dimanche 1 février 2015

Jésus parlait avec « autorité »

Jésus parlait avec « autorité »
 

Dans l’Évangile de ce 4ème dimanche du temps ordinaire, nous contemplons Jésus enseignant, Jésus qui enseigne. Comme j’aurais aimé être dans la synagogue quand Jésus enseignait! Comme j’aurais aimé être au nombre des auditeurs de Jésus! L’évangile d’aujourd’hui est tiré du premier chapitre de saint Marc. Nous sommes au tout début de l’évangile de Marc. Et quand Jésus prend la parole en public, tout le monde est ébloui. Qu’est-ce qu’on dit de sa Parole? Il parle comme quelqu’un qui a autorité: « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1, 22).

Autorité comme dans: « autoritaire »:

En français, le mot autorité est facilement associé au mot « autoritaire ». Il y a un peu de cela chez Jésus, il est vrai; mais il n’y a pas que cela, heureusement. Dans l’évangile du présent dimanche, on constate que les démons, les « esprits mauvais », ont très vite cerné qui était Jésus, contrairement aux êtres humains qui n’ont jamais cessé de se poser des questions sur la véritable personnalité de Jésus. De la façon dont je comprends les évangiles, le diable a su que Jésus est Dieu, avant même que Notre Seigneur commence sa vie publique. Après les tentations de Jésus au désert, il semble que le démon était fixé une fois pour toutes sur la personnalité de Jésus. Chaque tentation du démon à l’endroit de Jésus dans le désert, commençait par ces mots: « Si tu es le Fils de Dieu ». Par exemple, sachant très bien que Jésus ne pouvait qu’être très affamé après un long jeûne, le démon s’approche et lui dit: « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à ces pierres de se changer en pains » (Mt 4, 3). Mais ayant épuisé toutes ses tentations, et voyant la fermeté et la grandeur d’âme de cet homme nommé Jésus, le démon, au sortir du désert, n’avait plus aucun doute et devait se dire en lui-même: « Vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu! ». L'évangile d'aujourd'hui met devant nos yeux la première confrontation entre le prince des ténèbres et le Fils de Dieu, en saint Marc:

« Or, il y avait dans leur synagogue un homme, tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier: « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais fort bien qui tu es: le Saint, le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Silence! Sors de cet homme. » L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient: « Qu’est-ce que cela veut dire? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » (Mc 1, 23-27)

Dans ce passage, on voit clairement Jésus s’adresser d’un ton autoritaire aux démons, aux esprits mauvais; et ils lui obéissent.

Autorité comme le contraire de « autoritaire »:

Il ne faudrait surtout pas que les gens pensent que le mot « autorité » doive nécessairement être associé à l’adjectif « autoritaire » . Car cela met sur une fausse piste. On pourrait aller jusqu’à croire que les despotes et les tyrans, qui emploient tous un ton autoritaire, exercent ainsi l’autorité. Or un despote qui s’exprime de façon autoritaire, n’exerce pas du tout la véritable autorité. Le mot autorité vient du mot latin: « augere ». Ce mot signifie « augmenter », « faire grandir ». Celui qui exerce l’autorité, est celui qui sait faire grandir les gens, qui sait les faire progresser dans le bien. Pour cela, il faut que la véritable autorité ait partie liée avec la vérité. Seul le vrai fait grandir les gens. Nous avons tous, je pense, expérimenté ceci: lorsque nous écoutons parler quelqu’un, on sent intérieurement que ce que cette personne dit est vrai. Cela sent le vrai, parce que c’est vrai. Quand Jésus parlait, les gens étaient touchés. Pourquoi? Parce que ça sonnait vrai. Et cela sonnait vrai, parce que c’était vrai. De même en est-il, par exemple, quand nous entendons parler le pape François, Jean Vanier, Mère Teresa, etc. Donc, l’autorité est essentiellement liée à la vérité. Et quelle est la source de cette vérité? Comment une personne peut-elle exprimer la vérité. Une personne exprime la vérité lorsque ce qu’elle dit ne vient pas d’elle-même, mais d’un Autre. Et cet Autre, c’est Dieu, l’Esprit de Dieu. C’est ce que dit très clairement la première lecture de la messe d’aujourd’hui, tirée du livre biblique du Deutéronome :

« Et le Seigneur dit à Moïse : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, … ce prophète-là mourra. » (Dt 18, 15-20

C’est ce que Jésus dit clairement en saint Luc, lorsqu’il retourne dans son patelin, après avoir reçu le baptême, et qu’il fait la lecture dans la synagogue de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porté la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18).

C’est aussi ce que nous dit clairement le pape François dans sa méditation quotidienne du 2 septembre 2014:

« C’est l’Esprit Saint qui donne son « identité » au chrétien. C’est pourquoi « tu peux avoir cinq masters en théologie, mais ne pas avoir l’Esprit de Dieu ». Et « peut-être seras-tu un grand théologien, mais tu n’es pas un chrétien », justement « parce que tu n’as pas l’Esprit de Dieu ». Ainsi « souvent nous trouvons, parmi nos fidèles, des petites vieilles simples qui n’ont peut-être pas fini l’école élémentaire, mais qui te parlent des choses mieux qu’un théologien, parce qu’elles ont l’Esprit du Christ ». Et il a indiqué l’exemple de saint Paul, qui pour ses prédications efficaces ne disposait pas de références académiques particulières, il n’avait pas suivi des cours de « sagesse humaine au Latran ou à la Grégorienne », mais il parlait en suivant l’Esprit de Dieu. « À deux reprises », dans le passage de l’Évangile de Luc proposé par la liturgie (4, 31-37), on trouve le mot « autorité ». « Cette autorité est justement l’identité singulière et spéciale de Jésus ». En effet « Jésus n’était pas un prédicateur comme les autres ; Jésus n’était pas quelqu’un qui enseignait la loi comme tous les autres: il le faisait de façon différente, de manière nouvelle, parce qu’il avait la force de l’Esprit Saint ». Or, « l’autorité de Jésus vient justement de cette onction spéciale de l’Esprit Saint: Jésus est l’oint, le premier oint, le vrai oint ». Et « cette onction donne son autorité à Jésus ». Toutefois, a mis en garde François en faisant siennes les paroles de saint Paul, « l’homme laissé à ses forces ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu ; l’homme tout seul ne peut pas comprendre cela ». Ainsi, « si nous chrétiens ne comprenons pas bien les choses de l’Esprit, nous ne donnons pas et nous n’offrons pas un témoignage, nous n’avons pas d’identité ». Et en fin de compte « ces choses de l’Esprit » ne semblent que « folies », si bien que ceux qui sont sans identité « ne sont pas capables de les comprendre ». … C’est cela l’identité chrétienne: ne pas avoir l’esprit du monde, cette manière de penser, cette manière de juger ». En définitive « ce qui nous donne de l’autorité, ce qui donne une identité, c’est l’Esprit Saint, l’onction de l’Esprit Saint ». C’est pourquoi « le peuple n’aimait pas les prédicateurs, les docteurs de la loi, parce qu’ils parlaient vraiment de théologie, mais ils n’arrivaient pas au cœur, ils ne donnaient pas la liberté, ils n’étaient pas capables de faire en sorte que le peuple trouve son identité, parce qu’ils n’étaient pas oints par l’Esprit Saint ». Le Pape François a conclu en priant le Seigneur de nous donner « l’identité chrétienne: donne-nous ton Esprit; donne-nous ta manière de penser, de sentir, de parler: et donc Seigneur, donne-nous l’onction de l’Esprit Saint ».  (L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 36 du 4 septembre 2014)

Le Père Raniero Cantalamessa, ofm, qui est le prédicateur pontifical, a fait un jour un beau témoignage en ce sens. En commentant ce qui s’est passé à Nazareth, quand Jésus prit la  parole et dit: « L’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a consacré par l’onction », le Père Cantalamessa nous dit:

« Mais l’onction du Seigneur, à la différence des onctions anciennes des prophètes, des rois et des prêtres n’était pas avec une huile visible, c’était l’huile d’allégresse du Saint Esprit Lui-même et à partir de ce moment on voit que l’Église a le pouvoir d’oindre pour détruire le royaume de Satan et implanter le Royaume de Dieu. Il est Prophète parce qu’il annonce l’Évangile, la Bonne Nouvelle, à tout le monde. Il l’annonce avec autorité. C’est la différence avec les maîtres du temps et les gens s’en apercevaient lorsque Jésus parlait: « d’où vient cette autorité? ». C’était quelque chose qu’on pouvait presque toucher lorsque le Christ parlait et cela fait la différence: on peut parler, annoncer l’Évangile, mais s’il n’y a pas ce pouvoir qui vient de l’onction, il n’y a pas d’autorité. La parole n’a pas le pouvoir de toucher le cœur. …

Moi je dois vous confier que je l’ai appris par l’expérience. J’ai reçu toutes les onctions je le disais, mais je me suis retrouvé dans certaines circonstances à devoir parler à des audiences, parfois dans une autre langue – vous vous en apercevez je suis italien – et je me suis retrouver à donner des audiences en anglais ou d’autres langues. J’arrivais de longs voyages, j’étais fatigué et dans ma pensée il y avait le vide. On me posait le livre devant moi et je n’étais pas capable de choisir, de me concentrer. C’était le moment où le Christ m’attendait pour me faire voir que j’avais besoin de l’onction. Alors j’ai appris à dire une très courte prière : « Seigneur, au nom de ton fils Jésus je te demande l’onction du Saint Esprit ». Et vous savez la réponse a été parfois dramatique parce que j’ai ressenti parfois, pas toujours, comme une décharge électrique qui me traversait, et toute la fatigue, l’incertitude, le malaise disparaissait; la langue revenait et je me rendais compte que ce n’était pas de moi, c’était l’onction du Saint Esprit. Et là, vous voyez, j’avais presque peur moi-même et des paroles que je disais parce qu’il me semblait qu’elles contenaient de l’énergie électrique! A haute tension! Désormais, si je dois parler de Jésus je fais un pacte secret avec Dieu le Père – sans rien dire à Jésus évidemment ! – rires - Je dis « Père céleste je dois parler de ton fils Jésus; tu dois me donner l’onction de ton Esprit ». Et si je dois parler du Père alors je fais une alliance secrète avec le Christ – sans rien dire au Père !

Oui beaucoup de mes prières sont restées sans réponse mais rarement cette prière-là: « Donne-moi l’onction du Saint-Esprit ». Alors je m’unis à vous pour implorer un grand renouvellement de cette onction que vous avez reçu dans le baptême et la confirmation.

Une onction n’est pas utile seulement pour évangéliser; elle est utile avant tout pour la prière, pour prier vraiment dans l’Esprit. Pour faire que la prière ne soit pas une répétition mécanique des formules, mais soit vraiment un dialogue avec Dieu, nous avons besoin de l’onction du Saint Esprit. De l’Esprit qui prie en nous avec des jaillissements ineffables. Alors laissez-moi prier sur vous et je vous prie de répondre à chaque invocation : « descends sur nous ».
-      Esprit de force
-      Descends sur nous
-      Esprit de courage
-      Descends sur nous
-      Esprit du Christ
-      Descends sur nous
-      Esprit de prière
-      Descends sur nous
-      Esprit d’allégresse et de joie
-      Descends sur nous
-      Esprit Saint
-      Descends sur nous
-      Que Dieu tout puissant vous bénisse, le Père, le Fils, et le Saint Esprit
-      Amen.  (1)

Hier, 31 janvier, l’Église célébrait la mémoire de saint Jean Bosco. À chaque année, dans le bréviaire, nous sommes invités à méditer les paroles que ce grand saint adressait à ses confrères salésiens. Les paroles de ce saint qui est un modèle pour tous les éducateurs, nous montrent clairement que « autorité » et « autoritarisme » ne font normalement pas bon ménage:
« Avant tout, si nous voulons nous montrer les amis du vrai bien de nos élèves et les amener à faire leur devoir, nous ne devons jamais oublier que nous représentons les parents de cette chère jeunesse qui fut toujours le tendre sujet de mes occupations, de mes études, de mon ministère sacerdotal, et de notre congrégation salésienne.
Que de fois, mes chers fils, dans ma longue carrière, j'ai dû me persuader de cette grande vérité ! Il est toujours plus facile de s'irriter que de patienter, de menacer un enfant, que de le persuader. Je dirai même qu'il est plus facile, pour notre impatience et pour notre orgueil, de châtier les récalcitrants que de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur.
Je vous recommande la charité que saint Paul employait envers les nouveaux convertis à la religion du Seigneur, et qui le faisait souvent pleurer et supplier quand il les voyait peu dociles et répondant mal à son zèle.
Écartez tout ce qui pourrait faire croire qu'on agit sous l'effet de la passion. Il est difficile, quand on punit, de conserver le calme nécessaire pour qu'on ne s'imagine pas que nous agissons pour montrer notre autorité ou pour décharger notre emportement.
Considérons comme nos enfants ceux sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Mettons-nous à leur service, comme Jésus qui est venu pour obéir, non pour commander. Redoutons ce qui pourrait nous donner l'air de vouloir dominer, et ne les dominons que pour mieux les servir.
C'est ainsi que Jésus se comportait avec ses apôtres, supportant leur ignorance, leur rudesse et même leur manque de foi. Il traitait les pécheurs avec gentillesse et familiarité, au point de susciter chez les uns l'étonnement, chez d'autres le scandale, et chez beaucoup l'espoir d'obtenir le pardon de Dieu. C'est pourquoi il nous a dit d'apprendre de lui à être doux et humbles de cœur.
Puisqu'ils sont nos enfants, éloignons toute colère, quand nous devons corriger leurs manquements, ou du moins modérons-la pour qu'elle semble tout à fait étouffée.
Pas d'agitation dans notre cœur, pas de mépris dans nos regards, pas d'injures sur nos lèvres. Ayons de la compassion pour le présent, de l'espérance pour l'avenir : alors vous serez de vrais pères, et vous accomplirez un véritable amendement.
Dans les cas très graves, il vaut mieux vous recommander à Dieu, lui adresser un acte d'humilité, que de vous laisser aller à un ouragan de paroles qui ne font que du mal à ceux qui les entendent, et d'autre part ne procurent aucun profit à ceux qui les méritent. »
(Tiré  du site internet suivant:  31 janvier Saint Jean Bosco - Missel
missel.free.fr/Sanctoral/01/31.php )


(1) Tiré du site internet suivant:
www.anuncio.fr/.../raniero-cantalamessa-a-paris-le-6-avril-avec-anuncio





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