Jésus: " Un homme avait deux fils ..."
ÉVANGILE
Évangile de Jésus Christ, selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même
manière.
Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent :
« Le premier. »
Jésus leur
dit :
« Amen, je vous le déclare :
les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean le Baptiste est venu à
vous sur le chemin de la justice,
et vous n’avez pas cru à sa parole ;
mais les publicains et les prostituées y ont cru.
Tandis que vous, après avoir vu cela,
vous ne vous êtes même pas repentis plus tard
pour croire à sa parole. »
– Acclamons la Parole de Dieu
Aujourd’hui le Seigneur Jésus adresse un grand reproche aux
prêtres et aux anciens du peuple de son temps; autrement dit, aux personnes
supposément les plus religieuses et les plus sages de son époque. Par les
propos que Jésus leur adresse, on voit une fois de plus la grande liberté de
Jésus. Jésus ne se laisse pas impressionner par les titres et les convenances.
Il dénonce à temps et à contretemps les erreurs et les torts de tout le monde,
surtout des grands. C’était d’ailleurs le rôle des prophètes de l’Ancien
Testament, d’éclairer toutes les catégories de gens : les grands comme les
petits. Or Jésus est LE PROPHÈTE PAR EXCELLENCE.
Quel est le grand reproche que Jésus adresse aux prêtres et
aux anciens de son peuple. Je dirais qu’il leur reproche surtout leur
IRRÉFLEXION : il leur reproche de ne pas réfléchir à ce qu’ils voient et à
ce qu’ils entendent. Et pourquoi est-ce qu’ils ne réfléchissent-ils pas ? Parce
que leurs idées sont toute faites d’avance. Ils ont leurs idées et ils ont
décidé dans leur cœur, qu’ils avaient leur vérité et qu’ils ne changeraient
plus d’avis.
Jésus leur dit : « Jean Baptiste est venu à vous
sur le chemin de la justice et vous n’avez pas cru à sa parole. »
Jésus nous dit que Jean Baptiste est venu pour tout le monde
et tout le monde a entendu ses paroles. Les prêtres sont venus entendre ce que
Jean le Baptiste disait. Mais ils sont venus surtout l’entendre pour le
discréditer, pour avoir des arguments à donner contre ses propos. Ils n’avaient
pas le cœur ouvert, le coeur libre. Donc, leur cœur ne pouvait pas être touché. Jésus dit à ces
notables du peuple que les publicains et les prostituées eux, ont entendu les
paroles de Jean le Baptiste et ils y ont cru. Et à cause de cela, ils ont changé leur manière de
vivre. Donc, les publicains et les pécheurs avaient le cœur beaucoup plus libre
que certains sages de l’époque. Quand quelqu’un a le cœur libre, la Parole de
Dieu peut pénétrer dans son cœur et le transformer. Et Jésus, la Personne libre
par excellence a osé dire aux prêtres et aux anciens : « Amen je
vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le
royaume de Dieu. »
L’évangile d’aujourd’hui donne une grande leçon aux gens
d’aujourd’hui et aux gens de tous les temps. Dieu, en Jésus, est venu vers nous
pour nous dire et nous donner les Paroles de vie. Très souvent, les personnes
qui mènent une mauvaise vie et qui entendent les Paroles de Jésus, sont
touchées, bouleversées et changent de vie. Mais les gens qui ne se considèrent
pas mauvais, qui ne pensent pas commettre de mal, ne sont pas touchés par les
Paroles de Jésus. Voilà le drame. Pour que la Parole de Dieu s’infiltre dans
les cœurs, il faut commencer par admettre que notre vie n’est pas sans
reproche. Les prêtres et les anciens au temps de Jésus, ne se considéraient pas
pécheurs.
Il y a des choses qui m’attristent dans notre société. Voici
une de ces choses : je me rends compte (et je ne suis pas le seul à me
rendre compte de cela) que très souvent, vers l’âge de 20 ans, on décide
dans notre cœur que Dieu existe ou qu’il n’existe pas. Et cette décision semble
irrévocable. On a décidé une fois pour toutes. Comme c’est bizarre cette
attitude et comme c’est néfaste! Comment se fait-il que pour une question
aussi importante que l’existence de Dieu, on décide vers 20 ans dans notre cœur,
que la question est résolue à jamais. Quelle aberration! Mais nous savons que la
grâce de Dieu est toute puissante; elle peut briser toutes les résistances,
elle peut ouvrir tous les cœurs. Demandons à Dieu durant cette messe, de
toucher tous les cœurs, spécialement les cœurs les plus endurcis.
Aux parents qui sont ici aujourd'hui, je suggère ceci. Il y en a parmi vous qui ont des enfants de trente ans, de quarante ans ou de cinquante ans. Je suis certain qu'il y en a parmi vous dont les enfants ne sont plus chrétiens ou même qui se disent athées. Vous connaissez vos enfants mieux que moi. Et vous soupçonnez certainement certaines choses concernant leur vie spirituelle. Je suis sûr que vous n'abordez presque jamais, sinon jamais, les questions religieuses avec vos enfants. Mais il est bon parfois, une fois de temps en temps, de mettre cette question sur le tapis, en particulier si vous soupçonnez que vos enfants n'ont plus la foi chrétienne. Je vous invite, dans ce cas à leur demander la prochaine fois que vous les verrez: " Dis donc Andrée ou André, etc. est-ce que tu crois en Dieu?" Et si votre enfant répond: "Non, je ne crois pas en Dieu", vous pourrez lui demander: " À partir de quel âge as-tu cessé de croire en Dieu?" Et s'il vous répond: "Vers l'âge de vingt ans", vous pourriez lui demander: "Crois-tu qu'à cet âge-là, tu avais suffisamment d'expérience et de maturité pour juger d'une question aussi importante et fondamentale? As-tu essayer d'approfondir cette question depuis ce temps? Je ne comprends pas qu'on puisse baser toute sa vie sur une question aussi essentielle, à partir d'un jugement de valeur posé à vingt ans." Et vous laissez votre enfant avec ces questions en tête. Cela pourra peut-être susciter en lui une réflexion bénéfique.
J’ai dit, au début de cette homélie, que le grand reproche que Jésus adresse aux prêtres et aux anciens du peuple, c’est leur IRRÉFLEXION, leur MANQUE DE RÉFLEXION. On peut déduire cela de la dernière phrase de l’évangile d’aujourd’hui : « Tandis que vous, les prêtres et les anciens, après avoir vu les publicains et les prostituées croire aux paroles de Jean-Baptiste et se repentir, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard, pour croire en sa parole. » Voilà l’irréflexion. Non seulement les notables du peuple n’ont pas cru aux paroles de Jean-le-Baptiste, mais ils n’ont pas été touchés, interpellés par ce qu’ils ont vu, ce dont ils ont été témoins : la conversion des pécheurs et des prostituées. Voilà l’irréflexion. Cet évangile est aussi une réflexion sur le temps. Le temps nous est donné pour que nous réfléchissions sur notre vie à partir des paroles et des gestes de Jésus et à partir de ce que Dieu fait dans les coeurs.
Une des plus belles caractéristiques de la vie et de la personnalité de la Vierge Marie que nous donne l’évangile selon saint Luc, c’est précisément la « réflexion ». À deux ou trois reprises saint Luc nous dit, dans les premiers chapitres de son évangile, que Marie retenait dans son cœur tous les événements de la vie de Jésus et les méditait. On ne nous parle pas ici des paroles de Jésus, mais des événements de sa vie; de ses gestes et de ses actions. Marie ne méditait pas seulement sur les paroles de son Fils, mais aussi sur ses faits et gestes. Les prêtres et les anciens du temps de Jésus, non seulement ont été imperméables aux paroles de Jean le Baptiste, mais ils ont aussi été insensibles aux événements qui se déroulaient sous leurs yeux, dont la conversion des pécheurs.
Ô Marie, apprends-nous à réfléchir sur notre vie et surtout
sur ce que Dieu fait dans notre quotidien. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire