L’Esprit
Saint en Philippe Néri
Saint Philippe Néri
Je lis en ce moment une vie de saint Philippe Néri.
Cela faisait longtemps que je désirais lire une vie de ce saint, mais ce n’est que
maintenant que je réalise ce désir. Je me sens une fois de plus guidé par
l’Esprit Saint. Pourquoi lire la biographie de ce saint en ce moment dans ma
vie? Je pense que la lecture de la vie de saint Philippe Néri tombe pile dans
ma vie. L’implantation des Cellules
paroissiales d’évangélisation en notre paroisse, me fait me sentir proche
de la vie et de la spiritualité de Philippe. Il y a plusieurs rapprochements à
faire entre la nouvelle évangélisation telle qu’on la vit en ce moment en notre paroisse et l’expérience spirituelle et apostolique de Philippe Néri.
Philippe Néri a vécu à l’époque historique de la Renaissance. Cette époque historique
offre beaucoup de similarités avec notre époque. Je vais insister pour le
moment sur l’importance de l’Esprit Saint dans la vie de ce saint. On dit
souvent que le temps ecclésial que nous vivons en ce moment, est le temps de
l’Esprit; et je le crois personnellement. Le début de l’Église fut
manifestement le temps de l’Esprit. Les Actes des Apôtres nous montrent avec
évidence le rôle essentiel et primordial joué par la troisième Personne de la
Trinité au début de la chrétienté. On a souvent qualifié le livre des Actes des
Apôtres d’évangile de l’Esprit Saint. Philippe Néri a voulu à son époque,
vivre à la manière des premiers disciples de Jésus, à la manière des chrétiens de l’Église
primitive. C’est aussi l’appel que plusieurs d’entre nous ressentent aujourd'hui. Les CPÉ (Cellules paroissiales d’évangélisation) sont dans cette
ligne.
Philippe Néri a cultivé durant sa vie une grande dévotion à l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint le lui a bien rendu. Dans l’histoire de l’Église, nous connaissons tous des saints et des saintes qui ont été touchés ou convertis par Jésus Notre Seigneur: pensons à saint Paul, saint François d’Assise, sainte Marguerite Marie, sainte Faustine, saint Padre Pio, etc. Mais peu nombreux, semble-t-il, ont été les saints et les saintes qui ont été marqués au fer rouge de l’Amour divin par l’Esprit Saint lui-même. Philippe Néri est en tout cas au plus haut point un de ceux-là. En cela, sa vie est tout à fait remarquable et est pour moi un stimulant à développer une relation intime avec la troisième Personne de la Trinité. Voici ma traduction de quelques extraits du livre que je lis présentement:
Philippe Néri a cultivé durant sa vie une grande dévotion à l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint le lui a bien rendu. Dans l’histoire de l’Église, nous connaissons tous des saints et des saintes qui ont été touchés ou convertis par Jésus Notre Seigneur: pensons à saint Paul, saint François d’Assise, sainte Marguerite Marie, sainte Faustine, saint Padre Pio, etc. Mais peu nombreux, semble-t-il, ont été les saints et les saintes qui ont été marqués au fer rouge de l’Amour divin par l’Esprit Saint lui-même. Philippe Néri est en tout cas au plus haut point un de ceux-là. En cela, sa vie est tout à fait remarquable et est pour moi un stimulant à développer une relation intime avec la troisième Personne de la Trinité. Voici ma traduction de quelques extraits du livre que je lis présentement:
« Philippe s’est constamment senti attiré par les catacombes où il
aimait se retirer en solitaire. À cette époque, les catacombes ou grottes de
Saint Sébastien (à Rome), comme on les appelait, étaient presque les seules qui
étaient connues. On trouvait leur entrée en poussant de côté les branches
de certains arbustes tout près de l’entrée de l’église … Les catacombes, qui
étaient l’endroit où on ensevelissait les premiers chrétiens, n’avaient rien
d’effrayant … Pour Philippe, c’était l’endroit où reposaient les premiers
chrétiens dans l’espérance de la résurrection. Philippe passait souvent des
nuits entières en prière en ce lieu. Plus tard, un Dominicain du couvent
de Santa Maria Sopra Minerva a dit que Philippe avait
"vécu" à cet endroit durant dix ans.
Dans les catacombes de Saint Sébastien, quelque chose se passa qu'on
peut vraiment appeler la "Pentecôte" de Philippe. Ce fut une sorte
d'invasion du Divin dans sa vie. Cet événement est mentionné ici parce qu'avec
lui, les années d'attente et de solitude de Philippe ont atteint leur apogée.
Qu'est-il arrivé alors, dans les catacombes, en 1544 ?
Philippe était dans une petite chambre dans les catacombes, où il y a
aujourd'hui un autel et une image qui servent de mémorial à l'événement. Il
était en train de prier l'Esprit Saint avec grande dévotion, un peu avant
la Pentecôte, comme nous le dit Gallonio, son premier biographe: "C'était
l'habitude de Philippe de prier à chaque jour l'Esprit Saint, et avec une
grande humilité, de lui demander ses dons et ses grâces." Comme il priait
avec grande dévotion un jour de 1544, "il s'est senti soudainement
rempli par la puissance de l'Esprit Saint avec une telle force que son coeur
commença à palpiter à l'intérieur de son corps et à être enflammé de tant
d'amour que, sa nature n'étant pas habituée à une telle palpitation de son
coeur, il a indiqué qu'il était complètement incapable d'endurer cela."
Selon le témoignage de Pietro Consolini, un confident spécial de
Philippe durant ses dernières années, Philippe vit une boule de feu entrer dans
sa bouche et il sentit ensuite sa poitrine s'élargir au-dessus de son coeur. La
sensation du feu intérieur était si forte que Philippe se jeta par terre et
cria: "Assez, Seigneur, assez! Je ne peux pas en prendre plus."
Capecelatro écrit: "Sa prière était remplie d'amour; mais puisque
l'amour est toujours insatiable, il demanda encore plus d'amour et un amour
plus grand. » Cette prière a été
entendue: « L’amour de Dieu a débordé de son âme sur son corps; son sang a
couru si rapidement dans ses veines que son visage en fut tout illuminé et
rouge; ses yeux, ses joues, son front, tout était rayonnant d’un éclat rouge et
inhabituel. » Cette expérience de l’amour de Dieu donna à Philippe une
joie sans limite, « une félicité tout entière due à l’amour divin ».
L’historien de l’Église Ludwig Pastor écrit à
propos de cet événement: " Cet état mystique, qui demeura en lui toute sa
vie, atteint son apogée à la Pentecôte 1534, dans un événement qui peut être
comparé aux stigmates de saint François." Dante qualifia les stigmates que
François reçut sur le mont Alverne en 1224, deux ans avant sa mort, de « sceau
le plus sublime » de la dévotion au Christ. Philippe aussi, fut marqué par
Dieu d’une façon à nulle autre pareille.
Ceci est sûrement une des raisons pour
lesquelles cet événement a été si peu connu. Mais la raison principale réside
en Philippe lui-même. Sa répugnance envers tout genre d’orgueil ou d’éloge
personnel a fait en sorte qu’il a gardé le silence à propos de cet événement
jusqu`à l’approche de sa mort. Il est vrai que parfois quelqu’un pouvait l’entendre
donner des indices, mais il s’arrêtait toujours de parler en formulant cette expression qui lui est caractéristique: « Secretum meum mihi » (« Mon secret
est mien », ou « Mon secret m’appartient »).
Mais il y avait, depuis le moment de la
Pentecôte de Philippe, des effets extérieurs qu’il ne pouvait pas cacher, même
si c’était douloureux pour lui qu’ils deviennent connus. Le premier de ceux-ci
était un tremblement de tout son corps, qui faisait en sorte que la chaise ou
le banc où il était se mettait à bouger. Des témoins ont affirmé que les objets
près de lui étaient affectés par la puissance du battement de son cœur. Quand
il célébrait la messe, on craignait qu’il répande le vin ou qu’il renverse la
calice; c’est pourquoi il devait stabiliser ses coudes en les appuyant sur l’autel.
Tout le monde savait que ces extraordinaires palpitations de son cœur se
produisaient « quand il tournait son esprit vers les choses divines, et qu’elles
diminuaient quand il tournait son esprit vers autre chose », comme en
témoigna son médecin, Andrea Cesalpino.
Ses contemporains ont témoigné d’un autre
étrange phénomène: une chaleur intérieure qui réchauffait son corps tout
entier et qui l’a dérangé durant toute sa vie. Le mot « chaleur » doit
être entendue littéralement et d’une manière corporelle. Cette chaleur était
telle que même durant l’hiver, il se promenait avec sa soutane déboutonnée. Et
durant l’hiver aussi, il laissait sa fenêtre ouverte et passait souvent des
nuits entières à prier dehors sur la galerie du toit. Plusieurs ont été témoins
de cette chaleur qui irradiait de son cœur – surtout les gens qui
plus tard sont allés se confesser à Philippe et que parfois Philippe pressait contre
son cœur. Les médecins qui ont traité Philippe durant sa vieillesse, n’ont
jamais compris cet étrange phénomène.
Ils se sont encore plus étonnés devant un
autre phénomène physique. Philippe avait une enflure sur son cœur de la taille
d’un poing d’homme, une tumeur qui n’a jamais changée après son expérience dans
les catacombes. Même si quelques-uns des meilleurs docteurs de l’époque ont
traité Philippe, ils n’ont pas pu trouver d’explication à cela. C’est seulement
grâce à une autopsie après sa mort, que le docteur Andrea Cesalpino entre
autres, trouva la cause de ce phénomène: « En ouvrant sa poitrine, on
voyait que les côtes à cet endroit étaient brisées, et les os séparés du cartilage.
De cette façon, il était possible pour le battement de son cœur d’avoir l’espace
nécessaire pour croître et se contracter. Je suis venu à la conclusion que c’était
quelque chose de surnaturel … C’était le moyen par lequel Dieu avait empêché
que le cœur se détruise lui-même sur les dures côtes par ses violents
battements. Ainsi il a été capable de vivre, même avec cette maladie, une vie extraordinairement longue. »
Pour Philippe, cette maladie singulière était avant tout un fardeau spirituel. Durant toute sa vie il a évité tout ce qui pouvait indiqué qu’il avait reçu des dons surnaturels, et qui pourrait attirer la curiosité ou la révérence des gens. Il a dit un jour: « Tous ceux qui recherchent des visions et des extases, n’ont pas idée de ce qu’ils recherchent. » Et il a été sans cesse sévère envers quiconque prétendait avoir des visions ou avoir entendu des voix venant du ciel. (1)
Pour Philippe, cette maladie singulière était avant tout un fardeau spirituel. Durant toute sa vie il a évité tout ce qui pouvait indiqué qu’il avait reçu des dons surnaturels, et qui pourrait attirer la curiosité ou la révérence des gens. Il a dit un jour: « Tous ceux qui recherchent des visions et des extases, n’ont pas idée de ce qu’ils recherchent. » Et il a été sans cesse sévère envers quiconque prétendait avoir des visions ou avoir entendu des voix venant du ciel. (1)
Ces phénomènes extraordinaires ne sont pas ce qu'il y a de plus important dans la vie de saint Philippe Néri. Mais ils sont quand même le signe que cet homme a reçu de l'Esprit Saint de grands dons, dont le plus grand de tous: l'amour. " L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné " (Rm 5, 5).
(1) Paul Türks, Philip Neri The Fire of Joy, T&T Clark Ltd, 1995, pp. 16-19.