Pourquoi fallait-il que Jésus meure pour nous ?
Chers amis,
Enfin je puis vous adresser quelques mots, en ce Temps pascal, le temps le plus beau de l’année pour nous les chrétiens. Le temps de Pâques, j’aime l’appeler « le temps de l’Esprit ». Dès le lendemain de Pâques, notre cœur est tourné vers la Pentecôte qui clôturera le temps pascal. L’Église est toujours tournée vers l’avant, vers le futur, dans la conviction que « le plus beau est à venir ». Dès le premier jour après Pâques, nous lisons le livre des Actes des Apôtres, ce livre qui, dans la Bible suit immédiatement les quatre évangiles. Nous appelons souvent ce livre : « L’évangile de l’Esprit-Saint ». Les quatre évangiles nous parlent de ce que Jésus a dit et fait. Le livre des Actes des Apôtres nous raconte ce que l’Esprit Saint, le grand don promis par Jésus et son Père, a fait par les « actes des Apôtres » et dit par leur bouche. D’ailleurs, le lundi de Pâques, nous lisons comme première lecture à la messe, le discours que Pierre a prononcé dans les rues de Jérusalem le jour même de la Pentecôte (Actes 2, 14.22b-32)
En ce temps de Pâques, je prends le petit déjeuner avec le Père Raniero Cantalamessa, capucin. Je veux dire par là que je prends mon déjeuner en me nourrissant de ce qu’il pense et de ce qu’il a dit ou écrit. Je suis en train de lire son livre intitulé : Le Mystère Pascal. Le Père Raniero Cantalamessa est le prédicateur pontifical depuis 1981. C’est vraiment extraordinaire que ce Père exerce toujours cette fonction. Le prédicateur pontifical est chargé de donner des ressourcements, des journées de retraite et des prédications aux membres de la Curie romaine et, en particulier, au pape. Le titre de « prédicateur pontifical » indique d’ailleurs par lui-même que cet homme est chargé de prêcher au « souverain pontife ». Ce n’est pas rien que d’avoir pour mission de ressourcer le pape, de le convertir, en quelque sorte. Le Père Cantalamessa a témoigné un jour du fait suivant : lorsqu’il arrivait au pape Jean-Paul II de manquer une des prédications du Père Cantalamessa durant l’Avent ou le Carême à cause des nombreux voyages que le pape faisait à l’étranger, il s’excusait auprès du Père Cantalamessa d’avoir été absent et d’avoir manqué son enseignement. Quelle délicatesse et quelle humilité, n’est-ce pas ? Je suis toujours impressionné, le jour du Vendredi Saint, lors de l’office de la Passion du Seigneur, en la basilique Saint-Pierre de Rome, de voir le pape assis en train d’écouter prêcher le Père Cantalamessa, tout comme les autres personnes dans la basilique. En effet, c’est le Père Cantalamessa qui a comme rôle à chaque année, de faire l’homélie du Vendredi Saint en la basilique St-Pierre de Rome, en présence du pape.
Dans son livre intitulé Le Mystère pascal, le Père Cantalamessa explique très bien en quelques lignes, pourquoi il fallait que Jésus meure pour nous sauver. C’est ce qu’on appelle en théologie « la théorie de la satisfaction vicariale ». Voici quelques passages de ce livre. Les mots mis entre parenthèses et en italique viennent de moi; je les ai insérés pour essayer de faciliter la compréhension de ce que dit le Père Cantalamessa; espérons que j’atteigne mon but.
« Le péché a violé les droits de Dieu. Il exige une expiation qui répare l’offense et rétablisse les droits de Dieu. Mais comme la gravité d’une offense ne se mesure pas à la personne de l’offenseur, mais à celle de l’offensé, qui dans ce cas est Dieu lui-même, il fallait donc une réparation d’une valeur infinie qu’aucun homme, évidemment, ne pouvait offrir (Dieu étant infini, l’offense qui lui est faite est infinie, du moins du côté de l’offensé). Telle était donc la situation sans issue avant la venue du Christ : d’un côté, l’homme qui devait payer la dette, mais ne le pouvait pas; de l’autre, Dieu qui pouvait payer, mais qui ne le devait pas, puisqu’il n’avait pas commis lui-même la faute. L’Incarnation a résolu de façon imprévisible cette situation. En Christ, homme et Dieu, celui qui devait payer la dette et celui qui seul pouvait la payer se sont trouvés réunis ensemble, dans la même personne.
Tout ceci est merveilleusement exprimé dans l’Exultet (L’Exultet est le chant grandiose qui inaugure la Veillée pascale, la célébration liturgique chrétienne la plus solennelle de l’année) : « Il a remis pour nous au Père éternel le prix de la dette encourue par Adam; c’est lui qui répandit son sang par amour pour effacer la condamnation du premier péché. » Cette vision du salut vient en droite ligne du Nouveau Testament. Christ, lit-on dans celui-ci, est venu pour donner sa vie « en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28); par son sang, nous obtenons « la rédemption et la rémission des péchés » (Ep 1, 7 ; 1 Cor 1, 30; 1 Tm 2, 6); Dieu l’a fait servir « d’instrument d’expiation » (Rm 3, 25); sur la croix, Christ a effacé la « cédule de notre dette » (Col 2, 14) » (Raniero Cantalamessa, Le Mystère pascal, éditions Salvator, p. 112)
Le danger que peut encourir la « théorie de la satisfaction vicariale », c’est de faire quasiment passer notre bon Père céleste pour un bourreau, pour quelqu’un qui demande justice à son Fils. Voici comment le Père Cantalamessa résout ce problème :
« Dans l’Exultet, ce danger est cependant éliminé à la racine, car la perspective juridique est tout de suite appuyée et corrigée par une autre qui la libère de toute connotation négative de froide justice, en la ramenant à la révélation de Dieu amour. Il est vrai en effet que le Fils a payé la dette au Père éternel, mais le Père n’est pas seulement celui qui reçoit le prix du rachat; il est aussi celui qui paie. Il est même celui qui paie le prix le plus élevé, puisqu’il donne son fils unique : « Ô merveilleuse bienveillance de ta bonté pour nous, s’exclame-t-on en s’adressant au Père. Ô inestimable tendresse de charité : pour racheter le serviteur, tu as donné ton Fils ! » (Cette magnifique phrase est tirée de l’Exultet ). Rarement la pensée chrétienne, sous toutes ses formes, a atteint cette profondeur abyssale. Rarement l’amour invincible de Dieu Père pour l’humanité a été chanté avec une plus grande émotion et une plus grande simplicité. C’est un écho de Rm 8, 32 : « Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous. » (Ibid, pp. 113-114)
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