Jésus parlait avec « autorité »
Dans l’Évangile de ce 4ème
dimanche du temps ordinaire, nous contemplons Jésus enseignant, Jésus qui
enseigne. Comme j’aurais aimé être dans la synagogue quand Jésus enseignait!
Comme j’aurais aimé être au nombre des auditeurs de Jésus! L’évangile
d’aujourd’hui est tiré du premier chapitre de saint Marc. Nous sommes au tout
début de l’évangile de Marc. Et quand Jésus prend la parole en public, tout le
monde est ébloui. Qu’est-ce qu’on dit de sa Parole? Il parle comme quelqu’un qui
a autorité: « On était frappé par
son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme
les scribes » (Mc 1, 22).
Autorité comme dans: « autoritaire »:
En français, le mot autorité est
facilement associé au mot « autoritaire ».
Il y a un peu de cela chez Jésus, il est vrai; mais il n’y a pas que cela,
heureusement. Dans l’évangile du présent dimanche, on constate que les démons,
les « esprits mauvais »,
ont très vite cerné qui était Jésus, contrairement aux êtres humains qui n’ont
jamais cessé de se poser des questions sur la véritable personnalité de Jésus. De
la façon dont je comprends les évangiles, le diable a su que Jésus est Dieu,
avant même que Notre Seigneur commence sa vie publique. Après les tentations de
Jésus au désert, il semble que le démon était fixé une fois pour toutes sur la
personnalité de Jésus. Chaque tentation du démon à l’endroit de Jésus dans le
désert, commençait par ces mots: « Si tu es le Fils de Dieu ». Par exemple, sachant très bien que
Jésus ne pouvait qu’être très affamé après un long jeûne, le démon s’approche
et lui dit: « Si tu es le Fils
de Dieu, ordonne à ces pierres de se changer en pains » (Mt 4, 3). Mais
ayant épuisé toutes ses tentations, et voyant la fermeté et la grandeur d’âme
de cet homme nommé Jésus, le démon, au sortir du désert, n’avait plus aucun
doute et devait se dire en lui-même: « Vraiment,
celui-ci est le Fils de Dieu! ». L'évangile d'aujourd'hui met devant nos yeux la première confrontation entre le prince des ténèbres et le Fils de Dieu, en saint Marc:
« Or,
il y avait dans leur synagogue un homme, tourmenté par un esprit mauvais, qui
se mit à crier: « Que nous veux-tu,
Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais fort bien qui tu es: le
Saint, le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Silence! Sors de cet homme. »
L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand
cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient: « Qu’est-ce que cela veut dire? Voilà un enseignement nouveau, proclamé
avec autorité! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui
obéissent. » (Mc 1, 23-27)
Dans ce passage, on voit
clairement Jésus s’adresser d’un ton autoritaire aux démons, aux esprits mauvais;
et ils lui obéissent.
Autorité comme le contraire de « autoritaire »:
Il ne faudrait surtout pas que
les gens pensent que le mot « autorité » doive nécessairement être
associé à l’adjectif « autoritaire » . Car cela met sur une fausse piste. On pourrait
aller jusqu’à croire que les despotes et les tyrans, qui emploient tous un ton
autoritaire, exercent ainsi l’autorité. Or un despote qui s’exprime de façon
autoritaire, n’exerce pas du tout la véritable autorité. Le mot autorité vient
du mot latin: « augere ».
Ce mot signifie « augmenter »,
« faire grandir ». Celui
qui exerce l’autorité, est celui qui sait faire grandir les gens, qui sait les
faire progresser dans le bien. Pour cela, il faut que la véritable autorité ait
partie liée avec la vérité. Seul le vrai fait grandir les gens. Nous avons
tous, je pense, expérimenté ceci: lorsque nous écoutons parler quelqu’un, on
sent intérieurement que ce que cette personne dit est vrai. Cela sent le vrai,
parce que c’est vrai. Quand Jésus parlait, les gens étaient touchés. Pourquoi?
Parce que ça sonnait vrai. Et cela sonnait vrai, parce que c’était vrai. De
même en est-il, par exemple, quand nous entendons parler le pape François, Jean
Vanier, Mère Teresa, etc. Donc, l’autorité est essentiellement liée à la vérité.
Et quelle est la source de cette vérité? Comment une personne peut-elle
exprimer la vérité. Une personne exprime la vérité lorsque ce qu’elle dit ne
vient pas d’elle-même, mais d’un Autre. Et cet Autre, c’est Dieu, l’Esprit de
Dieu. C’est ce que dit très clairement la première lecture de la messe
d’aujourd’hui, tirée du livre biblique du Deutéronome :
« Et
le Seigneur dit à Moïse : « Je ferai se lever au milieu de leurs
frères un prophète comme toi; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur
dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que
ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais
un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas
prescrite, … ce prophète-là mourra. » (Dt 18, 15-20
C’est ce que Jésus dit clairement
en saint Luc, lorsqu’il retourne dans son patelin, après avoir reçu le baptême,
et qu’il fait la lecture dans la synagogue de Nazareth : « L’Esprit du
Seigneur est sur moi, car il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porté la Bonne Nouvelle aux
pauvres » (Lc 4, 18).
C’est aussi ce que nous dit
clairement le pape François dans sa méditation quotidienne du 2 septembre 2014:
« C’est l’Esprit Saint qui donne son « identité » au
chrétien. C’est pourquoi « tu peux avoir cinq masters en théologie, mais ne pas
avoir l’Esprit de Dieu ». Et « peut-être seras-tu un grand théologien, mais tu
n’es pas un chrétien », justement « parce que tu n’as pas l’Esprit de Dieu ».
Ainsi « souvent nous trouvons, parmi nos fidèles, des petites vieilles simples
qui n’ont peut-être pas fini l’école élémentaire, mais qui te parlent des
choses mieux qu’un théologien, parce qu’elles ont l’Esprit du Christ ». Et il a
indiqué l’exemple de saint Paul, qui pour ses prédications efficaces ne
disposait pas de références académiques particulières, il n’avait pas suivi des
cours de « sagesse humaine au Latran ou à la Grégorienne », mais il
parlait en suivant l’Esprit de Dieu. « À deux reprises », dans le passage de
l’Évangile de Luc proposé par la liturgie (4, 31-37), on trouve le mot «
autorité ». « Cette autorité est justement l’identité singulière et spéciale de
Jésus ». En effet « Jésus n’était pas un prédicateur comme les autres ; Jésus
n’était pas quelqu’un qui enseignait la loi comme tous les autres: il le
faisait de façon différente, de manière nouvelle, parce qu’il avait la force de
l’Esprit Saint ». Or, « l’autorité de Jésus vient justement de cette onction
spéciale de l’Esprit Saint: Jésus est l’oint, le premier oint, le vrai oint ».
Et « cette onction donne son autorité à Jésus ». Toutefois, a mis en garde
François en faisant siennes les paroles de saint Paul, « l’homme laissé à ses
forces ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu ; l’homme tout seul ne
peut pas comprendre cela ». Ainsi, « si nous chrétiens ne comprenons pas bien
les choses de l’Esprit, nous ne donnons pas et nous n’offrons pas un
témoignage, nous n’avons pas d’identité ». Et en fin de compte « ces choses de
l’Esprit » ne semblent que « folies », si bien que ceux qui sont sans identité
« ne sont pas capables de les comprendre ». … C’est cela l’identité chrétienne:
ne pas avoir l’esprit du monde, cette manière de penser, cette manière de juger
». En définitive « ce qui nous donne de l’autorité, ce qui donne une identité,
c’est l’Esprit Saint, l’onction de l’Esprit Saint ». C’est pourquoi « le peuple
n’aimait pas les prédicateurs, les docteurs de la loi, parce qu’ils parlaient
vraiment de théologie, mais ils n’arrivaient pas au cœur, ils ne donnaient pas
la liberté, ils n’étaient pas capables de faire en sorte que le peuple trouve
son identité, parce qu’ils n’étaient pas oints par l’Esprit Saint ». Le Pape
François a conclu en priant le Seigneur de nous donner « l’identité chrétienne:
donne-nous ton Esprit; donne-nous ta manière de penser, de sentir, de parler:
et donc Seigneur, donne-nous l’onction de l’Esprit Saint ». (L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 36 du 4
septembre 2014)
Le Père Raniero Cantalamessa, ofm, qui est le prédicateur
pontifical, a fait un jour un beau témoignage en ce sens. En commentant ce qui
s’est passé à Nazareth, quand Jésus prit la
parole et dit: « L’Esprit
du Seigneur est sur moi, car il m’a consacré par l’onction », le Père
Cantalamessa nous dit:
« Mais l’onction du Seigneur, à la
différence des onctions anciennes des prophètes, des rois et des prêtres n’était
pas avec une huile visible, c’était l’huile d’allégresse du Saint Esprit
Lui-même et à partir de ce moment on voit que l’Église a le pouvoir d’oindre
pour détruire le royaume de Satan et implanter le Royaume de Dieu. Il est Prophète
parce qu’il annonce l’Évangile, la Bonne Nouvelle , à tout le monde. Il l’annonce
avec autorité. C’est la différence avec les maîtres du temps et les gens s’en
apercevaient lorsque Jésus parlait: « d’où vient cette autorité? ».
C’était quelque chose qu’on pouvait presque toucher lorsque le Christ parlait
et cela fait la différence: on peut parler, annoncer l’Évangile, mais s’il n’y
a pas ce pouvoir qui vient de l’onction, il n’y a pas d’autorité. La parole n’a
pas le pouvoir de toucher le cœur. …
Moi je dois vous confier que je l’ai appris par
l’expérience. J’ai reçu toutes les onctions je le disais, mais je me suis
retrouvé dans certaines circonstances à devoir parler à des audiences, parfois
dans une autre langue – vous vous en apercevez je suis italien – et je me suis
retrouver à donner des audiences en anglais ou d’autres langues. J’arrivais de
longs voyages, j’étais fatigué et dans ma pensée il y avait le vide. On me
posait le livre devant moi et je n’étais pas capable de choisir, de me
concentrer. C’était le moment où le Christ m’attendait pour me faire voir que
j’avais besoin de l’onction. Alors j’ai appris à dire une très courte
prière : « Seigneur, au nom de ton fils Jésus je te demande l’onction
du Saint Esprit ». Et vous savez la réponse a été parfois dramatique parce
que j’ai ressenti parfois, pas toujours, comme une décharge électrique qui me
traversait, et toute la fatigue, l’incertitude, le malaise disparaissait;
la langue revenait et je me rendais compte que ce n’était pas de moi, c’était
l’onction du Saint Esprit. Et là, vous voyez, j’avais presque
peur moi-même et des paroles que je disais parce qu’il me semblait qu’elles
contenaient de l’énergie électrique! A haute tension! Désormais, si je dois parler de Jésus je fais un pacte
secret avec Dieu le Père – sans rien dire à Jésus évidemment ! – rires - Je dis « Père céleste je dois
parler de ton fils Jésus; tu dois me donner l’onction de ton Esprit ». Et si je dois parler du Père
alors je fais une alliance secrète avec le Christ – sans rien dire au Père !
Oui beaucoup de mes prières sont restées sans réponse mais rarement cette prière-là: « Donne-moi l’onction du Saint-Esprit ». Alors je m’unis à vous pour implorer un grand renouvellement de cette onction que vous avez reçu dans le baptême et la confirmation.
Une onction n’est pas utile seulement pour évangéliser; elle est utile avant tout pour la prière, pour prier vraiment dans l’Esprit. Pour faire que la prière ne soit pas une répétition mécanique des formules, mais soit vraiment un dialogue avec Dieu, nous avons besoin de l’onction du Saint Esprit. De l’Esprit qui prie en nous avec des jaillissements ineffables. Alors laissez-moi prier sur vous et je vous prie de répondre à chaque invocation : « descends sur nous ».
Oui beaucoup de mes prières sont restées sans réponse mais rarement cette prière-là: « Donne-moi l’onction du Saint-Esprit ». Alors je m’unis à vous pour implorer un grand renouvellement de cette onction que vous avez reçu dans le baptême et la confirmation.
Une onction n’est pas utile seulement pour évangéliser; elle est utile avant tout pour la prière, pour prier vraiment dans l’Esprit. Pour faire que la prière ne soit pas une répétition mécanique des formules, mais soit vraiment un dialogue avec Dieu, nous avons besoin de l’onction du Saint Esprit. De l’Esprit qui prie en nous avec des jaillissements ineffables. Alors laissez-moi prier sur vous et je vous prie de répondre à chaque invocation : « descends sur nous ».
- Esprit de force
- Descends sur nous
- Esprit de courage
- Descends sur nous
- Esprit du Christ
- Descends sur nous
- Esprit de prière
- Descends sur nous
- Esprit d’allégresse et de
joie
- Descends sur nous
- Esprit Saint
- Descends sur nous
- Que Dieu tout puissant
vous bénisse, le Père, le Fils, et le Saint Esprit
- Amen. (1)
Hier, 31 janvier, l’Église célébrait la mémoire de saint Jean Bosco. À chaque année, dans le bréviaire, nous sommes invités à méditer les paroles que ce grand saint adressait à ses confrères salésiens. Les paroles de ce saint qui est un modèle pour tous les éducateurs, nous montrent clairement que « autorité » et « autoritarisme » ne font normalement pas bon ménage:
« Avant
tout, si nous voulons nous montrer les amis du vrai bien de nos élèves et les
amener à faire leur devoir, nous ne devons jamais oublier que nous représentons
les parents de cette chère jeunesse qui fut toujours le tendre sujet de mes
occupations, de mes études, de mon ministère sacerdotal, et de notre
congrégation salésienne.
Que
de fois, mes chers fils, dans ma longue carrière, j'ai dû me persuader de cette
grande vérité ! Il est toujours plus facile de s'irriter que de patienter,
de menacer un enfant, que de le persuader. Je dirai même qu'il est plus facile,
pour notre impatience et pour notre orgueil, de châtier les récalcitrants que
de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur.
Je
vous recommande la charité que saint Paul employait envers les nouveaux
convertis à la religion du Seigneur, et qui le faisait souvent pleurer et
supplier quand il les voyait peu dociles et répondant mal à son zèle.
Écartez
tout ce qui pourrait faire croire qu'on agit sous l'effet de la passion. Il est
difficile, quand on punit, de conserver le calme nécessaire pour qu'on ne
s'imagine pas que nous agissons pour montrer notre autorité ou pour décharger
notre emportement.
Considérons
comme nos enfants ceux sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Mettons-nous
à leur service, comme Jésus qui est venu pour obéir, non pour commander.
Redoutons ce qui pourrait nous donner l'air de vouloir dominer, et ne les
dominons que pour mieux les servir.
C'est
ainsi que Jésus se comportait avec ses apôtres, supportant leur ignorance, leur
rudesse et même leur manque de foi. Il traitait les pécheurs avec gentillesse
et familiarité, au point de susciter chez les uns l'étonnement, chez d'autres
le scandale, et chez beaucoup l'espoir d'obtenir le pardon de Dieu. C'est
pourquoi il nous a dit d'apprendre de lui à être doux et humbles de cœur.
Puisqu'ils
sont nos enfants, éloignons toute colère, quand nous devons corriger leurs
manquements, ou du moins modérons-la pour qu'elle semble tout à fait étouffée.
Pas
d'agitation dans notre cœur, pas de mépris dans nos regards, pas d'injures sur
nos lèvres. Ayons de la compassion pour le présent, de l'espérance pour
l'avenir : alors vous serez de vrais pères, et vous accomplirez un
véritable amendement.
Dans
les cas très graves, il vaut mieux vous recommander à Dieu, lui adresser un
acte d'humilité, que de vous laisser aller à un ouragan de paroles qui ne font
que du mal à ceux qui les entendent, et d'autre part ne procurent aucun profit
à ceux qui les méritent. »
(Tiré du site internet suivant: 31 janvier Saint Jean Bosco - Missel
missel.free.fr/Sanctoral/01/31.php )
(1) Tiré du site internet suivant:
www.anuncio.fr/.../raniero-cantalamessa-a-paris-le-6-avril-avec-anuncio
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