jeudi 21 novembre 2024

Euthanasie et sacrements

  Euthanasie et sacrements


Cela fait un certain temps que je désire écrire ce blogue. Je choisis la fête d'aujourd'hui où on célèbre la Présentation de la Vierge Marie (voir le précédent blogue) pour enfin écrire ce blogue en me mettant sous la douce protection de notre Mère du ciel qui est la grande défenseure de la vie. Je confie ce blogue d'une façon particulière à Notre-Dame de Guadalupe, la patronne des Amériques et à sa sollicitude pour la dignité de l'être humain. 

Le 14 juillet 2020, la Congrégation pour la doctrine de la foi a émis un document qui nous éclaire grandement sur la façon dont nous devons considérer l'euthanasie. Ce document s'intitule : "Samaritanus bonus" (Le Bon Samaritain). On peut trouver dans ce document des pistes qui sont susceptibles d'éclairer et guider les prêtres qui sont appelés à aller donner des sacrements aux personnes qui choisissent de se faire euthanasier. Le document, bien sûr, est écrit en raison du fait que dans plusieurs pays l'euthanasie est non seulement légal mais gagne de plus en plus de terrain sous le nom trompeur et mensonger d'Aide médicale à mourir.  

Le document est très clair sur deux points : 

1- Le caractère sacré de la vie humaine qui est un don de Dieu inaliénable et la dignité intrinsèque de chaque être humain peu importe son état physique, psychologique ou spirituel. On comprend alors que tuer un être humain est le plus grand outrage qu'on puisse faire à sa dignité. 

2- L'euthanasie est une faute morale grave (en d'autres termes : un péché grave) de la part de celui qui l'administre et de la part de celui ou celle qui la demande pour elle-même ou pour une autre personne : "Toute coopération immédiate, formelle ou matérielle, à un tel acte est un grave péché contre la vie humaine". Pour cette raison, il n'est pas permis à un prêtre de rester dans la chambre d'un patient qui est sur le point de se faire euthanasier car cela pourrait être interprété comme une complicité (chapitre V du document, à la fin du numéro 11).

Le document donne des directives assez claires sur la façon dont on doit répondre aux personnes qui demandent de recevoir des sacrements alors qu'elles ont décidé de se faire euthanasier. Il nous faut parler clairement : demander l'euthanasie, c'est accorder à quelqu'un le droit de nous tuer.  

"Un cas très particulier dans lequel il est aujourd'hui nécessaire de réaffirmer l'enseignement de l'Église est l'accompagnement pastoral de celui qui a expressément demandé l'euthanasie ou le suicide assisté. En ce qui concerne le sacrement de la réconciliation, le confesseur doit veiller à ce qu'il y ait une contrition, laquelle est nécessaire pour la validité de l'absolution et consiste en "une douleur de l'âme et une détestation du péché commis, avec le propos de ne pas pécher à l'avenir". Dans notre cas, nous avons affaire à une personne qui, au-delà de ses dispositions subjectives, a fait le choix d'un acte gravement immoral et y persévère librement. Il s'agit d'une non-disposition manifeste à la réception des sacrements de la Pénitence, avec l'absolution et de l'Onction des malades, ainsi que du Viatique. Le pénitent pourra recevoir ces sacrements lorsque sa volonté de prendre des mesures concrètes permettra au ministre de conclure qu'il a modifié sa décision. Cela implique également qu'une personne qui s'est inscrite auprès d'une association pour recevoir l'euthanasie ou le suicide assisté doit montrer son intention d'annuler cette inscription avant de recevoir les sacrements. Il faut rappeler que la nécessité de différer l'absolution n'implique pas un jugement quant à l'imputabilité de la faute, dans la mesure où la responsabilité personnelle peut être réduite, voire inexistante. Dans le cas où le patient serait désormais inconscient, le prêtre pourrait administrer les sacrements sub condicione si le repentir peut être présumé à partir d'un signe donné précédemment par la personne malade.     

Cette position de l'Église n'est pas le signe d'un manque d'accueil envers les malades. ..." (Tiré du chapitre V du document, au numéro 11) 

La suite du numéro 11 mentionne le fait que les ministres de l'Église doivent accompagner avec soin les personnes qui demandent l'euthanasie et les amener si possible à changer leur position et être ainsi aptes à recevoir les sacrements. Cela est vrai, selon moi, pour les personnes qui demandent à être euthanasiées dans un avenir plus ou moins rapproché. Mais cela ne s'applique pas, toujours selon moi, à la situation suivante : lorsqu'on reçoit un appel téléphonique en provenance d'un hôpital ou d'une RPA nous demandant d'aller donner le sscrement des malades à une personne qui est sur le point d'être euthanasiée. 

Je considère que dans un tel cas il est illusoire de croire en un possible accompagnement de la personne qui désire recevoir l'euthanasie. À minuit moins cinq, selon l'expression d'usage, ce n'est pas le moment d'entreprendre des discours sérieux de cette nature ; d'autant plus qu'il n'est pas rare que des membres de la famille soient présents pour un dernier adieu. Pour ma part, je ne me sens pas du tout de vivre une telle expérience. Donner le sacrement des malades dans une telle circonstance ne fait aucun sens à mes yeux ; bien plus, poser un tel geste serait pour moi un contre-témoignage. J'ai donc l'intention si une telle demande m'était faite par voie téléphonique, de m'informer pour savoir si la personne qui désire le sacrement des malades est sur le point d'être euthanasiée. Si oui, je m'abstiendrai de me rendre au chevet de cette persoone. J'espère être dans mon droit de penser ainsi. Ma conscience ne me le permettrait pas. J'espère que l'Église à laquelle j'appartiens respecterait cette décision. 

Je crois fermement que Dieu agit le plus souvent de façon extra-sacramentelle. Dans un cas très délicat comme celui que je viens de mentionner, où il me serait impossible de juger de la conscience de la personne qui demande le sacrement, je préférerais m'abstenir et remettre cette personne entre les mains de Dieu dont le jugement est pur et sûr.

En terminant je dirais ceci : dans une société comme la nôtre où un grand nombre de gens ne distinguent plus le bien du mal et cela même dans des cas qui devraient être évidents comme celui du droit à la vie, il faut que certaines personnes, dont les leaders religieux, soient des signes et des vecteurs de la vérité. Pour cela, il faut parfois être prêts à choquer les tenants de la soit-disant modernité par un vocabulaire ou des propos qui peuvent leur déplaire. Le pape François est très habile dans cette manière de faire. À preuve, voici ce qu'il a dit plus d'une fois à propos des médecins qui pratiquent des avortements   

"Les femmes ont droit à la vie : à leur vie, à la vie des enfants. N’oublions pas de dire ceci : un avortement est un meurtre. La science dit qu’un mois après la conception, tous les organes sont déjà là. On tue un être humain, on tue un être humain. Et les médecins qui se prêtent à cela sont - permettez-moi de le dire – ils sont des tueurs à gage (NDLR : c'est moi qui ai mis ces mots en caractères gras). Et cela est incontestable. On tue une vie humaine. Et les femmes ont le droit de protéger la vie...   Je ne parle maintenant que de l’avortement. Et cela ne se discute pas. Excusez-moi, mais c’est la vérité ! Merci." (CONFÉRENCE DE PRESSE DU SAINT-PÈRE AU RETOUR DE BRUXELLES Dimanche 29 septembre 2024)  (2)

Personnellement je considère que les médecins qui pratiquent l'euthanasie sont des tueurs en série. 


(1) https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20200714_samaritanus-bonus_fr.html

(2) https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2024/september/documents/20240929-belgio-voloritorno.html

Ou encore, voir la vidéo ci-dessous à partir de la deuxième minute et onzième seconde (2:11)  

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je viens de lire votre publication et je suis tout-à-fait en accord avec votre point de vue.

    Cordialement.
    ⛪🀄

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