Solennité de Jésus Christ, Roi de
l’univers :
« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,
et tous les anges avec lui,
alors il siégera
sur son trône de
gloire. Toutes les nations seront
rassemblées devant lui. » (Mt 25, 31-32)
Aujourd’hui, 20 novembre, c’est solennité dans
l’Église : nous célébrons la solennité de Jésus le Christ, Roi de
l’univers. Quelle belle façon de conclure l’année liturgique, une fois
de plus. Cette solennité m’a toujours impressionné. Jésus doit régner sur tous
et sur tout. Finie cette idée d’une religion privée, limitée à la sphère de la
vie personnelle. C’était l’intention du pape Pie XI lorsqu’il a institué cette
fête dans l’Église, le 11 décembre 1925, de dire très clairement que Jésus, le
Christ notre Seigneur doit régner dans toutes les sphères de l’activité
humaine, même si cela peut déplaire aux sociétés sécularisées dans
lesquelles nous vivons. Dans la lettre encyclique Quas Primas qui est à l’origine de la fête du Christ-Roi, le pape Pie XI
écrit :
Ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme
la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu'elles soient: il tient
du Père sur les créatures un droit absolu, lui permettant de disposer à son gré
de toutes ces créatures (no 12). ... Et, à cet égard, il n'y a lieu de
faire aucune différence entre les individus, les familles et les États; car les
hommes ne sont pas moins soumis à l'autorité du Christ dans leur vie collective
que dans leur vie privée. Il est l'unique source du salut, de celui des
sociétés comme de celui des individus: Il
n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux
hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés. Il est l'unique auteur, pour l'État
comme pour chaque citoyen, de la prospérité et du vrai bonheur: " La
cité ne tient pas son bonheur d'une autre source que les particuliers, vu
qu'une cité n'est pas autre chose qu'un ensemble de particuliers unis en
société (32). " Les chefs d'État ne sauraient donc refuser de rendre
- en leur nom personnel, et avec tout leur peuple - des hommages publics, de
respect et de soumission à la souveraineté du Christ; tout en sauvegardant leur
autorité, ils travailleront ainsi à promouvoir et à développer la prospérité
nationale. (no.13) Si les hommes venaient à
reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie
publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la
tranquillité, la concorde et la paix -- se répandraient infailliblement sur la
société tout entière. (no.14)
Mais il est
certain que le Christ Jésus régnera dans notre monde, à condition que chaque
individu se donne totalement au Christ. Je n’ai aucun contrôle sur la vie des
gens autour de moi, même sur les personnes qui me sont les plus chères. Le seul
contrôle que je puis avoir, c’est sur moi. Voilà pourquoi chaque personne,
chaque chrétien ou chrétienne doit donner à Jésus toute la place qui lui
revient. Heureux saint Paul qui a pu dire un jour : « Ce n’est
plus moi qui vis; c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20). Voilà
le fruit désiré par cette solennité du Christ Roi de l’univers.
À chaque année, lorsqu’arrive la solennité d’aujourd’hui,
me vient à l’esprit le magnifique poème ou conte de l’écrivain indien
Rabindranath Tagore, intitulé : Le
Roi et le mendiant.
Le Roi et le mendiant
J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin
du village lorsque ton chariot d’or apparut au loin pareil à un rêve splendide
et j’admirais quel était ce Roi de tous les rois !
Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini
des mauvais jours, et déjà je me tenais prêt dans l’attente d’aumônes
spontanées et de richesses éparpillées partout dans la poussière.
Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba
sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie
était enfin venue. Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis :
« Qu’as-tu à me donner ? »
Ah ! Quel jeu royal était-ce là de tendre la main au
mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin, de ma
besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.
Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du
jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas
de pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : « Que n’ai-je eu
le cœur de te donner mon tout ! » (1)
Je suis convaincu que l’unique regret que nous aurons sur
notre lit de mort, sera de ne pas avoir tout donné au Christ Jésus le Roi de
l’univers. Ce Roi de l’univers se fait mendiant durant notre vie terrestre; Il
mendie notre amour, notre amitié. Aujourd’hui, dans l’évangile de ce dimanche,
Jésus nous dit de façon très solennelle : « Venez les bénis de mon
Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création
du monde. Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger; j'avais
soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez
accueilli. ... En vérité je vous le dis, chaque fois que vous l'avez
fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez
fait. » (Mt 25, 34-35, 40).
(1) Rabindranath
Tagore, L’offrande lyrique, Ed. Gallimard, trad. André Gide.
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