LE GRAND COMMANDEMENT
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| Homélie du père Guy Simard,omv le 30e dimanche du temps ordinaire A. www.facebook.com |
L'évangile de ce dimanche (le trentième dimanche du temps ordinaire) :
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 34-40)
En ce temps-là,
les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
L'évangile proclamé aujourd'hui dans l'Église universelle, est semblable à l'évangile de dimanche dernier en ce sens qu'il montre la primauté de l'amour de Dieu dans notre vie. Le plus important dans notre vie, est d'aimer Dieu de tout son coeur.
Tout comme dimanche dernier, les pharisiens veulent prendre Jésus en défaut et l'un d'eux, un docteur de la Loi, lui pose la question suivante: " Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? "
On comprend que les pharisiens puissent se poser cette question. Ils avaient ajoutés de très nombreux commandements à la Loi divine. De fait, ils étaient rendus à 613 commandements. On risquait de se perdre dans toutes ces lois et on était en droit de se demander lequel était le plus grand.
La première partie de la réponse de Jésus n'a pas dû surprendre les pharisiens car Jésus cite le fameux "Shema Israël" ("Écoute Israël") dans le livre du Deutéronome, chapitre 6, versets 4 et 5 :
" 04 Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique.
05 Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.
Le "Shema Israël" est une prière juive que traditionnellement les Juifs priaient deux fois par jour, au leve et au coucher. Jésus nous dit que toute personne doit aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit. Dieu est donc la personne que nous devons tous aimer le plus. Nous devons aimer Dieu plus que notre épouse ou notre mari, plus que nos enfants, et plus que nos parents. Voilà le grand, le premier commandement, selon Jésus.
Mais Jésus ne voulait pas simplement se limiter à donner le premier et le grand commandement selon la Loi. Il a tout de suite ajouter qu'il y a un second commandement qui est semblable au premier: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." Cet ajout a probablement dû décontenancer le docteur de la loi qui interrogeait Jésus. Jésus a mis une hiérarchie entre les deux commandements, mais il ne veut pas qu'on sépare le commandement de l'amour de Dieu, du commandement de l'amour du prochain. Les pharisiens faisaient tout pour que Dieu soit le premier servi, mais ils négligeaient souvent l'amour que l'on doit au prochain. Par exemple, les pharisiens ne voulaient pas que les gens viennent se faire guérir par Jésus le jour du sabbat. C'est quand même incroyable, n'est-ce pas? Ou encore ils avaient décidé qu'un certain montant d'argent devait servir au culte. Et si un père de famille avait de graves problèmes financiers et ne pouvait pas faire vivre sa famille, il ne pouvait pas se servir de ce montant d'argent destiné au culte pour aider sa famille. Jésus a reproché cela aux pharisiens et il a tout fait pour qu'ils n'oublient pas l'exigence d'aimer et de secourir le prochain.
Mais tout cela, c'est l'Ancien Testament. La Loi n'a pas été abolie par la venue de Jésus, Jésus est venu accomplir la Loi. Or Jésus, la veille de sa mort, nous a donné SON COMMANDEMENT:
"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres." (Jn 13, 34)
On voit tout de suite que Jésus apporte une grande nouveauté. Jésus ne nous commande pas d'aimer Dieu. Il nous commande de nous aimer les uns les autres. Mais cet amour est divin car Jésus nous dit qu'il faut aimer les gens COMME LUI, JÉSUS, NOUS AIME.
Lorsqu'on demande à des gens qui ne connaissent pas grand chose de la vie de Jésus, de nous dire une parole qu'il ait dite, ils mentionnent souvent que Jésus a dit: "Aimez-vous les uns les autres.". C'est déjà très beau que des personnes aient retenu cela de l'enseignement de Jésus; mais c'est insuffisant. Car le mot amour est souvent galvaudé et utilisé à mauvais escient. Pour savoir vraiment ce que signifie aimer les gens, il faut regarder vivre Jésus. Jésus aimait les gens pour ce qu'ils sont au plus profond d'eux-mêmes, pour le beau qui était souvent caché aux yeux de tous. Jésus aimait et aime les gens d'un amour chaste, qui n'est pas contaminé par la concupiscence dont l'être humain est affecté depuis le péché des origines. Jésus n'aimait pas les gens pour le bien qu'il pouvait retirer d'eux. Jésus n'avait pas peur de défendre publiquement les pauvres gens et même les gens de très mauvaise réputation. Jésus aimait tellement les gens qu'il n'avait pas peur de réprimander les personnes qui se croyaient justes et qui méprisaient les autres. Pour connaître vraiment ce que signifie le verbe "aimer", il faut connaître Jésus et le regarder agir. Et ensuite, il faut essayer de l'imiter.
Jésus n'aurait pas pu donner son "commandement nouveau" à ses apôtres quelques semaines après le début de son ministère public. Il n'a pu le leur donner qu'après avoir vécu longtemps avec eux. Il a fallu attendre que ses amis l'aient vu agir dans de très nombreuses circonstances. C'est ce qu'il a fait après trois ans de vie intime avec eux et à la veille de sa mort. Les apôtres après la résurrection de Jésus et après avoir reçu l'effusion de l'Esprit Saint, ont très bien su en quoi ils devaient surtout imiter leur Maître. Ils savaient qu'ils auraient à reproduire sa douceur, sa patience, son humilité et surtout, en un sens, son esprit de service. C'est sur cette dernière qualité, le don de soi dans le service des autres, que l'évangéliste saint Jean insiste lorsqu'il nous parle du dernier repas que Jésus a pris avec ses apôtres. Jésus s'est levé de table et il a lavé les pieds de ses apôtres. Il a ainsi montrer de façon symbolique ce qu'il n'a cessé de faire pendant trois ans: servir les gens en leur dispensant la Parole de Dieu, en guérissant les malades et en pardonnant les péchés.
Je pense que c'est surtout cette qualité de Jésus que les catholiques devraient imiter de nos jours: se mettre au service de leurs frères et soeurs chrétiens. Saint Paul, dans sa Lettre aux Galates, nous dit que nous devons travailler au bien de tous, mais surtout à celui de nos frères et soeurs dans la foi: "Ainsi donc, lorsque nous en avons l'occasion, travaillons au bien de tous, et surtout à celui de nos proches dans la foi" (Lettre aux Galates, chapitre 6, verset 10).
Dimanche dernier, il y a eu dans notre paroisse une assemblée des paroissiens dans le but d'élire deux marguilliers. Personne n'a été présenté pour cette tâche. Finalement, à force de patience, un ancien marguillier a accepté d'accomplir ce service. Il a été très généreux car il a rempli ce poste pendant plusieurs années et il est bénévole en ce moment en charge de la désinfection de l'église Saint-Marcel après les célébrations dans l'église et les activités dans nos salles. C'est très mauvais signe que nous ayons autant de difficulté à recruter des marguilliers. C'est un signe avant-coureur de mort. Une communauté chrétienne est vraiment une communauté lorsque chaque membre a le souci des autres et met ses talents au service des autres dans la mesure de ses possibilités. Nous avons des bénévoles extraordinaires, qui se dévouent depuis des années pour la vie de la paroisse. Mais ils deviennent de plus en plus âgés et sont presque à bout de souffle. Je ne comprends pas que plusieurs paroissiens ne semblent pas soucier de ces gens qui restent en poste parce qu'il n'y a personne pour les remplacer. Comment se fait-il que ces chers bénévoles ne soient pas des exemples et des stimulants auprès des autres membres de la communauté. Comment se fait-il que leurs exemples ne soient pas suivis et imités. Quand ces bénévoles seront au bout du rouleau, on devra probablement fermer la paroisse, ce qui serait très triste. ll est vrai que la Covid 19 accentue l'odeur de mort dans la paroisse. Mais c'est précisément quand les choses vont mal, qu'on devrait être davantage solidaires et actifs pour le bien des autres. Interrogeons-nous sérieusement sur ce que Jésus attend de nous en ces temps difficiles, pour que nous nous mettions au service les uns des autres.