Nous commençons
la « Semaine Sainte », la
plus belle de toutes les semaines de l’année liturgique. Nous entendons
aujourd’hui en Église, le récit de la Passion de Jésus. Le mystère douloureux
qui m’impressionne le plus, est celui de l’agonie de Jésus dans les Jardin de
Gethsémani. C’est là que tout s’est joué à mes yeux. C’est là que Jésus a vécu
la plus grande tentation de sa vie et qu’il l’a repoussée grâce au merveilleux
« combat de la prière ». Le
mot "agonie" vient d’ailleurs d’un mot grec signifiant « combat ». Le
combat que Jésus a mené ce soir-là, c’est le combat contre le mal, le mal
physique, mais surtout le mal moral. Et l’arme qu’il a utilisé pour le
combat, c’est la prière. La prière est la meilleure arme contre le mal.
Attitude corporelle :
Les évangiles nous disent que Jésus s’est éloigné de ses amis pour prier et
qu’Il "tomba face contre terre" (Mt 26, 39). C’est ainsi que les
prêtres du monde entier commenceront l’Office
de la Passion lors du Vendredi Saint :
prosternés devant Dieu, face contre terre. C’est aussi ainsi que priait
Abraham, notre père dans la foi : « Abram tomba la face contre terre
et Dieu lui parla » (Gn 17, 3). Quiconque emploie cette posture
corporelle, ne peut que se disposer à l’adoration, à se considérer comme une
créature et à accepter la Volonté de Dieu.
Un Jésus différent : Dans
le jardin des oliviers, Jésus va se montrer à ses apôtres et amis sous un
visage différent, tel qu’ils ne l’ont jamais vu et tel qu’ils ne l’auraient
jamais imaginé. Cette nouvelle image de Jésus, cette nouvelle façon d’être de
leur bien-aimé Seigneur, sera le scandale dont ils ne pourront se remettre
qu’en voyant Jésus ressuscité. Jésus qui était toujours sûr de Lui, rempli de
la puissance même de Dieu, ayant réponse à tout, se montre à ses disciples,
craintif, triste à en mourir, dépendant de ses amis et angoissé. Lorsqu’on dit
que les apôtres dormaient ce soir-là, à la vue d’un tel spectacle, je ne puis
le croire. Je pense qu’il en était pour eux comme de certains autres épisodes
de la Bible : l’expression « leurs
yeux étaient appesantis » signifie probablement que leurs yeux ne voulaient
pas voir ce qu’ils voyaient. Il s’agissait du mécanisme de défense propre à
celui qui ne veut pas voir la réalité en face, parce qu’elle est trop dure et
cruelle. Du moins, c’est mon opinion. Et quand Simon-Pierre dira à trois
reprises quelques heures plus tard, « Je ne connais pas cet homme »,
il dira un peu la vérité. Pierre ne reconnaissait plus Jésus, dans sa situation
de faiblesse.
La prière : Les
évangiles nous disent quelle a été la prière de Jésus ce soir-là. Sa prière a
été constituée de très peu de mots, mais elle a dû durer un bon moment. La
preuve en est que Jésus s’est rendu à deux reprises auprès de ses disciples pour
voir s’ils avaient eu le cœur de veiller une heure avec Lui. Les évangiles sont
toujours un raccourci. On dit souvent en quelques mots, ce qui se produit en un
long moment. Par exemple, on dira dans les évangiles de la Passion que Pilate
fit flageller Jésus. Aucun détail n’est donné sur la façon dont Jésus a été
flagellé, et sur la durée de la flagellation. Ainsi en est-il ici pour la
prière de Jésus. On met bout à bout, l'une à la suite de l’autre, deux phrases de
Jésus qui ne vont absolument pas ensemble. Dans un premier temps, Jésus demande
à son Père de l’épargner de sa douloureuse Passion. Il faut le faire : Jésus
savait très bien ce qu’il venait faire en ce monde : donner sa vie pour
nous, de façon douloureuse et dramatique, et le soir de l’agonie, Il va jusqu’à
demander à son Père de permettre que cela n’arrive pas. Voilà un signe très
grand de la force de la tentation vécue par Jésus dans le jardin des oliviers.
Il est impossible que quelqu’un comme Jésus, qui prononce un tel souhait, dise
immédiatement après : « Cependant,
Père, non pas comme je veux, mais comme Tu veux. » Voilà ce que j’appelle
un raccourci. Il est évident, dans mon esprit, que ce n’est qu’à force de
prier, que Jésus a pu dire et répéter cette seconde phrase. La totale
soumission de Jésus à la Volonté de son Père, fut sûrement le fruit d’une prière
prolongée.
Ce que Jésus a
fait ce soir-là, a été un exemple pour les apôtres qui en ont été témoins. Et
pour que l’exemple ne se perde pas dans l’oubli, Jésus y a ajouté des paroles.
Allant vers ses disciples, il leur dit : « Veillez
et priez, pour ne pas entrer en tentation. L’esprit est ardent, mais la chair
est faible. » Quel enseignement extraordinaire de notre Maître
et Seigneur! Les apôtres n’ont pas veillé ce soir-là; et ils n’ont pas prié: " Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! " (Mt 26, 40). Blaise Pascal, parlant de cet épisode des évangiles, a dit cette phrase admirable: " Jésus a prié les hommes et Il n'en a pas été exaucé ". Certains auteurs disent que c'est la seule prière que Jésus a adressée de son vivant à ses amis; et Il n'a pas été exaucé. N'ayant pas veillé et prié ce soir-là, les apôtres n’ont pas bénéficié de l’admirable force
que Jésus a reçue au terme de sa veillée dans le jardin, grâce à sa prière
confiante et filiale. N’ayant pas reçu la force qui vient de la prière, les apôtres tomberont dans la tentation et s’enfuiront lâchement dès l’arrivée du danger. Une
des plus belles grâces à demander à Jésus durant la Semaine Sainte, est de
mettre en pratique le conseil qu’Il nous a donné au soir de sa douloureuse
agonie.
La sueur de sang : « Entré en
agonie, il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses
gouttes de sang qui tombaient à terre. » (Lc 22, 43-44)
Voici un autre grand enseignement de notre Maître et Seigneur: lorsque tout va mal, lorsque tout va de plus en plus mal, il nous faut prier davantage ou du moins, plus intensément: " Entré en agonie, il priait de façon plus instante " (Lc 22, 43). Force est d'admettre que nous, qui nous disons disciples de Jésus, nous faisons souvent le contraire: lorsque tout va mal, nous prions de moins en moins et nous nous laissons aller. Nous préférons succomber à la tentation, plutôt que de lutter, plutôt que de mener le combat de la prière. Car lutter, combattre, c'est exigeant, c'est éprouvant.
Il est intéressant de noter que seul l’évangéliste saint Luc, qui était médecin, nous rapporte le fait que Jésus ait sué du sang lors de son agonie. La sueur de sang est un phénomène connu en médecine sous le nom d’hématidrose ou de diapédèse. Dans les deux cas, la sueur de sang est due à un stress extrême. J’ai entendu dire qu’il arrive qu’un condamné à mort ait tellement peur, qu’il sue du sang. Aucun coup provenant de la malice des hommes, n'a encore été porté sur le corps de Jésus, et pourtant son sang commence déjà à couler pour le salut de l'humanité.
Il est intéressant de noter que seul l’évangéliste saint Luc, qui était médecin, nous rapporte le fait que Jésus ait sué du sang lors de son agonie. La sueur de sang est un phénomène connu en médecine sous le nom d’hématidrose ou de diapédèse. Dans les deux cas, la sueur de sang est due à un stress extrême. J’ai entendu dire qu’il arrive qu’un condamné à mort ait tellement peur, qu’il sue du sang. Aucun coup provenant de la malice des hommes, n'a encore été porté sur le corps de Jésus, et pourtant son sang commence déjà à couler pour le salut de l'humanité.
La force d’aller jusqu’au bout : Ce soir-là, grâce à la prière, Jésus a reçu une force extraordinaire
venant de son Père, et rien désormais ne l’arrêtera. Il ira jusqu’au bout de l’amour.
« Levez-vous
! Allons ! Voici que celui qui me livre est tout proche. » (Mc 14,
42)
merci
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