La primauté de la vie cachée
Il existe des phrases dans la Bible qui
sont des phares sur notre route de chrétiens mais qui, malheureusement nous
passent souvent sous le nez sans qu’on en perçoive l’importance. Une de ces
phrases est celle-ci : « Vous êtes
morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. » (Col 3,3) Cette phrase de saint Paul était très
importante aux yeux de notre fondateur le Père Bruno Lantéri, qui y a consacré
une importante méditation (1).
Qu’est-ce que cette phrase
de saint Paul peut bien vouloir nous dire ? Je tenterai ici une explication.
Si nous regardons la
vie de la majorité d’entre nous, la très grande partie de notre vie est vécue
de façon cachée aux autres. Et cela est vrai aussi, je pense, même des « stars »,
vedettes de cinéma ou autres. Les seules exceptions que je peux voir à cette
vérité sont pour moi notre Saint Père le pape et les hommes et femmes
politiques. Seulement pour eux, peut-être bien que la vie publique l’emporte
sur la vie privée.
Si tel est le cas, si
la grande partie de notre vie est vécue seule avec Dieu (et par conséquent
non pas seule mais « avec Dieu »), il faut accorder beaucoup
d’importance à notre vie cachée. Car c’est là, selon moi, que s’exerce surtout
notre vie chrétienne. Le grand enjeu de la vie chrétienne se vit dans notre
cœur, dans le combat que nous devons mener contre l’être pécheur que nous
sommes. Saint Paul a admirablement bien décrit ce combat intérieur qui est le
lot de tous et où se joue essentiellement notre rapport avec Dieu. Voici ce que
saint Paul nous dit dans sa lettre aux Romains :
« Nous
savons bien que la Loi est une réalité spirituelle : mais moi, je suis un
homme charnel, vendu au péché. En effet, ma façon d’agir, je ne la
comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais
ce que je déteste, c’est cela que je fais. Or, si je ne veux pas le mal
que je fais, je suis d’accord avec la Loi : je reconnais qu’elle est
bonne. … Si je fais le mal que je ne voudrais pas, alors ce n’est plus moi
qui agis ainsi, mais c’est le péché, lui qui habite en moi. … Malheureux homme
que je suis ! Qui donc me délivrera de ce corps qui m’entraîne à la
mort ? Mais grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ notre
Seigneur ! » (Rm 7, 14-25)
Voilà une des meilleures descriptions de
ce qu’on appelle le « combat spirituel ». Or ce combat, tout
comme il en était pour saint Paul, il se vit au-dedans de nous et de façon
cachée. Seul Dieu est témoin de ce combat. Et c’est sur la qualité de ce combat
que personnellement je juge la qualité d’une vie chrétienne. Ce sont les
petites et les grandes victoires que nous vivons au-dedans de nous et sans
témoin qui plaisent le plus à Dieu. De cela, je suis de plus en plus
convaincu. Notre sainteté se joue au niveau de notre conscience et non pas
au niveau de nos actes extérieurs. Dans une histoire inventée par Jésus dans les
évangiles, des personnes se voient refusé l’entrée au ciel et manifestent leur
étonnement :
« Quelqu’un
lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient
sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous
d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à
entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé
pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la
porte, en disant : “Seigneur, ouvre-nous”, il vous répondra : “Je ne sais
pas d’où vous êtes.” Alors vous vous mettrez à dire : “Nous avons
mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.” Il vous
répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous
qui commettez l’injustice.” Là, il y aura des pleurs et des grincements de
dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le
royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. » (Lc
13, 23-28)
Si je transpose la remarque des
auditeurs de Jésus dans l’histoire que Jésus a inventée et que j’ai mise
ci-dessus, je dirais ceci en langage moderne : « Mais voyons,
Seigneur Jésus, nous avons été à la messe tous les dimanches (« nous
avons mangé et bu en ta présence ») et nous avons écouté
toutes les homélies des prêtres (« et tu as enseigné sur nos
places »). Et Jésus leur répondra : « Je ne sais pas d’où
vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ». Et
l’injustice, on la commet d’abord et avant tout dans notre cœur. Poser des
gestes extérieurs, comme par exemple aller à la messe le dimanche,
n'impressionne pas Jésus. C'est ce qui se passe dans notre coeur qui
l'intéresse.
« Vous êtes morts » (Col 3, 3)
- La MORTIFICATION
La phrase de saint Paul qui est à
l’origine de ce blogue, commence par les mots suivants : « Vous
êtes morts … ».
Je crois personnellement que ce sont nos
petits et grands gestes de mortification (le mot "mortification" vient
de "mort") que nous pouvons faire à chaque jour dans le secret de
nos vies, qui ont le plus de valeur auprès de Dieu. Je crois que ces petits et
grands sacrifices ont plus de valeur aux yeux de Dieu que la plus belle des
prédications que nous puissions faire. Dieu a voulu que je connaisse
NAZARENA, « la recluse de Rome » quelques jours avant mon
voyage à Rome. Cette femme, tout comme notre recluse à nous, Jeanne Le Ber,
m’impressionne ÉNORMÉMENT. Vivre 45 ans dans une chambre sans jamais en sortir
et ne voir le visage d’aucune autre personne sur cette terre, pas même celui
des trois papes qui sont allés la visiter (Paul VI, Jean-Paul II et le pape
François) est pour moi un témoignage de foi et d’amour extraordinaire. J’essaierai
d’aller la prier plus d’une fois là où elle a vécu sur la colline de l’Aventin
à Rome. Cette vie cachée de prière et de pénitence est le sommet de la vie
chrétienne, à mes yeux. C’est là surtout que se joue, selon moi, le salut de
l’humanité. Le pape Paul VI, est allé rendre visite à la Nazarena le 23 février
1966 qui était un mercredi des Cendres. L’auteur du livre que je lis sur cette
recluse écrit ceci : « Cette démarche (N.D.L.R. : la
démarche de Paul VI), voulait être beaucoup plus qu’une
« gentillesse ». Elle était une parabole rappelant à l’Église et au
monde en proie à de si grandes détresses la valeur inestimable et toujours
actuelle de la vie cachée en Dieu dans l’Amour. »
Aujourd’hui, en ce 4 novembre, l’Église
célèbre la mémoire de saint Charles Borromée, cet évêque qui nous est présenté
comme un modèle de pasteur. L’office des lectures du bréviaire, nous présente
une homélie de saint Charles Borromée. Voici un extrait de cette homélie:
HOMÉLIE DE S.
CHARLES BORROMÉE PRONONCÉE À SON DERNIER SYNODE
Nous sommes tous faibles, je le reconnais,
mais le Seigneur Dieu nous a donné des moyens où nous pouvons facilement
trouver du secours si nous le voulons. Voici un prêtre qui voudrait mener la
vie irréprochable à laquelle il se sait obligé, qui voudrait être chaste et
avoir la conduite digne des anges qui lui convient ; mais il ne décide pas
d'employer les moyens voulus : le jeûne, la prière, la fuite des relations
mauvaises, des familiarités nuisibles et dangereuses.
Ce sont nos « décisions
autonomes » prises dans notre conscience ou notre cœur, qui nous font le
plus grandir en sainteté.
VIVE LA VIE CACHÉE ! VIVE
NOTRE VIE CACHÉE EN DIEU AVEC LE CHRIST (vie vécue non pas seul, mais avec Jésus).
« Celui qui
m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais
toujours ce qui lui est agréable. » (Jn 8, 29)
(1)
12 mai 2014 - Bruno Lantéri et Colossiens 3, 3. Bruno Lantéri et Colossiens 3, 3. « Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu.
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