mardi 28 novembre 2017

Solidarité avec les pécheurs

Solidarité avec les pécheurs 

La solidarité avec les pécheurs m’impressionne beaucoup. Être solidaire avec les pécheurs, ne veut pas dire approuver leurs péchés; ce serait le comble. Être solidaire avec les pécheurs, cela veut dire que nous reconnaissons que nous sommes tous pécheurs: « Tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce » (Rm 3, 23-24). Il y a une solidarité évidente dans le péché. Cela nous le savons en théorie. Mais dans les faits, est-ce que nous nous sentons solidaires de ceux et celles que nous considérons comme de grands pécheurs, ou du moins comme de plus grands pécheurs que nous? Je suis loin d’être sûr que ce soit le cas. Je pense plutôt que très souvent nous nous sentons séparés ou mis à part des personnes qui nous agacent par leurs comportements immoraux ou anti-religieux.

N'est-il pas très difficile de prier pour des personnes que dans le fond de nous-mêmes, nous méprisons? Essayez de prier sincèrement, très sincèrement pour des personnes publiques qui vous agacent et que vous méprisez presque.

Jésus est le modèle par excellence de la solidarité avec les pécheurs. Saint Paul nous dit que Dieu le Père a identifié son Fils au péché; c’est une phrase très forte: « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co 5,21). Jésus a pris sur lui tous les péchés du monde: « Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. » (1 Pi 2, 24)

« Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29)

Je n’aime pas tellement la traduction que l’on fait habituellement de cette phrase de Jean le Baptiste. On nous dit que Jésus enlève le péché du monde, mais le verbe grec employé par saint Jean dit beaucoup plus que cela; il nous dit comment Jésus enlève le péché. Il l’enlève en le prenant sur lui, à notre place :

« Jean-Baptiste voit Jésus qui avance parmi la foule et, inspiré d’en-haut, reconnaît en Lui l’envoyé de Dieu, qu’il introduit avec ces paroles : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Le verbe qui est traduit par « enlève » signifie littéralement « soulever », « prendre sur soi ». Jésus est venu dans le monde avec une mission précise : le libérer de l’esclavage du péché, en se chargeant des fautes de l’humanité. De quelle façon ? En aimant. Il n’y a pas d’autre façon de vaincre le mal et le péché sinon avec l’amour qui pousse à donner sa vie pour les autres. Dans le témoignage de Jean-Baptiste, Jésus a les traits du Serviteur du Seigneur, qui « portait nos souffrances, qui s’est chargé de nos douleurs » (Is 53, 4), jusqu’à mourir sur la croix. Il est le véritable agneau pascal, qui s’immerge dans le fleuve de notre péché, pour nous purifier.

Dans le Nouveau Testament, le terme « agneau » revient plusieurs fois et fait toujours référence à Jésus. Cette image de l’agneau pourrait surprendre; en effet, un animal qui ne se caractérise pas par sa force et sa robustesse porte sur ses épaules un poids si oppressant. La masse énorme du mal est enlevée et emportée par une créature faible et fragile, symbole d’obéissance, de docilité et d’amour sans défense, qui va jusqu’à se sacrifier elle-même. L’agneau n’est pas un dominateur, mais il est docile ; il n’est pas agressif, mais pacifique ; il ne montre pas les griffes ou les crocs quelle que soit l’attaque, mais il supporte et est soumis. Et Jésus est ainsi! Jésus est ainsi, comme un agneau.
Être disciples de l’Agneau signifie non pas vivre comme une « citadelle assiégée », mais comme une ville sur un mont, ouverte, accueillante, solidaire. Cela veut dire non pas prendre des attitudes de fermeture, mais proposer l’Évangile à tous, en témoignant par notre vie que suivre Jésus nous rend plus libres et plus joyeux. » (Pape François, Angelus du dimanche 19 janvier 2014).

De nos jours, le plus grand péché, selon moi, est l’athéisme, la négation volontaire de l’existence de Dieu. Les athées qui se vantent d’être athées, sont les personnes que, personnellement, j’ai le plus de difficulté à aimer. C’est pourquoi je demande à ma sainte préférée, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face, de me venir en aide, elle qui n’a pas craint de s’identifier aux athées et de partager en quelque sorte leur condition:

« En 1896, un an avant de mourir, elle fait une expérience spirituelle majeure, pour elle et l’Église de son temps: « Aux jours si joyeux du temps pascal, Jésus m’a fait sentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi »Elle découvre – et cela ne va pas de soi pour une religieuse – qu’on peut « en toute bonne foi » ne pas croire en Dieu. Cette prise de conscience la conduit à un approfondissement de sa recherche spirituelle. Le croyant n’est pas un être à part mais quelqu’un qui vit au milieu des autres. Elle comprend à frais nouveaux que la foi est véritablement un don de Dieu. Cette expérience humaine et spirituelle va modifier en profondeur sa relation avec Dieu.
Cette conscience de l’incroyance, Thérèse l’a eue d’une manière singulière. Dans la nuit du Vendredi saint, elle se met à cracher du sang. Elle pense mourir bientôt, et voir Dieu face à face. Mais la joie de cette rencontre fait vite place à l’angoisse et au doute. Thérèse se retrouve face à elle-même, face à sa propre mort. Les questions peu à peu l’assaillent, et la jeune carmélite va jusqu’à se demander si le Ciel existe.
« Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera non ce que tu espères mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant. » Elle est au pied du mur. Tous les beaux discours sur Dieu s’effondrent. Elle va mourir et sa question est finalement la même que celle de millions d’autres gens: « Y a-t-il véritablement quel­que chose après la mort ? »
Cette épreuve de foi, elle la relie à Dieu. C’est Lui qui, par amour, lui envoie cette épreuve : « Il (Jésus) permit que mon âme fût envahie des plus épaisses ténèbres et que la pensée du ciel si douce pour moi ne soit plus qu’un sujet de combat et de tourment ».
Elle attribue donc clairement cette épreuve à Dieu et non au démon, ce qui aurait été plus commode et aurait correspondu à la théologie de son époque. Elle met en pratique l’abandon dans sa radicalité. Son questionnement nouveau vient de Dieu, ce doute vient de Dieu. Son épreuve la rend ainsi spirituellement solidaire de ses contemporains. L’athéisme, la lutte contre Dieu, l’anticlé­ricalisme croissaient dans la France de l’époque et gagnaient bon nombre d’esprits.
Durant de longues années, elle s’est crue du côté des âmes justes. Et elle découvre au plus profond d’elle-même une aptitude à l’incroyance… Parce que tout croyant est un incroyant qui s’ignore, elle fait de ce dernier un frère à aimer, à respecter, à écouter.
« Seigneur, votre enfant l’a comprise votre divine lumière, elle vous demande pardon pour ses frères, elle accepte de manger aussi longtemps que vous le voudrez le pain de la douleur et ne veut point se lever de cette table remplie d’amertume où mangent les pauvres pécheurs !...  Seigneur, renvoyez-nous justifiés… Que tous ceux qui ne sont point éclairés du lumineux flambeau de la foi le voient luire enfin… S’il faut que la table souillée par eux soit purifiés par une âme qui vous aime, je veux bien y manger seule le pain de l’épreuve… »
Cette lumière divine qu’a comprise Thérèse est l’amour universel et inconditionnel de Dieu pour tous les hommes, les réprouvés, tous les assassins de la terre. Comme elle a uni la miséricorde à la justice, elle lie la charité à la foi. Pour Thérèse la foi n’est plus seulement de l’ordre de la connaissance mais surtout de l’amour et de la confiance. Elle veut s’asseoir à la table des pêcheurs, c’est-à-dire vivre avec eux, partager les questions, les doutes, les douleurs, les errements de tous ceux qui tâtonnent en ce monde et cherchent un chemin et un sens à leur existence. Ce partage de vie avec les pécheurs est le signe le plus tangible de la proximité de Dieu, lui qui fait lever son soleil tant sur les bons que les méchants. (1)

Questions pour un partage:

Ai-je tendance à me sentir solidaire des pécheurs ou « séparé des pécheurs », mis à part ?

Qu’ai-je l’intention de faire durant le merveilleux temps de l’Avent, pour manifester ma solidarité avec les pécheurs?




samedi 25 novembre 2017

"Guy, m'aimes-tu?" (Jésus)

« Guy (Jean, Nicole, etc.), m’aimes-tu? » (Jésus)


Nous vivons en fin de semaine le dernier dimanche de l’année liturgique. Nous célébrons Jésus Roi de l’univers. C’est une solennité que j’aime beaucoup. Jésus veut régner sur l’univers et je me dois de partager avec Lui ce désir. Pour que ce désir se réalise, Jésus doit d’abord régner en moi et autant que possible de façon complète et totale. Nous savons grâce à la Parole de Dieu et à l’enseignement de l’Église, que nous verrons Jésus face à face lorsque nous serons parfaitement unis à Lui, immaculés dans l’amour: « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » (Ephésiens 1, 4)

À mes yeux, la seule question qu’il vaut la peine de se poser en ce grand jour où nous célébrons notre Roi, c’est la demande que Jésus a adressée à son ami Simon-Pierre à trois reprises, au lendemain de la Résurrection: « Pierre, m’aimes-tu? ». Voilà la question que Jésus désire nous poser, aujourd’hui, selon moi.

J’ai fait une heureuse découverte ces jours-ci. J’ai partagé cette découverte dans un de mes derniers blogues intitulé: « Pourquoi un pape devient-il pape ».

La question que Jésus Ressuscité pose au chef des apôtres, sur le bord du lac de Tibériade, m’a toujours posé problème. Cela m’a toujours semblé être une question embarrassante pour Simon-Pierre. Or comment la plus belle question que Jésus puisse nous poser, peut-elle être embarrassante? C’est, comme on dit parfois, une contradiction dans les termes.

Dernièrement, je me suis souvenu d’un magnifique texte du cardinal Carlo Maria Martini, que j’ai lu il y a de cela plusieurs années. En lisant à nouveau ce texte, j’ai finalement compris que l’on peut interpréter de façon très positive les trois questions sur l’amour que Jésus a posées à Pierre. Les lignes que vous lirez dans un instant, ne résolvent pas tous les problèmes et interrogations que peuvent soulever ce passage des évangiles, mais elles jettent une lumière nouvelle et pénétrante sur le dialogue entre Jésus et Pierre. Vous pourrez lire dans un instant les réflexions du cardinal Martini; elles m’ont servi dernièrement pour répondre à une question qui peut sembler étrange, mais qui a son importance; cette question est la suivante: « Pourquoi un pape devient-il pape? »

Pourquoi un pape devient-il pape?
(Blogue « Dieu ma joie » du Père Guy Simard, omv, en date du 16 novembre 2017)

Voilà une question un peu étrange, n’est-ce pas? Pas si étrange que cela, à vrai dire, car quiconque sait ce qu’est un pape, s’est probablement déjà posé cette question. Je vais donner une réponse vraie, mais non exhaustive, évidemment. Ma réponse aujourd’hui est celle-ci: un pape devient pape parce qu’il aime Jésus plus que d’autres personnes qui aiment Jésus. Un pape devient pape parce qu’il aime beaucoup Jésus. Car parmi les gens qui aiment Jésus, il y a ceux et celles qui l’aiment beaucoup, ceux et celles qui l’aiment moyennement, et ceux et celles qui l’aiment peu ou pas du tout.

Jésus a confirmé le choix de Pierre comme premier pape, quelques jours après sa résurrection. Lorsque Jésus ressuscité est apparu à ses apôtres sur le bord du lac de Tibériade, il a demandé à Pierre à trois reprises: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? ». Chacune de ces trois questions posées à Pierre, était un peu différente. Je veux insister ici sur la première des trois questions:

« Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond: « Oui, Seigneur! Toi, tu le sais: je t’aime. » Jésus lui dit: « Sois le berger de mes agneaux. » (Jn 21, 15)

La question de Jésus est très intéressante. Elle montre que pour être pape, il faut aimer Jésus d’une façon très spéciale; il faut aimer Jésus plus que la grande majorité des gens. Je remercie les papes que j’ai connus d’avoir tant aimé Jésus. Nous allons lire dans un instant un texte du pape Paul VI qui nous montre l’amour immense qu’il avait pour Jésus. Voilà le premier exemple que je désire recevoir de chaque pape: l’exemple de quelqu’un qui est amoureux de Jésus.

À première vue, on pourrait penser que ces trois questions sur l’amour, ont dû être très éprouvante pour l’apôtre Pierre. Mais comme le dit le cardinal Carlo Maria Martini, décédé en 2012, c’est mystérieusement le moyen que Jésus a choisi pour que Pierre retrouve confiance en lui et qu’il ne puisse plus douter de la confiance que Jésus avait en lui:

« Comment Jésus lui restitue la confiance? Non pas par à un interrogatoire sur les faits, mais grâce à interrogatoire sur l’amour. Ainsi Jésus l’interroge sur la réalité qui est la plus profonde et la plus vraie chez Pierre; il va creuser dans le fond de cet homme et y chercher ce qu’il y a en lui de meilleur.

S’il l’avait interrogé sur la constance, sur la cohérence, sur la maîtrise de soi, sur la prudence, sur toutes ces choses, Pierre aurait peut-être dit: « Oui, j’ai failli; je ne mérite plus confiance, je ne suis plus digne d’être appelé ton vicaire, fais de moi le dernier de tes employés ». Au lieu de cela, Jésus l’interroge sur l’amour et voilà que nous nous scandalisons quasiment de cela, ou encore nous sommes si aveugles que nous ne nous étonnons même pas de l’étrangeté de cette interrogation.

Il m’est arrivé quelques fois de lire les questionnaires qui se font lorsque quelqu’un doit être examiné en vue d’un poste de responsabilité dans l’Église : on demande s’il sait prêcher, s’il sait administrer, s’il sait organiser, s’il sait se débrouiller dans des situations difficiles. Il n’y a aucune question sur l’amour; je n’ai jamais vu dans ces questionnaires la demande « s’il sait aimer ».   

Mais Jésus, au contraire, demande l’amour: « Sais-tu aimer? ». Et puisque Jésus sait ce qu’il fait, cela veut dire que c’est elle la question la plus importante, la demande fondamentale adressée à l’homme, celle où se joue non seulement le destin de l’homme, mais aussi celui de l’Église.

Voyons un peu comment Jésus interroge Pierre sur l’amour. Il l’interroge trois fois, comme pour dire : « Non, non, non, …  c’est cela la question; je n’en ai pas d’autres » (1)

Je suis très heureux d'avoir redécouvert ce texte du cardinal Martini. Les mots de ce cardinal m'ont réconcilié avec le dialogue entre Jésus ressuscité et saint Pierre. Jusqu'à maintenant, je considérais que ce dialogue avait dû être une terrible épreuve pour le premier des apôtres. Quelles questions embarrassantes après son triple reniement! Mais maintenant je comprends que l'intention de Jésus n'était pas d'embarrasser son bon ami, mais de lui redonner confiance. Car Jésus savait que Pierre l'aimait et l'avait toujours aimé. Jésus savait aussi que Pierre avait pleuré amèrement son triple reniement et que cela aussi était un signe de son amour. Ces pleurs ont mystérieusement fait croître l'amour de Pierre envers Jésus. L’origine des chaudes larmes que Pierre a versées à l’aube du matin où Jésus fut condamné à mort, se trouve certainement dans le regard que Jésus a posé sur son ami immédiatement après que celui-ci l’eut renié pour la troisième fois, comme le relate saint Luc (Lc 22, 61). Le regard d'amour qu'a posé Jésus sur son apôtre à ce moment précis et crucial, a été à jamais gravé dans la mémoire de saint Pierre et a contribué à faire grandir énormément l'amour du disciple pour son Maître et Ami. C'est cet amour que Jésus a voulu faire ressortir par ses trois questions. Comme c’est beau, n’est-ce pas?




La peinture que vous voyez ci-dessus est une commande spéciale que j’ai faite à une artiste de chez nous, madame Anne-Marie Forest. Lorsque j’ai rencontré Anne-Marie et que j’ai su qu’elle était peintre professionnelle, je lui ai demandé de peindre la scène évangélique qui me bouleverse le plus, c'est-à-dire le regard qu’a posé Jésus sur Simon-Pierre, après que celui-ci l’eut renié pour une troisième fois. J’ai dit à Anne-Marie que je désirais que Jésus soit placé entre deux soldats et qu’il soit en train de regarder Pierre. Je lui ai aussi dit que Pierre ne devrait pas être dans la peinture; c’est chacun de nous qui, regardant Jésus, devions nous mettre dans la peau et les souliers de Simon-Pierre. N’est-ce pas que cette peinture est magnifique? Merci chère Anne-Marie pour cet immense cadeau qui continue à m’inspirer et m’inspirera jusqu’à ma mort.

Voici maintenant l’exemple d’un pape de notre époque, qui ne s’est pas gêné de manifester au monde entier à quel point son cœur était épris de Jésus, amoureux de Jésus.

Extraits d’une homélie prononcée par Paul VI à Manille (traduction qui est mienne):    

HOMÉLIE DE PAUL VI À MANILLE (29 NOVEMBRE 1970)

Jésus Christ

(Pour lire cette page merveilleuse de Paul VI, voir le blogue « Dieu ma joie » en date du 16 novembre 2017)


     (1)   Carlo Maria Martini, « ... è il Signore! » Gv. 21,7, Cooperativa In Dialogo, 1983, pp. 53-54. J’ai moi-même traduit le texte en français.


Ce blogue est en fait un enseignement pour les cellules paroissiales d’évangélisation qui sont dans notre paroisse. Le but de cet enseignement est de susciter en nous un plus grand amour envers Jésus.

Question pour le partage :

Comment est-ce que je montre à Jésus que je l’aime? De quelles manières concrètes? 
104 vues25 novembre


mardi 21 novembre 2017

21 novembre: Marie Mère de l'Église

21 novembre: Marie Mère de l’Église 
 Résultats de recherche d'images pour « marie Mère de l'Église » Résultats de recherche d'images pour « marie Mère de l'Église »

Chers amis, le titre de ce blogue peut étonner car le 21 novembre, à chaque année, l’Église célèbre la fête de la Présentation de la Vierge Marie. À chaque année, quand arrive le 21 novembre, je me souviens du moment historique qui a eu lieu le 21 novembre 1964. J’ai écrit un blogue à ce sujet il y a trois ans, le 21 novembre 2014. Puisque plusieurs d’entre vous ne visitaient pas mon blogue à cette époque, je reproduis aujourd’hui pour vous ce blogue car le 21 novembre sera à jamais une date mémorable.

Blogue Dieu ma joie du 21 novembre 2014:

En ce 21 novembre 2014, je désire souligner que nous vivons le cinquantième anniversaire de la proclamation solennelle faite par le pape Paul VI en l’honneur de la très Sainte Vierge Marie. Il y a cinquante ans, le 21 novembre 1964, en un geste prophétique et usant de son autorité comme successeur de Pierre, le pape a déclaré solennellement que Marie est « la Mère de l’Église ». Je suis peiné de voir que les médias catholiques ne soulignent pas ce grandiose anniversaire.

En 1964, l’Église était en plein Concile oecuménique, appelé Concile Vatican II. Ce concile a débuté le 11 octobre 1962, sous le pontificat de Jean XXIII, et s’est terminé le 8 décembre 1965. Il s’agit là, selon moi, de l’événement majeur de l’Église des temps modernes. Nous vivons toujours sous l’élan donné par ce concile. Plusieurs documents conciliaires ont été promulgués. Le plus important d’entre eux est le document sur l’Église, intitulé : Lumen Gentium, que l’on pourrait traduire par Lumière des nations. Lors de la préparation de ce document, les Pères conciliaires ont discuté sur la place de la Vierge Marie dans le plan du salut. Certains Pères conciliaires ont voulu qu’un document du Concile soit dédié exclusivement à la Mère de Dieu. Mais la proposition qui fut retenue fut celle-ci : Marie fait partie du peuple de Dieu; Elle est le membre le plus noble et le plus saint du peuple de Dieu qu’est l’Église, mais elle en fait partie. On traitera donc de la Vierge Marie au terme du document sur l’Église. Et c’est ce qui fut fait. Le chapitre VIII de la Constitution apostolique Lumen Gentium, est intitulé : « La Bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Eglise ». Plusieurs experts considèrent que ce chapitre VIII de la Constitution Lumen Gentium, est le texte marial le plus profond, le plus équilibré et le plus complet qui ait jamais été écrit sur la Vierge Marie (1).
Les documents conciliaires étaient définitivement approuvés, une fois promulgués. C’est le pape qui faisait la promulgation. Le 21 novembre 1964, a eu lieu la promulgation du document conciliaire sur l’Église, intitulé : Lumen Gentium. Ce jour-là, d’après ce que j’ai déjà lu, le pape a pris tous les Pères conciliaires par surprise, en profitant de ce moment pour déclarer solennellement que la Vierge Marie est la  Mère de l’Église (voir, ci-dessous, certains extraits de cette déclaration). Dans un article qui a paru il y a de cela plusieurs années dans le journalL’Homme Nouveau, je me souviens d’avoir lu qu’à peine le pape Paul VI eut prononcé les mots suivants: « C'est donc à la gloire de la bienheureuse Vierge et à notre réconfort que Nous proclamons Marie très sainte, Mère de l'Eglise », les 2400 Pères conciliaires se sont levés d’un bond et se sont mis à applaudir avec enthousiasme durant de nombreuses minutes. Les personnes qui ont eu la grâce de participer à ce moment de la vie de l’Église, ne l’oublieront jamais. Heureuses sont-elles!    

Voici quelques extraits des paroles prononcées par le pape Paul VI, le 21 novembre 1964 :

24. Avec la promulgation - aujourd'hui - de la Constitution qui a, comme sommet et couronnement, tout un chapitre dédié à la Vierge, nous pouvons à juste titre affirmer que la présente session se conclut par un hymne incomparable de louange en l'honneur de Marie.

25. C'est en effet, la première fois, et le dire Nous remplit d'une profonde émotion, qu'un Concile oecuménique présente une synthèse si vaste de la doctrine catholique sur la place que Marie très sainte occupe dans le mystère du Christ et de l'Eglise.

29. [...] De très nombreux Pères ont fait leur (notre propre voeu) en demandant instamment que soit explicitement déclarée, pendant ce Concile, la fonction maternelle que la bienheureuse Vierge Marie exerce envers le peuple chrétien. Dans ce but, Nous avons cru opportun de consacrer, dans cette séance publique, un titre en l'honneur de la Vierge, suggéré de divers côtés dans le monde catholique et qui Nous est particulièrement cher, parce qu'il synthétise admirablement la place privilégiée reconnue par ce Concile à la Vierge dans la sainte Eglise.

30. C'est donc à la gloire de la bienheureuse Vierge et à notre réconfort que Nous proclamons Marie très sainte, Mère de l'Eglise, c'est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, qui l'appellent Mère très aimante, et Nous voulons que, dorénavant, avec un tel titre très doux la Vierge soit encore plus honorée et invoquée par tout le peuple chrétien.

31. [...] Ce titre en vérité appartient à l'authentique substance de la dévotion à Marie, trouvant sa justification dans la dignité elle-même de la Mère du Verbe Incarné. 


32. Comme en fait la maternité divine est le fondement de la relation spéciale avec le Christ et de sa présence dans l'économie du salut opéré par le Christ Jésus, cette maternité constitue le fondement principal des rapports entre Marie et l'Eglise, car elle est Mère de Celui qui, depuis le premier instant de l'Incarnation dans son sein virginal, s'est uni comme chef son Corps mystique, qui est l'Eglise. Marie, donc, en tant que Mère du Christ, est Mère aussi de tous les pasteurs et fidèles, c'est-à-dire de l'Eglise.

36. Nous souhaitons donc que la promulgation de la Constitution sur l'Eglise, renforcée par la proclamation de Marie, Mère de l'Église, c’est à dire de tous, fidèles et pasteurs, fasse que le peuple chrétien s'adresse à la Sainte Vierge avec plus de confiance et de ferveur et lui rende le culte et l'honneur qui lui reviennent.

37. De même que Nous sommes entrés dans le Concile, après l'invitation de Jean XXIII, le 11 octobre 1962, « avec Marie, Mère de Jésus », de même, à la fin de la troisième session, nous sortons de cette même basilique au nom très saint et très doux de Marie, Mère de l'Église.

(Les paragraphes ci-dessus sont extraits du discours du 21 Novembre 1964, à la conclusion de la 3ème session du Concile Vatican II et lors de la  promulgation de la Constitution Lumen Gentium, dans Enchiridion Vaticanum 1, n° 302-313).



(1)  Pour lire le chapitre 8 de Lumen Gentium, veuillez cliquer sur le lien suivant: 

Vatican II, Chapitre VIII de Lumen Gentium | Marie de ...

 www.mariedenazareth.com/qui.../vatican-ii-chapitre-viii-de-lumen-genti...











lundi 20 novembre 2017

Homélie 33ème dimanche: parabole des talents

Homélie 33ème dimanche: parabole des talents

Je remercie madame Angela Sunde, une des bénévoles les plus actives en notre paroisse, de filmer à l’aide de son iPad plusieurs de mes homélies dominicales et de les mettre sur la page Facebook de la paroisse, dont elle est la responsable (1). Angela filme les homélies avec discrétion et je la remercie pour cela.  

Il semble que mon homélie d’hier ait été plus longue que d’habitude puisqu’elle a nécessité deux vidéos.

Je suis désolé pour les gens qui ne peuvent pas visionner les vidéos, pour des raisons pratiques dues à la technologie ou aux abonnements auxquels on peut ne pas être inscrit.




(1) 

Paroisse St Enfant Jésus - Accueil | Facebook

https://fr-ca.facebook.com › Lieux › Pointe-aux-Trembles › Organisation

samedi 18 novembre 2017

Georgette Blaquière sur la jalousie

Georgette Blaquière sur la jalousie

Je crois profondément au « kairos », mot grec signifiant le « moment favorable ». J’y crois encore plus en tant que chrétien. Pour un chrétien, le temps est toujours le temps de Dieu et l’être humain cherche à s’adapter au temps de Dieu, à faire entrer le temps de Dieu dans sa vie. « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le  jour du salut » (2 Co 6,2).

Un bel anniversaire est à nos portes: demain, le 19 novembre, nous célébrerons la cinquième anniversaire du décès de madame Georgette Blaquière et, je le crois, son entrée dans la béatitude éternelle. Cet anniversaire m’aurait échappé si Martine, la fille de madame Blaquière ne m’avait écrit un mot dernièrement (voir deux de mes récents blogues). Cet anniversaire est pour moi l’occasion de me replonger un peu dans la pensée et les écrits de madame Blaquière.

Hier, en lisant quelques pages du livre de Georgette Blaquière intitulé « Prêtre pour l’Amour de Jésus et de l’Évangile », j’ai fait une découverte qui me laisse un peu bouche bée. Madame Blaquière est à mes yeux une spécialiste des Écritures Saintes. Pour moi, un ou une spécialiste des Saintes Écritures, ce n’est pas d’abord quelqu’un qui connaît le texte sacré grâce à l’exégèse. C’est cela aussi, bien sûr, mais ce n’est pas d’abord cela à mes yeux. Le spécialiste de la Bible est pour moi quelqu’un qui saisit le sens profond d’un texte biblique et qui sait l’adapter à la vie courante et ce, de façon universelle.

En lisant hier ce qu’a écrit madame Blaquière sur la parabole du Père Miséricordieux, aussi appelée la parabole des deux fils ou la parabole du fils prodigue, j’ai finalement appris à nommer spécifiquement en quoi consiste le péché du fils aîné de la parabole. J’ai toujours été scandalisé du peu d’amour qu’avait ce fils aîné pour son père et pour son frère, mais étrangement, je n’avais jamais réellement mis le doigt sur son « péché capital » qui est la JALOUSIE. Comme c’est étrange, n’est-ce pas, qu’un prêtre ordonné il y a de cela trente-quatre ans, n’ait jamais découvert par lui-même ou grâce à d’autres personnes, que le péché principal, capital du fils aîné de la parabole est la jalousie. Or il a suffi que je lise quelques lignes de Georgette Blaquière, pour faire cette heureuse et douloureuse découverte. Heureuse parce que c’est toute une lumière dans ma vie, mais douloureuse à cause du fait que chaque être humain est tantôt le fils cadet et tantôt le fils aîné. Le but de la parabole étant bien sûr que nous devenions de plus en plus ici-bas, comme notre Père des cieux. Voici quelques lignes de madame Blaquière:

Note: c’est moi qui ai inventé et mis les sous-titres en caractères gras; il y a des sous-titres dans le livre de madame Blaquière, mais ils sont différents et placés à d'autres endroits.

La jalousie du fils aîné:

« Le fils aîné est un bon serviteur, dur à la tâche, un jeune homme sérieux qui n’a jamais le temps de se distraire et de s’amuser et, comme il arrive souvent dans ce cas, il ne supporte pas que les autres le fassent. Cela nous arrive parfois, ainsi l’algarade de Marthe et Marie. Le plus grave n’est pas dans les paroles mais dans le cœur: en réalité, « on était bien tranquille depuis que le petit était parti. Alors, pourquoi faire tant d’histoires pour son retour? » Ce qui est au cœur, c’est la jalousie.

La jalousie spirituelle est certainement le poison de beaucoup de nos communautés chrétiennes et la racine d’une sorte d’autodestruction des chrétiens par eux-mêmes: jalousie entre laïcs et prêtres, entre hommes et femmes, entre paroisses, entre mouvements … Chacun cherche à défendre son territoire et supporte mal la différence de l’autre. C’est qu’en réalité, chacun voudrait être préféré, pas seulement aimé. Chacun voudrait être approuvé et pas seulement reconnu. Comme s’il n’y avait pas assez de place pour tout le monde sous le soleil de Dieu, comme si la moisson n’était pas assez abondante pour que Pierre, Paul et Apollos trouvent chacun leur place.

La jalousie spirituelle s’enracine en de profondes blessures, dans beaucoup de souffrances, de déceptions, dans une vie qui aurait voulu être tout entière donnée: « J’ai fait ce que j’ai pu, je t’ai servi fidèlement. Alors, pourquoi lui et pas moi? »

Or, dans le Corps du Christ, nous sommes tous dépendants les uns des autres. … Chacun de nous reçoit de son frère ce qui lui manque, …

Notre Père:

La pointe de la parabole, le but de cette parabole, est de nous révéler quelle sorte de Père nous avons dans les cieux. Madame Blaquière continue ainsi :

Son père sortit l’en prier.

Comment pouvons-nous entendre cette phrase sans avoir « le cœur transpercé » par l’humilité de la miséricorde de Dieu! Le Père est toujours dehors … sur le pas de la porte à attendre le retour du petit, hors de la salle du festin pour aller chercher l’aîné drapé dans sa dignité et sa colère. Le Père est un père humilié parce qu’Il est l’Amour. Il vient nous prier …
     Est-ce que j’écoute la prière de Dieu vers moi? Depuis le commencement du monde, Dieu « sort » pour chercher et prier l’homme.
     Je crois toujours que c’est moi qui le prie. Le bruit de mes paroles ne risque-t-il pas d’étouffer la voix de Dieu au cœur de mon cœur?

Le Père dit au fils aîné : …  « Tu voulais un chevreau? Mais c’est ridicule, prends tout, prends tout l’héritage, agis en fils, tu es ici chez toi. »

Jésus le vrai Fils aîné:

« Si le fils aîné avait aimé le père, il lui aurait dit: « Père, les moissons attendront. Tu es trop malheureux. Le petit, je vais aller « te » le chercher et je le ramènerai. » Et il serait parti.
     Voilà ce qu’a fait Jésus, le vrai Fils aîné qui aimait parfaitement le Père. Toute la théologie de l’Incarnation rédemptrice est révélée là comme en creux. …
     Jésus est parti chercher et sauver celui qui était perdu. Il est allé sur tous les chemins des hommes et quand Il l’a retrouvé, Il lui dit: « Souviens-toi du Père, Il t’aime, tu lui manques, Il ne se console pas de ton départ. Il faut revenir à la maison. »
     Le petit a répondu: « Après ce que j’ai fait, Il ne peut plus m’aimer. » Jésus a repris: « Il t’aime toujours comme on aime quelqu’un d’un « amour d’absence ». Il m’a envoyé te chercher. » Le petit a répondu: « Je ne puis plus revenir. Je suis devenu, ici, esclave pour garder les porcs. » Alors l’aîné lui a répondu: « Je vais te racheter à ton maître, je vais prendre sur moi ce contrat, je me ferai esclave à ta place. »
     Jésus a payé la cédule de notre dette … (Col 2, 14). Il nous a arrachés à l’empire des ténèbres (Col 1, 13). Jésus n’a pas craint de prendre sur lui l’odeur des porcs (c’est moi qui ai mis ces mots en caractères gras). Lui qui était innocent, Il a pris sur Lui le poids et la souillure de nos péchés: « Il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasés à cause de nos crimes, le châtiment qui nous rend la paix est sur Lui, et c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris » (Is 53, 5). (Georgette Blaquière, Prêtre pour l'Amour de Jésus et de l'Évangile, Éditions du Lion de Juda, 1990, pp. 36-41)

Nous voyons ici à quel point Georgette Blaquière est de notre temps et même avant son temps. Elle écrivait ces phrases en 1990, il y a 27 ans. Or, on croirait entendre et lire le pape François. Le pape François n’arrête pas de nous dire et ne se fatigue pas de nous dire que nous devons être des chrétiens en « sortie », à l’image du Dieu des sorties.

Une des images les plus fortes que j’ai reçue à date du pape François, est celle-ci: le prêtre, le pasteur doit avoir l’odeur des brebis. Cette expression est magnifique. Comme prêtre de paroisse, j’applique surtout cette phrase à mes paroissiens. Je me dois de connaître mes paroissiens; je me dois de me faire proche d’eux, au point d’avoir leur odeur, de prendre sur moi leur odeur. Voilà ce qu’est un amour de proximité. Notre cher pape en employant cette expression, veut sûrement dire que le pasteur doit aussi prendre soin des brebis qui ne sont pas de son enclos (Jn 10, 16), que le bon berger doit également prendre l’odeur des personnes qui sont loin de Dieu, loin de la foi. Mais cela n’est pas dit aussi clairement que ne le fait madame Blaquière. Georgette Blaquière, en disant que « Jésus n’a pas craint de prendre sur lui l’odeur des porcs », va au maximum de l’amour. Le porc était l’animal impur par excellence. Jésus a toujours côtoyé les personnes considérées à son époque comme étant impures et ne cesse de se faire proche des gens qui se sont éloignés de Lui. Il est allé loger chez Lévi (futur Matthieu) et Zachée, deux publicains notoires. Jésus a été considéré impur pour cela et a même été crucifié pour avoir fait cela. De même, les pasteurs de notre temps ne doivent pas craindre de prendre l’odeur des porcs (le mot « porcs » désignant ici les personnes impures), l'odeur des personnes qui nient Dieu ou qui se vautrent dans le péché et de les côtoyer, les aimer et si possible, avec la grâce de Dieu, les sauver. Car il y a impureté et impureté. Nous sommes tous impurs face à Dieu; telle est la condition de l’être humain. Nous sommes tous pécheurs (Rm 3, 23), mais il y a une grande différence entre l’être humain qui se reconnaît pécheur et cherche à s’améliorer et l’être humain qui nie Dieu ou ne cherche pas du tout à se convertir, à changer ce qui devrait être changé en lui.

Merci madame Blaquière, de jeter une telle lumière sur mon rôle et ma mission de prêtre. 



Questions pour un partage: Madame Georgette Blaquière met le doigt sur le péché qui mine de l’intérieur toutes les communautés chrétiennes: la jalousie. Elle met aussi en lumière le péché principal du fils aîné qui se croyait juste.

Quelle résonance ont en moi les paroles de madame Blaquière?

Quelle lacune profonde habite le cœur d’une personne jalouse?






jeudi 16 novembre 2017

Pourquoi un pape devient-il pape?

Pourquoi un pape devient-il pape?

Voilà une question un peu étrange, n’est-ce pas? Pas si étrange que cela, à vrai dire, car quiconque sait ce qu’est un pape, s’est probablement déjà posé cette question. Je vais donner une réponse vraie, mais non exhaustive, évidemment. Ma réponse aujourd’hui est celle-ci: un pape devient pape parce qu’il aime Jésus plus que d’autres personnes qui aiment Jésus. Un pape devient pape parce qu’il aime beaucoup Jésus. Car parmi les gens qui aiment Jésus, il y a ceux et celles qui l’aiment beaucoup, ceux et celles qui l’aiment moyennement, et ceux et celles qui l’aiment peu ou pas du tout.

Jésus a confirmé le choix de Pierre comme premier pape, quelques jours après sa résurrection. Lorsque Jésus ressuscité est apparu à ses apôtres sur le bord du lac de Tibériade, il a demandé à Pierre à trois reprises: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? ». Chacune de ces trois questions posées à Pierre, était un peu différente. Je veux insister ici sur la première des trois questions:

« Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond: « Oui, Seigneur! Toi, tu le sais: je t’aime. » Jésus lui dit: « Sois le berger de mes agneaux. » (Jn 21, 15)

La question de Jésus est très intéressante. Elle montre que pour être pape, il faut aimer Jésus d’une façon très spéciale; il faut aimer Jésus plus que la grande majorité des gens. Je remercie les papes que j’ai connus d’avoir tant aimé Jésus. Nous allons lire dans un instant un texte du pape Paul VI qui nous montre l’amour immense qu’il avait pour Jésus. Voilà le premier exemple que je désire recevoir de chaque pape: l’exemple de quelqu’un qui est amoureux de Jésus.

À première vue, on pourrait penser que ces trois questions sur l’amour, ont dû être très éprouvantes pour l’apôtre Pierre. Mais comme le dit le cardinal Carlo Maria Martini, décédé en 2012, c’est mystérieusement le moyen que Jésus a choisi pour que Pierre retrouve confiance en lui et qu’il ne puisse plus douter de la confiance que Jésus avait en lui:

« Comment Jésus lui restitue la confiance? Non pas par à un interrogatoire sur les faits, mais grâce à interrogatoire sur l’amour. Ainsi Jésus l’interroge sur la réalité qui est la plus profonde et la plus vraie chez Pierre; il va creuser dans le fond de cet homme et y chercher ce qu’il y a en lui de meilleur.

S’il l’avait interrogé sur la constance, sur la cohérence, sur la maîtrise de soi, sur la prudence, sur toutes ces choses, Pierre aurait peut-être dit: « Oui, j’ai failli; je ne mérite plus confiance, je ne suis plus digne d’être appelé ton vicaire, fais de moi le dernier de tes employés ». Au lieu de cela, Jésus l’interroge sur l’amour et voilà que nous nous scandalisons quasiment de cela, ou encore nous sommes si aveugles que nous ne nous étonnons même pas de l’étrangeté de cette interrogation.

Il m’est arrivé quelques fois de lire les questionnaires qui se font lorsque quelqu’un doit être examiné en vue d’un poste de responsabilité dans l’Église : on demande s’il sait prêcher, s’il sait administrer, s’il sait organiser, s’il sait se débrouiller dans des situations difficiles. Il n’y a aucune question sur l’amour; je n’ai jamais vu dans ces questionnaires la demande « s’il sait aimer ».   

Mais Jésus, au contraire, demande l’amour: « Sais-tu aimer? ». Et puisque Jésus sait ce qu’il fait, cela veut dire que c’est elle la question la plus importante, la demande fondamentale adressée à l’homme, celle où se joue non seulement le destin de l’homme, mais aussi celui de l’Église.

Voyons un peu comment Jésus interroge Pierre sur l’amour. Il l’interroge trois fois, comme pour dire : « Non, non, non, …  c’est cela la question; je n’en ai pas d’autres » (1)

Je suis très heureux d'avoir redécouvert ce texte du cardinal Martini. Les mots de ce cardinal m'ont réconcilié avec le dialogue entre Jésus ressuscité et saint Pierre. Jusqu'à maintenant, je considérais que ce dialogue avait dû être une terrible épreuve pour le premier des apôtres. Quelles questions embarrassantes après son triple reniement! Mais maintenant je comprends que l'intention de Jésus n'était pas d'embarrasser son bon ami, mais de lui redonner confiance. Car Jésus savait que Pierre l'aimait et l'avait toujours aimé. Jésus savait aussi que Pierre avait pleuré amèrement son triple reniement et que cela aussi était un signe de son amour. Ces pleurs ont mystérieusement fait croître l'amour de Pierre envers Jésus. D'autant plus que Pierre a croisé le regard de Jésus immédiatement après l'avoir renié pour la troisième fois, comme le relate saint Luc (Lc 22, 61). Le regard d'amour qu'a posé Jésus sur son apôtre à ce moment précis et crucial, a été à jamais gravé dans la mémoire de saint Pierre et a contribué à faire grandir énormément l'amour du disciple pour son Maître et Ami. C'est cet amour que Jésus a voulu faire ressortir par ses trois questions. Comme c'est beau, n'est-ce pas?

Voici maintenant l’exemple d’un pape de notre époque, qui ne s’est pas gêné de manifester au monde entier à quel point son cœur était épris de Jésus, amoureux de Jésus.

Extraits d’une homélie prononcée par Paul VI à Manille (traduction qui est mienne):    

HOMÉLIE DE PAUL VI À MANILLE (29 NOVEMBRE 1970)

Jésus Christ

Moi, Paul, successeur de saint Pierre, chargé de la mission pastorale pour l’Église entière, je ne serais jamais venu de Rome jusqu’à ce pays extrêmement lointain, si je n’étais fermement persuadé de deux choses fondamentales : la première : du Christ; la deuxième, de votre salut. Du Christ ! Oui, je sens la nécessité de l’annoncer, je ne puis pas le taire : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Cor 9, 16) Je suis envoyé par Lui, par le Christ lui-même, pour cela. Je suis apôtre, je suis témoin.  Plus le but est éloigné, plus la mission est difficile, plus est urgent l’amour qui nous pousse (2 Cor 5, 14). Je dois proclamer son nom : Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. C'est Lui qui nous a révélé le Dieu invisible; c'est Lui qui est le Premier Né de toute créature; Il est le fondement de toute chose. Il est le maître de l'humanité et son rédempteur; il est né, il est mort, Il est ressuscité pour nous; Il est le centre de l’histoire et du monde; Il est Celui qui nous connaît et qui nous aime ; il est le compagnon et l'ami de notre vie, l'homme de la douleur et de l'espérance; c'est Lui qui doit venir, qui sera finalement notre juge et aussi, nous l’espérons, la plénitude éternelle de notre existence, notre félicité.   

Je n'en finirais jamais de parler de lui ; il est la lumière, il est la vérité ; bien plus, il est le chemin, la vérité et la vie. Il est le pain, la source d'eau vive qui comble notre faim et notre soif. Il est notre berger, notre chef, notre modèle, notre réconfort, notre frère. Comme nous et plus que nous, il a été petit, pauvre, humilié, travailleur, opprimé, souffrant. C'est pour nous qu'il a parlé, accompli ses miracles, fondé un royaume nouveau où les pauvres sont bienheureux, où la paix est le principe de la vie commune, où ceux qui ont le coeur pur et ceux qui pleurent sont relevés et consolés, où les affamés de justice sont rassasiés, où les pécheurs peuvent obtenir le pardon, où tous découvrent qu'ils sont frères.

Jésus Christ : vous avez entendu parler de lui; bien plus, pour la majorité d’entre vous, vous lui appartenez déjà, vous êtes chrétiens. Eh bien à vous chrétiens, je répète son nom, et je l'annonce à tous : le Christ Jésus est le principe et la fin, l'alpha et l'oméga, le roi du monde nouveau; Il est le secret de l’histoire; Il est la clef de nos destins; Il est le médiateur et pour ainsi dire le pont entre la terre et le ciel. Il est, de la façon la plus haute et la plus parfaite, le Fils de l'homme, parce qu'il est le Fils de Dieu, éternel, infini ; et il est le fils de Marie, bénie entre toutes les femmes, sa mère selon la chair et notre mère par notre participation à l'Esprit du Corps mystique. Jésus Christ ! Retenez-le bien: c’est notre annonce perpétuelle, c’est la voix que nous faisons retentir par toute la terre (Rom 10, 18), et pour l’éternité des siècles (Rom 9, 5).

Souvenez-vous de ceci et méditez ceci: le pape est venu ici parmi nous, et il a crié : Jésus Christ !  Et ici j’exprime la deuxième idée dynamique qui m’a conduit à vous : nous devons célébrer Jésus Christ non seulement pour ce qu’Il est en lui-même, mais nous devons le louer et l’aimer pour ce qu’Il est pour nous, pour chacun de nous, pour chaque peuple et pour chaque civilisation. Christ est notre Sauveur. Christ est notre bienfaiteur suprême. Christ est notre libérateur. Christ nous est nécessaire pour être des personnes humaines dignes et vraies dans l’ordre temporel, et des personnes sauvées et élevées à l’ordre surnaturel.


(1)   Carlo Maria Martini, « è il Signore! » Gv. 21,7, Cooperativa In Dialogo, 1983, pp. 53-54. J’ai moi-même traduit le texte en français.


Ce blogue est en fait un enseignement pour les cellules paroissiales d’évangélisation qui sont dans notre paroisse. Le but de cet enseignement est de susciter en nous un plus grand amour envers Jésus.
Question pour le partage :
Comment est-ce que je montre à Jésus que je l’aime? De quelles manières concrètes?