samedi 31 mai 2014

Notre Dame qui part en hâte, prie pour nous !

" Notre Dame qui part en hâte, 
prie pour nous ! "

Marie et sa cousine Élisabeth

Aujourd’hui, en ce 31 mai, l’Église célèbre la fête de la Visitation. Cette fête nous rappelle la visite qu’a rendue la Vierge Marie à sa cousine Élisabeth, immédiatement après le jour de l’Annonciation, le jour où Marie est devenue la Mère de Dieu. Saint Luc nous dit : « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. Et il advint, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. Alors elle poussa un grand cri et dit : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? » (Lc 1, 39-43) 

Voici un beau commentaire de notre pape François, concernant cette fête :

« Dans ses paroles, le curé m’a fait me souvenir d’une belle chose à propos de la Vierge. Lorsque la Vierge reçut l’annonce qu’elle aurait été la mère de Dieu, et également l’annonce que sa cousine Elisabeth était enceinte — dit l’Évangile —, elle s’en alla en hâte ; elle n’attendit pas. Elle n’a pas dit : « Maintenant que je suis enceinte je dois m’occuper de ma santé. Ma cousine aura sans doute des amies qui pourront l’aider ». Elle a entendu quelque chose et « elle s’en alla en hâte ». Il est beau de penser cela de la Vierge, de notre Mère, qui se hâte, car elle ressent cela en elle : aider. Elle part pour aider, elle ne part pas pour se vanter et dire à sa cousine : « Écoute, maintenant c’est moi qui commande, car je suis la Mère de Dieu!». Non, elle n’a pas fait cela. Elle est partie aider ! Et la Vierge est toujours ainsi. Elle est notre Mère, qui vient toujours en hâte quand nous en avons besoin. Il serait beau d’ajouter aux Litanies de la Vierge, une qui dise ainsi : « Notre Dame qui part en hâte, prie pour nous !» Cela est beau, n’est-ce pas? Car elle part toujours en hâte, elle n’oublie pas ses enfants. Et quand ses enfants sont dans les difficultés, éprouvent un besoin et l’invoquent, Elle part en hâte. Et cela nous donne une sécurité, la sécurité d’avoir notre Mère près de nous, toujours à nos côtés. On va, on marche mieux dans la vie quand on a sa mère à côté. Pensons à cette grâce de la Vierge, cette grâce qu’elle nous donne: d’être proche de nous, mais sans nous faire attendre. Toujours ! Elle veut — nous avons confiance en cela — nous aider. La Vierge qui se hâte toujours pour nous. » (Homélie du pape François, en visite à la paroisse romaine Saints-Élisabeth-et-Zacharie, dimanche le 26 mai 2013)

lundi 26 mai 2014

Sainte Marie de l'Incarnation

Sainte Marie de l’Incarnation
Marie de l'Incarnation

Introduction :

Chers amis,

L’année 2014 est une année exceptionnelle pour quiconque a le souci du Québec, de sa religion, de sa tradition et de sa culture. Nous sommes bénis de Dieu alors que nous célébrons le 350ème anniversaire de la première paroisse (et cathédrale) en Amérique du Nord. Depuis l’annonce des festivités en cours, nous avons eu droit à la première porte sainte en dehors de l’Europe, à un nouveau cardinal pour le Québec, et à deux nouveaux saints. Il faut vraiment que l’année 2014 soit exceptionnelle pour que Guy Simard, le casanier par excellence, organise un pèlerinage paroissial dans sa ville natale, pour permettre à ses paroissiens d’aller ensemble « traverser la porte sainte » et prier nos deux nouveaux saints sur leur tombeau respectif. Ce pèlerinage aura lieu samedi le 7 juin. En moins de deux semaines, l’autobus de 56 sièges était rempli, et je m’en réjouis. Les gens qui n’étaient pas de la paroisse, étaient mis sur une liste d’attente et ne pourront pas, malheureusement, venir avec nous.

J’ai mis à date plusieurs textes sur mon blogue, pour souligner l’année exceptionnelle que nous vivons. Mon dernier texte porte sur sainte Marie de l’Incarnation. J’ai consacré du temps à découvrir la riche personnalité de notre nouvelle sainte, dans le but de la mieux aimer et la mieux faire connaître. Voici pour vous, le fruit de mon travail.  

Comme l’a si bien écrit Jacques Gauthier, « Si François de Laval est considéré comme le père de l’Église canadienne, Marie de l’Incarnation en est la mère. » Et si on reprend cette analogie, il faut dire que la mère est venue avant le père. Marie de l’Incarnation arrive en Nouvelle France, en 1639, vingt ans avant Mgr de Laval. Samuel de Champlain ayant fondé la ville de Québec en 1608, nous sommes au tout début de la colonie, alors que tout était à faire. Il n’y avait que 250 colons, lorsque Marie de l'Incarnation arriva à Québec.

Marie Guyart est née à Tours, en France, le 28 octobre 1599. À sept ans, elle fait un rêve qu'elle n'oubliera jamais. Elle se voit dans une cour d'école, en train de jouer avec d'autres enfants. C'est alors que « levant les yeux au ciel, je vis les cieux s`ouvrir, et Notre Seigneur descendant vers moi sous une forme humaine. Le voyant je criai à mes camarades: « Voyez! C`est Notre Seigneur, et Il vient vers moi! » Quand cette très adorable Majesté m`approcha, je sentis mon cœur en-flammé par Son Amour. Je commen-çai à étendre mes bras pour l`embrasser, et Lui, avec un regard plein de douceur et très attirant, me prit dans ses bras et me donna un bai-ser avec un indescriptible amour et Il me dit: « Veux-tu être à Moi? »  Je répondis : « Oui! »

À l’âge de 14 ans, Marie confie à sa mère son désir d’entrer au couvent. Sa mère n’accorde pas trop d’importance à ce désir. Les parents de Marie lui trouvent plutôt un mari : Claude Martin, un commerçant en soierie. Le couple aura un enfant : Claude. À 19 ans, Marie devient veuve, après seulement deux ans de mariage. Marie liquide le commerce de son mari voué à la faillite et retourne chez son père. Pendant un an environ, pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de son fils, elle s’adonne à des travaux de broderie, art dans lequel elle excelle. Elle deviendra ensuite gérante de l’entreprise de transport de son beau-frère, ce qui lui vaudra une grande notoriété à Tours. En 1620, en la veille de la fête de l’Annonciation, Marie Guyart expérimente de façon très vive la miséricorde de Dieu; elle qualifiera cette journée de « jour de ma conversion ». En 1631, elle entre chez les Ursulines de Tours, où elle prend le nom de Marie de l’Incarnation. Elle confie son fils à sa sœur. 

Durant l’octave de Noël 1634, Marie fait un songe. Ce songe sera fondateur pour tout le reste de la vie de Marie de l'Incarnation. Il est intéressant de constater que ce songe a eu lieu durant l'octave de Noël, alors qu'on célèbre de façon solennelle l'Incarnation du Seigneur. Le nom que Marie Guyart a choisi (ou reçu) en entrant en religion, est intimement lié à sa mission. Tout est providentiellement lié dans la vie de Marie de l'Incarnation. Dans le songe qu'elle a fait, Marie s'est vue débarquer sur une terre inconnue. Elle a vu la Vierge Marie avec son Fils sur ses genoux, qui parlaient « d’un vaste pays plein de montagnes, de vallées et de brouillards épais, … un pays pitoyable et effroyable. » Un an plus tard, alors qu'elle est en adoration devant le Saint Sacrement, elle entend Dieu qui lui dit : « C’est le Canada que je t’ai fait voir; il faut que tu y ailles faire une maison à Jésus et à Marie. » Un peu plus tard, elle apprend que les Pères Jésuites la veulent au Canada, pour diriger une école de filles. Elle sent que Dieu l’appelle à cette mission, et demande à Saint-Joseph de l’aider, voyant en lui le « gardien de ce grand pays ». Elle s’embarque sur le Saint-Joseph, le 4 mai 1639, accompagnée de deux autres Ursulines, de quelques Augustines (Sœurs hospitalières) et de madame de la Peltrie, une bienfaitrice qui met ses richesses au profit de l’évangélisation. Voici ce qu’elle dit de la traversée de l’océan, qui dura trois mois : « Il y a tant à souffrir sur mer, pour des personnes de notre sexe et de notre condition, qu’il le faudrait expérimenter pour le croire. Pour moi, je pensai mourir de soif, parce que les eaux douces s’étaient gâtées dès la rade et que mon estomac ne pouvait supporter les boissons fortes. Je passai presque tout le voyage sans dormir, et cette insomnie était accompagnée d’un mal de tête d’une violence extrême. Cependant, je possédais une paix très grande, dans l’union de mon souverain et unique bien. »

À son arrivée à Québec, le premier août 1639, tout est à faire : construire un monastère pour les Ursulines, apprendre les langues amérindiennes, éduquer les jeunes filles amérindiennes et françaises, et rédiger des dictionnaires, des grammaires et des catéchismes en iroquois et en algonquin. Elle jouera un rôle de premier plan comme conseillère des habitants de Québec, à commencer par les Jésuites et les administrateurs de la colonie. Sa correspondance avec son fils Claude, qui deviendra Dominicain et qu’elle ne reverra jamais, est une aide précieuse pour connaître l’âme de Marie de l’Incarnation et la vie des premiers colons. À la demande de son fils, Marie de l’Incarnation a écrit son autobiographie, qui est un chef d’œuvre de la littérature mystique. Après avoir lu ce livre, Bossuet a déclaré que Marie de l’Incarnation était « la Thérèse du Nouveau Monde et de  notre temps ». 

Au dernier jour de l'année 1650, le feu détruisit le monastère des Ursulines. Devant l'ampleur de la tragédie, les Hurons craignirent de perdre les Ursulines. Le chef Taiearonk montra toute l'affection qu'il avait pour ces religieuses, en leur disant : « Courage, saintes filles, ne vous laissez pas vaincre par l’amour de vos parents, et faites voir aujourd’hui que l’affection que vous avez pour les pauvres sauvages est une charité céleste plus forte que les liens de la nature ». Marie de l'Incarnation et ses compagnes, rebâtirent le monastère. Tout comme nos martyrs canadiens, Marie de l'Incarnation eut beaucoup à souffrir de la part des Iroquois, qui tuèrent ses amis et connaissances. 

La spiritualité de Marie de l'Incarnation est très bien exprimée dans les extraits suivants, tirés de lettres écrites à son fils Claude: 

« Dieu ne m’a jamais conduite par un esprit de crainte, mais par celui de l’amour et de la confiance.

Je suis beaucoup plus imparfaite que vous, mais pourquoi tant hésiter à nous perdre en Celui qui nous veut nettoyer et qui le fera si nous nous perdons en lui par une amoureuse et hardie confiance. Les petits font de petits présents ; mais un Dieu divinise ses enfants et leur donne des qualités conformes à cette haute dignité. C’est pour cela que je me plais plus à l’aimer et à le caresser, qu’à me tant arrêter à considérer mes bassesses et mes indignités.

Mais que ferez-vous dans l’impuissance où vous êtes de suivre Dieu et d’imiter sa perfection ? Pour moi, quand je me vois dans cette impuissance, je tâche de me perdre en lui, et si mon cœur en a le pouvoir, il traite avec lui familièrement  …  Pour vous parler ingénument, ma vie est d’entretenir continuellement ce commerce  … »


Marie de l’Incarnation meurt le 30 avril 1672. Un des plus beaux éloges que nous ayons de la nouvelle sainte, est la lettre qu’écrivit Mgr François de Laval, à Dom Claude Martin (le fils de Marie de l’Incarnation), le 12 novembre 1677, dont voici un extrait :

« Nous tenons à bénédiction particulière la connaissance qu’il a plu à Dieu nous en donner [de Marie de l’Incarnation], l’ayant soumise à notre conduite pastorale, et le témoignage que nous en pouvons rendre est qu’elle était ornée de toutes les vertus dans un degré très éminent, surtout d’un don d’oraison si élevée et d’une union à Dieu si parfaite qu’elle conservait sa présence parmi les différentes occupations où sa vocation l’engageait et au milieu de l’embarras des affaires les plus difficiles et les plus distrayantes. Elle était tellement morte à elle-même et Jésus-Christ la possédait si pleinement que l’on peut assurément dire d’elle, comme de l’Apôtre, qu’elle ne vivait pas, mais Jésus-Christ en elle, et qu’elle ne vivait et n’agissait que par Jésus-Christ. Dieu l’ayant choisie pour donner commencement à l’établissement des Ursulines en Canada, lui avait donné la plénitude de l’esprit de son Institut. C’était une parfaite supérieure, une excellente maîtresse des novices ; elle était capable de tous les emplois de la religion. Sa vie, commune à l’extérieur mais très régulière et animée d’un intérieur tout divin, était une règle vivante à toute sa communauté. Son zèle pour le salut des âmes et surtout pour la conversion des sauvages était si grand et si étendu qu’il semblait qu’elle les portait tous en son cœur, et nous ne doutons point qu’elle n’ait beaucoup contribué par ses prières à obtenir de Dieu les bénédictions qu’il a répandues sur cette Eglise naissante. »

En l’honneur de l’éducatrice exceptionnelle que fut Marie de l’Incarnation, le gouvernement du Québec, en 1989, a donné à l’édifice qui abrite le ministère de l’éducation du Québec, le nom de: « édifice Marie-Guyart » (auparavant, cet édifice portait le nom de « Complexe G »). Une statue de Marie de l’Incarnation a été mise sur la façade du parlement de Québec en 1969. Cette statue, ainsi que celles de Marguerite Bourgeoys et de Paul de Chomedey de Maisonneuve, sont les dernières statues à avoir été placées sur  la façade du parlement.


Sculpture (Marie de l'Incarnation). Statue. Vue avant / Christian Lemire 2006, © Ministère de la Culture et des Communications
Sculpture (Marie de l'Incarnation). 
Statue. Vue avant / Christian Lemire 
Parlement de Québec

Sainte Marie de l'Incarnation - ECDQ.tv

www.ecdq.tv/fr/videos/95f8d9901ca8878e291552f001f676923 avr. 2014
À l'occasion de la récente canonisation de Marie de l'Incarnation, nous vous invitons à ...

Dans la vidéo mise ci-dessous et intitulée " Conférences N-D: ", Sœur Louise Gosselin, o.s.u., supérieure générale des Ursulines, s’exprime ainsi : « Qu’est-ce qui motive Marie de l’Incarnation, qu’est-ce qu’elle cherche à faire? Comment comprend-elle sa mission? Un  refrain de Robert Lebel  le propose à sa manière, et j’invite mes sœurs Ursulines à l’entonner en ce moment-ci : « En ce pays » 

« En ce pays
Qui est le mien
Je voudrais tant porter ton Nom! »

Les paroles du chant " En ce pays ", sont inspirées des écrits de Marie de l'Incarnation

Pour entendre le chant, veuillez cliquer sur le lien suivant: 

EN CE PAYS - YouTube

www.youtube.com/watch?v=2Tfe4bcESBY27 juin 2008 - 6 min - Ajouté par RUAHensemblemusical
Robert Lebel by Jacques Gagne 12,652 views; Thumbnail 6:25 ... Ce pays que j' aime 1 ...

Voici les paroles du chant : 

En ce pays

Au centre de mon âme,
Il est un air si doux...
Comme une douce flamme,
Un tendre rendez-vous,
Comme un parfum suave
Qui vient je ne sais d'où,
Un chant de mariage
Appelant les époux!

Et mon cœur se repose
Quand il se perd en toi
Ne cherchant d'autre chose
Que de goûter ta joie.
Pour moi, ni la topaze,
Ni l'or n'ont plus d'éclat!
Ni même ces extases
Qui jalonnent mes croix.

En ce pays
Qui est le mien
Je voudrais tant porter ton Nom!

Et c'est bien toi que j'aime
Quand j'aime ces enfants!
Leur détresse inhumaine
M'atteint... en te blessant;
Qu'elle soit blanche ou indienne,
Qu'importe! Elle est ton sang...
Qui coule dans leurs veines
Et souffre en même temps.

Ouvriers d'Évangile,
Inlassables semeurs,
Comme il est difficile
D'être le grain qui meurt!
Je ne saurais vous dire
Combien souvent mon cœur
S'absente pour vous suivre
Et devient voyageur.

Mon âme sans frontière
Élargit sa maison
Depuis ce coin de terre
Jusqu'aux quatre horizons.
Comme voix de tonnerre
Qui roule sur les monts,
Mes oeuvres et ma prière
Sont l'écho de ton Nom!

Conférences N-D : Marie de l'Incarnation - ECDQ.tv

www.ecdq.tv/fr/videos/7501e5d4da87ac39d782741cd794002d15 mars 2010
Marie de l'Incarnation : un amour qui ne meurt pas » : conférence par soeur Louise Gosselin, o ...


Marie de l'incarnation lettre à son fils - YouTube

www.youtube.com/watch?v=cpeAgZIBYVg7 févr. 2013 - 9 min - Ajouté par Lorraine Richard
Marie de l'Incarnation écrit à son fils pour lui raconter le tremblement de terre de 1663.


Premières religieuses ursulines avec des étudiantes indiennes, à Québec / Batchelor, Lawrence R. - vers 1931 / <A onclick="window.open(this.href); return false;" href="http://collectionscanada.gc.ca">Bibliothèque et Archives Canada</A> - Domaine public
Premières religieuses ursulines avec 
des étudiantes indiennes, à Québec /
 Batchelor, Lawrence R. - vers 1931 /

samedi 24 mai 2014

" Pour que vous soyez comblés de joie ", dit Jésus

« Pour que vous soyez comblés de joie », dit Jésus
gesu5a

Nous lisons en ce moment en Église jusqu’à la clôture du Temps pascal, aux messes de semaine et les dimanches, le discours d’adieu de Jésus, discours communément appelé « discours après la Cène ». Après avoir pris son dernier repas avec ses apôtres, et leur avoir laissé le plus grand don qui soit, l’Eucharistie, Jésus fait son discours d’adieu. Il laisse en quelque sorte à ses apôtres et à tous ceux et celles qui seront ses disciples jusqu’à la fin des temps, ce qu’on pourrait appeler son « testament spirituel ».

Jeudi et vendredi dernier (jeudi et vendredi de la 5ème semaine de Pâques), nous avons entendu proclamer à la messe, les évangiles suivants : Jean 15, 9-11 et Jean 15, 12-17. Le passage de l’évangile de saint Jean, que l’on retrouve au chapitre 15, versets 9 à 17, est particulièrement important pour moi. C’est le passage de l’évangile qui a été proclamé le jour de mon ordination sacerdotale (presbytérale), le 12 juin 1983, en la Basilique Saint-Pierre de Rome. Je n’en reviens pas, et je n’en reviendrai jamais, de réaliser à quel point le Seigneur fait bien les choses. Le jour où j’ai été ordonné prêtre, le Seigneur a permis que soit proclamé un évangile qui fait référence explicitement à mon « désir le plus profond » (voir Dieu ma joie: Le désir le plus profond), c’est-à-dire : la joie. Au chapitre 15, verset 11, Jésus nous dit : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie ».

Nous avons l’immense chance d’avoir en ce moment un pape qui ne cesse de nous nourrir de la Parole de Dieu. Le pape célèbre à chaque jour l’eucharistie dans la chapelle de la résidence où il demeure (la résidence Sainte Marthe), devant des fidèles; et il fait à chaque jour une courte homélie, qui est reproduite ensuite sur divers sites internet. Voici un court extrait de l’homélie qu’il a prononcée jeudi dernier, alors qu’il commentait l’évangile du jour : Jean 15, 9-11 :

« Paix, amour et joie» sont les trois mots clefs que Jésus nous a confiés. L’Esprit Saint pense à les réaliser dans notre vie, mais pas selon les critères du monde. Jésus, dans son discours d’adieu, pendant les derniers jours avant de partir au ciel, a parlé de nombreuses choses, mais toujours autour du même point, représenté par trois mots clés: paix, amour et joie».

…   La joie est le signe du chrétien: un chrétien qui est sans joie n’est pas chrétien ou bien il est malade, sa santé chrétienne ne va pas bien. Une fois j’ai dit qu’il y avait des chrétiens avec des visages de piment au vinaigre: toujours avec le visage rouge et même leur âme est ainsi. Et cela est un mal! Ceux-là ne sont pas chrétiens, car un chrétien sans joie n’est pas chrétien. Pour le chrétien, en effet, la joie est présente également dans la douleur, dans les difficultés, et même dans les persécutions.  

…  C’est l’Esprit Saint qui fait cette paix, qui fait cet amour qui vient du Père; qui fait l’amour entre le Père et le Fils et qui ensuite vient à nous; qui nous donne la joie. » (Tiré de : L’Osservatore Romano, du 22 mai 2014)





jeudi 22 mai 2014

Alexia Vidot: une conversion tout en douceur

Alexia Vidot : une conversion tout en douceur 

Quiconque a accès à l’internet, peut trouver divers moyens de se ressourcer spirituellement. Il existe plusieurs sites catholiques dignes de mention. L'un d’eux est sûrement le site « Ktotv ». Ktotv est une chaîne catholique fondée par l’ancien archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger. Une des émissions que l’on peut regarder sur cette chaîne, se nomme : « Un cœur qui écoute ». Cette émission, dont le titre est très beau, nous permet de connaître l'itinéraire spirituel de certaines personnes; et en particulier, la façon dont elles ont rencontré Dieu. Un récit de conversion est toujours très touchant et très convaincant. Il est pratiquement impossible d'argumenter devant une personne qui nous raconte sa conversion, car tout paraît si vrai et si limpide. La personne qui fait pour la première fois une expérience de Dieu, ne l’oubliera jamais. Et peu importe ce que les gens qui entendent le récit d'une conversion, pourront en penser, la personne convertie ne pourra jamais nier ce qui s’est passé. Quiconque fait une véritable expérience de Dieu, est marqué à jamais au fer rouge de l’Amour.

Je vous invite aujourd’hui, à visionner le témoignage de Mme Alexia Vidot, 26 ans, journaliste au magazine « Famille Chrétienne » (1). Cette jeune femme, éduquée dans un milieu non religieux, a reçu le baptême le 6 septembre 2008, à l'âge de vingt ans. 

Il y a beaucoup de belles choses dans le témoignage de Mme Vidot. Je vais pour le moment commenter deux moments de l’interview : le début et la fin. Vous pourrez visionner l'interview en son entier, en cliquant sur le lien mis ci-dessous. Il existe une coutume à l’émission « Un cœur qui écoute ». La personne qui participe à cette émission, sait que l’animateur de l’émission, M. Hubert de Torcy, lui demandera dès le début, de lire un passage d’un livre qui l’a marquée. D’emblée le texte choisi, nous dit beaucoup sur la personnalité de l’invité(e). Mme Vidot a choisi de lire un texte de Raïssa Maritain, alors qu’elle fréquentait son futur époux, le philosophe Jacques Maritain. Après avoir  entendu ce qu’a dit et écrit Raïssa Maritain, et surtout après avoir entendu le témoignage d’Alexia Vidot, ce qui me frappe c’est ceci : souvent la personne qui s’apprête à faire une expérience de Dieu, ne sait pas que son cœur est préparé à faire cette expérience. La personne peut penser que sa rencontre avec Dieu est tout à fait inattendue, alors que, de fait, le fruit était mur. C’est souvent le désenchantement, l’impression d’un vide dans notre vie, ou d’un manque de sens, qui est le prélude à l’expérience de la rencontre avec Dieu. Pensons à la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4, 1-42) ); ou à la rencontre de Jésus avec la pécheresse, chez Simon le pharisien (Lc 7, 36-50); ou encore la rencontre de Jésus avec Zachée (Lc 19, 1-10).

Une autre coutume de l’émission est la suivante : M. Hubert de Torcy termine chaque émission en posant à son invité, trois questions qui sont toujours les mêmes. Les voici, ainsi que les réponses de Mme Vidot : 

H d T : Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui vous dirait : « Je envie de devenir chrétien. Par quoi dois-je commencer ? »

Alexia : Je dirais : prends le risque du silence. Il y a un apophtegme des Pères du désert, qui dit : « Une eau boueuse ne peut être clarifiée, si elle est constamment remuée ». Je pense que c’est important de faire silence.

H d T : Quel est votre héros, votre saint, la personne que vous jugez admirable ?

Alexia : Sans hésiter, je dirais saint Paul.   (Voilà qui est très intéressant, venant d’une jeune femme)     

H d T : Au jour du jugement, qu’aimeriez-vous que Dieu vous dise ? 

Alexia : Entre dans la joie de ton Seigneur.  

    (1) Ce magazine a aussi un site internet: Famille Chrétienne www.famillechretienne.fr/


  1. Alexia Vidot - YouTube

    www.youtube.com/watch?v=cVj40wwm3q4

    12 mai 2014 - Ajouté par KTOTV
    6 septembre 2008 : une date que n'oubliera sans doute jamaisAlexia Vidot. Cette jeune fille, étudiante à ...






mardi 20 mai 2014

Des nouvelles du Père Greg Staab

Des nouvelles du Père Greg Staab

Bonjour à vous !

Je remercie bien sincèrement les personnes qui ont fait la neuvaine de prière dans le but d’obtenir la guérison du Père Gregory Staab, omv. Le Père Greg n’est pas guéri, mais il a été très réconforté et encouragé grâce à vos prières et votre charité.

Cela m’a fait pensé à ce qu’on dit des pèlerins qui vont prier la Vierge Marie à Lourdes. Très peu de personnes bénéficient d’un miracle, mais tous repartent de leur visite à Lourdes, le cœur rempli de force et d’espérance.

Encore une fois, MERCI !

Guy, omv



lundi 19 mai 2014

Humour

Humour

Bonjour à vous !  Je viens tout juste de recevoir d’un paroissien et ami, les phrases humoristiques que vous trouverez ci-dessous. Je me suis dit : pourquoi ne pas les mettre sur mon blogue? Après tout, le titre de mon blogue porte sur la joie. Je sais très bien que l’on ne doit pas confondre joie et humour; ou encore joie et plaisir. À ce sujet, je vous conseille fortement la lecture de mon blogue intitulé: La joie chrétienne (pour y accéder immédiatement, vous n’avez qu’à cliquer sur les mots suivants, écrits en bleu: Dieu ma joie: La joie chrétienne).

Je considère que l’on ne rit pas suffisamment. Il me semble que pour notre équilibre psychologique, nous devrions rire au moins 30 minutes par jour, pas nécessairement de suite. Si les phrases ci-dessous vous font esquisser un sourire, ce sera déjà cela de gagné.

Un mec est venu sonner chez moi pour me demander un petit don pour la piscine municipale, je lui ai donné un verre d'eau.

Cette nuit un voleur s'est introduit chez moi, il cherchait de l'argent !
Je suis sorti de mon lit et j'ai cherché avec lui.

La seule fin heureuse que je connais, c'est la fin de semaine...

De chez moi au bar il y a 5 minutes, alors que du bar jusque chez moi il y a 1 h 30 !...

L'ironie c'est quand tu rentres en prison pour vol de voiture et que tu sors pour bonne conduite...

Le travail d'équipe est essentiel. En cas d'erreur, ça permet  d'accuser quelqu'un d'autre !

Les parents, c'est deux personnes qui t'apprennent à marcher et à parler, pour te dire ensuite de t'asseoir et de te taire !

Avant je savais bien écrire et, un jour, j'ai eu un téléphone portable :
« é depui il c produi kelk choz 2 bizar... »

Les statistiques, c'est comme les bikinis : ça donne des idées mais ça cache l'essentiel !

J'ai dit à ma femme que j'avais envie de la tuer, elle m'a dit que j'avais besoin de consulter un spécialiste. J'ai donc engagé un tueur à gages.

Le Père Noël est le seul barbu qui peut survoler les États-Unis sans problèmes.

L'être humain est incroyable, c'est la seule créature qui va couper un arbre pour en faire du papier et écrire dessus: "Sauvez les arbres" !

« Demandons au Seigneur la grâce de la docilité à l’Esprit Saint pour aller de l’avant dans la vie, être créatifs, être joyeux». Les durs de cœur, en revanche, ne sont pas joyeux, mais ils sont toujours sérieux. Et, averti le Pape, «quand il y a tant de sérieux, il n’y a pas l’Esprit de Dieu. » (Pape François, homélie à la Chapelle Sainte-Marthe, le 13 mai 2014)


samedi 17 mai 2014

Dernière étape du Temps pascal

Dernière étape du Temps pascal

"Vous êtes ressuscités avec le Christ (Col 3, 1)

Nous sommes entrés depuis hier (lors du vendredi de la quatrième semaine de Pâques) dans ce que j’appelle la « dernière étape du Temps pascal ». Cette étape sera assez longue; elle durera trois semaines. Elle se terminera avec la Pentecôte. Si je considère les trois dernières semaines du Temps de Pâques comme étant une seule et même étape, c’est en raison de l’unité des évangiles qui seront proclamés jusqu’à la clôture du Temps pascal. À partir de maintenant, le discours après la Cène, sera proclamé comme évangile, tant les jours de la semaine que lors des dimanches. Le discours après la Cène, ce sont les propos que Jésus a adressés à ses apôtres le dernier soir où Il a été avec eux, immédiatement après avoir institué l’eucharistie. On retrouve ces propos aux chapitres 14, 15, 16 et 17. J’ai inclus le chapitre 17, même si Jésus s’adresse alors à son Père, mais devant ses apôtres.

Je trouve merveilleux le fait que l’Église ait décidé de donner autant de place, dans sa liturgie, à ce discours extraordinaire de Jésus. Et le fait de mettre ce discours à la fin du Temps pascal, est aussi très significatif à mes yeux. C’est comme si cela ajoutait encore au caractère déjà très solennel de ce discours. Comme je l’ai déjà dit au début du texte que j’ai écrit le 27 avril 2013 (1), ce qui me frappe dans ce discours après la Cène, c’est le fait que Jésus s’adresse à ses disciples comme une personne qui est déjà spirituellement et psychologiquement « passée » de l’autre côté, comme quelqu’un qui est déjà ressuscité, comme quelqu’un qui siège déjà à côté de son Père des cieux. Évidemment, Jésus n’est pas encore ressuscité, mais il se comporte déjà en ressuscité. Cela m’aide à comprendre un peu ce que saint Paul veut nous dire lorsqu’il affirme : « Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ; recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre » (Col 3, 1-2).

Les évangiles qui nous seront présentés durant cette ultime étape du temps pascal, commenceront toujours de la façon suivante : « À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples. » Nous savons que le mot Pâques signifie « passage ». Il y eut d’abord le passage de l’ange de la mort, qui passa outre les maisons des Hébreux, en Égypte, en la nuit où tout premier né des Égyptiens, mourut. Il y eut ensuite le passage de la Mer Rouge, qui conduisit le peuple Hébreu de l’esclavage à la liberté. Mais le véritable passage, le passage le plus important qu’aura à vivre tout être humain, c’est le passage de cette vie terrestre à la vie dans l’au-delà. C’est ce passage que Jésus s’apprête à vivre, aux chapitres 14, 15, 16 et 17 de saint Jean. En lisant le discours après la Cène, nous entrons dans les sentiments qui habitaient Jésus au moment le plus important de sa vie.

L’Église nous a présenté les premiers mots de ce discours, dans l’évangile de jeudi dernier, et Elle nous les présente à nouveau en ce cinquième dimanche de Pâques; les voici : « À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » (Jn 14, 1). Ces paroles sont tout simplement extraordinaires. Jésus savait très bien que les paroles qu’il venait de prononcer, avaient bouleversé ses apôtres. Il venait tout juste de leur apprendre que l’un d’eux allait le livrer : « En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. » (Jn 13, 21). Il venait aussi à peine de révéler à Pierre, le chef de l’Église , qu’avant que le coq ne chante, il aura renié trois fois son Maître (Jn 13, 38). C’était certainement la tristesse et l’inquiétude qui régnaient autour de la table, quand Jésus adressa à ses apôtres ces paroles si fortes et si réconfortantes : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Jésus a bel et bien raison; si nous avions vraiment la foi, rien ne nous bouleverserait. Nous irions sans inquiétude au devant de la vie, avec tout ce qu’elle nous réserve.

C’est dans le discours après la Cène, que Jésus nous laisse en héritage sa Paix, sa Joie, et son commandement nouveau. C’est aussi lors de ce discours, qu’Il nous promet l’Esprit Saint. Le tout se conclura par la magnifique prière sacerdotale du chapitre 17 de saint Jean.

Lors de l’Angelus du deuxième dimanche du Carême, le pape François a encouragé tous les fidèles présents, à se procurer les évangiles ou un des quatre évangiles, en format de poche, qu’on peut facilement porter sur soi (2). Et un mois plus tard environ, toujours à l’Angelus, le pape a fait distribuer des milliers de copies de l’évangile en format de poche.

J’encourage chacun de vous à aller dans une librairie religieuse ces jours-ci, et à acheter un évangile en format de poche. Portez-le sur vous; et commencez par lire et méditer les chapitres 14, 15, 16 et 17 de saint Jean. Vous verrez l’effet que cela produira en vous.





mercredi 14 mai 2014

Raymond Gravel

Raymond Gravel

Rares sont au Québec, les personnes qui ne connaissent pas Raymond Gravel. Cet homme est très médiatisé. Lorsque les médias désirent critiquer les positions officielles de l’Église, qui invite-t-on automatiquement? Raymond Gravel. Ce fait devrait, à lui seul, susciter l’étonnement et l’interrogation suivante : comment se fait-il que l’on invite seulement cet homme pour parler des questions chaudes concernant la morale catholique? La réponse est assez simple à mes yeux : monsieur Gravel fait cavalier seul. Il semble qu’il soit le seul qui ait la témérité et l’impudence de critiquer ouvertement et sans aucune retenue les positions de l’Église.

Monsieur Gravel combat en ce moment le cancer. Je demande à Dieu de le soutenir dans ce douloureux combat. Alors que je me serais attendu à ce que monsieur Gravel vive cette épreuve dans le calme et une certaine solitude, voici qu’il est plus présent que jamais dans le monde médiatique. Il publiera bientôt deux livres, dont une autobiographie. Dans le magazine Le Bel Âge du mois de juin 2014, qui cible principalement les personnes âgées, on retrouve une assez longue interview de monsieur Gravel. Plusieurs des affirmations de monsieur Gravel contenues dans cette entrevue, ne sont pas conformes à l’enseignement de l’Église catholique. Vous pouvez lire cette interview en cliquant sur le lien suivant: Rencontre avec l'abbé Raymond Gravel | Le Bel Âge https://www.lebelage.ca/.../rencontre-avec-labbe-raymond-gravel.

Dans " l'édition papier " du magazine Le Bel Âge, que l'on retrouve dans les kiosques à journaux, on a mis en évidence et en gros caractères, la citation suivante :

« Il n’y a rien d’historique dans l’Évangile, déclare-t-il. Quand Jésus a été baptisé, le ciel ne s’est pas ouvert pour permettre l’envol de milliers de colombes. Il n’a pas vraiment marché sur les eaux et n’a jamais changé de l’eau en Châteauneuf-du-pape ! Ce sont des images, des symboles qu’il ne faut pas prendre à la lettre. »

Je suis prêtre catholique; et je crois que Jésus a marché sur les eaux et que saint Pierre l’a fait aussi, pour un assez court moment. Je crois totalement au changement de l’eau en un excellent vin, à Cana en Galilée, le premier des signes donnés par Jésus de sa divinité. Tout prêtre catholique qui se respecte croit cela. Quant au ciel qui se déchire lors du baptême de Jésus, il est vrai que c’est une figure de style; lorsqu’on employait au temps de Jésus, l’expression « le ciel s’est déchiré », on voulait dire par là que Dieu s’était manifesté de façon évidente. Cette expression désignait une « épiphanie », une « manifestation de Dieu ».

Autre remarque de monsieur Gravel : « On a enfermé le Christ dans une religion, et pourtant il était un Juif qui contestait sa propre religion. Ce n’est pas lui qui a inventé le christianisme, ce sont ses supporters, et ils n’auraient jamais dû le faire. On a voulu contrôler son message. Il ne faut pas que la religion empiète sur la foi, mais c’est malheureusement ce qui est arrivé à l’Église catholique. »

Il est vrai que Jésus a souvent et beaucoup critiqué le judaïsme de son temps, avec toutes ses coutumes et ses traditions humaines. Mais dire que Jésus n’a pas inventé le christianisme, la religion qu’est le christianisme, c’est tout simplement incroyable de la part de quelqu’un qui a reçu le sacrement de l’ordre. Tout sacrement est un sacrement de l’Église, et de l’Église catholique. Aujourd’hui, en ce 14 mai, nous fêtons l’apôtre Matthias, qui a remplacé Judas Iscariote dans le collège des Apôtres. Quand une personne qui a reçu le sacrement de l’ordre parle des apôtres comme étant les « supporters de Jésus », mes cheveux se dressent sur ma tête. Les débuts de l’Église catholique sont tout autre chose qu’un match de la Coupe Stanley (les séries de la Coupe Stanley, ultime honneur pour les joueurs de hockey en Amérique du Nord, ont cours en ce moment). Laissons les « supporters » des Canadiens de Montréal s’énerver dans les amphithéâtres de hockey, mais de grâce, ne qualifions pas les apôtres de simples « supporters ». Il m’est très difficile de « supporter » de tels propos.

En quelques petites phrases lapidaires et incendiaires, monsieur Gravel vient mettre la hache dans la religion professée par l'Église catholique; il vient saper les fondements mêmes de notre religion. Voici comment, en Église, nous avons prié ce matin aux Laudes, en la fête de saint Matthias :

« Nous avons reçu des Apôtres un héritage spirituel, rendons grâce à Dieu notre Père pour les biens qu’il nous donne.

Ref : Loué sois-tu, Seigneur !

Loué sois-tu pour ta sainte Église édifiée sur les Apôtres : elle est le corps que nous formons.

Loué sois-tu pour la Parole qu’ils nous ont fait connaître : elle est notre lumière et notre joie.

Loué sois-tu pour le baptême et la pénitence qu’ils nous ont annoncés dans la foi : c’est là que nous sommes pardonnés.

Loué sois-tu pour l’Eucharistie qu’ils nous ont transmise : elle est notre force et notre vie. »

Les propos de monsieur Gravel jettent le discrédit sur tout le travail des Apôtres, et en particulier du géant qu’est saint Paul, qui a fondé les premières communautés chrétiennes.

Et quand monsieur Gravel parle de morale dans les médias, il est la plupart du temps « dans le champ » (dans l’erreur). On ne peut que sourire, ou plutôt se scandaliser quand monsieur Gravel dit aimer l’Église catholique et la respecter. Monsieur Gravel semble avoir une admiration sans borne pour le pape François; mais non pas pour les deux derniers papes. Personnellement, j’aime énormément tous les papes que j’ai connus de mon vivant. Comment un catholique peut-il laisser entendre qu’il n’aime pas tel ou tel pape?

Évidemment, nous retrouvons dans l’interview dont il est question ici, la fameuse phrase que le pape François a prononcée dans l’avion, à son retour des JMJ (les Journées Mondiales de la Jeunesse) de Rio de Janiero. Voici comment monsieur Gravel a choisi de placer cette phrase dans l’interview :

« François (le pape) travaille à la (l’institution qu’est l’Église) dépouiller tranquillement de plusieurs couches superficielles. Lorsqu’il dit : « Qui suis-je pour juger les homosexuels? », c’est  une révolution dans les mentalités. Ce ne sont pas les deux papes précédents qui auraient dit ça. Jean-Paul II a fait reculer l’Église de 100 ans et Benoît XVI a privilégié la droite rigide. »

Il y a, selon moi, quelque chose de malhonnête et de malsain à toujours citer hors de son  contexte la fameuse phrase du pape François, prononcée dans l’avion à son retour du Brésil; et surtout à l’amputer de mots importants, de mots qui font toute la différence au monde. Pourquoi ne la cite-t-on jamais en son entier? Probablement parce que cela dérangerait bien du monde. Voici les paroles du pape François : « Si une personne est homosexuelle et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ». Voilà la phrase exacte du pape. Il ne parle pas des personnes homosexuelles qui ne croient pas en Dieu, ou qui font ce qui leur plaît. Il parle des personnes homosexuelles qui cherchent Dieu avec bonne volonté.

Jésus n’a jamais pactisé avec le péché. Il est près à tout pardonner. Mais il fera toujours cette recommandation au pécheur : « Va, et désormais, ne pèche plus » (Jn 8, 11).

Bientôt, lorsque nous commencerons la sixième semaine du Temps de Pâques, nous lirons dans l’office des lectures de la liturgie des heures, des extraits de la première lettre de saint Jean. Au premier abord, cette lettre apparaît comme une longue méditation sur l’amour fraternel. Mais une lecture plus attentive, met en lumière le caractère très polémique de la lettre. Saint Jean met en garde contre les déviations doctrinales qui surgissent à l’intérieur même de la communauté. Voici quelques phrases de l’introduction à la première lettre de saint Jean, qui nous est proposée dans le bréviaire (Prière du temps présent), au sixième dimanche de Pâques : « De l’intérieur même de ces communautés, certains en sont venus à proposer un christianisme soi-disant supérieur; …  Ils parviennent ainsi à désorienter nombre de fidèles qui ne savent plus que croire. » (Bréviaire, volume II, p. 678).

Je ne comprends pas que l’Église catholique tolère que monsieur Gravel se présente comme prêtre d’une Église à laquelle il ne croit manifestement pas, malgré ses dires. Jésus a toujours pourfendu les gens qui disent, mais ne font pas.

En terminant, voici un très beau texte du Père Raniero Cantalamessa, prédicateur pontifical depuis 1981: 

" À Cana en Galilée, Jésus transforma l'eau en vin, c'est-à-dire la lettre morte dans l'Esprit qui vivifie (c'est ainsi que l'interprètent spirituellement les Pères); les faux prophètes sont ceux qui font l'opposé, c'est-à-dire qui transforment le vin pur de la Parole de Dieu en eau qui n'enivre personne, en lettre morte, ou en paroles de sagesse humaine (Cf 1 Co 2, 4). Ils ont honte en fait de l'Évangile (Cf. Rm 1, 16) et des paroles de Jésus, car elles sont trop " dures " pour le monde ou trop pauvres et trop nues pour les savants et ils essaient alors de les " assaisonner " avec celles que Jérémie appelait " les rêveries de leur coeur " (Jr 14, 1)  (1)


(1) Raniero Cantalamessa, Ta Parole me fait vivre, Éditions des Béatitudes, 2009, pp. 94-95