« Pierre, m’aimes-tu?»
Nous vivons présentement le temps de Pâques. Le temps de Pâques est, selon moi, le temps le plus beau de l’année. C'est le temps de l'Esprit. Cinquante jours, c’est très peu de temps pour nous réjouir adéquatement de la victoire de Notre Seigneur sur le péché et sur la mort. Aujourd’hui, en ce troisième dimanche de Pâques, nous entendons Jésus poser la question la plus belle et la plus importante qui soit : « Pierre, m’aimes-tu? » Cette question, Jésus le Ressuscité, la pose à chacun et chacune de nous : « Guy, Denise, Alain, Fernande, etc, m’aimes-tu? »
De plus en plus je m’émerveille de la façon dont Jésus a agi. Jésus, dans les évangiles, ne fait rien au hasard. Tout est merveilleusement et divinement planifié. Deux questions sont particulièrement importantes dans les évangiles : « Pour vous qui suis-je? » et « Pierre, m’aimes-tu? » La première question, nous croyons que Jésus l’a posée à ses disciples au milieu de sa vie publique. C’était le temps idéal pour poser cette question. Grâce à une longue fréquentation de Jésus, Pierre a pu répondre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » La question que Jésus pose aujourd’hui à Pierre, il ne pouvait pas la poser, selon moi, avant sa mort et sa résurrection. Ou plutôt, il aurait pu la poser à Pierre avant les événements de la Passion, mais Pierre n’aurait pas pu répondre aussi bien qu’il le fit après la résurrection. Les réponses de saint Pierre, lorsqu’elles viennent de l’Esprit Saint, sont d’une beauté extraordinaire. N’est-il pas celui que Jésus lui-même a choisi pour guider l’Église naissante?
Il a fallu l’expérience extrêmement douloureuse du triple reniement pour que Pierre réponde correctement à la question de Jésus : « Pierre, m’aimes-tu? » La réponse à une question aussi sublime et personnelle, ne peut être donnée et ne doit être donnée qu’en vérité. Il faut se connaître en profondeur, avant de pouvoir répondre en vérité à cette question. Il faut savoir en vérité qui nous sommes, si nous voulons répondre correctement à la question de Jésus : « M’aimes-tu? » Pierre a vécu deux pêches miraculeuses auprès de Jésus. Immédiatement après la première pêche miraculeuse, Simon Pierre est tombé aux pieds de Jésus dans la barque, et s’est exclamé : « Éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur! ». C’était déjà pas mal que de se reconnaître pécheur. Mais ce n’était pas suffisant pour celui qui devrait un jour gouverner l’Église entière. Ce n’était pas suffisant de se reconnaître pécheur, il devait un jour se reconnaître « grand pécheur ». Or, pour certaines personnes, le seul moyen de se reconnaître grand pécheur, c’est de commettre un grand péché. En tout cas, c’est ce qu’il a fallu à Pierre pour se reconnaître grand pécheur. Le triple reniement, quelques heures seulement après que Jésus l’ait douloureusement prophétisé, a révélé à l’évidence à Pierre qu’il n’est pas seulement un pécheur, mais un grand pécheur. « Heureuse faute », nous dit l’Exultet de la vigile pascale. L’Exultet fait alors référence à la faute d’Adam qui nous a valu pareil Rédempteur. Mais on peut et on doit aussi considérer comme heureuse, la faute de Pierre qui renie publiquement Celui qu’il considérait comme son meilleur ami. Oui, heureuse faute, qui a permis à Pierre de se voir et de se connaître en vérité.
Il m'arrive parfois d'imaginer Pierre le simple pécheur (et non pas le « grand pécheur »), à la tête de l’Église naissante. Ce pêcheur aguerri et fougueux aurait probablement été dur envers les autres, envers les pauvres pécheurs. Il aurait selon moi été sévère et exigeant envers les autres. Après son triple reniement, il ne pouvait plus en être ainsi. L’humilité doit être la vertu principale du serviteur de tous. Seul un chef de l’Église humble peut être le digne représentant de Celui qui s’est qualifié comme étant « doux et humble de cœur ».
La philosophie nous apprend que l’humilité s’enracine dans la vérité. Il faut être parvenu à une vision vraie de nous-mêmes, pour accéder à l’humilité. Quand Jésus ressuscité, demande à trois reprises à Pierre : « M’aimes-tu? », Pierre ne répond pas « Je t’aime » car il a montré quelques jours auparavant qu’il ne l’aimait pas tant que ça. Pierre répond : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ». Saint Pierre a toujours considéré et cru qu’il aimait le Seigneur. Après la résurrection de Jésus, il a toujours le même sentiment. Mais il veut laisser à Jésus le soin de juger de la qualité de son amour envers Lui. Et devant une telle humilité et une telle vérité, Jésus ne peut s’empêcher de faire une autre prophétie envers son premier pape : « un jour tu mourras martyr, un jour tu m’aimeras au point de donner ta vie pour moi. Ce que tu as dit que tu ferais pour moi, quelques heures avant ma passion, tu le feras véritablement un jour : tu donneras ta vie pour moi. » Jésus ne le dit pas en ces termes, mais c’est vraiment ce qu’Il dit à Pierre.
Je vous souhaite d’aller un jour en Terre Sainte et de vous rendre sur le bord du lac de Tibériade, à l’endroit où on rappelle cette scène évangélique : Pierre et Jésus sont représentés par deux belles et grandes statues de bronze, au bas desquelles il est écrit : « Pierre m’aimes tu »? Puissions-nous entendre Jésus nous poser personnellement la même question, à chaque jour de notre existence terrestre : « … (mettez votre prénom), m’aimes-tu? »
... " Il a fallu l’expérience extrêmement douloureuse du triple reniement pour que Pierre réponde correctement à la question de Jésus : « Pierre, m’aimes-tu? » La réponse à une question aussi sublime et personnelle, ne peut être donnée et ne doit être donnée qu’en vérité. Il faut se connaître en profondeur, avant de pouvoir répondre en vérité à cette question. Il faut savoir en vérité qui nous sommes, si nous voulons répondre correctement à la question de Jésus : « M’aimes-tu? » Pierre a vécu deux pêches miraculeuses auprès de Jésus. Immédiatement après la première pêche miraculeuse, Simon Pierre est tombé aux pieds de Jésus dans la barque, et s’est exclamé : « Éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur! ».
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce passage ...
Merci pour ce texte qui donne à réfléchir sur une question vitale et essentielle. Que le Seigneur me donne de me connaître en vérité afin que je puisse aussi répondre en vérité à la question qu'il me pose: «Michel, m'aimes-tu?»
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