Puissance de la Parole de Dieu
À chaque deux ans, quand on lit à la messe la lecture de ce matin (car cette Parole de Dieu revient à tous les deux ans), je suis ému et même bouleversé. Car elle me rappelle un très douloureux événement associé à de très grandes grâces. En 1979, année de l'enfance, Chantal Dupont, 15 ans et Maurice Marcil, 14 ans sont agressés sur le pont Jacques Cartier par deux hommes qui les violent et les jettent en bas du pont, dans les eaux du fleuve Saint-Laurent. Quel drame horrible !
Jeannine et Louis Dupont, les parents de Chantal étaient de fervents catholiques (j'ai écrit "étaient" car madame Jeannine Dupont est décédée et je ne serais pas surpris que M. Dupont le soit aussi). Tous les deux étaient impliqués à l'époque dans le mouvement charismatique dont une des caractéristiques est de rendre les disciples de Jésus amoureux de la Parole de Dieu. Dans le film de Denis Boivin intitulé Le Pardon, Jeannine témoigne du fait que le lendemain du drame. alors qu'elle ne savait pas ce qui avait pu arriver à sa fille, elle s'est plongée comme elle le faisait tous les jours, dans la Parole de Dieu. Elle ouvre son Prions en Église (petit livret mensuel qui présente la liturgie quotidienne de la messe) et elle lit le texte que nous avons entendu ce matin à la messe. Voici le texte :
30 JUIN 2021
mercredi, 13ème Semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Le fils de cette servante ne doit pas partager l’héritage de mon fils Isaac » (Gn 21, 5.8-20)
Lecture du livre de la Genèse
Abraham avait cent ans quand naquit son fils Isaac.
L’enfant grandit, et il fut sevré.
Abraham donna un grand festin le jour où Isaac fut sevré.
Or, Sara regardait s’amuser Ismaël,
ce fils qu’Abraham avait eu d’Agar l’Égyptienne.
Elle dit à Abraham :
« Chasse cette servante et son fils ;
car le fils de cette servante
ne doit pas partager l’héritage de mon fils Isaac. »
Cette parole attrista beaucoup Abraham,
à cause de son fils Ismaël,
mais Dieu lui dit :
« Ne sois pas triste à cause du garçon et de ta servante ;
écoute tout ce que Sara te dira,
car c’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom ;
mais je ferai aussi une nation du fils de la servante,
car lui aussi est de ta descendance. »
Abraham se leva de bon matin, il prit du pain et une outre d’eau,
il les posa sur l’épaule d’Agar,
il lui remit l’enfant,
puis il la renvoya.
Elle partit et alla errer dans le désert de Bershéba.
Quand l’eau de l’outre fut épuisée,
elle laissa l’enfant sous un buisson,
et alla s’asseoir non loin de là,
à la distance d’une portée de flèche.
Elle se disait :
« Je ne veux pas voir mourir l’enfant ! »
Elle s’assit non loin de là.
Elle éleva la voix et pleura.
Dieu entendit la voix du petit garçon ;
et du ciel, l’ange de Dieu appela Agar :
« Qu’as-tu, Agar ?
Sois sans crainte, car Dieu a entendu la voix du petit garçon,
sous le buisson où il était.
Debout ! Prends le garçon et tiens-le par la main,
car je ferai de lui une grande nation. »
Alors, Dieu ouvrit les yeux d’Agar,
et elle aperçut un puits.
Elle alla remplir l’outre et fit boire le garçon.
Dieu fut avec lui,
il grandit et habita au désert, et il devint un tireur à l’arc.
– Parole du Seigneur.
Jeannie dit qu'en lisant les mots: "Qu'as-tu Agar ? Sois sans crainte, car Dieu a entendu la voix du petit garçon, sous le buisson où il était ", elle a ressenti une grande consolation. C'est comme si ces mots étaient prononcés pour elle. C'est comme si Dieu lui disait de ne pas s'inquiéter car il était là avec sa fille lors du drame.
Le lendemain à la messe, la première lecture nous présente le sacrifice d'Abraham : Dieu demande à Abraham, notre père dans la foi, de lui sacrifier son fils unique Isaac. Cette fois, c'est monsieur Dupont qui témoigne dans le film, que cette Parole de Dieu semblait écrite pour lui. Il nous dit que c'était comme si Dieu lui demandait le sacrifice de sa fille Chantal. Si vous regardez dans le Prions en Église de demain, le premier juillet, vous verrez que c'est bel et bien cette lecture qui est proposée au monde entier :
1 JUILLET 2021
jeudi, 13ème Semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
de la férie
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Le sacrifice de notre patriarche Abraham. (Gn 22, 1-19)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
Dieu mit Abraham à l’épreuve.
Il lui dit :
« Abraham ! »
Celui- ci répondit :
« Me voici ! »
Dieu dit :
« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac,
va au pays de Moriah,
et là tu l’offriras en holocauste
sur la montagne que je t’indiquerai. »
... (je vous laisse le soin de lire le reste du texte dans votre Bible)
Extraordinaire, n'est-ce pas ? Et ce n'est pas tout. Le troisième jour cette année-là, était le 6 juillet. Le six juillet l'Église célèbre le martyr de sainte Maria Goretti, cette jeune italienne tuée à coups de poinçons par un jeune voisin de 17 ans qui a voulu la forcer à consentir à ses avances. Ce crime passionnel était dû, aux dires mêmes de l'assassin dont le nom est Alessandro Serenelli, au fait que ce jeune était accroc à la pornographie. La jeune Maria, sur son lit de mort, a pardonné à son agresseur. Touché par la grandeur d'âme de la jeune Maria et surtout, on peut l'imaginer, par le pardon qu'elle lui a accordé avant de mourir, Alessandro, au fil des ans, a regretté son geste, s'est converti (a changé ses habitudes de vie) et a fini ses jours dans un monastère en tant que laïc touché par la grâce. Cela aussi a beaucoup parlé au coeur de Jeannine et Louis Dupont.
Voyez-vous comme la foi est un GRAND CADEAU. Voyez-vous combien la Parole de Dieu est une "lumière sur nos pas et une lampe sur notre route", comme le dit si bien le psaume 118 dans la Bible (Ps 118, verset 105).
Monsieur et madame Dupont ont pardonné aux meurtriers de leur fille. C'est le plus grand pardon que j'ai entendu dans ma vie, à part, bien sûr, celui de Jésus sur la croix : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" (Évangile selon saint Luc, chapitre 23, verset 34). Non seulement monsieur et madame Dupont ont pardonné aux meurtriers de leur fille Chantal, mais ils ont aussi adopté spirituellement Normand Guérin, un des deux meurtriers, celui qui, à vue humaine, a été le plus ouvert à la grâce divine après le terrible meurtre. Les Dupont sont allés voir Normand en prison pour le rencontrer et lui manifester leur amour. Cette rencontre a été filmée en direct par le cinéaste Denis Boivin dans son film Le Pardon. C'est la scène finale du film. Je n'ai jamais vu une scène aussi touchante de toute ma vie. On peut voir des images de ce moment dans la vidéo mise ci-dessous. Ces images sont la plus belle illustration à mes yeux de la parabole du Père Miséricordieux que nous retrouvons au chapitre 15 de l'évangile selon saint Luc (Lc 15, 11-32)
Je vous encourage à lire l'article suivant, tiré de La Presse :
Après son arrestation, Normand Guérin a signé des aveux qui se sont retrouvés à la une des journaux. Des aveux scabreux, à la limite du supportable, que M. Dupont a lus, bouleversé. www.lapresse.ca |
Voir aussi l'article ci-dessous, tiré du New York Times ; pour lire l'article en français, veuillez cliquer sur les mots ; Traduire cette page