Noël 2011
Chers amis,
Laissez-moi vous souhaiter un saint Noël 2011; oui, un saint Noël 2011. Noël est la deuxième fête chrétienne en importance; elle vient après Pâques qui est la fête des fêtes : Pâques nous permet de célébrer la résurrection de Jésus. Si Jésus n’était pas ressuscité, nous ne serions pas ici aujourd’hui pour célébrer sa naissance. Pâques, c’est le but de la vie de Jésus et c’est notre but à nous aussi.
Ce Jésus qui est ressuscité, c’est Lui qui naît aujourd’hui pour nous. Je suis toujours étonné lorsque je prépare des jeunes parents au baptême de leur enfant, de constater que plusieurs d’entre eux ne savent pas que Jésus est Dieu. Tous sont d’accord pour dire que Jésus est le Fils de Dieu, mais plusieurs ignorent que Jésus est Dieu. Or moi, je ne serais pas tellement intéressé à connaître un Jésus qui ne serait qu’un homme. Un Jésus uniquement homme ne pourrait pas m’être d’une grande utilité. Mais si Jésus est Dieu, alors là, tout change.
Aujourd’hui, dans nos églises, nous allons retrouver une foule de gens qu’on ne voit pas souvent. Certains viendront pour entendre des chants qu’ils connaissent; certains viendront pour le côté folklorique ou culturel de la fête. C’est une tradition pour certains d’aller à l’église à Noël et parfois à Pâques. Mais plusieurs d’entre eux ne croient pas que Jésus est Dieu. Moi je crois que Jésus est Dieu. La première personne qui a cru à la divinité de Jésus, c’est Marie, sa Mère; celle que nous prions en disant : « Sainte Marie, Mère de Dieu ». La deuxième personne qui y a cru, dans le temps, il semble que ce fut Élisabeth, la cousine de Marie : « Qu’est-ce qui me vaut que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 43) Ensuite, il y a eu Joseph : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse car l’enfant qu’elle a conçu vient de l’Esprit Saint. » (Lc 1, 20)
Depuis deux mille ans, des millions et des millions de personnes ont cru et croient que Jésus est Dieu. Et les personnes qui croient que Jésus est Dieu, sont loin d’être folles. Voilà pour moi un signe très fort de la vérité de notre foi : le fait que des millions de personnes aujourd’hui en 2011, comme par le passé, croient que Jésus est Dieu. On entend souvent des gens dire que « toutes les religions se valent ». Je regrette, mais toutes les religions ne se valent pas. Il n’y a pas une religion sur terre qui aille aussi loin que la nôtre; qui aille jusqu’à croire que le Dieu qui a tout créé, qui a créé le cosmos, les galaxies, les planètes et tout ce qui nous entoure, que ce même Dieu se soit fait petit enfant faible et nu et qu’il soit né dans une mangeoire ! C’est tellement extraordinaire que Dieu ait fait cela ! Et c’est tellement extraordinaire que des millions d’être humains croient cela aujourd’hui comme hier ! Au risque de me répéter, cela est pour moi un signe très fort de la vérité de ce mystère.
Personnellement, je crois à tout cela. Mais de plus en plus, je réalise que je n’y crois pas assez. Et voilà ma question en ce Noël 2011 : comment se fait-il que si je crois vraiment que Jésus est Dieu et qu’il naît pour moi aujourd’hui, que cela ne change pas plus de choses dans ma vie ? Avez-vous déjà lu des vies de saints et de saintes ? S’il y a une chose que nous devrions faire à chaque année, c’est de lire une vie de saint ou de sainte. Je viens tout juste de lire la vie de saint François d’Assise par Julien Green. C’est un livre magnifique. Quand vous lisez la vie d’un saint, vous voyez que la foi de cet homme ou de cette femme est tellement vive, tellement vivante. Ces personnes vivent avec l’invisible comme nous nous vivons avec le visible. Pour eux, c’est l’invisible qui est le plus réel. Les choses qui nous entourent, souvent nous déçoivent; les réalités invisibles et surnaturelles qui regardent Dieu, ne nous décevront jamais. Comment se fait-il, si je crois que Jésus est Dieu, que je ne le prie pas davantage ? Comment se fait-il, si je crois que Marie est la Mère de Dieu, que je ne la prie pas davantage ? Comment se fait-il, si je crois que Jésus est Dieu et qu’Il est par conséquent la vérité même, que je ne mette pas tous mes efforts à suivre ses voies, à suivre le chemin de l’évangile ?
Il y a une phrase de l’évangile qui me revient à l’esprit très souvent ces jours-ci : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation; l’esprit est ardent mais la chair est faible. » (Mt 26, 41) Combien de fois j’ai entendu cette phrase de mon très doux et souverain Seigneur? Combien de fois cette phrase est-elle parvenue à mes oreilles ? Mais comment se fait-il que je ne l’aie presque jamais appliquée à ma vie; que je ne l’aie presque jamais mise en pratique ? Jésus doit tellement être déçu que ses phrases divines tombent comme ça dans le vide, ou presque; que si peu de gens les écoutent vraiment. Sainte Marie, Mère de Dieu, apprends-nous à écouter la Parole de Dieu et à la mettre en pratique. Jésus lui, a été le premier à mettre en pratique ses divines paroles. La phrase que je viens de citer en saint Mathieu, Jésus l’a dite dans le jardin des oliviers, le dernier soir de sa vie sur terre. Jésus a connu ce soir-là l’épreuve la plus dure de sa vie. Il s’est mis à être triste à en mourir, à avoir peur, tellement peur qu’il suera du sang. Il connaîtra l’angoisse et un sentiment d’impuissance. Mais il aura recours à Dieu; il mènera le dur combat de la prière. Le mot « agonie », étymologiquement veut d’ailleurs dire combat. « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. L’esprit est ardent mais la chair est faible. » Cette phrase, Jésus l’a proclamée le soir du jeudi saint mais surtout, il l’a vécue; il l’a mise en application dans sa vie. Il a veillé et il a prié; il a beaucoup prié. Au terme de sa prière, il a reçu une telle force de son Père qu’il est allé sans hésitation jusqu’au bout de l’amour. Les meilleurs amis de Jésus qui ont entendu ces paroles magnifiques, ne les ont pas mises en pratique. Ils ont dormi au lieu de veiller et de prier et lorsque la tentation est venue, ils ont eu peur et ils ont fui. Voilà toute la différence.
Depuis quelques années, je vis des problèmes, des difficultés dans ma vie d’union avec Dieu, des tentations. Il y a une quinzaine de jours, en la Solennité de l’Immaculée Conception (le 8 décembre), j’ai reçu une très belle grâce : j’ai eu la conviction intime que si je remettais le chapelet dans ma vie, ces difficultés et ces tentations disparaîtraient. Or tel est le cas. Le soir, je sors mon chapelet et je le prie en compagnie de Marie. Et mes difficultés ou tentations fondent comme neige au soleil. Lorsque j’avais vingt ans, le chapelet récité tous les jours a été ma bouée de sauvetage. Grâce à cette prière mariale par excellence, j’ai retrouvé le chemin de l’évangile; j’ai retrouvé la paix, la sérénité et mon cœur a été disposé à entendre l’appel à la vie religieuse et sacerdotale.
Chers amis chrétiens et chrétiennes, qu’est-ce que je nous souhaite en ce Noël 2011 ? Je nous souhaite que cette foi en Dieu que nous avons en commun, que cette foi en Jésus, gouverne davantage notre vie. Prions en ce jour afin que nous devenions davantage présents au mystère. Prions pour que les choses qui nous entourent ne nous distraient pas de l’essentiel, des réalités invisibles qui sont beaucoup plus importantes et essentielles : « Les choses visibles sont provisoires; les choses invisibles sont éternelles. » (2 Cor 4,18)