La démolition de nos églises
Photo: Journal "Le Soleil ", 27 juin 2019
"Le diable tout fier, dit à Dieu: "Avec un seul petit virus, moi, j'ai
réussi à fermer toutes tes églises." Avec un sourire, Dieu lui répond:
"Au contraire, j'en ai ouvert une dans chaque maison." À sa
manière, l'humour exprime souvent des vérités." (1)
Certaines personnes sont attristées de voir les églises être détruites une par une à Montréal, ou affectées à d'autres fins que le culte de Dieu. Je suis du nombre. Je suis très triste de voir cela. Je suis originaire de la ville de Québec. Ma famille possède un chalet au Lac Sergent à quarante minutes au nord de la ville de Québec. Au Lac Sergent, il y a une magnifique chapelle. L'autel principal est fait en forme de bateau à voile.
Chapelle Notre-Dame-de-la-Paix 1908 - 2008, Ville du Lac Sergent
Cette chapelle a bercé toute mon enfance et mon adolescence, jusqu'à l'âge adulte. En 2008, nous avons fêté la "belle centenaire" en l'honneur du centième anniversaire de sa construction. Mgr Maurice Couture, archevêque émérite de Québec, est venu à la chapelle, présider une messe à cette occasion. Quelle ne fut pas ma tristesse d'apprendre en 2017 que la magnifique chapelle avait été vendue à la ville du Lac Sergent et ne servirait plus au culte. Jamais une fermeture d'église ne m'avait autant attristé. Je m'en souviens encore comme si c'était hier.
Il est normal d'être triste de la disparition de nos églises, mais il est anormal selon moi, de vouloir les conserver à tout prix; et en particulier au prix de la santé physique et psychologique des curés de paroisse. Et croyez-moi, j'en sais quelque chose. Le plus gros des énergies de plusieurs curés à Montréal est de voir au maintien de leurs églises qui n'ont pas été entretenues au fil des années en raison d'un manque criant d'argent dû, très souvent, à une absence de vision ou de prévoyance. Les curés et les marguillers ne sont pas tellement habitués de consulter des actuaires. Et même si les églises avaient été bien entretenues jusqu'à maintenant, il est très clair qu'avec un taux de pratique de 2% comme c'est le cas dans notre paroisse actuelle, il est utopique de vouloir maintenir ouverts de si gros bâtiments.
Le blogue qui précède celui-ci a pour titre: "La réouverture de nos églises". Je témoignais dans ce blogue de la joie que nous avons eue dimanche dernier de réouvrir les deux églises de notre paroisse, après quatre mois de pandémie. Oui, ce fut un moment de grande joie. Mais cette joie ne doit pas nourrir une illusion: l'illusion de croire que les chrétiens de Montréal ont pour tâche de maintenir en bon état leurs églises. Ce serait un fardeau beaucoup trop lourd pour eux et qui mènerait à une dépense considérable d'argent, argent pratiquement jeté à l'eau. Car la déchristianisation de Montréal n'a pas encore atteint, malheureusement, le fond du baril. Croire le contraire, c'est faire preuve à mes yeux, de pensée magique.
Alors que faire ? Il nous faut revenir à ce que les premiers chrétiens ont vécu: ils ont vécu leur foi dans les églises domestiques. C'est ce vers quoi orientait le texte du Père Normand Provencher, omi, mis au début de ce blogue. Les premiers chrétiens se réunissaient dans des maisons, dans leurs maisons. C'est à cela qu'il nous faut revenir. Et on ne peut pas douter de la fécondité d'une telle façon de faire.
"Si de nombreuses questions demeurent sans réponse à propos
des premiers lieux du culte chrétien, on connaît bien dorénavant les
étapes qui ont abouti à la conception d’édifices spécialisés, ceux
que nous appelons génériquement les églises. Pendant la plus grande
partie des trois premiers siècles du christianisme, les chrétiens ne
bâtissent pas d’édifices spécifiques, se contentant d’utiliser des
maisons d’habitation en adaptant au besoin au culte tout où partie
de bâtiments existants. Le seul cas d’église pré-constantinienne
connu par l’archéologie est la « maison des chrétiens » de Doura
Europos, dont l’utilisation n’a entraîné de modifications que de
l’architecture intérieure et de la décoration, sans rendre le bâtiment
remarquable de l’extérieur." (2)
Je suis tout à fait d'accord avec la vision du Père Henri Boulad, s.j., qui, dans une homélie au lendemain du terrible incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris, disait: " Pourquoi une église de pierres quand l'Église de chair ne croit plus à grand-chose ? " (3)
Cela ne veut pas dire qu'on doive démolir toutes les églises qui sont sur le territoire de Montréal. Nous ne sommes tout de même pas en période de persécution (pour le moment du moins) comme l'étaient souvent les premiers chrétiens; mais cela veut dire qu'on ne devrait conserver que quelques églises parmi les moins volumineuses et les moins coûteuses. Cela est évident dans mon esprit.
Il est malheureux de le dire, mais la grosseur des églises à Montréal et leur état actuel, sont devenus des obstacles à l'évangélisation vers laquelle semble nous pousser l'Esprit Saint en cette période de notre histoire et particulièrement en ces mois de pandémie.
(1) Normand Provencher,
Dieu serait-il en confinement?, Revue Notre-Dame-du-Cap, Juillet-août 2020, p. 21.
(2)
Les lieux de culte chrétiens et le sacré dans l'Antiquité tardive
14 janv. 2010 -
par C Sotinel - 2005 -
(3) L'Église renaîtra autrement
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Aujourd’hui, en ce 2 mai 2019, l’Église universelle célèbre un des plus grands docteurs de l’Église: saint Athanase. Saint Athanase a vécu au quatrième siècle. Il a été évêque et patriarche d’Alexandrie en Égypte.Peu d’évêques ont été aussi persécutés que lui.
dieumajoie.blogspot.com
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