vendredi 9 juin 2017

Pourquoi l'Évangile n'est pas accueilli

Pourquoi l’Évangile n’est pas accueilli
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Pour quelqu’un qui est chrétien, il peut sembler surprenant que l’Évangile ne soit pas accueilli par tous. Mais la première Personne à ne pas être surprise que son message ne « passe » pas, c’est Jésus lui-même. Dans la « prière sacerdotale » (Jean, chapitre 17), cette magnifique prière que Jésus a adressée à son Père à la veille de sa mort, notre Maître et Seigneur dit ceci: « Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde » (Jn 17, 14). L’esprit du monde est l’Esprit de Dieu, ce sont deux mondes différents et souvent opposés.

Je lis ces jours-ci la pièce de théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt, intitulée: Mes Évangiles. Schmitt a écrit cette pièce après avoir écrit son roman intitulé: L’évangile selon Pilate. Le thème est le même dans les deux œuvres: Pilate fait tout ce qu’il peut pour discréditer la thèse de la résurrection de celui qu’il a fait tuer. Après avoir écrit son roman, Schmitt avait d’autres idées à mettre sur papier sur ce thème et il l’a fait sous la forme d’une pièce de théâtre. Le titre de la pièce est évocateur: « Mes Évangiles ». J’imagine que Schmitt étant au courant qu’il existe des évangiles apocryphes, s’est dit que lui aussi pouvait imaginer les évangiles à sa façon. Je ne suis pas d’accord avec certaines de ses interprétations, mais certaines pages de la pièce sont tout simplement savoureuses. Je vais vous citer dans un instant une de ces pages. 

La pièce de théâtre commence après la mort de Jésus. On vient annoncer à Pilate que le corps du crucifié honni par les autorités juives, a disparu et que certaines personnes disent avoir vu Jésus ressuscité. Pilate met tout en œuvre pour découvrir le complot et trouver les coupables de cette supercherie. Une de ses hypothèses est la suivante: Jésus a un sosie. Un des amis de Jésus se promène, capuchon sur la tête et un peu « arrangé », et se fait passer pour le Maître. Cette hypothèse semble être confirmée par le fait que saint Jean est un jour pris en flagrant délit en train de rôder autour de la demeure de Marie, la mère de Jésus, capuchon sur la tête, barbe rasée et paupières noircies au charbon. Pilate, tout heureux, est convaincu d’avoir trouvé le coupable. Il le fait alors emprisonner dans une geôle du fort Antonia. Avant d’emprisonner le disciple de Jésus, Pilate lui fait subir un interrogatoire. Au beau milieu de l’interrogatoire, Pilate, surpris, reçoit une déclaration d’amour:

- Je t’aime, Pilate.

- Cesse de parler comme lui. (« lui » étant Jésus)

- C’est lui qui m’a appris.

- Comment peux-tu prétendre m’aimer? Je te capture; dans quelques heures, je te livrerai au sanhédrin; tu ne reverras sans doute jamais le jour, et tu prétends m’aimer?

- Je t’aime. Et Yéchoua (Jésus) t’aimait aussi. Et sur la croix, il a murmuré pour toi et ceux du sanhédrin: « Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

J’attrapai Yohanân (saint Jean) à travers les barreaux et je le secouai violemment.

- Vous êtes fous !  Tous fous ! Caïphe a raison: il faut vous empêcher de parler !

- Tu ne veux pas que je t’aime ?

- Non, je n’en veux pas de ton amour, je préfère choisir qui m’en donne. Et à qui j’en donne. Domaine privé.

- Tu as raison, Pilate, répondit-il. Que deviendrions-nous si nous nous aimions tous? Penses-y, Pilate, que deviendrions-nous dans un monde d’amour? Que deviendrait Pilate, préfet de Rome, qui doit sa place à la conquête, à la haine et au mépris des autres? Que deviendrait Caïphe, le grand prêtre du Temple, qui t’achète sa charge à force de cadeaux et assoit son autorité sur la crainte qu’il inspire? Y aurait-il encore des Juifs, des Grecs, des Romains dans un monde inspiré par l’amour? Encore des puissants et des faibles, des riches et des pauvres, des hommes livres et des esclaves? Tu as raison, Pilate d’avoir si peur: l’amour serait la destruction de ton monde. Tu ne verrais le Royaume de l’amour que sur les cendres du tien. »  (Éric-Emmanuel Schmitt, Mes Évangiles, Albin Michel, 2004, pp. 120-121).

Cette page de Schmitt se passerait volontiers de commentaires. Nous avons ici une des raisons majeure du manque de foi en la religion chrétienne: CELA FAIT L’AFFAIRE DES GENS DE NE PAS CROIRE. Plusieurs personnes savent très bien que s’ils acceptaient l’Évangile, leur monde s’écroulerait, leur façon de vivre devrait changer; ils ne se reconnaîtraient plus. Et cela fait peur. D’ailleurs, Eric-Emmanuel Schmitt sait très bien de quoi il parle en imaginant ce dialogue entre Pilate et saint Jean. Quand Schmitt est passé de l’athéisme à la foi en plein désert du Hoggar, et quelque temps plus tard de la foi en un Dieu anonyme à la foi en Jésus Christ (car Schmitt est chrétien; il croit que Dieu s’est incarné et que Jésus est ressuscité), tout son univers intellectuel, toute sa structure mentale s’est écroulée. Il a alors été confronté à une très dure décision: ou bien il chercherait à mettre en doute l’expérience très forte qu’il venait de vivre, et même à la nier, ou bien il prendrait le temps pour se reconstruire mentalement, intellectuellement et spirituellement. Il a fait le bon choix: il s’est reconstruit. Bravo pour ce courage et cette détermination, monsieur Schmitt. Vous avez témoigné plus d'une fois du fait que cette décision de vous reconstruire a été difficile à prendre et probablement plus difficile encore à vivre. Mais c'est le prix à payer pour être vraiment libre. 

Ce que j'aime de monsieur Schmitt, entre autres choses, c'est qu'il ne se laisse pas intimider par ceux qui, devant lui, osent mettre en doute l'expérience religieuse extraordinaire qu'il a vécue en 1989. Je me souviens de son passage à l'émission québécoise "Tout le monde en parle " (le 21 février 2016) dont les deux animateurs se plaisent souvent à ridiculiser la religion catholique. Alors qu'il venait de témoigner de sa rencontre avec Dieu en 1989, M. Marc Béland (acteur, danseur et metteur en scène québécois), assis tout près de lui, le regarde et lui dit: " Ce n'est pas Dieu que vous avez rencontré; vous avez fait un " voyage astral ". Monsieur Schmitt a alors répondu: "Pourquoi n'aurais-je pas pu rencontrer Dieu ce jour-là? Était-ce parce qu'Il était occupé avec vous? " Quelle réponse appropriée! Il faut vraiment être effronté pour oser mettre en doute une expérience aussi forte que celle qu'a vécue l'écrivain dans le désert du Hoggar, et qui plus est, devant lui et à la télévision. 

Je me souviens d’un dialogue que j’ai eu avec un de mes amis d’enfance qui est athée. Je lui ai dit: « Si un jour tu devenais chrétien, cela changerait des choses dans ta vie ». Et il m’a répondu: « Je sais très bien que cela changerait des choses dans ma vie ».

Voilà certes une réponse au manque d’adhésion à la foi chrétienne: la foi chrétienne, aussi belle soit-elle, DÉRANGE. Elle dérange nos habitudes, elle dérange souvent nos convictions, elle nous met dans une situation embarrassante qui requiert du courage et de la détermination. Et surtout, elle dérange notre nature pécheresse.

Le mal ne fait pas seulement vivre les romanciers, en leur fournissant la matière première de leurs romans, il fait aussi malheureusement très souvent vivre les puissants.

Ce qui me trouble le plus cependant, c’est de voir un président américain qui se dit chrétien et qui bafoue une entente qui a pour but de protéger la planète, qui vend de l’armement militaire pour des milliards de dollars à un pays qui, on le sait très bien, n’en fera pas un bon usage. Tout cela pour faire rouler l’économie et pour supposément rendre les Etats-Unis « great again ». Le pouvoir peut malheureusement corrompre tous les humains, croyants ou non croyants, car tous sont pécheurs devant Dieu. 

SEIGNEUR, PRENDS PITIÉ !  




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