« Évangéliser
nos problèmes » (Pape
François)
Le pape François près du cierge pascal lors de la Nuit Sainte par excellence
Comme vous le savez, si vous avez
lu mon dernier blogue, je vis présentement des moments difficiles. Qui n’en vit
pas? Je remercie les personnes qui ont la bonté et la charité de prier pour
moi. Mais, comme vous le savez, le Seigneur n’a pas l’habitude de laisser ses
enfants dans l’obscurité, sans leur apporter quelque lumière ou quelque
réconfort. Ce réconfort m’est venu pour ma part, de la merveilleuse homélie
qu’a prononcée le pape François lors de la Veillée pascale de l’an dernier. Je n’avais
jamais lu jusqu’à ces jours-ci cette homélie. C’est en lisant il y a deux jours la Revue Sainte Rita du présent mois d’avril 2017 (1), que mes yeux se sont posés sur cette homélie de Pâques de notre cher pape, et elle a nourri mon espérance. Je
remercie du fond du cœur mon confrère, le Père Alain Vaillancourt, omv, le
directeur de la Revue
Sainte Rita, d’avoir mis dans la revue ce magnifique texte à l’approche de
la nouvelle Pâques.
Toute l’homélie porte sur
l’ESPÉRANCE. Si je ne vivais pas certains problèmes ces jours-ci, j’aurais
peut-être mis le mot « Espérance »
dans le titre du présent blogue car c’est de cela que le pape parle le plus.
Mais d’un autre côté, j’aime tellement l’expression « évangéliser nos problèmes » que le pape utilise dans
l’homélie.
L’homélie du pape commence par les mots
suivants: « Pierre courut au tombeau »
(Lc 24, 12). Comme vous le verrez dans un
instant, le pape commente de façon merveilleuse ces quatre mots. Il souligne à
quel point ces quatre mots sont très étonnants et remplis d’espérance. On sait
que Pierre et les autres apôtres ont d’abord jugé les propos des femmes qui
avaient dit avoir vu un ange leur annonçant que Jésus était ressuscité, comme
étant « délirants et insensés »
(Lc 24, 11). Et pourtant, Pierre se lève,
comme poussé par un sentiment incontrôlable et merveilleux que nous appelons
« l'espérance », et se dirige au tombeau. Cette décision et cette mise
en route de Pierre, auraient dû lui sembler aussi délirantes et insensées que les paroles des femmes à peine entendues, mais cela prouve hors de tout doute que
« L’ESPÉRANCE
NE DÉÇOIT PAS » (Romains 5, 5). Ces cinq mots de saint Paul,
sont les mots qui, depuis quelque temps me font le plus vivre. Voici l’homélie du pape:
HOMÉLIE DU PAPE
FRANÇOIS
Basilique vaticane
26 mars 2016
26 mars 2016
«
Pierre courut au tombeau » (Lc 24,
12). Quelles pensées pouvaient donc agiter l’esprit et le cœur de Pierre
pendant cette course ? L’Évangile nous dit que les Onze, parmi lesquels Pierre,
n’avaient pas cru au témoignage des femmes, à leur annonce pascale. Plus
encore, « ces propos leur semblèrent délirants » (v. 11). Il y avait donc le
doute dans le cœur de Pierre, accompagné de nombreuses pensées négatives : la
tristesse pour la mort du Maître aimé, et la déception de l’avoir trahi trois
fois pendant la Passion.
Mais
il y a un détail qui marque un tournant : Pierre, après avoir écouté les femmes
et ne pas les avoir cru, cependant « se leva » (v. 12). Il n’est pas resté
assis à réfléchir, il n’est pas resté enfermé à la maison comme les autres. Il
ne s’est pas laissé prendre par l’atmosphère morose de ces journées, ni
emporter par ses doutes ; il ne s’est pas laissé accaparer par les remords, par
la peur ni par les bavardages permanents qui ne mènent à rien. Il a cherché
Jésus, pas lui-même. Il a préféré la voie de la rencontre et de la confiance
et, tel qu’il était, il s’est levé et a couru au tombeau, d’où il revint « tout
étonné » (v. 12 ). Cela a été le début de la « résurrection » de Pierre, la
résurrection de son cœur. Sans céder à la tristesse ni à l’obscurité, il a
laissé place à la voix de l’espérance : il a permis que la lumière de Dieu
entre dans son cœur, sans l’éteindre.
Les
femmes aussi, qui étaient sorties tôt le matin pour accomplir une œuvre de
miséricorde, pour porter les aromates à la tombe, avaient vécu la même
expérience. Elles étaient « saisies de crainte et gardaient le visage incliné
vers le sol », mais elles ont été troublées en entendant les paroles de l’ange: « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (v. 5).
Nous
aussi, comme Pierre et les femmes, nous ne pouvons pas trouver la vie en
restant tristes, sans espérance, et en demeurant prisonniers de nous-mêmes.
Mais ouvrons au Seigneur nos tombeaux scellés – chacun de nous les connais –,
pour que Jésus entre et donne vie ; portons-lui les pierres des rancunes et les
amas du passé, les lourds rochers des faiblesses et des chutes. Il souhaite
venir et nous prendre par la main, pour nous tirer de l’angoisse. Mais la
première pierre à faire rouler au loin cette nuit, c’est le manque d’espérance
qui nous enferme en nous-mêmes. Que le Seigneur nous libère de ce terrible
piège d’être des chrétiens sans espérance, qui vivent comme si le Seigneur
n’était pas ressuscité et comme si nos problèmes étaient le centre de la vie.
Nous
voyons et nous verrons continuellement des problèmes autour de nous et en nous.
Il y en aura toujours. Mais, cette nuit, il faut éclairer ces problèmes de la
lumière du Ressuscité, en un certain sens, les « évangéliser ». Évangéliser les
problèmes. Les obscurités et les peurs ne
doivent pas accrocher le regard de l’âme et prendre possession du cœur ; mais
écoutons la parole de l’Ange: le Seigneur « n’est pas ici, il est ressuscité »
(v. 6), il est notre plus grande joie, il est toujours à nos côtés et ne nous
décevra jamais.
Voilà
le fondement de l’espérance, qui n’est pas un simple optimisme, ni une attitude
psychologique ou une bonne invitation à nous donner du courage. L’espérance
chrétienne est un don que Dieu nous fait, si nous sortons de nous-mêmes et nous
ouvrons à lui. Cette espérance ne déçoit pas car l’Esprit Saint a été répandu
dans nos cœurs (cf. Rm 5, 5). Le Consolateur ne rend pas tout
beau, il ne supprime pas le mal d’un coup de baguette magique, mais il infuse
la vraie force de la vie, qui n’est pas une absence de problèmes mais la
certitude d’être toujours aimés et pardonnés par le Christ qui, pour nous, a
vaincu le péché, a vaincu la mort, a vaincu la peur. Aujourd’hui c’est la fête
de notre espérance, la célébration de cette certitude : rien ni personne ne
pourra jamais nous séparer de son amour (cf. Rm 8, 39).
Le
Seigneur est vivant et veut être cherché parmi les vivants. Après l’avoir
rencontré, il envoie chacun porter l’annonce de Pâques, susciter et ressusciter l’espérance dans les cœurs appesantis par la
tristesse, chez celui qui peine à trouver la lumière de la vie. On en a
tellement besoin aujourd’hui. Oublieux de nous-mêmes, comme des serviteurs joyeux de l’espérance,
nous sommes appelés à annoncer le Ressuscité avec la vie et par l’amour;
autrement nous serions une structure internationale avec un grand nombre
d’adeptes et de bonnes règles, mais incapables de donner l’espérance dont le
monde est assoiffé.
Comment
pouvons-nous nourrir notre espérance ? La liturgie de cette nuit nous donne un
bon conseil. Elle nous apprend à faire
mémoire des œuvres de Dieu.
Les lectures nous ont raconté, en effet, sa fidélité, l’histoire de son amour
envers nous. La Parole
vivante de Dieu est capable de nous associer à cette histoire d’amour, en
alimentant l’espérance et en ravivant la joie. L’Évangile que nous avons
entendu nous le rappelle aussi : les anges, pour insuffler l’espérance aux
femmes, disent : « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit » (v. 6). Faire mémoire
des paroles de Jésus, faire mémoire de tout ce qu’il a fait dans notre vie.
N’oublions pas sa Parole ni ses œuvres, autrement nous perdrions l’espérance et
deviendrions des chrétiens sans espérance ; au contraire, faisons mémoire du
Seigneur, de sa bonté et de ses paroles de vie qui nous ont touchés ;
rappelons-les et faisons-les nôtres, pour être les sentinelles du matin qui
sachent découvrir les signes du Ressuscité.
Chers
frères et sœurs, le Christ est ressuscité ! Et nous avons la possibilité de
nous ouvrir et de recevoir son don d’espérance. Ouvrons-nous à l’espérance et
mettons-nous en route ; que la mémoire de ses œuvres et de ses paroles soit une
lumière éclatante qui guide nos pas dans la confiance, vers cette Pâque qui
n’aura pas de fin.
(1) La Revue Sainte Rita - Sainte Rita à Nice
www.sainte-rita.net/revue-sainte-rita-magazine.../revue-sainte-rita-magazine
La Revue Sainte Rita est une revue mensuelle de formation chrétienne, de spiritualité et de témoignages. Vous y trouverez des articles sur la vie et la spiritualité ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire