Nadia Murad, prix Nobel de la paix
"Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles." (Lc 1, 52)
Les paroles ci-dessus ont été prononcées par Marie de Nazareth, notre Mère à tous. J'ai souvent désiré avoir les yeux et le coeur de notre Mère du ciel, car il est évident pour moi que durant son pèlerinage sur cette terre, elle voyait le monde avec des yeux différents des miens. Je me demande comment la Mère de Dieu a pu être aussi convaincue que "le Seigneur renverse les puissants de leurs trônes et qu'il élève les humbles" ? Il est vrai que la Bible regorge d'exemples prouvant cela. Que l'on pense par exemple à Moïse, Aaron et le peuple de Dieu qui ont eu la vie sauve alors que les puissants Égyptiens qui les poursuivaient, ont péri dans la mer. Ou que l'on pense au jeune David qui, sans armure, a vaincu le géant guerrier nommé Goliath.
Mais il pourrait sembler que de nos jours la phrase de Marie ne s'avère plus. Pourtant Marie a encore raison. Je viens d'apprendre un fait qui le prouve hors de tout doute, grâce au pape François et à son récent voyage en Iraq. Dans l'avion qui le ramenait à Rome, le pape a, comme à son habitude, accordé beaucoup de temps aux journalistes. Il dit que ce qui l'a motivé à aller en Iraq, ce furent, bien sûr, les invitations de personnalités importantes, mais ce fut aussi et peut-être surtout le livre écrit par Nadia Murad, intitulé "Pour que je sois la dernière". Ce livre raconte les ignominies qu'ont subi Nadia et les membres de son peuple, les Yézidis, de la part des djihadistes de Daech. Ce livre a profondément touché le pape François qui avoue avoir été en Iraq en particulier à cause de ce récit en grande partie autobiographique. Nadia y raconte comment les djihadistes ont essayé d'éliminer son peuple en tuant les hommes et en violant et vendant les femmes. Les femmes Yézidis ont été violées à répétition. Nadia nous dit que les femmes, quoique étant vivantes, se considéraient mortes, sans dignité, objets de douleurs et rebuts d'humanité, comme dirait le prophète Isaïe (c'est moi, bien sûr, qui ai inventé cette comparaison biblique).
Voici le début de son intervention au moment où elle recevait le prix Nobel de la Paix:
"Membres du comité, mesdames et messieurs, chaleureuses salutations.
J'aimerais remercier le comité Nobel de m'avoir donné cet honneur. C'est un grand honneur d'avoir reçu le prix Nobel en compagnie de mon ami le Dr Denis Mukwege qui a oeuvré inlassablement pour les victimes de crimes sexuels et pour faire valoir le point de vue des femmes qui ont été victimes de cette violence.
Aujourd'hui, j'aimerais vous parler très sincèrement et partager avec vous, comment ma vie et la vie de la communauté Yésidie a changé à cause du génocide; comment l'État Islamique a essayé d'éradiquer tout un peuple, en capturant les femmes, en tuant les hommes et en détruisant nos maisons et nos monuments. Pour moi, c'est une journée très spéciale aujourd'hui car, c'est le jour où le bien a triomphé du mal, le jour où l'humanité a triomphé du terrorisme. Le jour où les hommes, les femmes et les enfants qui ont souffert de persécution, ont été reconnus, ont triomphé sur les auteurs de ces crimes." (1)
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