Pier Giorgio: « l’homme
des huit béatitudes »
Jean-Paul II, devant une photographie de Pier Giorgio
J’ai
écrit, le 4 juillet dernier, un blogue sur le Bienheureux Pier Giorgio
Frassati (pour y accéder, veuillez cliquer sur les mots suivants: Dieu ma joie: Pier Giorgio Frassati, modèle pour la jeunesse). Il y a environ trois semaines, j’ai fait la connaissance d’une dame
dont le nom est Annie Gilbert, qui connaît et aime beaucoup Pier Giorgio. Annie a un très beau site internet sur Pier Giorgio (1) Grâce à
Annie, j’ai pu résoudre un question qui m’a toujours embarrassée lorsque je me
documentais sur le jeune Bienheureux, via l’internet. En plusieurs endroits,
sur l’internet, on affirme que le pape Jean-Paul II, lors de la messe de béatification
du jeune Pier Giorgio Frassati, le 20 mai 1990, a dit de lui qu’il
est « l’homme
des huit béatitudes ». J’ai été lire l’original de l’homélie du
pape lors de la messe de béatification, et jamais le pape n’a affirmé une telle
chose.
De
plus, j’ai toujours pensé que seul Jésus pouvait être considéré comme étant
l’homme qui a incarné à lui seul, les
huit béatitudes.
Grâce
à Annie, j’ai appris il y a de cela quelques jours, que c’est le cardinal Karol
Wojtyla (qui deviendra le pape Jean-Paul
II), qui a qualifié Pier Giorgio Frassati d’homme des huit béatitudes,
à Cracovie, le 27 mars 1977.
Et
grâce à mon bon ami le Frère Simon-Pierre Lessard, membre de la communauté des Missionnaires de l’Évangile située
à Sherbrooke (voir: Dieu ma joie: Les " Missionnaires de l'Évangile "), j’ai maintenant l’évidence que Pier Giorgio Frassati est
véritablement l’homme des huit béatitudes. Simon-Pierre m'a envoyé hier un texte qu'il a écrit à ce
sujet en 2011, alors qu’il avait vingt-quatre ans (l’âge de Pier Giorgio au moment de sa mort). C’est vraiment
extraordinaire de réaliser qu’un jeune du siècle dernier, ait réussi à incarner
à lui seul les huit béatitudes évangéliques, en seulement 24 ans d’existence.
Ce Pier Giorgio Frassati est vraiment tout un géant. Depuis le 4 juillet dernier, nous vivons dans l'Église " l'année Pier Giorgio Frassati ". Dans divers pays du monde, cette année est prise très au sérieux. Dieu a donné à notre époque un modèle extraordinaire pour notre jeunesse et pour toute personne qui désire suivre le Christ sérieusement et joyeusement. Je prie le Seigneur d'inspirer plusieurs Québécois et Canadiens à prendre au sérieux le cadeau qui nous est fait de pouvoir vivre une année Pier Giogio Frassati. Si plusieurs personnes prennent au sérieux cette année, et si Pier Giorgio est davantage prié pour que les pauvres et les malades soient soulagés de leurs maux, je ne serais pas surpris qu'un nouveau miracle soit obtenu par son intercession et que, peut-être, Pier Giorgio soit élevé à la sainteté à la fin de l'année qui lui est consacrée. Voilà un de mes plus chers souhaits et l'objet de ma prière.
Simon-Pierre
m’a donné la permission de reproduire son texte sur mon blogue. Je le remercie
de cette faveur. C’est un texte qui est assez long, trop long normalement pour
être mis sur un blogue, mais je juge qu’on doit parfois faire des exceptions. Les
citations mises en italique dans le texte, proviennent de livres écrits sur
Pier Giorgio. Puisque ce travail de Simon-Pierre était destiné à l’origine à un
usage assez privé, il a jugé qu’il n’était pas nécessaire de mettre les références des citations. Voici le
texte de Simon-Pierre:
L'homme des huit béatitudes
Pier
Giorgio Frassati
Tu as
donné, Seigneur,
au jeune
Pier Giorgio Frassati
la joie
de rencontrer le Christ
et de
vivre sa foi d'une manière exemplaire;
Accorde-nous,
par son intercession,
d'imiter
sa générosité
et de
suivre avec lui le chemin des béatitudes
pour
témoigner de l'Évangile dans le monde.
Par
Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Amen.
Avez-vous déjà vue une étoile filante? Les étoiles
filantes sont les plus belles et les plus brillantes… mais aussi les plus
courtes! De même est la vie du bienheureux tertiaire dominicain Pier Giorgio
Frassati, mort jeune, comme souvent meurent les saints. C'est sans doute parce
que son cœur fut si brulant de charité, qu'il s'est consumé en à peine 24 ans…
le temps d'une ascension. Frassati fut une étoile,
qui filait vers le ciel où sont immense désir s'est enfin apaisé; un astre d'en haut qui a illuminé ceux qui
habitent les ténèbres et l’ombre de la mort; une comète dont la poussière n'a
pas finit de retomber sur notre terre, n'a pas finit de fertiliser la graine du
Royaume semé dans nos cœurs et de conduire nos pas
au chemin de la paix.
La vie du Bienheureux Frassati est si brève qu'elle peut se
résumer en une seule phrase: il est né, il a brillé, il s'est éteint! Voilà
pour la partie "biographie" de cet entretient.
Maintenant, j'aimerais vous parler de son cœur, car c'est
en connaissant le cœur d'un homme qu'on le connait vraiment. Voici donc le cœur
de l'homme des huit béatitudes! Mes frères, je vous invite aujourd’hui, à
contempler avec moi cette étoile de la
Voie lactée dominicaine, en parcourant l'octave de ses
béatitudes.
Heureux
les pauvres de cœur: le Royaume des cieux est à eux!
Si la vie chrétienne peut se définir comme la contemplation aimante de Dieu par les
pauvres, alors oui, nous pouvons dire que Pier Giorgio fut chrétien au plus
au point. Car non seulement il contemplait Dieu avec son cœur de pauvre, mais
c'est même à travers les pauvres qu'il voyait Dieu.
C'était un véritable amant de la pauvreté. Il aimait les pauvres.
Il se faisait leur ami. Il
pensait à eux avant de penser à lui. Il
parle même de ses visites aux pauvres comme ses nouvelles conquêtes et un jour, il confie à l'un de ses
amis: « Autour des malades, autour
des malheureux, je vois une lumière que nous les riches et les bien portants
nous n’avons pas ». Une lumière
que nous n'avons pas!
Cette lumière il la voyait déjà enfant. Un
jour ou le petit Pier Giorgio est seul à la maison, une pauvre sonne à la porte. Il n'y a personne pour
l'aider, il n'a rien à lui donner… que faire? Son cœur d'enfant répond immédiatement
en lui donnant … ses souliers et ses chaussettes!
Un autre jour, un autre pauvre sonne à la porte. Il sent
l'alcool et se voit refusé l'aumône par son père. Le petit Pier Giorgio se met
à pleurer. Sa mère lui demande: « Pourquoi
pleures-tu ? Son cœur parle à nouveau: « Peut-être que Jésus est passé et que nous l'avons chassé. »
À sept ans il dit à sa mère: « Maman, est-ce que je
peux donner mes économies à la nourrice, elle est pauvre et ne va pas bien? »
Et alors que sa mère s'apprête à lui acheter de nouveaux vêtements Pier Giorgio
lui dit: « Dis, maman, si tu achetais du moins beau, on donnerait la différence
aux pauvres. »
À 17 ans, il s'inscrit aux Conférences Saint-Vincent-de-Paul. Cette association regroupe des bénévoles qui cherchent à
développer l'aide aux plus pauvres. Frassati se met à faire des visites et des
collectes de dons. Il se rend régulièrement dans les taudis de Turin. Grâce à
des emprunts, il achète le nécessaire pour certaines familles.
Vraiment, il donnait tout. Il donnait tout, à la manière de
saint Martin, même ses vêtements. Un soir, à Berlin où son père est ambassadeur
d'Italie, il rentre chez lui, le sourire aux lèvres. M. Frassati, au milieu des
invités, l'accueille, lui, sans sourire: Pier Giorgio est en veston et le
thermomètre marque - 12 degrés! Que s'est-il passé? En chemin, il a croisé un
pauvre vieux, grelottant, et il lui a donné son manteau. Aux reproches de son
père, il répond avec une candeur renversante: « Tu sais, papa, il
avait froid. »
À 20 ans il n'avait pas changé. Une nuit, il rentre à une
heure du matin, détrempé. Il venait de marcher plusieurs heures sous la pluie
battante. Il était à pied… pourquoi? Parce qu'il avait préféré donner toute la
monnaie de ses poches à une vieille malade, plutôt que de garder pour lui les
quelques centimes nécessaires pour un ticket de tram.
Heureux
les doux: ils obtiendront la terre promise!
La véritable douceur est étroitement unie à la force. C'est
à la manière d'user de ses forces prodigieuses que l'on reconnait sa douceur. Lors
d'une excursion en montagne, une amie commence à montrer des signes de fatigue.
Alerté par sa charité, Pier Giorgio est le premier à s'en apercevoir. Trop doux
pour faire une plaisanterie humiliante ou même simplement pour porter
l'attention des autres sur la fatigue de son amie, il commence à se plaindre
lui-même: « La neige est trop glissante, mes souliers neuf me font mal, la courroie
de mon sac me coupe l'épaule. » Et ainsi de suite jusqu'à ce que les
autres se décide de faire une pause. Ainsi son amie pourra souffler un peu sans
qu'elle eut besoin de le demander.
Son cœur doux et viril aime la beauté, car la beauté vient
de Dieu! Dans la nature et dans l'art, son cœur s'épanche. Il connaît de grands
passages de Dante par cœurs qu'il déclame à haute voix dans sa chambre, en
chemin, avec ses amis, sur la montagne, ou même sur le quai des gares.
Plus que l'art, œuvre humaine, Frassati aime la nature,
pure œuvre de Dieu! Il est amoureux des fleurs et des montagnes. Amoureux des
fleurs, il en offre à ceux qu'il aime.
Il offre des fleurs aux pauvres. Il offre des
fleurs aux morts! À Berlin, dégouté de la vie mondaine de sa famille, il
récupère les fleurs après les réceptions à l'ambassade et fleurit les tombes
dénudées du cimetière.
Quant à son amour de la montagne, il est légendaire. Alpiniste
audacieux, la montagne est son cloître, lieu de lumière, de silence et de beauté.
Dès qu'il le peut, il fuit le monde et se laisse transfigurer par la montagne. La
montagne est contemplative. La montagne est élévation du corps et de l'âme,
rapprochement de Dieu. Sa sœur raconte: « Ce
qu'il aimait dans la montagne, c'était la vie rude: la préparation des sacs,
les fatigues de la montée, le ravitaillement porté à dos, le casse-croûte dans
la neige, les buvettes inexistantes, la glace dans les cuvettes le matin,
l'absence de tout confort, la vie en équipe, la découverte de la montagne … Sur
un plan plus élevé, c'était l'ascèse, la purification, le silence, le voisinage
de Dieu. Le saint alpiniste confie à un ami: « Chaque jour je m'éprends plus éperdument de la montagne: sa fascination
me saisit. Toujours avec plus d'ardeur, je désire escalader les cimes,
atteindre les pointes les plus hardies, éprouver cette joie très pure que seul
peut donner la montagne. »
Il confie aussi: « Je voudrais, si mes études me le
permettaient, passer des journées
entières sur la montagne et y
admirer, dans cette atmosphère si pure, la
magnificence du Créateur! Montagnes,
montagnes, montagnes, je vous aime! »
Heureux
ceux qui pleurent: ils seront consolés!
Les saints ne sont pas à l'abri des peines d'amour! Seulement,
ils les vivent dans la foi, l'espérance et surtout dans la charité qui leur
permettent de renoncer à un amour humain pour un amour divin. En 1924, Pier
Giorgio tombe en amour avec une amie, Laura Hidalgo. Orpheline et étudiante
en mathématiques, rencontrée pour la
première fois pendant le carnaval de 1923, elle devient pour lui un guide et un
soutien. Il ne parle à personne de cet amour, qu'il garde secret pendant
plusieurs mois. Il en parlera à sa sœur, mais jamais à ses parents. Car il sait
que ses parents n'accepteraient jamais qu'il se marie avec quelqu'un issu d'un
milieu social éloigné du leur. Il choisit donc librement et courageusement de
renoncer à cet amour. Il raisonne ainsi: « Je
prendrai sur moi le sacrifice, si Dieu le veut ainsi, que sa sainte volonté soit
faite! Ce serait absurde de détruire
un foyer pour en édifier un nouveau. À
côté du droit, il y a le devoir. »
La peine est vive et il fait part de sa
douleur à un ami: « Je te demande de prier afin que Dieu me
donne la force de supporter sereinement ma peine et la force d'accomplir ma destinée, tandis qu'à elle [Laura], soient
réservés tous les bonheurs de cette terre ». À un autre ami, il écrit: « Dans mes luttes intérieures, je me suis souvent demandé: "Pourquoi devrais-je souffrir,
supporter à contrecœur ce sacrifice? J'ai
peut-être perdu la foi?" Non,
grâce à Dieu, ma foi est encore solide: affermissons
et consolidons donc ce qui est notre unique joie, qui en ce monde comble chacun de nous. Elle vaut bien tous les sacrifices. Et commentant la douleur
ressentie, il écrit: « Les douleurs humaines peuvent nous
atteindre, mais pour peu qu'on les
considère à la lumière de la religion et qu'on les accepte, elles ne sont plus nocives mais salutaires,
car elles purifient l'âme des inévitables
souillures que, du fait de notre nature viciée, il nous arrive parfois de contracter ».
Enfin, il écrit à sa sœur qui s'inquiète de sa
possible tristesse: « Tu me demandes
si je suis heureux: comment pourrait-il en être autrement? Tant que ma foi m'en donnera la force, je
serai toujours heureux: la tristesse
doit être bannie des cœurs animés par la foi. La douleur n'est pas la tristesse qui est la pire des affections. Cette maladie est presque toujours le fruit
de l'athéisme, mais la fin pour
laquelle nous avons été créés nous indique une voie, sans doute semée d'épines, mais non une voie emplie de tristesse. »
Parce que le témoignage de sa bonne conscience,
éclairait toujours d'une grande joie son visage, ainsi la lumière de sa face ne se perdait pas sur la terre.
Heureux
ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés!
Faim et soif de la justice… oui et même au sens littéral! Un
jour qu'un ami se plaint à lui:
« J'ai une
soif terrible. » Frassati lui répond:
« Donnons à un pauvre le prix du rafraîchissement, et la soif passera. »
Comme laïc, il prenait au sérieux son devoir de sanctifier
l’ordre temporel. Avec l'amour des
pauvres, il considérait l'engagement
politique comme un devoir du chrétien. À
17 ans, il entre à l'École
polytechnique de Turin afin de
devenir ingénieur des mines. Il choisit d'intégrer l'école afin de
pouvoir côtoyer les mineurs. Il
n'aime ni les études, ni l'ingénierie, ni les mines… mais il aime les mineurs, car ils sont les plus pauvres
travailleurs de son temps, ceux qui
souffrent des conditions de travail les plus pénibles.
Pier Giorgio s'engage aussi au sein de la Fédération des Universitaires
Catholiques Italiens (FUCI). Au sein de la FUCI,
il prend connaissance de la doctrine sociale
de l'Église. Il lit et fait connaître l'Encyclique du pape
Léon XIII Rerum Novarum. Auprès des étudiants, sur tous les
terrains de son activité, en route avec ses compagnons … il ne manquait jamais
de paroles d'édification, il
abondait en récits exemplaires capables de porter l'âme des auditeurs à l'amour du Christ et au mépris du siècle.
L'arrivée du parti de Benito Mussolini au pouvoir le 28 octobre 1922, est pour
Pier Giorgio source d'une grande tristesse, mais aussi d'un sentiment de
révolte. Alors à Berlin, Pier Giorgio écrit à ses amis: « J'ai donné un coup d'œil au discours
de Mussolini et tout mon
sang bouillait dans mes veines.Je suis vraiment déçu par l'attitude des
Populaires! Où est la foi de nos hommes? […] Il fait bon vivre ici [à Berlin] où l'on est tranquille, loin du pays tombé entre les mains d'une
bande de fripouilles.
Heureux
les miséricordieux: ils obtiendront miséricorde!
Il y avait en lui une très ferme égalité d'âme, sauf quand quelque
misère, en le troublant, l'excitait à la compassion et à la miséricorde.
Alors il devenait vraiment extatique. L'amour le sortait de lui-même. S'oublier soi-même pour penser aux autres, avoir son centre hors de soi, n'est-ce pas le miracle de l'amitié, de la charité
véritable ?
Alors qu'il est beau, jeune, riche et sympathique, il
préfère la compagnie des pauvres aux cercles mondains. Il s'était fait
une loi personnelle de se réjouir avec les gens joyeux et de pleurer avec ceux
qui pleurent, débordant d'affection religieuse et se dévouant tout entier à
s'occuper du prochain et à compatir
aux gens dans la misère. Quand quelqu'un s'étonne qu'il fréquente
les plus pauvres des quartiers sordides de Turin, il réplique avec son cœur
d'enfant, simple et viril: « Jésus,
dans la communion, me rend visite chaque matin; moi, je le lui rends selon mes misérables moyens: je visite les
pauvres. Et à un ami qui lui demande comment il fait pour supporter leur
odeur infecte il répond: « La maison
peut-être sordide, mais c'est vers le Christ que nous allons. N'a-t-il pas dit: " Le bien fait aux
pauvres, c'est à moi que vous le faites "? »
Il fait du porte à porte pour collecter de l'argent pour
les plus démunis. Amusant? Non, au contraire il trouvait cela pénible. Mais
l'obstacle, loin de le décourager, stimule son courage: « Je préfère, dit-il,
collecter cent fois une lire que cent lires en une fois, parce que, de cette manière, les actes de
charité se multiplient… et mes actes d'humilité. »
« La plus
belle des charités, dit-il, est celle consacrée aux malades. C'est là
une œuvre exceptionnelle: peu ont le courage d'en affronter les difficultés et
les dangers,[peu ont le courage] de se charger des peines des autres, en plus
de leurs propres besoins, de leurs mille tracas et soucis.
La charité… la charité efficace comme disait
saint Dominique. C'était là sa seule préoccupation, son étoile polaire. « La charité seule, écrit-il, peut
servir de but à toute une vie, remplir un programme. La charité, voilà la fin à laquelle je veux tendre, avec la grâce de
Dieu. »
Heureux
les cœurs purs: ils verront Dieu!
Son cœur pur voyait tout selon le point de vue de Dieu. Son
curé, Don Provera, s'est plus d'une fois fait faire la leçon par le jeune laïc:
- Mon apostolat ne
porte pas de fruits, se plaint-il.
- Et notre
Seigneur, qui a quitté son beau ciel pour notre triste terre, a-t-il été mieux
loti?, répond Frassati.
- Pier Giorgio tu
es riche, ton père fera pour toi n'importe quoi…
- Don Provera,
qu'est-ce que tout cela dans la perspective de l'éternité ?
- Pier Giorgio, vu
les idées de ton père et sa fortune, comment feras-tu pour te créer une vie
indépendante et fidèle à ton idéal chrétien ?
- Jésus est avec
moi, je ne crains rien.
- Ah mes études,
la guerres m'ont forcé de les interrompre,
se plaint le berger.
- Mais vous avez
fait la volonté de Dieu; tout est donc pour le mieux, lui rappelle sa brebis.
Frassati a toujours gardé l'esprit d'enfance: fraîcheur
joyeuse, piété spontanée, charité généreuse. Un autre trait le rendait cher à tous : la
simplicité de sa démarche; jamais nul
vestige de dissimulation ou de duplicité n'apparaissait dans ses paroles ni ses
actions. Il était simple, humble, droit avec une âme parfaitement
limpide. Comme le curé D'Ars, les autres pouvait voir Dieu en lui, mystère de
la transparence d'une âme tout en Dieu. « Jésus, fais-moi pareil au cristal, afin que ta
lumière brille à travers moi! » Il y a des saints qui sont des
vitraux, laissant passer la lumière de Dieu à travers leur couleur propre. Il y
a de plus grands saints qui sont des vitres parfaitement transparente, laissant
toute la place à la lumière divine, à tel point qu'on oublie presque leur
présence.
Telle était la
Vierge, la
Vierge qu'il aimait comme l'aiment les enfants, avec
simplicité et droiture. Tertiaire de saint Dominique, il récite son chapelet
chaque jour, et même tout le rosaire vers la fin de sa vie. Il visite les
sanctuaires mariaux fréquemment. Il récite souvent l'office de la Saint Vierge. Quelle
joie c'était de trouver un ami qui accepte de le réciter avec lui, comme s'ils
étaient au chœur! Sur le mur de sa chambre, il avait écrit ces vers de Dante :
Ô Vierge, mère et
fille de ton fils,
Humble et haute
plus que toute créature,
Dame, tu es si
grande et as tant de puissance,
Que qui désire une
grâce et ne recourt à toi
Veut que son désir
vole sans [ses] ailes.
Sa piété pour la
Mère de Dieu n'était dépassée que par son amour de
l'eucharistie. Dès 11 ans, il communie plusieurs fois par semaine sous l'avis
de son confesseur. À partir de 17 ans il communie tous les jours. Sa communion
fréquente n'a point tué… sa communion fervente. « À son quart d'heure
d'action de grâces, il tenait avec intransigeance », nous dit son
curé. Il se confessait souvent afin de demeuré très pur pour recevoir le Dieu
infiniment pur. Il pouvait se confesser deux fois semaine, n'ayant pourtant
rien d'un scrupuleux.
Son amour pour l'eucharistie se prolongeait par l'adoration
nocturne. Dans
les heures de la nuit, nul n'était plus ardent à veiller, à prier et à supplier
de toutes les manières. Il prolongeait ses
veilles de tout le temps qu'il pouvait arracher à la faiblesse de son corps.
Un soir, un peu avant minuit, il sonne à la porte des Pères du Saint-Sacrement. On le refuse, car cette nuit l'adoration
est réservé aux pères, mais il insiste.Il réussit à convaincre le frère portier
qui nous raconte la scène:
Après s'être
profondément incliné devant le tabernacle, il alla s'agenouiller dans une
stalle et se mit à prier, très recueilli. Pendant que j'adorais avec lui dans
le chœur, je fus remué par son comportement extraordinaire et j'eus l'occasion
de noter tous les stratagèmes qu'il employa pour se tenir éveillé malgré les
attaques de sommeil. Debout ou agenouillé, lisant dans un livre, récitant son
chapelet ou fixant l'hostie, il pria toute la nuit jusqu'à quatre heures du
matin. À ce moment, il reçut la sainte communion et fit une heure d'action de
grâce. À cinq heures, heure d'ouverture de notre église, il s'en alla, le
visage radieux.
Un ami témoigne: « Il priait avec un recueillement
extraordinaire. Rien ne le
distrayait: immobile, les bras croisés, dans une attitude à la fois virile et
empreinte de dévotion, il était tout
entier prière: âme et corps. » Il était tout entier prière!
Son cœur pur brulait de voir son Dieu. Il avait soif du
divin. Dans la prière, dans l'eucharistie, dans les pauvres, c'est le Christ
qu’il cherchait et sa soif qu'il épanchait. Toute sa vie fut une attente
douloureuse de la divine rencontre, qu'il a sans doute hâtée par ses demandes
insistantes. Une semaine avant de mourir, il lit les écrits de sainte Catherine
de Sienne. Après avoir médité un passage avec un ami, il ferme le livre et
s'exclame: « Heureuse sainte Catherine, qui dès cette vie
a joui de la vue de Jésus! Que je
l'envie! Que je l'envie! »
Heureux
les artisans de paix: ils seront appelés fils de Dieu!
La bouche parle de l'abondance du cœur. Or, les trois mots
les plus fréquents dans ses lettres sont foi,
grâce et… paix! Il y a là quelque chose du vocabulaire de saint Paul, qu'il
lisait assidûment.Écoutons-le écrire à un ami un peu avant sa mort: « Je te présente mes meilleurs souhaits, bien
mieux, un seul souhait, l'unique
qu'un ami puisse formuler à un ami très cher: "Que la paix du Seigneur soit toujours avec toi !" Car, si chaque jour tu possède la paix, tu
es vraiment riche.
Deux ans auparavant, il écrit à la jeunesse
catholique: « La paix véritable naît de l'amour chrétien
pour le prochain et non pas tant de la justice. Or ces gouvernements préparent pour toute l'humanité un avenir fait de
nouvelles guerres. La société moderne
s'enlise dans les passions humaines et s'éloigne de tout idéal d'amour et de
paix. Nous devons, vous et nous qui
sommes catholiques, faire souffler
l'esprit de bonté qui naît seulement de la Foi dans le Christ. »
Artisan de paix et fils de Dieu, il était
aussi fils de saint Dominique. À 18 ans, il commence à prendre contact avec
l'Ordre des Prêcheurs. Il en étudie le charisme et à 21 ans, le 28 mai 1922, Pier
Giorgio devient membre laïc du Tiers Ordre
Dominicain en présence du Père Gillet.
Il explique ainsi son choix: « Dans l'état laïc, j'aurai plus facilement
des contacts quotidiens avec le peuple, je
pourrai plus facilement assister mes frères. » L'année suivante, il
fait profession perpétuelle comme laïc dominicain sous le nom de Frère Jérôme
en l'honneur de Jérôme Savonarole, qu'il admire pour sa volonté de réforme politique et pour
sa lutte pour la chasteté. Il aimait beaucoup aussi lire sainte Catherine de
Sienne et saint Thomas d'Aquin. Toute sa vie fut vouée à l'étude, à la prière,
à l'amitié et à l'apostolat. Ainsi les quatre piliers de l’Ordre Dominicain,
informaient toute sa vie de jeune laïc.
Heureux
ceux qui sont persécutés pour la justice: le Royaume des cieux est à eux!
En septembre 1921, Pier Giorgio, qui vient
d'avoir 20 ans, participe à Rome au premier congrès de la Jeunesse catholique italienne. Le congrès a
l'autorisation de célébrer la messe dans le Colisée le 4 septembre, mais lors de l'arrivée des fidèles au
matin, l'autorisation est reportée et les congressistes sont accueillis par la
police. Alors qu'ils essaient de déposer une gerbe devant la tombe du Soldat
inconnu, la manifestation est interdite
par les autorités. La police exige que tous les drapeaux soient retirés, mais
Pier Giorgio défend celui de son Cercle Cesare
Balbo. Il finit par être arrêté avec ses camarades et emprisonné. Au cours
d'un interrogatoire musclé, les policiers apprennent qu'il est le fils de l'ambassadeur d'Italie à Berlin. Ils lui
présentent leurs excuses et veulent le remettre en liberté, mais Pier Giorgio
refuse de sortir de prison sans ses camarades; à force d'insister, tous les
détenus seront relâchés.
L'opposition des Frassati au fascisme leur
vaut aussi des représailles de la part des Chemises
noires. En juin 1924, ce
groupe n’hésite pas à tenter de saccager la demeure familiale de Turin. Pier
Giorgio se défend courageusement contre les intrus, ce dont se félicite sa mère
dans une lettre à sa fille Luciana: « Tu peux comprendre combien mon cœur de mère
se remplit de joie, quand j'entends
autant de louanges sur Pier Giorgio. Maintenant,
à tous ces hérétiques et ces méchantes gens qui diront à papa que Pier Giorgio est une grenouille de bénitier, on pourra répondre que les grenouilles de
bénitier savent, le moment venu, faire leur devoir! »
Heureux
serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit
faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Toute sa vie, Pier Giorgio fut persécuté par sa famille. Les
siens ne l'ont pas reconnu. Surtout ses parents qui le traitaient de bon à
rien. Ils l'humiliaient, le grondaient et se moquaient de lui souvent. Ils ne
voyaient rien de sa vie de foi et de charité. Sa mère, pourtant catholique, s'est
opposée à ce qu'il reçoive la communion quotidiennement et lorsque son fils lui
parla de son désir de devenir prêtre, elle affirma préférer qu'il meurt.
Alors qu'il lui arrive d'être en retard au souper, parce
qu'il a visité des pauvres et est rentré à pied, elle lui reproche son retard. Jamais
elle ne lui a demandé ce qu'il faisait, elle se contentait de le juger
sévèrement: « Toi qui n'a rien à faire, tu pourrais au
moins rentrer à temps. » Ne comprenant ni les raisons de ses retards
aux réceptions ni son refus des mondanités, sa mère en conclut qu'il dispose
d'une intelligence médiocre; de fait, elle le considère de plus en plus comme
un "raté" puisqu'il
est incapable de se plier aux exigences de la vie mondaine. Pier Girogio, comme
une brebis menée à l'abattoir restait muet.
Son Père avait encore moins d'estime et d'affection pour
lui. Un jour il écrivit cette lettre à son fils: « Il est nécessaire que
tu te persuades, cher Pier Giorgio, que la vie doit être prise au sérieux … J'ai peu
d'espoir que tu changes, et pourtant, il est indispensable que tu changes et
tout de suite: considérer les choses
avec méthode, penser toujours avec sérieux à ce qu'on doit faire, avoir pour deux sous de persévérance. Ne pas vivre au jour le jour, sans pensée,
comme un écervelé quelconque. Si tu
as un peu d'affection pour tes parents, il faut absolument que tu changes. »
Il faut que tu changes… son père vivait et parlait à un saint sans même s'en
douter. Nul n'est prophète en son pays!
Réjouissez-vous,
soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux! C'est
ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse! La
joie est un fruit de l'Esprit Saint. Un saint triste est un triste saint. Mais
Pier Giorgio demeure toujours dans la joie, la joie profonde, malgré la
douleur. Comme il en témoigne à un ami, c'est sa foi qui est le fondement de
cette joie inébranlable: « Malheureux, celui qui n'a pas la foi, sans ce patrimoine à défendre, sans cette
vérité à soutenir par une lutte de tous les instants, ce n'est plus vivre mais gâcher sa vie! À nous, il n'est pas permis de vivoter; vivre est notre devoir! Trêve donc à toute mélancolie! En avant, toujours, pour le triomphe du
Christ dans le monde! »
Pier Giorgio chante aussi partout. Le cœur qui aime chante!
Il chante faux… n'importe… il chante à tue-tête. Car chanter propage la joie et
l'expérience lui a montré la vertu apostolique de la joie. « Par cette joie, il acquérait facilement l'amour de tout le monde, il s'infiltrait sans peine, dès le premier
regard, dans l'affection de tous. Et parce que la
joie du cœur rend joyeux le visage, l'équilibre
serein de son être intérieur s'exprimait au-dehors par les manifestations de sa bonté et la gaieté de son visage. »
On dit que même les cœurs les plus rebelles ne pouvaient résister au
rayonnement de son sourire.
Sa joie profonde se manifeste aussi extérieurement par des
rires et des plaisanteries. « Durant le jour,
nul ne se mêlait plus que lui à la société de ses frères ou de ses compagnons
de route, nul n'était plus gai. »
Il fonde même avec son ami Beltramo la Société des types louches ou Société de la Terreur.
Son surnom était
Robespierre. Les membres s'engagent à se soutenir spirituellement les uns les
autres. Le but des types louches: organiser des excursions alpestres
et en écrire des comptes rendus composés dans un style loufoque et pompeux. Frassati
entraîne ses amis à vivre leur foi avec joie, et se montre parfois farceur. Ainsi
une nuit, il est au séminaire et il remplit d'eau tous les bols à déjeuner des
séminaristes; puis il les réveille en
sonnant la cloche. Un midi, il téléphone à une amie et alors qu'elle décroche, elle
ne reçoit qu'un formidable coup de trompette pour réponse. Ou encore un soir de
Noël, il se rend à la chambre de l'aumônier pour plier son lit en portefeuille.
Qui croyait que la sainteté est sévère et ennuyante ?
Vous
êtes le sel de la terre.
Le sel est humble et
discret. Le sel est invisible jusqu'à ce que son effet se manifeste.
Frassati fut ignoré
jusqu'à la fin. La fin de sa vie est une véritable semaine sainte, un chemin de
croix. Au mois de juin 1925, Pier Giorgio
contracte un virus lors d'une visite à des pauvres. Le 29 juin, il entre en agonie. Il est extrêmement fatigué mais il ne se plaint pas. Dans les jours qui suivent, sa santé
se détériore sans que sa famille
ne se rende compte de la gravité de son état. Sa famille reste au
chevet de sa grand-mère, alors mourante et
qui décède le 1er juillet. Sa famille persiste à penser qu'il n'est victime que d'une grippe
passagère. Son corps est meurtri
et commence à être paralysé. Il
porte sa croix en silence, dans la prière, le rosaire à la main. Personne ne s'occupe de lui.
Sa condamnation à
mort est prononcé un vendredi comme Jésus. Le 3 juillet, un médecin qui le visite
confirme qu'il est atteint d'une forme aigüe de la poliomyélite, maladie
terrible qui fauche inexorablement en quelques jours, même les tempéraments les
plus robustes. Son père spirituel vient alors
le visiter. Il parle avec lui à son
chevet:
- Je suis beaucoup plus fatigué, lui dit
Frassati.
- Pier Giorgio, si ta grand-maman t'appelait
au paradis avec elle?
- Comme je serais content! Come sarei
contento! s'exclame-t-il avec le peu
de souffle qui lui reste. Cette idée
illumina ses yeux et lui valut son dernier sourire. Mais son sourire s'estompa à cette pensée: « Et papa ? et maman? »
Son confesseur tente de le consoler: « Tu ne les abandonneras pas; au ciel tu vivras en esprit avec
eux et vous continuerez à former une seule famille. » Il fit signe de
la tête: « Oui! »
Ses dernières forces, il les a usées au service de ses
pauvres. Sur son lit de mort, agonisant, les derniers mots qu'il écrivit, furent
une petite note pour un malade qu'il devait visiter. Penser aux autres est toujours grand; y penser pendant son agonie est héroïque. Au milieu de ses souffrances, le divin Crucifié, plus que de lui-même,
se souciait de ses bourreaux, du bon
larron, de sa mère, de nous tous. Et Pier Giorgio lui, se souciait de ses pauvres, ses malades, ses amis,
sa grand-mère mourante, sa sœur, son
père et sa mère.
Frassati meurt le lendemain, 4 juillet 1925;
il a 24 ans. L'homme qui avait marché sur le chemin des huit béatitudes, entrait
enfin dans l'unique béatitude espérée.
Vous
êtes la lumière du monde.
Ce n'est qu'après la mort de Pier Giorgio que
sa famille prend connaissance de ses actions de charité; même ses amis, en
dehors du cercle de Saint-Vincent-de-Paul, ne sont pas au courant de
l'importante activité qu'il a menée auprès des pauvres. Lors de ses obsèques,
des milliers de personnes, dont de nombreux pauvres de Turin, sont présents
pendant le trajet jusqu'à l'église. C'est une véritable révélation pour sa
famille.
Sa dépouille est enterrée à Pollone. L'année suivant sa mort, une plaque commémorative est
apposée dans l'église. Peu à peu, la notoriété de Pier Giorgio Frassati grandit
en Italie.
Avant même d’être pape, le cardinal Karol
Wojtyja avait une grande admiration pour Pier Giorgio Frassati. En 1977, les
Père Dominicains ont organisé une retraite pour leurs étudiants à Cracovie. La
retraite portait sur les Béatitudes
proclamées par Jésus dans le Sermon sur
la montagne. Les Pères Dominicains avaient alors mis sous les yeux de leurs
étudiants, diverses photos de Pier Giorgio Frassati. Le cardinal Wojtyja est
venu conclure cette retraite, le 27 mars 1977. S’adressant aux étudiants, il
leur livra ce message: « Observez
bien ces photographies. Regardez comment apparaît l’homme des huit béatitudes
qui porte en lui la grâce de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle.
Regardez la joie du Salut qui nous a été offert par le Christ … »
« Notre rayonnement se mesure à notre charité » a dit Dante. Or, il ne faut pas
chercher ailleurs le secret de Frassati. Le secret est dans son cœur. « Il accueillait tous les hommes dans le vaste sein de sa
charité et, puisqu'il
aimait tout le monde, tout le monde l'aimait. » Il est un saint sans miracle. Sa vie est
courte et simple, sans événements spectaculaires. « Plus éclatant et
grandiose que des miracles, il a
brillé par sa perfection morale et l'élan de ferveur divine qui le
transportait. » Sa seule présence agissait à la manière d'un sacrement
pour ses amis. « Il se manifestait (surtout) partout comme un homme de
l'Évangile, en parole et en acte. »
Comme la lampe du
sanctuaire, il était un signe sensible de la présence agissante de Dieu. Car vraiment, il
marchait lui-même toujours en présence de Dieu. Les réalités invisibles de la
foi étaient devenues pour lui comme des réalités palpables et visibles. Il me
semble qu'il y a quelque chose de la petite Thérèse en Pier Giorgio. C'est ce
que j'appellerais l'héroïcité du
quotidien. C'est d'être un martyre de la charité jusque dans les plus
petits détails qui sont si faciles à négliger d'ordinaire. Il a aussi quelque
chose des saints du Moyen-Âge en lui: il est simple, joyeux et très concret.
L'homme des huit
béatitudes s'est peut-être éteint … mais sa
lumière nous éblouit encore!
« De même,
que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que vous faites
de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5,16).
Amen. (Alléluia
!)
Simon-Pierre Lessard
(1) Voici le site internet d'Annie Gilbert sur Pier Giorgio: www.piergiorgio.ca. Je crois que c'est le seul site internet québécois dédié à Pier Giorgio.