Décès de madame Georgette Blaquière
Décès de madame Georgette Blaquière
J’ai appris hier,
grâce à l’internet, la mort de madame Georgette Blaquière. Triste nouvelle? Oui
et non. Triste nouvelle parce que l’Église catholique vient de perdre une de
ses plus illustres représentantes; joyeuse nouvelle car madame Blaquière vient
de retrouver non seulement l’époux qu’elle a perdu il y a plus de trente ans,
mais surtout l’Époux de l’humanité entière : Jésus Christ, Notre Seigneur.
Ces jours-ci, en pleine période de l’Avent, nous parlons de Jean le Baptiste
qui était, selon les dires des évangiles : l’ami de l’Époux. Or madame
Georgette Blaquière était elle aussi, vraiment, l’amie de l’Époux. Je parle
souvent de madame Blaquière, en particulier à mes paroissiens. Depuis quelque
temps, lorsque je parlais d’elle, je commençais ainsi : « Je ne sais pas si cette grande dame, cette
grand-maman, est encore vivante. J’aimerais bien le savoir ». Or j’ai
appris hier que cette noble dame est décédée le 19 novembre dernier, à l’âge
respectable de 91 ans. Pour les personnes parmi vous qui ne connaissent pas, ou
connaissent peu cette femme extraordinaire, j’ai la joie d’écrire le présent
texte sur mon blogue.
Madame Blaquière
était une femme exceptionnelle. Mariée, devenue veuve à l’âge de soixante ans,
mère de trois enfants, grand-mère et arrière grand-mère, elle a toujours eu le
souci de témoigner de sa foi et de s’engager en Église. Une fois devenue
veuve, Mgr Louis Simonneaux, évêque de Versailles, lui confia le mandat de
prêcher des retraites pour prêtres. Une de ces retraites existe en livre sous
le titre : Prêtre pour l’amour de Jésus et
de l’Évangile. Dans son livre intitulé La grâce d’être femme, madame Blaquière insiste sur le rôle prophétique
que doit jouer la femme dans le monde. Ce rôle de prophète, qui consiste à
porter la Parole
de Dieu aux gens de notre temps, par la parole et par l’exemple, madame
Blaquière l’a exercé à merveille. À tel point que le pape Jean-Paul II a désiré
un jour rencontrer cette grande dame. Le Père Daniel-Ange, dans un article de
journal écrit à l’occasion du décès de madame Blaquière, raconte cette anecdote
savoureuse:
« Dring ! Dring ! Dring !
« Allô ? Je suis le Nonce à Paris. Je vous
transmets l’invitation du Saint-Père à venir déjeuner avec lui Jeudi
prochain »
Georgette de lui raccrocher au nez : « On
ne se moque pas d’une vieille dame comme moi ! » (Du Georgette tout
craché !)
Dix minutes plus tard : « Je vous assure,
vraiment, je suis le Nonce…. C’est très sérieux. Jean-Paul II veut vous voir
sans tarder. »
De fait, une des amies les plus intimes de Jean-
Paul II, Charlotte de Habitch – « Tante Charlotte » pour les
familiers – Hollandaise mariée à un Polonais, siégeant longtemps avec
l’archevêque de Cracovie (qui deviendra Jean-Paul II) au Conseil pontifical pour les laïcs, lui
avait donné à lire : La grâce
d’être femme, ainsi
que L’Évangile de Marie, ces deux best-sellers de l’époque.
Ces deux purs chefs-d’œuvre et d’écriture et de profondeur.
Le Pape, mijotant déjà sa grande encyclique
« Mulieris dignitatem », a d’abord tenu à vivre de longs
partages avec elle. Plusieurs passages de ce brillant texte pontifical s’en
inspire manifestement (cela mériterait une étude approfondie : avis pour
une thèse de Doctorat).
Et dans sa délicatesse et son humilité, Jean-Paul II
a voulu qu’au jour de la parution officielle du document, L’Osservatore Romano
consacre une page entière à celle qui l’avait ainsi inspirée. »
Pour ma part, j’ai
lu La grâce d’être femme et L’Évangile de Marie et des passages de
d’autres de ses livres. J’ai utilisé plus d’une fois la magnifique vidéo
intitulée « L’amour humain selon le
cœur de Dieu » pour préparer des couples au mariage. « En l’honneur de madame Blaquière, je
veux aujourd’hui vous partager l’événement de sa vie qui m’a le plus marqué.
C’est madame Blaquière qui relate ce que je vais vous dire sur des cassettes
audio sur la Vierge Marie. Ces cassettes audio me furent données il y a
de cela une vingtaine d’années. Il s’agit en quelque sorte de la version audio
du livre de madame Blaquière, intitulé: L’Évangile
de Marie. L’idée maîtresse qui sera mentionnée ici, se trouve aussi de
façon succincte dans son livre intitulé « L’Évangile de Marie »,
alors que madame Blaquière commente les premiers mots de l’archange Gabriel à
Marie. Mais les détails de l’événement que je vais relater ne se trouvent,
selon moi, que sur les cassettes audio dont je viens de parler. Si quelqu’un
parmi vous savait où je pourrais me procurer à nouveau ces cassettes audio de
madame Blaquière, je lui serais très reconnaissant de m’indiquer l’endroit. Car
le témoignage que livre cette grande dame française sur la cassette, est, selon
moi, d’une importance extraordinaire.
Au début du
mouvement charismatique, madame Blaquière avait été invitée par une amie à
participer à un congrès charismatique en France. Madame Blaquière a d’abord
refusé l’invitation car elle avait entendu parler du mouvement charismatique,
de ce « parler en langues »,
etc, et elle n’était pas du tout intéressée à connaître ce mouvement. Or,
devant l’insistance de cette amie, elle accepta l’invitation. Une fois dans le
stade où avait lieu le congrès charismatique les gens se sont mis à chanter en
langues. Georgette Blaquière fut à la fois étonnée et éblouie par la beauté de
ce chant. C’est alors que la personne à côté d’elle, une pure étrangère, s’est
mise elle aussi à chanter en langues. Et elle s’est mise à chanter en grec. Madame
Blaquière a été professeur de grec. La dame à ses côtés s’est mise à chanter
les deux premiers mots de l’archange Gabriel à Marie: « Kairé kékaritoména ». Sans le savoir,
la pauvre dame a fait une erreur de grec car le mot en grec n’est pas « kékaritoména » mais plutôt: « kékaritoménê ». Cette erreur de grec n’allait pas passer inaperçue dans les oreilles
de Geogette Blaquière. Dans un premier temps, le professeur de grec s’est
offusqué de cette erreur. Ensuite, madame Blaquière s’est mise à réfléchir sur
le sens du mot « kékaritoménê »
et, alors qu’elle réfléchissait à ce mot, Dieu lui a fait une grâce insigne pour sa vie personnelle. Le mot « kékaritoménê »
est un verbe en grec, à un temps qu’on appelle « l’aoriste ». Ce temps n’existe pas en français pour les
verbes. L’aoriste est utilisé en grec pour désigner une action qui a commencé
dans le passé, qui continue dans le présent, et qui ne finira jamais, qui se
perpétuera dans le futur. L’ange Gabriel disait donc à Marie: « Réjouis-toi (« kairé ») toi qui as reçu
toute la faveur de Dieu, toi qui la reçois en ce moment et toi à qui elle ne
sera jamais enlevée » (« kékaritoménê »).
C’est pourquoi j’aime le chant: « Réjouis-toi, Marie, toute aimée de Dieu » car une fois que
l’on comprend ce qu’est l’aoriste, on interprète les mots de ce chant dans le
sens suivant: l’amour de Dieu pour Marie a toujours existé et existera
toujours. Et, ce qui est merveilleux, c’est qu’il en est ainsi aussi pour
nous : nous avons toujours été aimés de Dieu, et nous le serons toujours.
C’est alors que
Dieu a fait une immense faveur à madame Blaquière. Cette chère Georgette ne
développe pas plus que cela sur la cassette audio, mais elle laisse très
clairement entendre qu’elle se sentait mal depuis un certain temps parce qu’elle
croyait que Dieu lui avait retiré un de ses dons. On devine que madame
Blaquière avait été infidèle, en quelque sorte, à un don reçu et qu’elle
croyait que Dieu le lui avait retiré. Or ce jour-là, dans un stade de France,
Georgette Blaquière a compris dans ses tripes, dans sa chair et dans toute sa
personne, ce que saint Paul nous dit dans sa lettre aux Romains: « Les
dons de Dieu sont sans repentance » (Rom 11,
29). Depuis ce temps, madame Blaquière crie haut et fort cette vérité: quand Dieu donne, il ne reprend pas ses
dons. Si nous sommes infidèles, Dieu nous redonnera son don d’une autre
manière, mais Il ne nous l’enlèvera pas. Cette vérité peut
avoir de multiples applications dans nos vies. Je vous laisse le soin de faire
ces applications par vous-mêmes et de vous émerveiller de cette grande
vérité: « les dons de Dieu sont sans repentance ». Une des choses qui m’impressionnent le plus dans cette histoire, c’est
que Dieu se soit servi d’une erreur humaine, d’une erreur de grec, pour faire
comprendre de l’intérieur, à une de ses enfants, ces mots merveilleux de saint
Paul. Comment ne pas y voir le signe que même nos erreurs peuvent nous être
utiles et que saint Paul a eu aussi raison de dire que « tout
(absolument
tout) concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28). Madame Blaquière, à la fin du chant en langues, a demandé à
sa voisine si elle connaissait le grec. La dame à côté d’elle, lui a
répondu : « Pas du tout ».
Voici un extrait du
livre de Mme Blaquière intitulé: L'Évangile de Marie :
« Kékaritoménê"
devrait pouvoir se traduire par " toi à qui une plénitude de
grâce a été donnée, qui s'épanouit en toi aujourd'hui et qui ne te sera jamais
enlevée ". Au travers de ce mot, recevons le message que les
dons de Dieu sont sans retour. Notre vie spirituelle est bloquée souvent parce
que nous disons: Dieu m'avait donné telle grâce, je n'y ai pas répondu et Dieu
a certainement repris. Dieu m'avait donné par exemple, une vocation au
sacerdoce ou une vocation religieuse quand j'avais vingt ans; je n'ai pas
accepté cet appel ou je n'ai pas pu y durer, et aujourd'hui je me dis plus ou
moins consciemment: " Je n'ai pas été fidèle et Dieu m'a
repris sa grâce. Je serai pour toujours un raté sprirituel ". Cela
vaut autant pour le mariage. Au coeur de nos pauvres échecs humains, Dieu garde
l'alliance et reste fidèle car " Il ne peut se renier lui-même
" (2 Ti 2,13). Oui, Dieu ne reprend jamais ses dons. Jamais ! Dieu
simplement, poursuit sa quête d'amour, quels que soient nos chemins. Ce qu'Il
nous a donné alors, Il continue de nous le proposer aujourd'hui par un autre
chemin. Quant au chemin, Il a une imagination extraordinaire, faisons-Lui
confiance ! ... »
(Georgette Blaquière, L'Évangile de Marie, éditions du Lion de Juda,
1986, pp. 23-24)
Voici les livres
écrits par Georgette Blaquière : L'Évangile de Marie; Oser vivre
l'amour; Ouvriers du désir de Dieu; Femmes, selon le coeur de Dieu;
Jésus-Christ, un Dieu scandaleux; La grâce d'être femme; Prêtre pour l’amour de Jésus et de l’Évangile; Une culture de Pentecôte: libres propos sur le renouveau
charismatique.
... "veuve consacrée" ... Merci Madame Georgette Blaquière! Merci aussi père Guy!
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