Les sept paroles de Jésus en croix :
Note: Vous trouverez dans les blogues subséquents un commentaire de chacune des paroles de Jésus en croix.
Chers amis,
J’espère que vous allez bien. Comme vous le constatez, depuis quelques semaines, je n’ai pas eu grand temps à consacrer à mon blogue. Je le regrette car j’aime beaucoup vous écrire. Mais je ne veux pas laisser passer les jours les plus saints de l’année sans vous écrire quelques mots. En ce Vendredi Saint 2012, je veux vous inviter à méditer sur les dernières paroles que Jésus a prononcées avant de mourir.
Sur la croix, Jésus a dit sept paroles. Ces paroles ont toujours été chéries par le peuple chrétien. Des prédicateurs fameux ont prêché ou écrit des livres sur les sept dernières paroles du Christ. Mgr Fulton J. Sheen est sûrement un des plus fameux d’entre eux. Il y a eu aussi le cardinal John Wright. Le Cardinal Wright, dans son livre intitulé Words in Pain, meditations on the last words of Jesus, cite un très beau passage d’une des pièces de théâtre de Shakespeare : Richard II. Jean de Gand (ou de Gaunt) est sur le point de mourir et espère que les paroles qu’il va prononcer toucheront le cœur de son jeune et insolent neveu, le roi Richard. Voici un extrait de la pièce de théâtre:
JEAN DE GAND : Oh ! Mais on dit que la voix des mourants captive l'attention comme une solennelle harmonie ; que lorsque les paroles sont rares, elles ne sont guère jetées en vain, car ils exhalent la vérité ceux qui exhalent leurs paroles dans la douleur, et celui qui ne parlera plus est plus écouté que ceux auxquels la jeunesse et la santé ont appris à causer. … Quoique Richard ait refusé d'écouter les conseils durant ma vie, les tristes discours de ma mort peuvent encore vaincre la dureté de son oreille. (William Shakespeare, Richard II, acte II, scène I)
Cet extrait a le mérite de montrer que souvent les paroles d’un mourant, et d’un mourant qui meurt dans la souffrance, ont beaucoup de poids et méritent d’être retenues. Or, que dire des dernières paroles de Dieu qui meurt en croix pour nous ?
Ce qui m’étonne lorsque je considère les sept paroles de Jésus en Croix, c’est de constater qu’il semble y avoir un consensus sur l’ordre dans lequel ces paroles ont été prononcées. Tout le monde semble d’accord pour dire que la première parole de Jésus sur la croix fut telle parole, que la deuxième parole fut telle parole, et ainsi de suite. Je me demande bien comment on a pu arriver à un tel consensus. Je vais donc me plier volontiers à un tel consensus. Voici les sept dernières paroles de Jésus, paroles prononcées alors qu’Il était en croix, en proie à d’horribles souffrances, selon l’ordre dans lequel elles auraient été prononcées.
Première parole : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34)
Deuxième parole : « En vérité, je te le dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Lc 23, 43)
Troisième parole : Jésus, voyant sa mère et, se tenant près d’elle le disciple qu’Il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. (Jn 19, 26-27)
Quatrième parole : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34)
Cinquième parole : « J’ai soif » (Jn 19, 28)
Sixième parole : « Tout est accompli. » (Jn19,30)
Septième parole : « Père ! Entre tes mains, je remets mon esprit. » (Lc 23, 46)
Première parole :
« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34)
Le premier mot de la première parole (par « parole », vous avez deviné que je veux dire ici « phrase ») de Jésus en croix et le premier mot de la dernière parole est le même. Il s’agit du fameux mot « abba », « papa », qui définit et décrit toute la personnalité de Jésus et sa mission. La grande raison de vivre de Jésus, c’est son Père et la grande mission de sa vie a été de nous révéler le Père, ce Père qui est aussi le nôtre. Le mot « abba » est un mot que l’Église a voulu conserver dans la langue de Jésus, vu son importance. Ce petit mot de quatre lettres est essentiellement un mot de confiance. Il exprime toute la confiance que Jésus a envers son Père. Or le premier mot dit par Jésus en croix, dans un moment de douleurs atroces, est un mot de confiance filiale envers son Père et notre Père. N’est-ce pas beau de voir Jésus qui, dans les moments les plus difficiles de sa vie, ne perd pas confiance en Celui qu’Il aime plus que tout ?
Un des plus beaux commentaires que j’aie lus de cette première parole de Jésus, vient de Aelred de Rievaulx. Cet auteur souligne le fait que Jésus, dans cette première prière, non seulement demande pardon pour ses persécuteurs (dont vous et moi faisons partie), mais en plus, il a l’extrême générosité de les « excuser » :
« En entendant cette admirable parole, pleine de douceur, d’amour et d’imperturbable sérénité : Père, pardonne-leur, que pourrait-on ajouter à la douceur et à la charité de cette prière ? Et pourtant le Seigneur ajouta quelque chose. Il ne se contenta pas de prier, il voulut aussi excuser; Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils sont sans doute de grands pécheurs, mais ils en ont à peine conscience; c’est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils crucifient, mais ils ne savent pas qui ils crucifient, car s’ils l’avaient su, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. C’est pourquoi, Père, pardonne-leur. » (Aelred de Rievaulx, dans Le miroir de la charité)
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