Les DIX COMMANDEMENTS
Note: Dans la vidéo ci-dessus, je parle des trois commandements de la première table de la Loi. Cela est conforme à ce que j'ai appris étant jeune. Dans un tel cas le commandement qui dit "Honore ton père et ta mère", devient le quatrième commandement. Mais dans le texte ci-dessous, je préfère prendre la division qui est celle de l'Ancien Testament, selon laquelle il y a quatre commandements dans la première table de la Loi. Le commandement qui nous demande d'honorer nos parents, devient alors le cinquième commandement.
En ce troisième dimanche du Carême, l'Église nous propose comme première
lecture à la messe, un texte du livre de l'Exode qui nous présente les DIX
COMMANDEMENTS que Dieu a donné à son peuple.
PREMIÈRE LECTURE
La Loi fut donnée par Moïse (Ex 20, 1-17)
Lecture du livre de
l’Exode
En ces jours-là,
sur le Sinaï,
Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu,
qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte,
de la maison d’esclavage.
Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi.
Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut
dans les cieux,
ou en bas sur la terre,
ou dans les eaux par-dessous la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux,
pour leur rendre un culte.
Car moi, le Seigneur ton Dieu,
je suis un Dieu jaloux :
chez ceux qui me haïssent,
je punis la faute des pères sur les fils,
jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements,
je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération.
Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu,
car le Seigneur ne laissera pas impuni
celui qui invoque en vain son nom.
Souviens-toi du
jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras
et tu feras tout ton ouvrage ;
mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes,
ni l’immigré qui est dans ta ville.
Car en six jours le Seigneur a fait le ciel,
la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent,
mais il s’est reposé le septième jour.
C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat
et l’a sanctifié.
Honore ton père et
ta mère,
afin d’avoir longue vie
sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ;
tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain,
ni son serviteur, ni sa servante,
ni son bœuf, ni son âne :
rien de ce qui lui appartient. »
– Parole du Seigneur.
Il fait bon que l'Église propose les DIX COMMANDEMENTS à notre
méditation en ce temps du Carême, car lors de la veillée pascale qui approche,
nous renouvellerons nos promesses du baptême, nous nous engagerons publiquement
à fuir le mal et à choisir le bien durant le reste de nos jours sur cette
terre. En d'autres mots. nous nous engagerons à suivre les commandements de
Dieu.
La première chose que je désire dire, c'est que dans le texte de l'Exode
que nous venons d'entendre, on ne trouve pas le mot "commandement".
Voici le texte que nous avons entendu: "En ces jours-là, sur le Sinaï,
Dieu prononça les paroles que voici: "Je suis le Seigneur ton Dieu".
Il n'est donc pas question de commandements, mais de paroles. Je préfère donc
parler de "Paroles de vie", plutôt que de commandements. Ils se présentent à nous comme des commandements, mais ce sont avant tout des Paroles de vie. Dieu nous dit: "Faites cela et vous serez heureux".
On est ainsi fait qu'on n'aime pas qu'on nous dise quoi faire ou quoi ne pas faire. On a l'impression que quand on nous commande, on brime notre liberté. Cela peut être vrai quand c'est un être humain qui nous commande quelque chose. Mais dans le cas présent, c'est Dieu qui nous demande de faire certaines choses et de ne pas faire certaines choses. C'est notre Créateur qui nous parle, celui qui nous a faits, celui qui sait comment nous sommes faits. Le début de la première lecture d'aujourd'hui, nous dit: "En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici: "Je suis le Seigneur ton Dieu". Voilà celui qui nous parle, voilà celui qui nous dit comment nous serons heureux. Car nous sommes des êtres très sophistiqués, extrêmement complexes et aussi extrêmement fragiles. Pour être heureux, il faut vraiment suivre les instructions du constructeur, car sans cela on risque de tout dérégler et d'être très malheureux. Il faut voir les commandements de Dieu comme un grand cadeau. Au temps de Jésus et encore de nos jours pour les juifs, la fête de la Pentecôte célébrait justement l'Alliance conclue sur le Sinaï et le don de la Loi, le don des Dix Paroles de Vie, ou des dix commandements.
Le don de la Loi, sur le Sinaï, comporte deux tables. La première table de la Loi concerne nos rapports avec Dieu; ce sont les quatre premiers commandements (voir l'image mise au haut de ce blogue). La deuxième table de la Loi, ce sont les autres commandements qui régissent nos rapports avec le prochain. Tout de suite, le message est clair: c'est Dieu qui doit avoir la priorité dans notre vie à tous, dans la vie de chaque être humain, peu importe sa vocation dans la vie; que nous soyons célibataire, marié, prêtre ou religieux. Dieu premier servi, Dieu premier aimé. Demandons nous: est-ce que c'est comme ça dans notre vie. Dieu a-t-il la première place dans notre vie? Si nous répondons oui, donnons-en des preuves; disons ce que nous avons fait pour Dieu ou avec Dieu dans notre journée.
Dieu a de la suite dans les idées, il a toujours dit ce que nous venons d'entendre. Quand on demanda un jour à Jésus quel est le plus grand commandement, il n'a pas cité un de dix que nous venons d'entendre. Il a répondu: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable: tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Mt 22, 37-39), C'est le même ordre que nous retrouvons: Dieu d'abord et le prochain ensuite. C'est la même chose pour le Notre Père, la prière que Jésus nous a enseignée. La première partie regarde notre rapport à Dieu et c'est la plus importante; la seconde partie du Notre Père regarde l'être humain et nos rapports avec les autres. Nous vivrons bien cette seconde partie uniquement si nous mettons Dieu au centre de notre vie. Chers amis, quand nous examinons notre conscience à la tombée du jour, la première question qu'on devrait se poser, c'est celle-ci: comment Dieu a-t-il été présent dans ma journée. Est-ce que je me suis tourné vers lui, pour lui demander son aide. Si vous regardez le texte que nous venons d'entendre, il y a un élément qui saute aux yeux: les trois premiers commandements, les commandements qui regardent nos rapports avec Dieu, couvrent plus des deux tiers du texte. Les commandements qui regardent nos rapports avec le prochain couvrent moins du tiers du texte. Cela veut certainement dire quelque chose.
Il y a eu un événement extraordinaire selon moi en 2014. Roberto Benigni, l'acteur et le réalisateur du magnifique film La vie est belle, a commenté les dix commandements durant deux soirs à la télévision italienne. Neuf millions d'Italiens ont regardé ces émissions. Je n'ai jamais entendu, personnellement de commentaires aussi beaux que ceux-là sur les dix commandements. Sauf peut-être pour les commentaires sur le sixième commandement qui regarde la sexualité humaine. Après la première soirée, le pape François a téléphoné à Benigni et lui a dit: « Est-ce que tu sais tout le bien que tu fais? »
Quand Benigni commente le cinquième commandement qui dit: Honore ton père et ta mère, il nous dit que ce commandement est son préféré. Il considère que ce premier commandement de la deuxième table de la Loi, la loi qui régit nos rapports humains, regarde aussi Dieu puisque Dieu est le Père de tous. Et de fait, on peut dire en quelque sorte que Dieu est Père et Mère de tous. C'est un commandement qui fait en quelque sorte la transition entre le monde du divin et le monde de l'humain. Puisque c'est le premier commandement qui régit nos rapports avec le prochain, il était normal qu'il y soit question du prochain le plus proche: nos parents. Permettez-moi de citer ici Benigni:
Maintenant, voyons pourquoi ce commandement est spécial. Tous les autres commandements sont exprimés de façon négative ou dans leur énoncé initial ou dans leur explication. : ne fais pas ceci ou cela. Même le troisième commandement qui dit : « Rappelle-toi de sanctifier le sabbat, nous dit : « Tu ne feras aucun travail ». Certains commandements sont même assortis de punitions. Ici, dans le quatrième commandement, non seulement il n’y a pas de négation « Tu ne feras pas », ni de punition, mais au contraire, ici arrive quelque chose d’exceptionnel, que Dieu ne fait jamais avec les autres commandements : il y a une RÉCOMPENSE, il y a un PRIX directement relié au commandement, que Dieu a comme caché à l’intérieur, comme pour un cadeau. De fait, ce commandement devrait être lu comme lorsqu’on déballe un cadeau, pour voir la surprise : « qu’est-ce qu’il y a ? » Je vous lis le texte en entier : « Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. »
Ici, par manque de temps, je vais arrêter de citer Benigni mot à mot. Il nous dit que c’est extraordinaire cette promesse de Dieu. Il nous promet d’allonger notre vie, si nous honorons notre papa et notre maman. Et d’allonger notre vie sur cette terre; pas seulement dans le ciel, mais déjà sur cette terre. Cela fait du sens parce que si je prends soin de mes parents quand ils sont âgés, si je prends bien soin d’eux, ils vivront plus longtemps. Et nos enfants qui voient cela, feront, je l'espère la même chose pour nous et ainsi, vraiment, nous vivrons plus longtemps. Et il y a plus. Dieu emploie le verbe « honorer ». Il ne dit pas « aime tes parents » ou « respecte tes parents ». Il dit « honore tes parents ». Or le mot « honore » dans la Bible, est un mot qu’on utilise normalement seulement pour Dieu. On le réserve pour Dieu. C’est une parole qui appartient à Dieu, d’ordre privé; et Dieu prend cette parole et l’applique aux parents. Quelle merveille !
Quand Benigni commente le cinquième commandement qui dit: "Tu ne commettras pas de meurtre", il dit que c'est quand même incroyable que Dieu doive nous commander de ne pas tuer notre semblable.
Je m’arrête ici, tout en espérant qu’un jour un livre sera fait à partir des réflexions que nous a données avec tant de joie et de classe, monsieur Roberto Benigni. Bravo monsieur Benigni, et MERCI !
Note : Jusqu'à maintenant, la plupart des vidéos mises sur le web où l'on voit Roberto Benigni expliquer les commandements, sont en langue italienne. Je n'ai trouvé que deux vidéos qui sont sous-titrées en français. Je les ai mises ci dessous. La traduction est généralement très bonne. Je noterai une erreur de traduction pour chacune d'elles. Grâce à ces vidéos, le public francophone peut au moins goûter un peu au génie que Benigni a mis dans ces soirées. Il est vrai que le célèbre acteur n'a pas écrit seul ces enseignements. D'ailleurs, au début de la première soirée, il a remercié les gens et les différentes bibles qui l'ont aidé à approfondir et aimer les commandements.
Dans la première vidéo ci-dessous, Benigni commente le dixiême et dernier commandement. Il fait une remarque géniale dès le début de la vidéo. La traduction ne nous fait pas très bien comprendre, selon moi, la beauté de ce que dit Benigni parce que les mots "Je Suis" prononcés par Dieu, ne sont pas mis suffisamment en évidence. Benigni nous dit que les toutes premières paroles des dix commandements sont celles-ci: "Io Sono" ou "Je Suis". Il nous dit ensuite que les toutes dernières paroles des dix commandments sont celles-ci: "Tuo prossimo" "Ton prochain".
JE SUIS ton prochain
Par conséquent, Dieu a rassemblé et résumé tous les commandements par ces paroles: "Je suis ton prochain".
Je relève une erreur de traduction : vers la fin de la vidéo, Benigni affirme que non seulement Dieu nous dit que chacun de nous a le devoir d'aimer son prochain, mais il nous dit aussi que chacun de nous a le droit d'être aimé. Dans la vidéo, cela n'est pas dit aussi clairement. Et la traduction ajoute une phrase que Benigni n'a pas prononcée, à savoir que "l'autre (le prochain) a aussi le devoir de nous aimer".
La vidéo ci-dessous est en quelque sorte la suite de la vidéo précédente. Dans cette vidéo, Benigni utilise un impératif et nous donne en quelque sorte un ordre: "Dépêchons-nous d'aimer". La traduction utilise un indicatif présent: "Nous nous dépêchons d'aimer". Voilà une petite erreur de traduction.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire