vendredi 23 janvier 2015

Pourquoi le pape est-il allé aux Philippines ?

Pourquoi le pape est-il allé aux Philippines ?

Messe du pape François, célébrée à Tacloban

Une belle histoire d’amour s’est développée ces jours-ci entre le pape François et le peuple philippin. Notre cher pape est très sensible et son amour pour les gens lui permet de rapidement conquérir les cœurs. J’ai eu la chance de voir à la télévision, quelques uns des moments du voyage apostolique du Saint Père. J’étais devant le petit écran lorsque le pape a donné la raison principale pour laquelle il s’est rendu aux Philippines. Cela m’a beaucoup impressionné. Ce motif principal de son voyage, il l’a exprimé au lendemain de son arrivée aux Philippines, le samedi 17 janvier. Ce jour-là, le pape s’est rendu à Tacloban, la ville des Philippines qui a été dévastée en 2013 par le typhon Haiyan. Le cyclone, d'une violence inouïe, en novembre 2013, avait fait plus de 7000 morts et des dizaines de milliers de sinistrés sur l'île de Leyte, à 650 km de Manille. L'archevêque local, John F. Du, a utilisé l’expression « Ground Zero de Tacloban » pour décrire la dévastation causée par le typhon Haihan. Le pape a célébré une messe sur un vaste terrain tout près de l’aéroport à peine reconstruit. C’est à ce moment que nous avons appris la raison principale pour laquelle le pape s'est rendu aux Philippines. 

Aéroport International de Tacloban
Samedi 17 janvier 2015

Homélie improvisée par le Saint-Père

Dans la première lecture, nous avons entendu que nous avons un grand-prêtre capable de compatir à nos faiblesses, parce qu’il a été lui-même éprouvé en toute chose, excepté le péché (cf. Hb 4, 15). Jésus est comme nous. Jésus a vécu comme nous. Il est égal à nous en tout ; en tout excepté le péché, parce qu’il n’était pas pécheur. Mais pour être encore plus égal à nous, il s’est revêtu, il a pris sur lui nos péchés. Il s’est fait péché (cf. 2 Co 5, 21) ! C’est saint Paul que le dit, lui qui le connaissait très bien. Jésus nous précède toujours, et quand nous traversons des croix, il est déjà passé devant.

Et si aujourd’hui nous sommes rassemblés ici, quatorze mois après le passage du typhon Yolanda, c’est parce que nous avons la certitude que nous ne serons pas déçus dans la foi, parce que Jésus est passé devant. Dans sa passion, il a pris sur lui toutes nos souffrances. Et quand – permettez-moi cette confidence – quand j’ai vu, de Rome, cette catastrophe, j’ai senti que je devais venir ici. Ce jour là, j’ai décidé de faire le voyage ici. J’ai voulu venir pour être avec vous – un peu tard, me direz-vous, c’est vrai, mais je suis là.

Je suis là pour vous dire que Jésus est le Seigneur, que Jésus ne déçoit pas. L’un de vous peut me dire: « Père, il m’a déçu par ce que j’ai perdu ma maison, j'ai perdu ma famille, j’ai perdu ce que j’avais, je suis malade…”. C’est vrai ce que tu me dis, et je respecte tes sentiments ; mais je le vois là, cloué sur la croix, et de là, il ne nous déçoit pas ! Il a été consacré Seigneur sur ce trône, et il est passé là pour toutes nos calamités. Jésus est le Seigneur ! Et il est le Seigneur de la Croix ; il a régné là ! Pour cette raison il est capable de nous comprendre, comme nous l’avons entendu dans la première lecture : il s’est fait en tout égal à nous. C’est pourquoi nous avons un Seigneur capable de pleurer avec nous, capable de nous accompagner dans les moments les plus difficiles de la vie.

Beaucoup parmi vous ont tout perdu. Je ne sais pas quoi vous dire. Lui, si, il sait quoi vous dire ! Beaucoup parmi vous ont perdu une partie de leur famille. Restons simplement en silence, je vous accompagne par le cœur en silence…

Beaucoup parmi vous se sont demandés en regardant le Christ : “ Pourquoi, Seigneur ? ” Et à chacun, le Seigneur répond par le cœur. Je n’ai pas d’autres paroles à vous dire. Regardons le Christ : il est le Seigneur, et il nous comprend parce qu’il est passé par toutes les épreuves qui nous ont frappés.

Et avec Lui, crucifié, il y avait la mère. Nous sommes comme cet enfant qui est là-bas : dans les moments de douleur, de peine, dans les moments où nous ne comprenons rien, dans les moments où nous voulons nous révolter, il nous faut seulement tendre la main et nous accrocher à sa jupe et lui dire : “ Maman ! ”. Comme un enfant qui dit : “ Maman ! ” lorsqu’il a peur. C’est peut-être la seule parole qui peut exprimer ce que nous éprouvons dans ces moments sombres : “ Mère ! Maman ! ”

Faisons ensemble un moment de silence. Regardons le Seigneur : il peut nous comprendre parce qu’il est passé par toutes ces choses. Et regardons notre Mère, et, comme l’enfant qui est là-bas, accrochons-nous à sa jupe et disons-lui de tout notre cœur : “ Mère ! ” En silence, faisons cette prière, que chacun lui dise ce qu’il sent…

[Silence]

Nous ne sommes pas seuls, nous avons une mère. Nous avons Jésus notre frère aîné. Nous ne sommes pas seuls. Et nous avons aussi beaucoup de frères qui, au moment de la catastrophe, sont venus nous aider. Et ainsi, nous nous sentons davantage frères en nous aidant ; parce que nous nous sommes aidés les uns les autres.

C’est tout ce que j’ai envie de vous dire. Pardonnez-moi si je n’ai pas d’autres paroles. Mais soyez sûrs que Jésus ne déçoit pas. Soyez sûrs que l’amour et la tendresse de notre Mère ne déçoivent pas. Et, accrochés à elle comme des enfants, et avec la force que nous donne Jésus notre frère aîné, allons de l’avant. Et marchons comme des frères. Merci !





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