Pape François:
« N’ayez pas peur de la joie »
Nous sommes dans l’octave de
Pâques. Aujourd’hui, l’évangile de la messe nous présente l’apparition de Jésus
aux disciples le soir de Pâques, selon saint Luc:
« À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur
la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction
du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux,
et leur dit: « La paix soit avec vous! ». Saisis de frayeur et
de crainte, ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit: « Pourquoi êtes-vous
bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur? Voyez
mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi,
regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en
ai. » Après cette parole, il leur
montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie,
ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur
dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il
prit et mangea devant eux. Puis il leur
déclara: « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore
avec vous: Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans
la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des
Écritures. Il leur dit: « Ainsi est-il
écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le
troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour
le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins. » (Lc 24, 35-48)
Comme vous le savez sûrement, le
pape François célèbre à chaque jour la messe devant des fidèles à la chapelle
de la résidence Sainte-Marthe où il demeure. Il y a deux ans, il a
commenté ainsi l’évangile d’aujourd’hui:
N’ayons pas peur de la joie
« Il
y a un mot dans ce passage de l’Évangile (Luc 24, 35-48) qui nous explique bien ce
qui s’était passé à ce moment-là ». En substance, les disciples « préféraient
penser que Jésus était une idée, un fantôme, mais pas la réalité ». Et tout
le travail de Jésus était de faire comprendre qu’il était réalité: “Donnez-moi
à manger, touchez-moi, c’est moi! Un fantôme n’a pas de chair, n’a pas de
corps, c’est moi!” En outre, « nous pensons que cela advient après que
certains d’entre eux l’avaient vu pendant la journée: ils étaient sûrs qu’il
était vivant. Que s’est-il passé ensuite, on ne sait pas... ». Le passage
évangélique suggère, que « la peur de la joie est une maladie du chrétien
». Nous aussi « nous avons peur de la joie » et nous disons à nous-mêmes
qu’« il vaut mieux penser: oui, Dieu existe, mais il est là-bas, Jésus est
ressuscité, il est là-bas! ». Comme pour dire: gardons « un peu de
distance ». Et ainsi « nous avons peur de la proximité de Jésus, parce
que cela nous donne de la joie ». Cette attitude explique aussi pourquoi il
y a « tant de chrétiens d’enterrement », dont « la vie semble un
enterrement continuel ». Des chrétiens qui « préfèrent la tristesse et
non la joie; ils se meuvent mieux non pas dans la lumière de la joie, mais dans
les ombres ». Tout comme « ces animaux qui ne réussissent à sortir que
la nuit mais qui à la lumière du jour ne voient rien. Comme les chauves-souris
! Et avec un peu de sens de l’humour, nous pouvons dire qu’il y a des “chrétiens
chauves-souris”, qui préfèrent les ombres à la lumière de la présence du
Seigneur ».
« Nous avons peur de la joie et Jésus, avec sa résurrection,
nous donne la joie: la joie d’être chrétien, la joie de le suivre de près, la
joie d’aller sur les routes des béatitudes, la joie d’être avec lui ». C’est
pourquoi il faut surmonter « la peur de la joie » et penser à combien de fois «
nous ne sommes pas joyeux parce que nous avons peur ». Comme les disciples «
avaient été battus par le mystère de la croix ». D’où leur peur. « Et là d’où
je viens, il y a un proverbe qui dit: celui qui se brûle avec du lait
bouillant, pleure quand il voit une vache ». Et ainsi, les disciples, « brûlés
par le drame de la croix, ont dit: non, arrêtons-nous ici! Lui est au ciel, ça
va très bien, il est ressuscité, mais qu’il ne vienne pas une autre fois ici
parce que nous n’y arrivons pas! ».
Le Pape François a conclu sa
méditation en invoquant le Seigneur afin qu’il « fasse avec nous tous ce qu’il
a fait avec les disciples qui avaient peur de la joie: ouvrir notre esprit ».
Et « qu’il nous fasse comprendre qu’il est une réalité vivante, qu’il a un
corps, qu’il est avec nous et qu’il nous accompagne, qu’il a gagné: demandons
au Seigneur la grâce de n’avoir pas peur de la joie ». (Pape François, le jeudi 24 avril 2014) (1)
J’aime
cette interprétation que donne le pape: les disciples ont été déçus une fois
dans leurs espérances. Ils ont peur d’être déçus une deuxième fois, de se
tromper une deuxième fois. Je pense que c’est le cas de plusieurs catholiques
au Québec. Ils ont été déçus par les représentants de Dieu dans le passé, et
ils ont peur de « se faire avoir de nouveau », comme on dit au
Québec. Le dicton que nous employons chez nous, n’est pas le même que celui qu’on
emploie en Argentine, mais il lui est semblable; nous disons : « Chat
échaudé, craint l’eau froide ».
J’aime
beaucoup la phrase que répète souvent M. Éric-Emmanuel Schmitt, écrivain très
connu de notre époque: « On pense souvent que la liberté consiste en la
possibilité de dire « non ». Or l’essentiel de la liberté consiste à
dire « oui ». La Vierge Marie
est l’exemple parfait de cela.
(1)