L’ordination des femmes
Chers amis, j’ai mis à date plus de soixante-dix textes sur mon blogue et je commence seulement à oser parler de sujets qui sont polémiques. Je savais bien que j’arriverais un jour à traiter de tels sujets, mais je n’avais pas du tout hâte de les aborder. En cela, mon attitude est complètement différente de celle de la majorité des journalistes qui, dès qu’ils sont en présence d’une personnalité religieuse, se plaisent à lui « garrocher en pleine face » les sempiternelles questions épineuses de la morale catholique : l’avortement, la contraception, l’ordination des femmes, le mariage des prêtres. Voulant faire de mon blogue un outil authentiquement catholique, j’ai volontairement évité ce piège. J’ai consacré un an et demi à annoncer et proclamer la bonté et la magnificence de notre Dieu. Si vous lisez tous les textes que j’ai mis à date sur mon blogue, la ligne directrice ou le fil conducteur est l’infinie bonté de Dieu à notre égard, nous, ses enfants. Je suis convaincu qu’il est absolument inutile et même nuisible d’aborder des questions épineuses concernant la morale avec des gens qui n’ont pas encore fait « l’expérience de Dieu, l’expérience de la bonté de Dieu ».
Si vous avez lu la majorité des textes mis sur ce blogue, vous savez que je fais partie d’une Congrégation religieuse qui a une spiritualité ignatienne. Je veux dire par là que les Oblats de la Vierge Marie sont formés par les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Les Exercices spirituels sont une forme de cheminement spirituel vécu lors d’une retraite. Ce cheminement est très ordonné et très logique. La première semaine (nom donné à la première étape des Exercices) a comme objet le péché de l’être humain vu à la lumière de la miséricorde divine. Mais saint Ignace préparait longuement ses retraitants avant d’aborder cette première étape. Il leur faisait vivre ce qu’il appelle : « le principe et fondement ». Ce principe et fondement consiste à asseoir toute la spiritualité du croyant sur la pierre angulaire de l’amour de Dieu. Tant que cela n’est pas fait, n’est pas acquis, expérimenté et vécu par le retraitant, on ne devrait pas aborder le thème du péché. Et que dire alors des questions épineuses de la morale chrétienne? Idéalement, on ne devrait pas les aborder non plus avec des gens qui ne savent pas ou ne croient pas que Dieu est bon, infiniment bon.
Or mon dernier texte abordait une question épineuse, celle de l’avortement. J’ai volontairement choisi un titre assez neutre pour aborder cette question. J’ai choisi le titre suivant : « La peur de la vérité ». J’ai abordé cette question épineuse à cause d’un événement récent : le désir de la ministre canadienne de la condition féminine d’ouvrir le débat sur le statut du fœtus humain. J’aborde aujourd’hui une autre question épineuse, celle de l’ordination des femmes, à cause d’un autre événement : la diffusion d’une entrevue hier à la télévision canadienne lors de l’émission à caractère religieux intitulée : Second regard. M. Alain Crevier, l’animateur de cette émission, interviewait hier un prêtre belge nommé Gabriel Ringlet. La question de l’ordination des femmes a été abordée et j’ai été littéralement scandalisé d’entendre la façon dont ce prêtre interprétait la pensée de l’Église sur ce sujet. Voilà les deux principales raisons du présent message : le scandale provoqué en moi par les propos d’un prêtre catholique sur une chaîne de télévision canadienne et le souci de vérité qui m’habite.
L’abbé Ringlet a expliqué à sa façon le fait que l’Église catholique refuse l’ordination des femmes. Il a dit que si on n’acceptait pas les femmes à la prêtrise, c’était pour une raison à caractère sexuel. Car, dit-il, si la femme s’approchait de l’autel, l’autel en serait rendu impur. Cette opinion-là, je ne l’avais jamais entendue auparavant. Comme elle est incroyable cette interprétation ! Et non pas seulement incroyable, mais tout simplement scandaleuse. L'abbé Ringlet ne partage pas du tout cette opinion, mais il la présente comme étant la pensée de l'Église. Après un long pontificat sous le pape Jean-Paul II qui a développé au maximum la théologie du corps humain et qui a insisté sur la beauté intrinsèque du corps de la femme et de l’homme, on ne peut pas croire qu’un prêtre catholique lance de tels propos sur une chaîne télévisée.
Ceci m’emmène à vous dire pourquoi, selon moi, l’Église catholique n’accepte pas de femmes à la prêtrise. D’après ce que je comprends des enseignements des derniers papes, la raison principale de la non acceptation des femmes à la prêtrise est celle-ci : l’absolue liberté de Dieu. Oui, « l’absolue liberté de Dieu », telle que manifestée par Jésus Christ son Fils unique et notre Seigneur. Plusieurs choses nous frappent lorsqu’on considère les dires et les agissements de Jésus. Une de ces choses, c’est sa très grande liberté. Jésus n’était pas du tout conditionné par tous les « conditionnements » de son époque. Il était visiblement au dessus de tout cela et on l’a tué en grande partie pour cette raison. Personne avant lui n’avait autant valorisé la femme. À son époque, aucun rabbi, à ce que je sache, n’avait de femmes qui le suivaient sur la route. Jésus oui; et de nombreuses femmes à part ça. Or, comment Jésus a-t-il désiré son Église. On ne peut le savoir que par ses actions et ses gestes. Nous savons qu’il a fondé son Église sur les douze apôtres. Voilà les colonnes de l’Église. Saint Marc nous dit que Jésus choisit pour apôtres « ceux qu’Il voulait ». Pourquoi Jésus n’a-t-il pas choisi quelques femmes parmi celles qui le suivaient pour en faire des apôtres? Certains me répondront que cela ne se faisait pas de son temps. Cette explication est pour moi non recevable. Jésus a fait trop de choses qui ne se faisaient pas à son époque pour que je crois à la validité d’une telle interprétation. Voici ce que le pape Jean-Paul II affirme dans la lettre apostolique qu'il a écrite sur la dignité et la vocation de la femme:
« En n'appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d'une manière totalement libre et souveraine. Il l'a fait dans la même liberté avec laquelle il a mis en valeur la dignité et la vocation de la femme par tout son comportement, sans se conformer aux usages qui prévalaient ni aux traditions que sanctionnait la législation de son époque. C'est pourquoi l'hypothèse selon laquelle il aurait appelé des hommes comme Apôtres en se conformant à la mentalité répandue en son temps ne correspond pas du tout à la manière d'agir du Christ. «Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes la voie de Dieu en vérité..., car tu ne regardes pas au rang des personnes» (Mt 22, 16). Ces paroles illustrent parfaitement le comportement de Jésus de Nazareth. On trouve là aussi une explication pour l'appel des «Douze». Ils sont auprès du Christ pendant la dernière Cène; eux seuls reçoivent le commandement sacramentel: «Faites cela en mémoire de moi» (Lc 22, 19; 1 Co 11, 24), lié à l'institution de l'Eucharistie. Au soir du jour de la Résurrection, ils reçoivent l'Esprit Saint pour pardonner les péchés: «Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus» (Jn 20, 23). » (Jean-Paul II, Lettre apostolique Mulieris dignitatem, no. 26)
« En n'appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d'une manière totalement libre et souveraine. Il l'a fait dans la même liberté avec laquelle il a mis en valeur la dignité et la vocation de la femme par tout son comportement, sans se conformer aux usages qui prévalaient ni aux traditions que sanctionnait la législation de son époque. C'est pourquoi l'hypothèse selon laquelle il aurait appelé des hommes comme Apôtres en se conformant à la mentalité répandue en son temps ne correspond pas du tout à la manière d'agir du Christ. «Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes la voie de Dieu en vérité..., car tu ne regardes pas au rang des personnes» (Mt 22, 16). Ces paroles illustrent parfaitement le comportement de Jésus de Nazareth. On trouve là aussi une explication pour l'appel des «Douze». Ils sont auprès du Christ pendant la dernière Cène; eux seuls reçoivent le commandement sacramentel: «Faites cela en mémoire de moi» (Lc 22, 19; 1 Co 11, 24), lié à l'institution de l'Eucharistie. Au soir du jour de la Résurrection, ils reçoivent l'Esprit Saint pour pardonner les péchés: «Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus» (Jn 20, 23). » (Jean-Paul II, Lettre apostolique Mulieris dignitatem, no. 26)
Quand Jésus a institué l’eucharistie et le sacerdoce dans le cénacle, le soir du Jeudi Saint, Il a tenu à ce que, autour de la table, il n’y ait que ses apôtres. Cela on le sait de source sûre. C’est aux douze que Jésus a dit : « Faites ceci en mémoire de moi. ». Quand il a dit à ses apôtres et à ses disciples d’attendre en prière la venue de l’Esprit Saint, hommes et femmes étaient réunis dans ce même cénacle et ont reçu l’Esprit-Saint, le jour de la Pentecôte. Voilà des faits. À partir de ces faits, l’Église se trouve devant un mystère, devant la bien mystérieuse façon dont Dieu voit le monde. Et nous devons accepter cela sans comprendre. Les derniers papes nous disent qu’il semble bien que Jésus ait voulu que le sacerdoce soit confié à des hommes. Et les papes ont toujours tenu à respecter cela. Ils ne se sont jamais sentis investis de l’autorité suffisante pour aller contre une volonté divine, fut-elle implicite. Le pape Jean-Paul II a définitivement tranché la question, le 22 mai 1994, en la solennité de la Pentecôte:
« Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours, elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.
C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église. » (Jean-Paul II, Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, no. 4)
« Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours, elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.
C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église. » (Jean-Paul II, Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, no. 4)
Nous posons tous, dans notre vie, des gestes difficiles à expliquer. Voici pour ma part, un de ces gestes. J’aime beaucoup lire Eric-Emmanuel Schmitt. Tellement que lors d’un de ses séjours à Montréal, j’ai été à une séance de signature dans une librairie de la rue Saint-Denis. Je tenais à rencontrer cet écrivain. J’ai apporté avec moi le livre de Schmitt intitulé « Mes Évangiles ». C’est dans l’introduction de ce livre que Schmitt nous parle des deux nuits les plus importantes de sa vie. La nuit où, dans le désert du Hoggar, il passa de l’athéisme à la croyance; et la nuit où il devint chrétien. Ce livre revêt donc un caractère très spécial pour moi. Si je me suis déplacé pour rencontrer cet homme, c’était aussi pour faire plaisir au fils d’un de mes meilleurs amis qui a lu tous les livres d’Éric-Emmanuel Schmitt. J’ai fait signer par Schmitt une carte pour ce jeune.
Voici, textuellement, ce que M. Schmitt a écrit dans mon livre :
Pour Guy,
Ces textes pour rendre le mystère présent, palpable, surtout pas le supprimer.
Avec toute ma sympathie,
Bien à vous,
EES
Montréal, 12 mars 2007
Ces quelques mots écrits par l’écrivain francophone le plus lu sur notre planète, sont tout à fait appropriés aux propos que je viens de tenir. Dieu est mystérieux; Dieu est mystère; on ne comprend pas toujours, on ne comprend pas souvent ses agissements. Et c’est normal; Il est Dieu. Mais nous devons nous incliner devant sa mystérieuse Volonté. Il ne nous appartient pas de vouloir le faire changer d’avis lorsque nous croyons sincèrement connaître sa pensée.