La Charte des valeurs
québécoises
Nous vivons au
Québec, de grands et importants débats de société. Il en va de notre avenir; ce
n’est pas rien. En ce mois de septembre 2013, le gouvernement au pouvoir, le Parti québécois, dirigé par Mme Pauline
Marois, a rendu publique la Charte des
valeurs québécoises qu’il désire faire adopter un jour au parlement. C’est
le ministre M. Bernard Drainville qui est le principal instigateur et défenseur
de cette Charte. Un des points les
plus importants de la Charte, est de ne
pas permettre aux gens qui travaillent dans la fonction publique, de porter de
signes religieux ostentatoires, tels le crucifix, le voile islamique, etc.
Cette prise de position a soulevé et soulève, à juste titre, un tollé dans la
population québécoise. Plusieurs ne comprennent pas comment un gouvernement
peut vouloir ainsi contrôler la vie en société.
Dans tout ce
débat, ce qui m’inquiète le plus, c’est le non-dit, ce sont les intentions
secrètes. Je soupçonne qu’il y a des intentions secrètes derrière de telles
prises de position et de décision. Si j’étais directeur de journal, j’irais
moi-même à une conférence de presse où Mme Marois et M. Drainville seraient
interrogés, et je poserais deux questions : « Mme Marois, croyez-vous en
Dieu? Monsieur Drainville, croyez-vous en Dieu? » Évidemment, ces
deux questions mettraient les gens dans l’embarras. Peut-être que je recevrais
comme réponse : «Nous ne répondrons pas à cette question,
qui relève de la vie privée ».
C’est vrai que ces questions relèvent de la vie privée, mais elles ne sont pas
anodines dans le débat actuel. Au contraire, ces questions ont une très grande
importance. Car chaque personne gouverne avec ce qu’elle est et avec ce qu’elle
croit. S’il s’avérait que Mme Marois et M. Drainville soient athées, on serait
en droit de supposer qu’ils désirent une société à leur image et à leur ressemblance.
Si j’étais premier ministre du Québec, je désirerais que le plus de gens
possible soient croyants en Jésus Christ, notre Seigneur; mais évidemment, je
ne pourrais pas me servir du pouvoir civil dont je jouirais, pour atteindre ce
but.
J’ai été heureux
que les évêques du Québec entrent publiquement dans ce débat, le 19 septembre
dernier, en tenant une conférence de Presse.
Mgr Pierre-André Fournier, président de l’Assemblée
des évêques catholiques du Québec, a dit ceci ce jour-là : « Sur le plan spirituel et religieux, les
gens sont libres de croire ou de ne pas croire. Pas de religion officielle, mais pas d'athéisme officiel non plus.
C'est ça la neutralité. » (c’est
moi, Guy Simard, qui ai mis en caractères gras, certains mots)
M. Bernard
Drainville a dit à plus d’une reprise : « La meilleure façon de protéger les religions, est que l’État
n’ait pas de religion ». Je suis d’accord pour que l’État n’ait pas de
religion, pour qu’il n’y ait pas de religion d’État; mais selon moi, la meilleure
façon de protéger les religions, est de montrer que nous les estimons toutes et
que nous donnons à chaque croyant en Dieu, le droit de manifester sa croyance
en privé et en public. Qu’est-ce que ça peut bien faire, qu’une employée d’État
porte un voile au travail pour manifester sa croyance religieuse?
M. Drainville a dit et répété une opinion très
surprenante ces derniers temps. Il a dit ceci : « Dans les années soixante, les catholiques ont fait le grand
sacrifice de ne plus porter de signe religieux ostentatoire lorsqu’ils
travaillaient dans la fonction publique. Pourquoi les gens des autres religions
ne feraient-ils pas un pareil sacrifice? ». M. Drainville laissait
clairement sous entendre que c’était l’État à l’époque, qui demandait cela à
ses employés. Or nos évêques, le 19 septembre dernier, ont remis les pendules à
l’heure sur ce point. Mgr Fournier a clairement dit que c’est suite au Concile
Vatican II, que certaines personnes ont décidé de ne plus porter de signes
religieux ostentatoires et que ce n’est pas du tout à la demande des écoles ou
du gouvernement. Il semble que les évêques aient même envoyé une note au
gouvernement, pour rétablir les faits sur ce point. Je souhaiterais pour ma
part, que cette note soit rendue publique, car elle a son importance.
Un dernier point, pour le moment : la
maintenance ou non du crucifix à la chambre de l’assemblée nationale. M.
Drainville, a dit sur les ondes, qu’il n’était pas question que le crucifix
soit enlevé de la chambre de l’assemblée nationale car pour une majorité de
Québécois, le crucifix est un symbole patrimonial qui leur rappel leur passé. À
cela, Mgr Pierre Morissette, évêque du diocèse de Saint-Jérôme, a répondu jeudi
dernier sur les ondes, que le fait de considérer le crucifix uniquement comme
un objet ayant une valeur patrimoniale, est très réducteur et même offensant. Si
tel était le cas, Mgr Morissette a affirmé que lui et les autres évêques du
Québec, n’auraient pas d’objection à ce qu’il soit enlevé de la chambre de
l’assemblée nationale. Sur ce point, je suis tout à fait d’accord avec nos
évêques. Si le crucifix n’avait plus de valeur religieuse aux yeux d’une
majorité de québécois, je pense qu’il vaudrait mieux l’enlever de la chambre de
l’assemblée nationale.
Je désire terminer ces considérations par la Parole de Dieu que nous avons entendue
aujourd’hui même, en Église, en ce vingt-cinquième dimanche du temps
ordinaire. Dans la deuxième lecture de la messe d’aujourd’hui, saint Paul
disait ceci :
« J’insiste
avant tout pour qu’on fasse des prières de demande, d’intercession et d’action
de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui ont des
responsabilités, afin que nous puissions
mener notre vie dans le calme et la sécurité, en hommes religieux et sérieux.
Voilà une vraie prière, que Dieu, notre Sauveur, peut accepter, car il veut que
tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la
vérité. » (Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre à
Timothée, 2, 1-4)
N’oublions jamais que l’être humain est
essentiellement un être religieux. Et quant à moi, la plus grande valeur
québécoise, c’est la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que saint
Paul affirme d’ailleurs immédiatement à la suite du texte cité ci-dessus :
« En effet, il n’y a qu’un seul
Dieu, il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme,
le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les
hommes. » (1 Tm 2, 5-6)
Il est bon de jeter un coup d'oeil sur la vidéo ci-dessous dans laquelle Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal et Mgr Gérald Lacroix, archevêque de Québec, expriment leurs commentaires sur la partie de la Charte des valeurs québécoises qui porte sur les signes religieux. Une fois que vous aurez cliqué sur le lien ci-dessous, allez sur le Bulletin quotidien SEL + LUMIÈRE Perspectives: capsule quotidienne, et cliquez sur la vidéo représentant le visage de Mgr Lacroix.
Il est rare que nous soyons d'accords en tous points, toi et moi, sur des enjeux de société et je souligne avec bonheur que je ne changerais pas une seule virgule de ce texte si c'était moi qui l'écrivais! Surtout en ce qui concerne le crucifix à l'Assemblée Nationale: le crucifix n'a PAS de valeur patrimoniale s'il n'est accompagné de la foi. Quelle triste époque vivons nous! Je ne peux croire que le gouvernement souverainiste d'un état libre puisse vouloir limiter la liberté essentielle que d'afficher sa croyance en public! On se croirait en terre communiste!
RépondreSupprimerPetite mise au point en passant: Pauline Marois a confirmé être athée. «Je pense à mon père, qui serait fou comme un balai. Ça serait un rêve pour lui de me voir première ministre. Moi, je ne crois ni à Dieu ni à Diable, je suis athée. Mais de temps en temps, je lui parle. Je lui dis: « Je sais que t’es pas là, mais… donne-moi un coup de pouce! » http://www.lactualite.com/politique/le-jour-ou-pauline-marois-est-devenue-premiere-ministre/
Je suis bien d'accord avec vous Père Simard. Par contre, contrairement à M. Binette, si j'avais écrit ce texte, il y a un mot que j'aurais changé. Un mot que tous les opposants à la Charte devraient changer et ne pas concéder au ministre Drainville et à ceux qui font la promotion de la Charte : le mot « ostentatoire ». Ce mot signifie le caractère de ce qui cherche à tout prix à être remarqué (être vu, attiré l'attention). L'ostentation peut parfois être vraiment dérangeante; raison pour laquelle le mot est (généralement) porteur d'un caractère péjoratif.
RépondreSupprimerMais la musulmane qui porte son voile, le (la) chrétien(ne) qui porte une croix en pendentif, le sikh qui accepte de porter un kirpan scellé, ne le font pas de façon ostentatoire, bien que cela soit ostensible (pouvant être vu).
L'ostentation veut en imposer, pas l'« ostensibilité » ... on peut être croyant sans vouloir en imposer autour de soi du fait qu'on porte un signe. Si les croyants concèdent que leurs signes sont ostentatoires ils auront peut-être du mal à gagner ce combat.
Fraternellement,
M.B.