dimanche 21 février 2016

Le Dieu des sorties (2)

Le Dieu des sorties (2)

En ce deuxième dimanche du Carême, comme à chaque année, l’Église nous propose de méditer sur la Transfiguration de Jésus. La transfiguration, c’est essentiellement la divinité de Jésus présente au plus profond de lui, qui se laisse voir au grand jour. La lumière divine du Verbe éternel, cachée durant plus de trente ans, jaillit pendant quelques instants de l’être profond de Jésus et irradie tout son corps, au grand étonnement des trois témoins privilégiés que sont Pierre, Jacques et Jean.

Le message que j’en tire aujourd’hui est celui-ci: Dieu veut, de tout temps se manifester. Il choisit des occasions pour le faire. Et il nous demande à nous, de coopérer à cela. Le pape François ne cesse de nous dire que notre Dieu est un Dieu qui sort, qui se manifeste à l’extérieur; et que les chrétiens ont pour mission de manifester Jésus, de le rendre présent au monde. Aujourd’hui, la première lecture de la messe commence ainsi: « Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir … » Voilà la vie chrétienne résumée en son essence: le chrétien est celui ou celle qui vit une intimité avec Jésus, qui parle et dialogue avec Lui, et qui ensuite sort.

En notre paroisse, c’est le message que le Seigneur ne cesse de vouloir nous faire comprendre depuis plus d’un an: nous devons résolument nous tourner vers l’évangélisation. L’évangélisation, c’est porter Jésus aux autres.

Le premier et le plus efficace des moyens de porter Jésus aux autres, c’est de permettre à Jésus d’être vu par plusieurs. Et ce moyen, c’est l’adoration eucharistique. Si nous voulons que Jésus se manifeste, il faut commencer par le sortir du tabernacle et le montrer au monde. Il faut donner la chance aux chrétiens de venir voir Jésus directement, sans intermédiaire. Ce qui ressemble le plus à Jésus transfiguré sur la montagne, c'est Jésus présent dans l'Eucharistie. Jésus est là avec son corps glorieux et lumineux. Nous avons un trésor caché dans le tabernacle et nous ne le sortons presque jamais. Si l’Église permet que le Saint-Sacrement soit conservé dans un endroit précis qui se nomme le tabernacle, c’est d’abord et avant tout pour que les personnes malades qui ne peuvent pas se déplacer, puissent recevoir chez eux le Corps et le Sang de Jésus, leur Sauveur. Mais la deuxième raison pour laquelle l’Église demande de conserver l’Eucharistie, c’est pour permettre l’adoration eucharistique.

Je viens de lire la courte autobiographie d’un prêtre de Montréal, l’abbé Gilbert Chabot, décédé le 28 décembre dernier, à l'âge de 85 ans. Gilbert Chabot était policier avant de devenir prêtre. Vous pouvez lire cette courte autobiographie sur l’internet, gratuitement en PDF. J’ai mis le lien au bas du présent blogue (1). Aux pages 23 et 24, Gilbert Chabot raconte qu’une fois devenu prêtre, il a été nommé vicaire dans la paroisse Saint-Georges, à Montréal. Le curé lui a dit que puisqu’il avait été policier, il pourrait peut-être faire quelque chose pour un de ses paroissiens qui est policier et qui ne s'est pas confessé depuis cinquante ans. L’abbé Chabot se rendit plusieurs fois auprès de son confrère policier et il l’a souvent invité à recevoir le sacrement de la réconciliation. Mais à chaque fois, le policier a refusé catégoriquement. Jusqu’au jour où le policier tomba gravement malade et s’approchait de la mort. L’épouse de ce policier savait que son mari était à l’article de la mort et elle a téléphoné à l’abbé Chabot pour que celui-ci lui puisse venir le confesser. L’abbé Chabot répondit à cette femme que c’était peine perdue; qu’il avait essayé en vain plusieurs fois. Mais la dame a tellement insisté que l’abbé Chabot, fâché, a accepté de se rendre au chevet du policier mourant. Mais cette fois-là, il s’est dit que ce serait la bonne fois. Il est alors allé au tabernacle pour chercher l’Eucharistie. Il a mis une hostie dans une custode et s'est rendu auprès du mourant. Il essaya de nouveau en vain de convaincre le policier de se confesser, en lui laissant entendre qu’il n’avait plus grand temps à vivre. Mais le policier rétorqua qu’il n’était pas si malade que cela. Alors l’abbé Chabot dit au policier que s’il refusait aujourd’hui son invitation, c’est Jésus Lui-même qu’il refusait puisque Jésus était là avec eux dans cette pièce. L’abbé Chabot sort alors la custode de sa poche, l’ouvre, et montre l'hostie au policier. En l’espace de quelques secondes, le policier accepte de se confesser. Et l’abbé Chabot de dire: j’ai tout essayé pendant des mois pour que ce policier se confesse et il a suffi d’un regard posé sur l'Eucharistie pour que le policier accepte de se confesser. Voilà ce qui se passe lorsqu’on donne aux gens l’occasion de voir, de regarder et contempler le Seigneur de gloire, le Seigneur Ressuscité, dans le sacrement de son Amour qu’est l’Eucharistie.

La conclusion de cette histoire est celle-ci: Quand allons-nous nous décider à sortir Jésus de son tabernacle, pour le montrer aux gens, aux personnes qui ont le droit de venir passer du temps avec Lui?

Dans sa courte autobiographie, l’abbé Chabot nous révèle que c’est devant le Saint-Sacrement exposé qu’il a senti l’appel à devenir prêtre. Cette fois-ci, je vais citer mot à mot l’abbé Chabot:    

« Les Quarante-Heures mises à part, les hommes se réunissaient à la basilique Notre-Dame dans la chapelle du Sacré-Cœur de Jésus. À tous les jeudis soirs, c’était le ralliement central. Tous les hommes étaient là, et moi aussi j’y étais bien fidèlement. C’est un jeudi soir, dans la Chapelle du Sacré-Cœur de Jésus où assis avec des confrères dans le dernier banc, j’attendais l’aumônier. Le prêtre s’est amené, a posé Jésus dans l’Ostensoir et au moment même où il L’a placé dans l’Ostensoir: Il m’a vu et je L’ai vu! « Par ta lumière, nous voyons la lumière » (Ps 36, 10). Il m’a saisi radicalement. Je me suis écroulé sur mon banc et j’ai pleuré comme un enfant. Imaginez la scène, un policier qui s’écroule sur son banc et pleure entouré d’hommes. Tous se demandent: Que se passe-t-il? Est-il malade? Que lui arrive-t-il? Je n’ai jamais oublié cette saisie du Christ et c’est à cet instant précis que j’ai compris intérieurement et d’une façon éternelle que le Christ est vivant, que le Christ est agissant, que Jésus est là comme nulle part ailleurs, en même temps j’ai compris par une grâce intérieure, ceci: PRÊTRE.

Comprendre cela, c’est assez pour vous assommer. Vous restez là, sans être capable de bouger. Cette emprise du Christ a duré presque une journée et demie. Après la cérémonie, les gens me parlaient, j’entendais bien ce qu’ils me disaient mais je ne comprenais pas. Je n’étais pas là, je ne saisissais rien.

À la suite de cette rencontre, ma mère à la maison me trouvait bien distrait. Elle me disait: « Je te parle, tu ne réponds pas» C’est seulement le lendemain après-midi que j’ai fini par revenir sur terre, que les personnes, les choses ont repris de leur consistance. » (pp. 16 et 17)



Abbé Gilbert Chabot  1930 - 2015

Dans deux semaines environ, ce seront les vingt-quatre heures pour le Seigneur, demandées par le pape François. C’est la troisième année qu’il nous demande cela. Le vendredi 4 mars, nous serons invités à garder l’église ouverte durant vingt-quatre heures, pour permettre aux gens de venir prier le Seigneur. Nous en profiterons pour vivre l’adoration perpétuelle dans la chapelle que nous avons inaugurée il y a un peu moins d’un an, dans le but que nos paroissiens puissent avoir accès à l’eucharistie, au sacrement de l’Amour par excellence. Dans la pensée du pape, les vingt-quatre heures pour le Seigneur sont surtout l’occasion de permettre aux baptisés de se réconcilier avec Dieu en recevant le sacrement de la réconciliation. Le présent Jubilé de la Miséricorde est une occasion merveilleuse de goûter la Miséricorde divine. Voici comment le pape François a décrit les premières vingt-quatre heures pour le Seigneur, en 2014 :

« Vendredi et samedi prochains, nous vivrons un moment pénitentiel spécial, appelé « 24 heures pour le Seigneur ». Il commencera vendredi après-midi, par la célébration dans la basilique vaticane, puis dans la soirée et pendant la nuit, des églises du centre de Rome seront ouvertes pour la prière et pour les confessions. Ce sera — on peut l’appeler ainsi — ce sera la fête du pardon, qui aura lieu aussi dans de nombreux diocèses et de nombreuses paroisses du monde. Le pardon que le Seigneur nous donne doit être fêté, comme l’a fait le père de la parabole du fils prodigue, qui, lorsque son fils est revenu chez lui, a fait la fête, en oubliant tous ses péchés. Ce sera la fête du pardon. » (2)

Comme il est beau et bon que le pape nous rappelle que le pardon est une fête. C’est une fête pour Dieu de nous pardonner; ce devrait aussi être une fête pour nous de nous laisser réconcilier avec Dieu. Le pape a choisi de vivre les vingt-quatre heures pour le Seigneur lors de la fin de semaine du dimanche appelé: Laetare (mot latin signifiant « se réjouir »). Le quatrième dimanche du Carême, est à chaque année le dimanche de la « joie ». Le prêtre peut en ce dimanche porter des vêtements roses. L’Église veut en ce dimanche, associée la couleur violette du Carême à la couleur blanche de Pâques; ce qui donne la couleur rose. C’est un peu comme si l’Église montrait son ardent désir d’arriver à la joie de Pâques. Le pape François a probablement volontairement choisi le dimanche de la joie pour fêter en même temps la joie du pardon, la joie de la réconciliation.

(1) [PDF]

Témoignage d’un policier devenu prêtre - Missa

www.missa.org/gc_040209.pdf

duire le témoignage que l'abbé Gilbert Chabot donne sur l'histoire de sa vocation au ..... désir d'entrer au service de la Police même si je n'avais pas beaucoup.

(2) 

Angélus, 23 mars 2014 | François

https://w2.vatican.va/.../angelus/2014/.../papa-francesco_angelus_20140...

23 mars 2014 - ANGÉLUS. Place Saint-Pierre IIIe Dimanche de Carême, 23 mars 2014.... moment pénitentiel spécial, appelé « 24 heures pour le Seigneur ».



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