Le bon Samaritain
Il y a des concours de
circonstances qui nous font voir la main de Dieu, cette main qu’on appelle la Providence.
En plein Jubilé de la
Miséricorde , le Seigneur a voulu que soit proclamée en
Église, en ce quinzième dimanche du temps ordinaire, la page évangélique que
l’on appelle communément: le bon Samaritain. Cette parabole du bon
Samaritain ne revient qu’une fois à tous les trois ans, durant l’année
liturgique appelée « année C ».
Le cycle des lectures du dimanche comprend trois années: année A, année B et
année C. Le Seigneur, en sa Providence, a donc voulu qu’un des plus beaux
textes évangéliques sur la miséricorde, soit proclamé durant le grand Jubilé de la Miséricorde. Oui , le
Seigneur fait bien les choses.
Nous nous approchons aussi à
grands pas des Journées Mondiales de la Jeunesse
(JMJ) qui auront lieu à Cracovie à la fin du mois. Le thème choisit pour les
dernières JMJ, sont les béatitudes. Cette année, comme il fallait s’y attendre,
la béatitude thème des JMJ 2016, est la béatitude suivante: « Heureux les Miséricordieux, car ils
obtiendront miséricorde ». Comme vous le savez, j’ai choisi
dernièrement de mettre notre paroisse sous le patronage en quelque sorte du Bienheureux Pier Giorgio Frassati, ce
jeune italien mort en 1925, à l’âge de 25 ans. Or en mars 1977, le cardinal
Karol Wojtyla (qui deviendra un an et
demi plus tard le pape Jean-Paul II) à Cracovie, lors d’une exposition sur
les béatitudes, a dit de Pier Giorgio Frassati qu’il est « l’homme des huit béatitudes ». Cela
dit beaucoup sur la sainteté du jeune Pier Giorgio. Normalement, un être humain
durant sa vie, témoigne d’une des huit béatitudes proclamées par Jésus en saint
Mathieu, chapitre 5, versets 3 à 12.
Or Pier Giorgio durant sa vie, a mis en pratique les huit béatitudes.
Cependant, je crois que toutes les personnes qui connaissent Pier Giorgio
Frassati, seront d’accord pour dire que la « béatitude » dont il a le plus témoigné durant sa vie, est
celle-ci: « Heureux les
Miséricordieux car ils obtiendront miséricorde ». Pier Giorgio a essentiellement été un être de miséricorde.
Pier Giorgio Frassati est devenu
en quelque sorte au fil des ans, le patron des Journées Mondiales de la Jeunesse. En 2008, pour
les JMJ qui ont eu lieu à Sidney en Australie, les autorités religieuses
ont demandé que la dépouille mortelle de Pier Giorgio qui est conservée en la
cathédrale de Turin, soit transportée d’Italie à Sidney, pour les JMJ. Ce qui
fut fait. En ce moment, le corps de Pier Giorgio Frassati est parti en voyage
pour Cracovie, pour les JMJ 2016 qui auront lieu à la fin du mois. Il
s’arrêtera à une vingtaine d’endroits pour que des gens puissent le prier et
recourir à sa puissante intercession. Voici un texte publié par Radio Vatican:
« Les Journées
mondiales de la jeunesse (JMJ) approchent. Elles ont lieu cette année à
Cracovie en Pologne, du 25 juillet au 1er août. Lors de ce rassemblement qui
verra affluer des centaines de milliers de jeunes venus des quatre coins du
monde, le corps du bienheureux Pier Giorgio Frassati (1901-1925) sera présent.
Dans son message pour ces JMJ 2016, dont le thème est la béatitude de la
miséricorde, le Pape François recommande aux jeunes d’imiter ce jeune homme
emporté par la polio alors qu’il n’avait que 24 ans, pour réaliser les œuvres de
miséricorde.
Lors de sa visite du 21 juin
2015 à la cathédrale de Turin, le Pape François s'était arrêté quelques
instants en prière devant l'autel abritant habituellement les reliques. La
propre grand-mère du Pape avait personnellement connu ce jeune homme, dans le
Piémont du début du XXe siècle.
Pier Giorgio Frassati est un
jeune fascinant : quatre papes ont reconnu en lui un exemple à donner aux
jeunes. Étudiant à l’Institut polytechnique de Turin, il témoigne d’une
sainteté dans la vie quotidienne, à la portée de tous, pour tous les âges, dans
tous les milieux. Joyeux et passionné de montagne, il attire les jeunes de son
âge par sa vie. L’amitié pour lui est un don précieux, mais les pauvres, les
malades étaient sa principale préoccupation. » (1)
Dans le début de l’évangile
proclamé aujourd’hui en Église, un docteur de la Loi, pose à Jésus une question
pour le mettre à l’épreuve: « Que
dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ». Voilà la question
à mille dollars. Voilà LA
QUESTION à se poser, la seule véritable question qui importe
dans la vie. Et il est intéressant de noter qu’en l’année où furent fondées les
JMJ, en 1985, qui était aussi l’année internationale de la jeunesse, le pape
Jean-Paul II a écrit une lettre à tous les jeunes du monde. Cette lettre
consiste en un long commentaire de la rencontre de Jésus avec un jeune. Ce jeune homme (2)
était riche, nous disent les
évangiles. Or il accourt vers Jésus, se jette à ses pieds et lui demande: « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en
héritage la vie éternelle? » (Mc 10, 17). Le pape Jean-Paul II dit aux
jeunes que Jésus a dû être tellement heureux de voir un jeune lui poser la
question qui importe pour toute vie humaine. Pier Giorgio était un jeune homme
riche et il a très bien saisi et compris ce qu’il faut faire pour avoir en
héritage la vie éternelle.
Dans l’évangile d’aujourd’hui,
cette même question est posée à Jésus par un docteur de la loi: « Maître,
que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus, comme il le fait souvent,
répond à cet homme par une autre question: « Dans
la Loi , qu’y
a-t-il d’écrit? » Il est impossible de prendre au piège le Seigneur de
l’univers. Jésus sait très bien que ce docteur de la loi connaît en son
intelligence, la réponse à cette question. Mais la question n’est pas là. Comme
on le verra dans un instant, l’important pour Jésus, ce n’est pas tant le
« savoir », mais le « faire ». Le docteur de la Loi lui répond: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton
intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit: « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Le docteur de la
Loi a eu raison de mentionner en tout premier lieu la
primauté de Dieu : « aimer Dieu
de tout son cœur, de toute son âme, de toute ses forces », voilà le
premier dt tous les commandements. Je vais vous dire la phrase de Pier Giorgio
Frassati qui m’impressionne le plus en ce moment dans ma vie. Pier Giorgio a
dit un jour: « La foi qui m’a été
donnée au Baptême me suggère avec ferme assurance: Par toi-même tu ne feras
rien mais si tu avais Dieu pour centre de chacune de tes actions, alors tu
parviendrais jusqu’au but ». Ce qui m’impressionne le plus dans la vie de Pier Giorgio,
c’est à quel point il mettait Jésus au centre de sa vie. Sa vie était centrée
sur Jésus. Chaque jour il participait à la messe et il se nourrissait du Corps
et du Sang de Jésus. C’était là son but, son Amour, sa finalité. Et ensuite,
durant la journée, il allait visiter Jésus en ses pauvres: « Jésus me rend visite chaque jour par la
communion, et moi, je le lui rends bien modestement en visitant les pauvres. »
La grande tentation de l’être humain depuis le début de son
existence sur cette terre, c’est l’indépendance. L’être humain est sans cesse
tenté de mener sa vie comme il l’entend, indépendamment de toute contrainte et
de tout secours qui lui viendrait d’autrui et surtout d’un Être supérieur qu’on
nomme Dieu. Voilà la « grande
tentation ». Or la vérité est tout autre: nous sommes totalement
dépendants de Dieu. Sans Lui, nous ne pouvons RIEN faire. Jésus l’a dit du haut
de toute son autorité: « Sans moi, vous ne pouvez rien faire »
(Jn 15, 5). Mais avec Lui, avec Jésus, nous pouvons TOUT. Voilà ce qu’a compris Pier Giorgio;
voilà ce qu’il a vécu.
La parabole du Bon Samaritain
nous présente un homme qui est à l’image de Dieu, quelqu’un qui est tout remué
en son intérieur, dès qu’il voit la souffrance, dès qu’il est en contact avec
la souffrance. Voilà le véritable « miséricordieux »:
celui ou celle qui est profondément touché par la misère d’autrui et qui fait
quelque chose pour la soulager. Pier Giorgio, cet enfant de famille riche a été
touché très tôt par la misère. Son cœur miséricordieux, il l’a reçu de notre
Père Miséricordieux, comme un grand cadeau. Très tôt son cœur était tout remué
par la misère et très tôt il a payé de sa personne pour aider les pauvres. Nous
connaissons deux faits de sa tendre enfance qui prouvent cela. Un jour, alors
qu’il était seul à la maison, une dame pauvre sonne à la porte et demande des
sous. Le jeune Pier Giogio remarque que la dame tient dans ses bras un enfant
qui n’ai ni chaussures, ni bas. Le jeune Pier Giorgio enlève ses souliers et ses
bas et les donne à la dame en lui disant: « Pour vos enfants. ».
Un autre jour, un autre
pauvre sonne à la porte. Il sent l'alcool et se voit refusé l'aumône par son
père. Le petit Pier Giorgio se met à pleurer. Sa mère lui demande: « Pourquoi
pleures-tu ? Son cœur parle à
nouveau: « Peut-être que Jésus est passé et que nous l'avons
chassé. »
Sur son lit de mort, la
veille de sa mort, le vendredi 3 juillet 1925 (Pier Giorgio est mort le samedi 4 juillet 1925), alors qu’il venait de vivre
depuis trois jours de très grandes souffrances physiques et morales, sa pensée
se dirige vers la famille pauvre qu’il visitait chaque vendredi. Il demande
alors à sa sœur Luciana d’aller à l’étage inférieur, près de son bureau, et de
lui apporter un billet qu’elle trouvera à tel endroit. Sur ce billet, il y
avait une prescription pour un malade. Il demande à sa sœur de voir à ce que ce
billet se rende à la pharmacie et de mettre cela sur son compte. Pour être
certain que Luciana s’en souvienne, il demande un crayon et écrit avec grande
difficulté et de façon presque illisible, puisque son bras et sa main sont
presque totalement paralysés, ce qu’il vient de lui dire. Il tenait à ce que la
personne malade chez cette famille pauvre, reçoive sa médication. Ces faits
puisés dans sa tendre enfance et sur son lit de mort résument toute sa vie au
service des plus pauvres.
(1) Les reliques de Pier Giorgio Frassati seront exposées lors des JMJ de ...
fr.radiovaticana.va/...reliques_de_pier_giorgio_frassati_seront_exposées_lors_des_jm..
(2) C’est l’évangéliste Mathieu qui
nous apprend que cet homme était jeune.
Saint Marc nous parle d’un homme, sans mentionné qu’il était jeune.
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