Mère Teresa calomniée
Chers amis, nous vivons des moments extraordinaires comme catholiques depuis quelque temps. Aujourd’hui même, en ce 28 février 2013, une page d’histoire s’écrit; elle s’écrit pour la postérité, mais elle s’écrit surtout pour nos cœurs et dans nos cœurs : le pape Benoît XVI se retire comme vicaire de Jésus Christ, notre Seigneur. Quel geste extraordinaire de liberté, de confiance et d’amour envers Jésus et Son Église! Partout dans le monde, on parle ces jours-ci, de l’Église catholique. Il ne faut donc pas se surprendre si celui que j’ai appelé « l’Adversaire » au début de ce carême, montre les dents et se déchaîne. Oh oui, il y en a un aujourd’hui qui n’est pas content du tout et qui le montre. Pour cela, il se sert de ses amis qui ont la plume facile. Ayant aussi la plume facile, j’entre volontiers dans cette lutte pour la vie ou pour la mort.
Depuis que le pape a annoncé son retrait comme pape, certains ont insinué que ce geste était causé par des révélations ou informations cachées aux yeux du commun des mortels, informations qui mettraient le pape dans un tel embarras, qu’il s’est senti obligé de démissionner. Pour moi, une telle interprétation du geste magnanime du pape est une pure fantaisie et est à des années lumières de la vérité. Le pape que nous avons eu depuis huit ans et qui nous quitte aujourd’hui, est un homme tellement libre! S’il avait été un peu plus jeune et un peu plus en forme, il serait pape demain le premier mars. Aucune difficulté ne l’aurait fait quitter la barque de Pierre, s’il était davantage en forme.
Et voici que l’Adversaire se déchaîne ces jours-ci, sur une autre icône de Jésus Christ : sainte Mère Teresa. Il faut vraiment qu’il soit furieux, cet ange des ténèbres! Et pour ce faire, il se sert malheureusement de journalistes et de chercheurs Montréalais. J’habite Montréal, celle que j’appelle souvent la Babylone québécoise. J’y habite par vocation, par appel de Dieu, mais pour un chrétien, et encore plus pour un catholique, ce n’est pas une partie de plaisir que d’habiter dans cette ville où les médias ne cessent d’attaquer nos croyances et notre religion. Mais il fait bon mener le combat pour la vérité. Il fait bon d’agir ainsi, et c’est surtout si important pour notre chère province de Québec, cette terre tellement bénie de Dieu depuis ses origines chrétiennes. Il y a quelque chose de paradoxal dans notre vie de chrétiens : il nous faut aimer ceux que nous combattons, mais il nous faut aussi aimer le combat. Vous trouverez ci-dessous, à la fin de ce texte, deux liens internet. Le premier lien traite d'un article qui sera bientôt publié dans la revue scientifique "Studies in Religion", et qui aura pour but de présenter un regard négatif sur la personnalité et les oeuvres de Mère Teresa. Le second lien, reproduit un texte beaucoup plus crédible, écrit lui aussi par un Montréalais, mais un Montréalais qui a travaillé durant plusieurs mois aux côtés de la sainte de Calcutta.
Parmi les critiques des chercheurs Montréalais, on retrouve ceci: Mère Teresa et ses Soeurs auraient soigné des pauvres dans des conditions hygiéniques lamentables et dangereuses. À cela, le second texte répond de façon assez admirable. Pour ma part, je ne serais pas surpris que dans certaines circonstances, les Soeurs Missionnaires de la Charité, n'aient pas pu faire autrement. Mais cela constitue l'exception qui confirme la règle. Il s'agit de l'arbre qui cache la forêt. À vouloir coller son nez et ses yeux sur l'arbre, on finit par ne pas voir la forêt, par perdre de vue " the big picture ", la situation dans son ensemble. Le bien immense opéré par les Soeurs de Mère Teresa, ne saurait être terni par des erreurs de parcours, surtout si ces erreurs étaient involontaires. De même en est-il des mauvaises façons d'administrer les sommes d'argent reçues. Je fais partie d'une très petite Congrégation religieuse dans le monde, et je constate que nous n'avons pas toujours bien administré les sommes d'argent reçues de nos bienfaiteurs. Cela est humain et malheureusement inévitable. Mais insinuer que telle est la façon habituelle et normale d'administrer des biens, est très pernicieux à mes yeux. C'est ce que j'appelle du dénigrement malhonnête. Et que des personnes qui ne partagent pas la foi catholique s'en prennent à Mère Teresa parce qu'elle a lutté toute sa vie contre l'avortement, cela ne surprend guère. On ne peut bien juger des règles de morale du catholicisme, que de l'intérieur. L'Église a toujours soutenu que l'avortement est un " crime abominable ", tellement abominable qu'elle y a attaché une peine d'excommunication. Pour voir cela, il faut avoir en quelque sorte "les yeux de Dieu"; on ne peut demander aux personnes qui désirent une société purement laïque, d'avoir un tel regard.
Le jour où on a donné le Prix Nobel de la paix à Mère Teresa, le 10 décembre 1979, elle a dit ceci à tous ceux et celles qui on bien voulu l’entendre :
« Et je ressens quelque chose que je voudrais partager avec vous. Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ? »
La sainteté de Mère Teresa est prouvée à l’évidence pas ses œuvres: des millions et des millions de pauvres secourus et aimés par des milliers et des milliers de Sœurs Missionnaires de la Charité, la Congrégation religieuse fondée par Mère Teresa. Jésus a dit clairement que l’on juge un arbre à ses fruits. Mais je vais vous dire ce qui m’épate le plus dans la vie de cette nouvelle Thérèse des temps modernes: ce qui prouve à mes yeux, hors de tout doute, que Mère Teresa est une des plus grandes saintes de l’histoire de l’Église, c’est le drame qu’elle a vécu au-dedans d’elle-même pendant plus de quarante ans, et surtout la façon dont elle a vécu cette dure épreuve. C’est ce que nous savons, grâce à un livre publié récemment en français et intitulé : « Mère Teresa, « Viens, sois ma lumière », Les écrits intimes de la sainte de Calcutta », publié à Paris, aux Éditions Lethielleux (l’original en anglais, intitulé « Come, Be My Light », est paru en 2007). Grâce à des lettres intimes, que Mère Teresa aurait désiré que l’on brûle avant sa mort, nous connaissons l’immense drame intérieur que la sainte de Calcutta a vécu pendant environ cinquante ans. Elle a connu ce que de grands mystiques de l’histoire de l’Église ont connu : la nuit obscure des sens, la nuit de la foi; la nuit terrible de la foi. Voici un des extraits de ses lettres :
« Il y tant de contradiction dans mon âme, un profond désir de Dieu, si profond qu’il fait mal; une souffrance permanente, et avec cela, le sentiment de ne pas être voulue par Dieu, rejetée, vide, sans foi, sans amour, sans zèle … Le ciel n’a aucun sens pour moi : il m’apparaît comme un lieu vide! »
Et Mère Teresa a écrit au Père Joseph Neuner, s.j., le 6 mars 1962 : « Si jamais je deviens sainte, je serai certainement une sainte des « ténèbres ». Je serai continuellement absente du Ciel pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur terre. »
Et pourtant, malgré tout cela, Mère Teresa souriait tout le temps et désirait que ses Sœurs sourient à leur tour. J’ai vu de mes yeux Mère Teresa en 1978; elle était à un mètre de moi et je l’ai entendue dire devant moi : « Si une jeune fille ne sourit pas, il vaut mieux qu’elle entre dans une autre Congrégation religieuse que la mienne. » Cette chère sainte a aussi dit un jour : « La joie est le meilleur moyen de prêcher l’Évangile. ». Vous savez à quel point la joie est un thème qui me tient à cœur. Dans le passé, j’ai prêché des retraites à des religieuses et à des religieux. J’avais un thème unique; le titre de ma retraite était le suivant : « Soyez les témoins de ma joie ». J’ai prêché une retraite aux Sœurs Missionnaires de la Charité au Liban. Quelle ne fut pas ma surprise en arrivant chez elles, de voir les mots suivants écrits en grosses lettres au dessus de la porte d’entrée : « House Of Joy » (« Maison de la joie »). Mère Teresa a manifesté à chaque jour sa joie d’être chrétienne, alors qu’elle n’éprouvait en son cœur que tristesse et amertume. Cela nous montre une fois de plus que la joie, tout comme l’amour, n’est pas d’abord un sentiment, mais plutôt une décision. Et cela nous montre à l'évidence que Teresa de Calcutta est une sainte extraordinaire.