« Si ton frère a commis
un péché … » (Jésus)
Dans l’évangile
du présent dimanche (23ème
dimanche du temps ordinaire, année A) Jésus nous dit :
" Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Église; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain. " (Mathieu 18, 15-17)
Il y a une
tendance très répandue dans les sociétés occidentales, qui consiste à croire
que la religion est une affaire privée. Plusieurs personnes, en particulier
celles qui ne croient ni à Dieu ni à diable, font souvent cette remarque aux
personnes croyantes : « Ta
religion ne regarde que toi; tu as le droit de croire en une religion, mais
n’oublie pas que la religion est une affaire privée. » Je comprends
très bien que l’on soit parvenu à cette façon de considérer la religion en
Occident. Pourquoi? Parce que depuis des décennies, on met en valeur
l’individu. C’est l’individu, la personne individuelle, l’individualisme, qui a
la cote. Nous avons développé un individualisme à outrance. Je crois que le
christianisme est le plus sûr moyen de contrer et de combattre l’individualisme
ambiant. Jésus, Dieu fait homme, nous a montré par ses faits et gestes, le
genre de société qu’Il désire. Je ne veux pas dire par là que Jésus nous invite
à vivre selon tel ou tel modèle de vie politique, mais Il nous a clairement dit
que nous sommes des êtres sociables, faits pour vivre en société. L’être humain est fait pour vivre au
contact des autres. Et le fait de vivre avec d’autres personnes, suppose certaines attitudes,
certaines façons de faire.
Jésus a fondé
une communauté. C’est la première chose qu’Il a faite quand Il a commencé sa
vie publique : Il a formé une communauté. Il a commencé par réunir autour
de lui les apôtres. Il vivait toujours en communauté : jour et nuit. Petit
à petit, le groupe s’est élargi, constitué d’hommes et de femmes qui sont
devenus ses disciples et qui l’ont suivi sur la route, partout où Il allait.
Il est donc
normal que Jésus, dans les évangiles, nous donne tout un bloc d’enseignements
sur le « vivre ensemble ».
Nous avons entendu aujourd’hui un des textes qui se trouvent en saint Mathieu
dans la section qui traite de la vie communautaire.
Jésus nous
dit : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et
montre-lui sa faute. »
Wow !!! Ça fait du bien d’entendre ça. Ça fait du
bien, mais ça peut aussi faire peur. Dans notre société individualiste, on
n’aime pas entendre cela. On aurait probablement préféré entendre Jésus nous
dire: « Si ton frère a commis une
faute, prie pour lui; mais ne va surtout pas le reprendre. Ne va pas te mêler
de ses affaires; ses affaires ne regardent que lui et Moi. Ses affaires ne te
regardent pas. Elles ne regardent que lui et Moi. » Mais ce n’est pas
cela que Jésus dit. Ce n’est pas cela du tout; Il nous dit qu’il faut faire
quelque chose, qu’il faut aller trouver notre frère (notons ce mot) et lui parler seul à seul.
Cela me fait
penser à un des tous premiers passages de la Bible, où on nous raconte le premier meurtre: Caïn tue son frère
Abel, par jalousie. Quand Dieu demande à Caïn : « Où est ton frère?, Caïn répond :
« Je ne sais pas. Suis-je le gardien
de mon frère? » (Genèse 4, 9). Voilà la grande erreur de Caïn :
il ne savait pas et ne croyait pas qu’il était le gardien de son frère. Et cela
d’autant plus qu’Abel était son frère de sang. Mais Jésus nous dit aujourd’hui, que chaque personne que je rencontre,
est mon frère et ma sœur. Et si mon frère commet un péché, je me dois, par
amour, d’aller le trouver en privé, et lui « montrer sa faute ». Pourquoi agir ainsi? Pour que mon frère
vive mieux, pour que mon frère s’améliore et devienne une meilleure personne.
N’est-ce pas ce que toute personne humaine devrait vouloir: devenir
meilleure, être sainte comme notre Père céleste, est saint : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »
(Mt 5, 48). Et si j’aime mon frère, je voudrai l’aider à devenir meilleur.
C’est uniquement une question d’amour. La démarche que nous appelons la « correction fraternelle », doit être
uniquement motivée par l’amour.
De plus, il est
possible que mon frère ne se soit pas même pas rendu compte d’avoir fait
quelque chose de mal. Raison de plus pour l’éclairer, en lui montrant sa faute,
pour qu’il ne commette pas deux fois la même erreur.
Mais tout cela
ne va pas de soi. Nous préférerions tous, je pense, ne pas avoir à faire une
telle démarche. Reprendre quelqu’un, montrer à un autre son erreur, n’est pas
du tout plaisant. Et normalement on ne fait pas cela « spontanément », ni de gaieté de cœur.
Mais nous devons le faire parce que Dieu
nous le demande, par la bouche de son Fils bien-aimé Jésus. Le principal motif qui doit nous inciter à agir ainsi, c’est que Jésus nous le demande. Comment
refuser de répondre à une volonté aussi explicite de Jésus?
L’Évangile n’est
pas facile à vivre; Il va très souvent contre nos tendances naturelles et
pécheresses. Si l’évangile ne nous dérange pas, ne nous bouscule pas, c’est que
nous nous fermons à ses appels. Ce que Jésus nous demande est souvent exigeant,
mais c’est la route à suivre pour atteindre la véritable liberté et le vrai bonheur.
À l’eucharistie, nous entendons Jésus nous demander certaines choses et nous Le
voyons ensuite nous donner la force de le faire, grâce à son « Pain de vie », qui n’est autre que
Lui-Même se donnant en nourriture.
Nous savons bien
à quoi nous nous exposons, en révélant à notre frère son péché. Nous risquons
de nous entendre dire: « Qui
es-tu pour me reprendre? Te penses-tu meilleur que moi? Commence par améliorer
ta conduite, et ensuite, tu pourras venir me faire des remontrances et me
donner des conseils ou des leçons ! ». Qui de nous aime entendre de telles
remarques? Et pourtant, Jésus nous demande de nous exposer, par amour du
prochain, à recevoir de telles boutades.
Et Jésus va même
plus loin, dans l’amour fraternel. Il nous dit que si le frère à qui on révèle
une faute, ne nous écoute pas, on ne doit pas s’arrêter là. On doit aller le
trouver de nouveau, avec deux ou trois autres témoins, pour montrer à notre
frère que ce n’est pas seulement notre idée à nous, notre façon de voir à nous; mais que d’autres personnes sont d’accord avec notre point de vue.
Demandons à
Jésus de comprendre à quel point il est important pour Lui, que nous nous
corrigions les uns les autres. Et demandons-Lui, surtout, de nous donner la
force de mettre sa Parole en
pratique.
Que la Vierge
Marie nous guide sur le chemin ardu de la « correction fraternelle ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire