Homélie 5ème dimanche du Carême

 Homélie 5ème dimanche du Carême  

 

Paroisse St-Paul l'Ermite (5ème Dimanche du ... - YouTube

  

Homélie du dimanche à la Paroisse St-Paul l'Ermite, Québec, CanadaPar: Guy Simard, PÈRE DE LA ...

Il y a 14 heures · Téléversé par Normand de Tilly

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  (Jn 12, 20-33)

En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.

Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
“Père, sauve-moi
de cette heure” ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

– Acclamons la Parole de Dieu.

Nous lisons en ce moment en Église, l'évangile selon Saint Jean. Cet évangile est très différent des trois autres évangiles qui eux se ressemblent beaucoup. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on appelle les évangiles selon saint Matthieu, saint Marc et saint Luc: les "évangiles synoptiques", en raison du fait qu'ils racontent souvent les mêmes faits, avec quelques différences. Mais saint Jean est unique dans sa façon de raconter et de procéder. On est moins dans l'action en quelque sorte chez saint Jean, mais plutôt dans la contemplation. 

Aujourd'hui, je veux m'arrêter à trois phrases de l'évangile que nous venons d'entendre; trois phrases qui sont merveilleuses. Jésus nous dit:   

"L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit." (Jn 12, 23-24)

Cette phrase, Jésus l'a prononcée quelques jours avant de mourir alors qu'il est à Jérusalem pour la fête de la Pâque, sa dernière Pâque, celle où il instituera la Pâques nouvelle, sa Pâques. 

Jésus dit aux Juifs: "L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié." Le mot "glorifié" ici, est un mot typiquement johannique, c'est-à-dire propre à saint Jean. Quand saint Jean parle de la gloire de Jésus, il n'a pas à l'esprit la gloire dans le ciel; non; il a à l'esprit la mort de Jésus sur la croix. Pour saint Jean, la gloire de Jésus, c'est d'abord sa mort. Saint Jean a écrit son évangile quand il était très âgé. Il est mort à l'âge de 90 ans. Il a eu le temps de réfléchir et de méditer la vie et les paroles de Jésus. Pour lui, la gloire, c'est d'abord la mort et la mort, c'est d'abord l'amour. Alors que je préparais cette homélie, j'ai été frappé par le fait que la mort et l'amour, ça sonne presque pareil. "La Mort, L'Amour; l'Amour. la Mort". En italien on dit "L'AMORE et LA MORTE. Entre ces deux mots, l'amore et la morte, il n'y a qu'une lettre de différence et c'est le "t", qui ressemble à une croix. Pour un chrétien, la croix, c'est l'amour. Jésus a dit: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime " (Jn 15, 13) Et donner sa vie ici, c'est véritablement aller jusqu'à la mort, par amour de la personne aimée. 

J'écoute rarement la radio. Pendant longtemps, c'est seulement quand j'étais dans l'automobile que j'écoutais la radio. Maintenant, dès que j'allume le moteur de l'auto, c'est le chapelet que j'entends sur un CD. Mais quand j'écoutais la radio, il m'arrivait assez souvent d'entendre des animateurs ou animatrices de la radio à Montréal, critiquer le christianisme. Quand ils parlaient par exemple d'une réalité ou d'une vision particulière, ils disaient: "Cela, c'est très judéo-chrétien, cela fait l'éloge de la souffrance." Et pour ces animateurs et animatrices, cela, c'est terrible: une vision de l'être humain et de la vie qui prône la souffrance, c'est terrible. Une vision de l'être humain qui valorise la mort, c'est terrible. Quand j'entendais ça, ça me fâchait. Maintenant, ça me fait presque rire. Cela me montre que ces personnes à qui on donne facilement le crachoir, je veux dire par là qu'on leur donne le micro pour que possiblement des millions de personnes les entende, ne savent pas grand chose de la vie; et pas seulement de la vie humaine, mais de la vie tout court. Ils ne semblent même pas connaître les lois de la nature.   

Et ici, nous arrivons à la deuxième phrase de Jésus que j'ai dit que je commenterais: 

"Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit " (Jn 12, 24)

Jésus, pour faire comprendre ce qu'est la vie humaine, et faire comprendre la vie surnaturelle, s'est souvent servi de la nature, de la vie naturelle. Toute la nature nous montre qu'il faut une mort pour qu'il y ait émergence de la vie. Jésus a raison, si le grain de blé tombé en terre ne se désagrège pas, s'il ne meurt pas, rien ne poussera. De même, si les arbres ne se dépouillaient pas de leurs feuilles à l'automne, nous ne connaîtrions pas l'effervescence de la vie au printemps. Jésus a dit aux disciples d'Emmaüs: "Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire." (Lc 24, 26)

C'est une règle de l'amour que de mourir, mourir à soi-même, Pour aimer, il faut s'oublier, se détourner de soi-même, se sacrifier. Aimer, c'est vouloir le bien de l'autre. Et pour procurer le bien de l'autre, il faut souvent souffrir. Quand le jeune bébé pleure la nuit, qui se lève pour l'apaiser? La maman ou le papa. Quand une personne est très malade, il nous arrive de veiller auprès d'elle, même la nuit. Ça c'est de l'amour. L'amour rime très souvent avec la mort. Aimer, c'est mourir à soi, pour procurer du bien-être à l'autre.  

C'est ce que Jésus dit dans une autre phrase de l'évangile d'aujourd'hui: "Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle." (Jn 12, 25).

Jésus est venu nous apprendre le véritable amour. La société dans laquelle on vit, est une société essentiellement hédoniste, une société qui recherche avant tout le plaisir. Je n'ai rien contre le plaisir; j'aime avoir du plaisir. Mais je sais que ma vocation à aimer impliquera toujours un renoncement; un renoncement aux plaisirs et à mes aises. Aimer, c'est vouloir le bien de l'autre et pour cela il faut s'oublier, se mortifier, n'en déplaise aux gens qui pensent le contraire. 

Mais il ne suffit pas de savoir qu'il faut aimer; il faut surtout le faire; il faut surtout aimer. Et c'est là que notre foi en Dieu vient jouer son rôle. C'est Dieu qui me donnera la force d'aimer et d'aimer comme Lui. Lors de cette eucharistie, quand nous recevrons la Trinité dans notre coeur, à la communion, demandons à notre Dieu d'y déposer son AMOUR, car nous en aurons bien besoin durant toute la semaine. Amen.