Kateri Tekakwitha et l’offrande du corps
Aujourd’hui, l’Église du Canada fête une de ses saintes, Kateri Tekakwitha, celle qu’on a appelle le « Lys des Agniers ». Les Agniers, que l’on nomme maintenant les Mohawks, sont l’une des six nations iroquoises. Kateri est la première Autochtone d'Amérique du Nord à être canonisée par l'Église catholique.
Elle doit subir les heurts de sa famille lorsqu'elle refuse l'époux qu'on lui propose. Quand le jésuite Jacques de Lamberville lui rend visite à l'automne 1675, elle demande le baptême. Après un catéchuménat de six mois, elle est baptisée le jour de Pâques 1676 sous le nom de Kateri. Pendant plus d'un an, sa famille continue de la persécuter et la prive de nourriture parce qu'elle ne veut pas travailler le dimanche. On lui lance des pierres quand elle se rend à la chapelle pour prier et une de ses tantes l'accuse même d'avoir une liaison avec son oncle. Le Père de Lamberville lui conseille alors d'aller vivre à la mission Saint-François-Xavier, sur la rive sud du Saint-Laurent, en face de Montréal.
Lorsqu'elle se rend à la mission Saint-François -Xavier, le Père de Lamberville la recommande à son confrère en ces termes: "Je vous envoie un trésor, gardez-le bien."
La direction spirituelle de Kateri est confiée au Père Cholenec qui ne tarde pas à l'admettre à la première communion. Elle manifeste une véritable faim de l'eucharistie et veut s'unir plus intimement aux souffrances du Christ. Son biographe, le Père Chauchetière, dira que la devise de toute sa vie était: "Qui est-ce qui m'apprendra ce qu'il y a de plus agréable à Dieu afin que je le fasse?" L'église devient presque sa demeure. Elle y arrive à quatre heures du matin, assiste à la première messe de l'aube et à une autre au lever du soleil. On la retrouve devant le tabernacle plusieurs fois par jour et le soir pour la prière commune.
Ardente priante, elle développe une vie intérieure dont l'élan d'amour trouve à s'exprimer avec les autres. Elle prie pour que son peuple accueille la Bonne Nouvelle de l'Amour qui la fait vivre, jeûne et se livre même à des actes de mortification excessifs qu'elle abandonne rapidement sur l'avis de son directeur spirituel.
Une visite aux Hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Montréal lui inspire le désir de se consacrer à Dieu. Avec son amie Marie-Thérèse Tegaiaguenta et la huronne Skarikions, elle veut fonder un monastère à l'Île aux Hérons. Ce projet n'a pas de suite, mais elle fait voeu de chasteté: "La chose était si nouvelle, écrit le Père Cholenec, que je crus ne devoir rien précipiter ( ... ) après avoir examiné sa conduite et les grands progrès qu'elle faisait en toute sorte de vertus et surtout avec combien de profusion Dieu se communiquait à sa servante, il me sembla que ce dessein de Kateri ne pouvait venir que de lui." (1)
Kateri est le nom qui fut donné à notre chère sainte, le jour de son baptême. Ce nom lui a été donné en l'honneur de sainte Catherine de Sienne. Kateri fut canonisée par le pape Benoît XVI, le 21 octobre 2012.
Remarques personnelles:
Ce qui me frappe le plus dans la spiritualité de Kateri, c'est son rapport au corps. Cette jeune amérindienne a souffert dans son corps toute sa vie, spécialement en raison de la vérole dont elle a été victime étant toute jeune. Mais Kateri s'est aussi imposer beaucoup de pénitences corporelles. Cette façon de traiter son corps n'est plus recommandable de nos jours. L'Église ne prône plus cela. Mais il semble que cette façon très dure de traiter son corps, était chose assez courante chez les autochtones du 17e siècle. Une chose est certaine, Kateri a voulu participer au plus haut point aux souffrances du Christ.
La messe en honneur de cette chère sainte, nous propose comme première lecture le début du chapitre 12 de la Lettre de saint Paul aux Romains. C'est un texte que je connais par coeur et que j'aime beaucoup. Jusqu'à maintenant, la traduction que je connaissais, était la suivante:
" Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu: c'est là pour vous l'adoration véritable. " (Rm 12, 1)
Or ce matin à la messe, j'ai lu et entendu pour la première fois la nouvelle traduction du lectionnaire (2) et j'ai été rempli d'étonnement:
" Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps - votre personne tout entière - en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu: c'est là pour vous, la juste manière de lui rendre un culte." (Rm 12, 1) (voir aussi: https://www.aelf.org/bible/Rm/12)
Il est évident dans ce texte, que le mot "corps" est synonyme de "personne". Mais il est très intéressant de voir cette insistance mise sur le mot "corps".
Photo: Sanctuaire de sainte Kateri Tekakwitha à
Kanhawake, sur la rive sud de Montréal. J'aime beaucoup la chapelle (ou
l'église) que vous voyez sur la photo ci-dessus. C'est à cet endroit que
l'on peut vénérer les restes de la dépouille mortelle de Kateri. Cette chapelle
est très ignatienne. Les statues en bois qui sont
au mur dans le choeur, représentent deux saints Jésuites: la statue à droite
représente saint Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de
Jésus (les Jésuites), et la statue à gauche
représente saint François Xavier brandissant le crucifix, patron de la Mission qui a accueilli Kateri dans l'actuelle province de Québec et le patron des missions dans l'Église
catholique.
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