vendredi 23 juin 2017

Consolons le Coeur de Jésus

Consolons le Cœur de Jésus
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En cette solennité du Sacré-Cœur de Jésus, voici les pensées qui me sont venues durant l’heure d’adoration que nous avons vécue en paroisse avant la célébration eucharistique.

L’évangile de cette année nous présente Jésus comme consolateur. Jésus nous dit: 

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Mt 11, 28-30)

Ces phrases sont parmi les plus connues des évangiles. Jésus nous promet le repos. Mais l’accent n’est pas mis sur le repos physique; l’accent est plutôt mis sur le repos de l’âme. Jésus s’adresse surtout à ceux et celles qui ont l’âme fatiguée, qui sont épuisés psychologiquement, spirituellement, mentalement, émotionnellement. Jésus est un grand consolateur dans tous ces domaines. Et une fois retourné au ciel, il nous a envoyé un autre Consolateur, en la Personne de l’Esprit Saint.

Jésus sera toujours prêt à nous consoler. Mais en cette fête du Sacré-Cœur, nous devons aussi entendre le désir de Jésus d’être consolé. Ce désir, Jésus l’a exprimé de façon très nette et très forte à sainte Marguerite Marie Alacoque. Il a dit un jour à cette sainte:

"Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu'à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour."

Origine de l'Heure Sainte

Jésus prescrit à Sainte Marguerite Marie ce qui constituera pour elle son sujet d'oraison privilégié: « Toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives, et laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d'agonie plus rude à supporter que la mort. Et, pour m'accompagner dans cette humble prière que je présentais alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l'amertume que je sentais de l'abandon de mes apôtres, qui m'obligea à leur reprocher qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi

Ce que l'on nomme depuis plus de cent cinquante ans l'Heure sainte, ce n'est donc pas une quelconque adoration du Corps du Christ, mais plutôt, en présence ou non du Saint-Sacrement, « un exercice d'oraison mentale ou de prières vocales qui a pour objet l'agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers en vue [...] de demander miséricorde pour les pécheurs et de consoler le Sauveur pendant une heure ». (1)

Il est intéressant de noter que Jésus parle à sainte Marguerite-Marie spécifiquement du mystère de son agonie dans le jardin des Oliviers quand il est question de consoler son Cœur. Car les pires souffrances que Jésus a endurées durant sa Passion, furent certainement les souffrances morales et spirituelles vécues durant son agonie dans le jardin de Gethsémani. Quand Jésus nous dit d’aller à Lui pour trouver le repos pour notre âme, il savait de quoi il parlait. Malheureusement, aucun être humain n’a su consoler notre doux Maître durant sa terrible agonie. Cela avait été prédit dans un psaume: « L’insulte m’a broyé le cœur, le mal est incurable; j’espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n’en ai pas trouvés » (Ps 68, 21).

Seul un ange, à la fin de la terrible agonie, est venu consoler Jésus: « Alors un ange du ciel lui apparut pour le fortifier » (Lc 22, 43).

Dans les évangiles, il existe deux textes qui nous disent explicitement que Jésus fut tenté. Un de ces textes est au début des évangiles; il s’agit des tentations de Jésus dans le désert; l’autre texte est à la fin des évangiles: il s’agit de l’agonie de Jésus. Dans les deux cas, Jésus a vaincu le Tentateur, mais non pas sans fatigue. Dans les deux cas, Jésus, épuisé, est consolé par un ou des anges. Saint Matthieu, à la fin des tentations de Jésus dans le désert, au début de sa vie publique, nous dit que « cette fois le diable le laissa. Des anges vinrent alors auprès de Jésus et se mirent à le servir » (Mt 4, 11)

Il est vrai qu’au temps de Jésus, les anges étaient beaucoup plus au courant que nous des mystères qui se vivaient sur terre. Les apôtres et les disciples n’ont compris l’ampleur du drame qui se vivaient sous leurs yeux, qu’une fois que Jésus fut ressuscité et que l’Esprit Saint fut descendu sur eux. Mais nous, hommes et femmes du XXIème siècle, qu’attendons-nous pour consoler le Seigneur?

Le pape Pie XI a écrit toute une encyclique sur notre devoir de réparation envers le Sacré Cœur de Jésus. Cette encyclique datée du 8 mai 1928, a pour titre: Miserentissimus Redemtor. Dans cette encyclique, le pape affirme que l’esprit de réparation a toujours tenu le premier rôle dans le culte rendu au Sacré Cœur de Jésus:

« L'esprit d'expiation ou de réparation a toujours tenu le premier et principal rôle dans le culte rendu au Sacré Cœur de Jésus; rien n'est plus conforme à l'origine, à la nature, à la vertu et aux pratiques qui caractérisent cette dévotion. » (2)

Dans cette encyclique, le pape Pie XI pose un problème théologique d'une grande importance et qui fera l'objet d'un de mes prochains blogues: qu'est-ce que nos réparations peuvent procurer à Jésus en ce moment, alors qu'Il est dans une béatitude éternelle? Si Jésus jouit en ce moment d'une félicité absolue, que peuvent lui faire nos "réparations"? Le pape Pie XI répond de la façon suivante: Jésus lors de son agonie au jardin des Oliviers, a porté sur Lui et expié tous les péchés du genre humain: les péchés qui ont eu lieu avant sa naissance, de son vivant, et ceux qui seront commis jusqu'à la fin du monde. De même, nous pouvons croire que dans la consolation qu'est venue lui apporter un ange à ce moment extrêmement pénible de sa vie, étaient contenues toutes les réparations faites envers le Coeur de Jésus, jusqu'à la fin des siècles: 

« Que si, à cause de nos péchés futurs, mais prévus, l'âme du Christ devint triste jusqu'à la mort, elle a, sans nul doute, recueilli quelque consolation, prévue elle aussi, de nos actes de réparation, alors qu'un ange venant du ciel lui apparut, pour consoler son cœur accablé de dégoût et d'angoisse. » (2)

Cette explication est intéressante, mais elle ne me convainc pas tout à fait. Elle pose cependant un problème crucial avec lequel je me bats depuis des années: si Dieu et les saints et saintes qui sont au ciel, sont parfaitement heureux, comment ce que nous vivons ici-bas peut-il les attrister, les inquiéter ou même les blesser? J'aborderai ce problème dans un futur blogue, sans avoir la prétention toutefois de le résoudre.  

Je demeure à Montréal, à l’extrême est de la ville, dans le quartier appelé Pointe-aux-Trembles. Nous avons à Pointe-aux-Trembles un Sanctuaire très connu et fréquenté, dédié au Sacré-Cœur de Jésus. Le nom du sanctuaire est désormais le suivant: Sanctuaire du Sacré-Cœur et de saint Padre Pio. Mais durant de très nombreuses années, la petite chapelle qui est l’endroit le plus caractéristique de ce lieu de pèlerinage, portait le nom de « Chapelle de la Réparation ». Je trouve malheureux que ce nom soit désormais mis de côté. La « Réparation » au Sacré-Cœur, c’est de l’amour, c’est de la consolation donnée au Sacré-Cœur.

Aujourd’hui, suite à toutes ces considérations qui me sont venues à l’esprit durant l’heure d’adoration en paroisse, j’ai fait du nouveau au moment de la « bénédiction du Saint-Sacrement ». Après le chant du Tantum Ergo et la bénédiction du Saint-Sacrement, j’ai employé les mots qui étaient d’usage à ce moment précis de la liturgie par le passé, mais que nous n’employons plus, du moins au Québec:

« En réparation des outrages, des blasphèmes et des sacrilèges et j’ai ajouté les mots suivants, pour ne pas que l’on pense que l’on doive « réparer » uniquement les péchés d'autrui: « Et en réparation pour nos péchés, nos infidélités et nos manques d’amour,

Dieu soit béni,
Béni soit son Saint Nom,
Béni soit Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme,
Béni soit le Nom de Jésus,
Béni soit son Sacré-Cœur,
Béni soit son très Précieux Sang,
Béni soit Jésus-Christ au Très Saint Sacrement de l’autel,
Béni soit l’Esprit Saint Consolateur,
Bénie soit l’Auguste Mère de Dieu, la Très Sainte Vierge Marie,
Bénie soit sa Sainte et Immaculée Conception,
Bénie soit sa Glorieuse Assomption,
Béni soit le nom de Marie, Vierge et Mère,
Béni soit Saint Joseph, son très chaste époux,
Béni soit Dieu dans ses anges et dans ses saints.

Je pense que dorénavant je vais continuer à introduire ces louanges à Dieu, à la Vierge Marie et aux saints, en mentionnant notre désir explicite de « réparer ». Car vouloir « réparer » les offenses et les injures faites à Jésus, est un très grand signe d'amour envers notre divin Maître. 

D’ailleurs le vocabulaire de la « réparation » n’est pas absent de la liturgie de ce jour. Voici comment était formulée la prière des offrandes à la messe d’aujourd’hui:

« Regarde, nous t’en prions, Seigneur, l’amour inexprimable du Cœur de ton Fils, pour que nos offrandes te soient agréables et servent à la réparation de nos péchés. Par Jésus … Amen.  


(1) Ste Marguerite-Marie - Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie

www.adoperp.fr/index.php/ste-marguerite-marie.html 


(2) Miserentissimus Redemptor (1928)

https://bibliothequedecombat.files.wordpress.com/.../1928-pie-xi-miserentissimus-






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