … Il a cherché à imiter le Christ jusqu’aux limites des possibilités humaines. Et il est devenu non seulement prêtre, mais victime, offrande, comme Jésus. … Ainsi donc le Christ s’est bien arrêté ici, à Ars, au temps où Jean-Marie Vianney y était curé. … Oui, Il s’est arrêté. Il a vu « les foules » des hommes et des femmes du siècle dernier qui « étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger » ( Mt 9,36). Le Christ s’est arrêté ici comme le Bon Pasteur. » (Ars, le 6 octobre 1986)
En ce 6 octobre 1986, le pape a ouvert son cœur sur le problème des vocations sacerdotales et religieuses. Il a exprimé sa préoccupation et il a fait une magnifique prière. J’oserais qualifier cette prière de « prière sacerdotale du pape ». Après avoir lu cette prière, vous vous exclamerez peut-être comme moi : « Wow ! Quelle audace ! Quelle familiarité Jean-Paul II a avec le Père; tout à fait à l’exemple de Jésus ! » Et de fait, en entendant ce cri de Jean-Paul II, ce cri du cœur, nous avons nettement l’impression qu’il donne un ordre à Dieu, qu’il lui commande de donner des prêtres à son Église. Une telle façon de s’exprimer ne peut s’expliquer que par le fait que Jean-Paul II était devenu un autre Christ (alter Christus) et par le fait que le 6 octobre 1986, les pèlerins qui sont allés à Ars ce jour-là, ont vu Jésus et entendu Jésus. Voici les paroles et la prière de Jean-Paul II :
« Et de ce lieu (Ars), le Christ a dit à ses disciples, comme autrefois en Palestine : “ La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ” (Mt 9, 37-38). Il l’a dit à toute l’Église qui est en France, à l’Église répandue par toute la terre.Aujourd’hui, il le dit pareillement, car les besoins sont immenses, pressants.
Les évêques, successeurs des Apôtres et le successeur de Pierre voient mieux que d’autres l’ampleur de la moisson, avec les promesses d’un renouveau, et aussi la misère des âmes abandonnées à elles-mêmes, sans ouvriers apostoliques.
Les prêtres ont une vive conscience de ce besoin, eux qui voient en maints endroits leurs rangs clairsemés, et qui attendent l’engagement de plus jeunes dans le sacerdoce ou la vie religieuse.
Les laïcs, les foyers en sont tout autant convaincus, eux qui comptent sur le ministère du prêtre pour nourrir leur foi et stimuler leur vie apostolique.
Les enfants et les jeunes le savent bien, eux qui ont besoin du prêtre pour devenir des disciples de Jésus, et peut-être partager sa joie de se consacrer entièrement au service du Seigneur, à sa moisson.
Et nous tous, qui sommes réunis ici, après avoir médité sur la vie et le service de saint Jean-Marie Vianney, Curé d’Ars, cet “ouvrier” insolite de la moisson où s’opère le salut des hommes, nous élevons une supplication instante vers le Maître de la moisson, nous prions pour la France, pour l’Église à travers le monde entier: « Envoie des ouvriers dans ta moisson ! Envoie des ouvriers !
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