dimanche 21 mai 2017

Lettre d'un ami à son curé

Lettre d’un ami à son curé

En ce sixième dimanche de Pâques, je viens de recevoir la lettre ci-dessous qu'un de mes amis a écrite à son curé. Alors que depuis le "lundi de Pâques", nous lisons les Actes des Apôtres, qui nous présentent à chaque jour les disciples de Jésus en train de sortir dans les rues pour annoncer Jésus Ressuscité, je trouve que cette lettre "tombe pile". 

Objet : Voici une lettre à mon curé : je suis tanné d'entendre la phrase "en rouge"...

Hier durant la messe où tu prêchais, je me posais la question :
"Combien de gens dans l'assistance pouvait bien se demander vraiment
 avant d'arriver à la messe: 
" Devrais-je aller sur les places publiques pour évangéliser ?",
et ayant entendu une des phrases que tu as "encore" répétée en chair :
"Pas besoin d'aller sur les places publiques pour évangéliser !"
combien se sont "enfin" trouvés rassurés? 
Pour qui cela cause tant de problème pour en parler si souvent?
D'autant plus que, le maître que nous avons à imiter (et plus spécialement les consacrés),
a passé 3 ans à temps plein sur les places publiques, dans les maisons des gens, les synagogues
et le Temple de Jérusalem pour évangéliser sur les places publiques, dans les périphéries!
C'est quoi le problème avec le fait d'évangéliser sur les places?
N'est-ce pas la mission du clergé? et des laïcs qui ont senti un appel spécifique à le faire?

Pourtant, cette question sans cesse ressassée "de ne pas évangéliser sur les places",
je ne sens pas qu'elle vient des laïcs, mais plus du clergé...
un peu comme un remords de conscience incessant qui revient chez ceux qui ont comme
mandat premier d'être les imitateurs de la vie publique de Jésus,
et qui font, ou ont fait de leur vie, un ministère très reclus dans leur monde pastoral,
sans être dans les périphéries.

Nous les laïcs, nous étions "déjà" en périphérie et déjà sur les places publiques,
avant même que le pape François en parle, par le travail, les loisirs, la garderie,
l'épicerie, la maison à entretenir, la famille à visiter, etc.
Témoigner par ce que l'on est, notre joie, c'est notre quotidien;
et on sait, par expérience, qu'on ne peut pas écoeurer nos voisins ou notre parenté avec le Christ.
Ils n'en veulent pas, principalement à cause des scandales chez les prêtres pédophiles.
Ça, c'est notre réalité quotidienne: les gens de nos périphéries pourraient vouloir le contenu qu'est le Christ,
mais pas le contenant qu'est le clergé.

Quand le pape a commencé à parler de "périphérie", 
il parlait en tout premier lieu à son clergé, souvent reclus dans un cercle 
de travail religieux. Donc les périphéries, c'est d'aller rencontrer les gens
dans les maisons et les places publiques: être un signe distinctif, 
et le port d'un vêtement distinctif peut y contribuer.
Quand le pape François, n'était que prêtre ou évêque, il allait partout
et on le voyait partout avec son col romain. Les photos dans les autobus en témoignent.
On pouvait donc associer sa "joie", comme tu aimes tant le rappeler, à sa foi.
Un prêtre qui craint de s'afficher, à quoi peut-on le distinguer ou reconnaître sa joie ?
À Victoriaville, toute une jeune génération de jeunes gens ne savent
pas qui est prêtre ici ? Peut-on vous identifier facilement dans les périphéries?
Voici ce que je te propose.
Au lieu de dénigrer l'évangélisation sur les places publiques, 
qui doit se faire de toute façon (je vous envoie 2 par 2, etc),
tu pourrais apprendre aux gens à être reconnaissants pour tous ceux et celles
qui ont l'audace d'aller sur les places publiques pour faire connaître le Christ.
Apprends-leur que le Christ est "fier" d'eux !
Donc, ne plus en parler de façon à vouloir effacer et taire cette réalité.

Tu pourrais aussi apprendre aux gens, que la "joie" n'est pas la finalité de tout.
Que même un chrétien qui, par les épreuves, ne peut "ressentir" la joie d'être en vie,
s'il accomplit la volonté de Dieu et n'est "que" serein ou en paix par sa conscience,
peut être un plus grand témoin que celui qui est dans une joie, peut-être due
au fait que la vie a été facile pour lui, de par sa naissance ou son métier et son rang social.

Aussi, beaucoup de gens se sacrifient en vivant moins de joie mais en étant fidèle à l'évangile. 
Voici un exemple: certains pourraient en vivant une relation adultère,
recevoir ainsi de l'affection, du sexe et de la joie.
Mais pour être fidèle à la parole du Maître, ils y renoncent.
La joie n'est pas la finalité de tout, mais bien plus la recherche de la vérité dans l'amour vrai.

Dans la prière que Jésus nous a enseignée, et qui est la plus importante,
Jésus n'a pas mis l'accent sur la joie, mais sur l'accomplissement
de la volonté du Père, de dépasser la haine par le pardon, de demander ce qui est juste
et de vénérer Dieu.
Qu'en penses-tu ?

Il est très bon que les fidèles adressent de telles lettres à leur curé. Mais il n’est pas  nécessaire d’écrire; on peut tout simplement parler à notre curé face à face; mais jamais dans son dos. Parler dans le dos des prêtres, ce n’est pas édifiant. Rappelons-nous le dicton populaire qui dit ceci: « Qui mange du curé, en meurt ! ». Cette phrase ne veut pas dire « qui se nourrit de son curé en meurt »; le verbe « manger » a ici un autre sens:

manger du prochain (Québec)
Définition: Parler dans le dos de quelqu'un, de plusieurs personnes
Exemple: Les filles ont mangé du prochain toute la soirée  
(1)

En lisant cette lettre de mon ami, il m’est revenu à la mémoire la remarque ou le reproche que m’a fait un de mes paroissiens un jour, après une messe dominicale. Cet ami m’a dit ceci: « Je suis tanné (fatigué, écoeuré) de t’entendre dire que nos églises au Québec, sont vides. Premièrement ce n’est pas vrai. Nous avons une belle assistance dans notre église paroissiale. Deuxièmement, il n’existe aucune autre organisation au Québec qui réunit autant de membres à chaque semaine. Alors, de grâce, arrête de nous sortir une phrase pareille ! »

Je dois avouer que ce jour-là, cet ami paroissien a « éclairé mes lanternes ». Il avait tout à fait raison. Et je le remercie pour cette correction fraternelle. Depuis ce temps, je n’ai plus jamais dit en public que nos églises sont vides.

J’aime aussi ce que dit cet ami à propos de la joie. C’est vrai que la joie n’est pas un but, une finalité. Tant mieux si notre cœur est habité par la joie. La joie est avant tout un fruit de l’Esprit Saint. On peut donc toujours la demander comme un cadeau; j’allais écrire « comme un cadeau supplémentaire », que Dieu ajouterait aux innombrables cadeaux qu’Il nous fait.

L’ami qui a écrit cette lettre à son curé, vit une croix très pesante à tous les jours. Il aurait bien aimé se marier; mais il n’a jamais trouvé la femme que Dieu lui réservait peut-être. Tout cela est un mystère. Il n’en demeure pas moins que cet ami est convaincu qu’il a en lui la vocation au mariage, mais cette vocation n’a jamais pu éclore. Ce doit être très douloureux; d’autant plus que cette douleur est « quotidienne ». Mais cet ami va à la messe tous les jours, a une vie de prière et s’efforce de vivre l’Évangile et ses exigences du mieux qu’il peut. Bravo cher ami. Tu as raison en ce qui concerne la joie. Celui qui te le dit, est celui qui a un blogue intitulé: Dieu ma joie. En ce temps de Pâques, je demande à l’Esprit Saint de te faire un « cadeau supplémentaire ». 


(1) La Parlure - manger du prochain


www.laparlure.com/terme/manger-du-prochain/


2 commentaires:

  1. Je vais (encore) me permettre d'ajouter mon grain de sel...

    Selon moi, quand on dit qu'on n'a pas besoin d'aller sur les places publiques pour évangéliser, ça correspond à l'expression que j'aime utiliser à profusion: on n'évangélise pas à coups de Bible et de discours à la saint Pierre (cf.Ac 2).

    Le processus d'évangélisation des Cellules Paroissiales d'Évangélisation est le meilleur processus que je n'aie trouvé jusqu'à présent, car bien qu'il soit progressif et pragmatique, il fait cheminer à la fois "l'évangélisé" autant que "l'agent d'évangélisation". Il nous appelle à entrer en relation avec chaque personne, à la suite du Christ.

    Je suis d'accord avec ton ami, que les membres du clergé profiteraient davantage de "sorties aux périphéries". Mais quand je vois le "travail" que tu as fait avec moi et dont ce blogue est témoin au fil des années, je suis de plus en plus en paix avec l'idée que les prêtres servent "à l'intérieur du temple" et encouragent les laïcs à témoigner de plus en plus courageusement de la Joie, de la Paix et de l'Amour qui les habitent. N'est-ce pas que ce serait une équipe du tonnerre s tout le monde, chacun selon ses charismes, pouvait être non plus seulement disciple, mais APÔTRES!

    Salutations à ton ami!

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  2. https://evangeliser.net/series/processus-devangelisation/

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