vendredi 22 janvier 2016

Hesed et Rahamim

  
Hesed et Rahamim
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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais personnellement, j’aime beaucoup me voir changer d’idée sur des points regardant la théologie et la spiritualité. Il existe des points en théologie dogmatique ou morale, sur lesquels j’espère ne jamais changer d’idée, car ce sont des questions que l’Église catholique considère comme étant définitivement résolues. Sur ces questions, nulle discussion n’est possible. Mais de multiples points en théologie sont laissés à notre libre interprétation. C’est sur de tels points que j’aime me voir changer d’idée. Ne dit-on pas que seuls les fous ne changent pas d’idée. Voici une petite histoire savoureuse: 

Une dame confie à son amie: « De toutes les personnes que je connaisse, c’est ma couturière qui est la plus intelligente ». « Comment cela? » lui demande son amie. La dame répond: « Parce qu’à chaque fois qu’elle me voit, elle mesure mon tour de taille. Elle suppose donc que je puisse avoir changé ».

En ce Jubilé de la Miséricorde, il est bon de nous rafraîchir la mémoire sur la conception biblique de la Miséricorde. En hébreu, dans l’Ancien Testament, deux mots sont employés pour parler de la Miséricorde. Il s’agit des mots « hesed » et « rahamim ».

Je me souviens que lorsque j’ai lu l’encyclique de Jean-Paul II sur la Miséricorde, c’est le mot « rahamim » qui m’avait le plus touché (1). « Rahamim » fait allusion aux entrailles maternelles. Dieu nous aime comme une Mère, avec les mêmes sentiments qu’une mère éprouve pour son enfant. Quand Jésus s’émeut devant la souffrance humaine, quand l’évangile nous dit qu’il « a pitié » des gens ou de la foule, le mot employé en grec, signifie qu’il est tout remué au dedans, que ses entrailles de mère son touchées; c’est pourquoi il exerce alors sa puissance divine:

« Le mot hébreux rahamim est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s'émouvoir sous le coup de la douleur ou d'une peine. C'est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu'ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l'attachement d'un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l'attachement qui unit Dieu à l'être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l'homme. Ainsi Dieu s'émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l'égard de leurs enfants. » (2)

Mais en ce moment, c’est le sens du mot « hesed » qui m’émeut le plus:

« Le terme le plus important pour comprendre la miséricorde est hesed, qui signifie à la fois « faveur imméritée, amabilité, bienveillance », et « grâce de Dieu et miséricorde ». Il ne désigne donc pas une simple émotion – la douleur devant la misère humaine – mais plutôt la sollicitude tout à fait gratuite de Dieu envers l’homme. Il sert à exprimer une relation qui se développe dans le temps et ne s’établit pas seulement sur des actions ponctuelles. Appliqué à Dieu, le mot désigne un cadeau de Sa grâce, inattendu, immérité, indépendant de la fidélité de l’homme, dépassant tous ses espoirs et faisant voler en éclat toutes ses catégories. Car le fait que ce Dieu saint et tout-puissant se penche sur les détresses des hommes dont ils sont souvent seuls responsables, qu’Il voie la misère du pauvre et du malheureux, qu’Il entende sa plainte, qu’Il s’abaisse et descende jusqu’à lui pour le rejoindre dans sa détresse, qu’Il s’en occupe inlassablement malgré son infidélité et lui pardonne – bien qu’il ait mérité une juste punition – et qu’Il lui donne une nouvelle chance, tout cela dépasse l’entendement humain. Le message de la hesed divine lève un peu le voile sur ce secret de Dieu qui, généralement, reste un mystère pour la pensée humaine, mais que nous pouvons approcher par la Révélation. » (Cardinal Walter Kasper, La Miséricorde Notion fondamentale de l’Évangile Clé de la vie chrétienne, Éditions des Béatitudes, 2015, p. 51)

C’est donc l’hesed qui fait que dans la parabole de Jésus sur les ouvriers de la dernière heure, le maître de la vigne donne autant à ceux qui n’ont travaillé qu’une heure, qu’à ceux qui ont peiné toute la journée. C’est l’hesed qui fait qu’en un instant, le bon larron s’est retrouvé au Paradis. Vive l’hesed! Grâce à l’hesed, on comprend que la justice de Dieu est exercée dans la Miséricorde. Dieu soit loué!

(1) Dans l'édition de cette encyclique publiée chez Fides, au numéro 4, il y a une très longue note en bas de page, qui explique la signification de hesed et rahamim. Malheureusement, cette longue note ne figure pas dans toutes les éditions de l'encyclique. Si les notes de l'encyclique sont reproduites à la fin de l'encyclique, cette longue note se trouve au no. 52)

(2)

Miséricorde - InterBible

www.interbible.org/interBible/ecritures/mots/2002/mots_020222.htm


3 commentaires:

  1. Bonjour
    Qu'est-ce qui vous aurait donc fait changer d'idée sur la théologie et la spiritualité, par ce texte intéressant sur deux mots qui m'étaient évidemment inconnus.

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  2. Chère Colette,

    Par cette longue et compliquée introduction, je voulais simplement dire que j'ai changé d'idée sur le point suivant: auparavant, c'était la Miséricorde en tant que "rahamim" qui m'impressionnait le plus; or maintenant c'est la miséricorde en tant qu'hesed, qui me touche le plus.

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