jeudi 1 octobre 2015

Éloge de la petitesse

Éloge de la petitesse 
Les petits de ce monde
sauveront les grands de ce monde

Luc 18, 9-14

Aujourd’hui, premier octobre, l’Église universelle célèbre la mémoire de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face; celle que l’on appelle communément la « petite Thérèse », par opposition à la « grande Thérèse » qu’est Thérèse d’Avila. Or toutes les deux sont « docteurs de l’Église ».

Thérèse de Lisieux était une femme de stature imposante. Un jour, on lui demanda si elle aurait préféré être petite physiquement. Elle répondit que oui, « pour être petite en toutes choses ».

Dans un siècle où on fait l’éloge de la grandeur, il est plus que jamais important de rappeler que notre Seigneur Jésus Christ a fait l’éloge de la petitesse. Il a même fait de la petitesse, la condition indispensable pour entrer dans le Royaume des cieux: « Je vous le déclare en vérité: si vous ne changez pas pour devenir comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3). Cette phrase de Jésus est de fait une réponse à la question que ses disciples lui ont posée ce jour-là: «Qui est le plus grand dans le Royaume des cieux?». Voilà deux sagesses opposées: la sagesse de l’être humain non encore évangélisé et la sagesse du Fils de Dieu qui est venu nous évangéliser, c’est-à-dire nous porter la plus belle et la meilleure des nouvelles.

À l’être humain qui désire toujours se grandir à ses propres yeux et aux yeux des autres, Jésus propose comme modèle, la personne qui se sait petite et se fait petite. C’est une des choses qui m’impressionnent le plus chez Thérèse de l’Enfant-Jésus: son désir d’être effacée, d’être inconnue et même méconnue sur cette terre; son désir d'être petite aux yeux de Dieu et aux yeux du monde. En ce sens, je vous invite à relire mon poème préféré de Thérèse, intitulé: Une rose effeuillée. Vous pouvez aller le lire immédiatement, en cliquant sur les mots suivants: Dieu ma joie: " Une rose effeuillée ".

Quand je considère le mystère de la vie, une interrogation me vient à l'esprit: nous disons souvent d'une personne qui vieillit et perd ses capacités physiques et intellectuelles, qu'elle « retourne en enfance ». Pourquoi ce « retour à l'enfance » en fin de vie? Peut-être est-ce, précisément parce que les personnes âgées sont normalement celles qui sont les plus près de mourir et d’entrer dans le Royaume des cieux. Or pour entrer dans ce Royaume, qu’on le veuille ou non, toute personne doit être « petite » ou se faire « petite ».  

Dans le monde, actuellement, Dieu se plaît à dépouiller son Église, à lui faire vivre un grand dépouillement. C’est très souffrant, mais c’est aussi une grande grâce. Je vous invite à méditer les paroles qu’a prononcées un jour l’abbé Joseph Ratzinger (qui deviendra le pape Benoît XVI). Dans une série de conférences qu’il a données en 1969 à la radio bavaroise, l’abbé Ratzinger a dit ceci :  

" De la crise actuelle va émerger une Église qui aura perdu beaucoup. Elle deviendra petite et devra recommencer plus ou moins des débuts. Elle ne sera plus en mesure de vivre dans les édifices qu'elle a construits en période de prospérité. Avec la diminution de ses fidèles, elle perdra également beaucoup de ses privilèges sociaux. Ce sera une Église plus spirituelle, qui ne s'arrogera pas de mandat politique flirtant tantôt avec la gauche et tantôt avec la droite. Elle sera pauvre et deviendra l'Église des indigents. Ce sera un processus un long, mais quand toutes les difficultés seront passées, émergera un grand pouvoir d'une Église plus spirituelle et simplifiée (1).  À ce moment, les hommes découvriront qu'ils habitent un monde de solitude indescriptible et ayant perdu de vue Dieu, ils connaîtront l'horreur de leur pauvreté. " (2)

Et en 1997, le journaliste allemand Peter Seewald a mené une longue interview avec le cardinal Ratzinger. Cette interview a été publiée dans un livre intitulé « Le sel de la terre ». Le cardinal Ratzinger complète alors la pensée qu'il avait exprimée vingt-huit ans plus tôt:

« L'Église catholique est destinée à arriver au seuil de l'extinction. Seul un petit troupeau survivra, ignoré tant par la politique que par la culture, jusqu'à ce que le monde, accablé par le sentiment de désespoir qui dérive d'une indicible solitude, se tourne à nouveau vers cette poignée de croyants pour chercher une réponse qui donne du sens et de la profondeur à la vie. » (2)



(1) Ce texte existe aussi en anglais. Or je préfère la formulation en anglais, qui dit ceci: but when all the suffering is past, a great power will emerge from a more spiritual and simple Church (“mais quand toute la souffrance sera passée, une grande puissance émergera d’une Église plus spirituelle et simple”). Tiré du lien internet suivant:  
Ratzinger's forgotten prophesy on the future of the Church ...
vaticaninsider.lastampa.it/.../papa-el-papa-pope-bened..

(2)  

Les prophéties rationnelles de J. Ratzinger - benoit-et-moi

benoit-et-moi.fr/2014-II/.../les-propheties-rationnelles-de-j-ratzinger.htm..

On peut aussi trouver l'essentiel de ces citations sur le site anglophone suivant: 

The church will become small

www.catholiceducation.org/.../the-church-will-becom...



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