vendredi 10 janvier 2014

Mon père Bruno

Mon père Bruno 
Vitrail dans la chapelle des Oblats de la Vierge Marie à Montréal
Le Père Lantéri peu de jours avant de  mourir a dit à la personne qui prenait soin de lui: 
"Je vois une belle dame qui me met son enfant sur la poitrine, et je suis incapable de respirer


« Tel père, tel fils ».

Ce dicton ne vaut pas que pour la génération naturelle ou biologique. Il est aussi vrai dans le domaine spirituel et religieux.

Je m’étonne d’avoir attendu deux ans et demi avant de parler sur mon blogue, de mon Père spirituel : le Père Bruno Lantéri, fondateur des Oblats de la Vierge Marie. J’imagine que cela est dû au fait que nous sommes tellement habitués à vivre avec nous-mêmes, que nous croyons que le plus beau et le plus important, se passe ou se joue en dehors de nous. Quelle erreur !!!

Plusieurs personnes me demandent pourquoi je suis entré dans la Congrégation des Oblats de la Vierge Marie. D’autres gens me demandent, de façon plus générale, comment une personne fait-elle pour choisir une communauté religieuse plutôt qu’une autre? Il faut d’abord dire qu’il y a beaucoup de mystère dans tout cela. Mais la réponse la plus exacte, selon moi, est celle-ci : tout se joue au niveau du « charisme ». Le mot « charisme » veut dire « don ». Il s’agit d’un don que Dieu fait à quelqu’un, pour le bien de tous. De tout temps, Dieu choisit un homme ou une femme et met en lui ou en elle, certains dons qui lui sont particuliers : par exemple : une certaine façon de percevoir Dieu, l’Église, l’apostolat, la charité, etc. Dieu construit en cette personne, une identité spirituelle. Si cette identité spirituelle devient la source d’une Congrégation religieuse, tous les membres qui seront appelés à faire partie de cette famille religieuse, hériteront de cette même « identité spirituelle ». En d’autre mots, j’ai hérité des « gènes spirituels » de Bruno Lantéri. Voilà pourquoi je considère Bruno Lantéri comme étant mon « père spirituel ». J’ai prêché, par le passé, quelques retraites aux Sœurs Missionnaires de la Charité, fondées par Mère Teresa de Calcutta. Lorsque ces sœurs me parlaient de « Mother » (« Mère » en français), je sentais bien que ce mot n’avait pas la même signification pour ces religieuses et pour moi. Quand les Missionnaires de la Charité parlent de « Mother », il y a quelque chose de viscéral dans leur voix, quelque chose d’inimitable.

J’ai reçu l’appel à la vie religieuse alors que j’avais une vingtaine d’années. À cette époque, j’étais étudiant en philosophie, à l’Université Laval, dans la ville de Québec. Avec trois autres amis, nous avons formé une Béthanie (pour savoir en quoi consiste une Béthanie, veuillez cliquer sur le lien suivant Dieu ma joie: Les Fraternités Béthanie). Ces amis m’ont mis en contact avec un Père Jésuite, le Père Engelbert Lacasse, avec qui j’ai vécu à quelques reprises l’expérience des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola (fondateur de la Compagnie de Jésus, mieux connue sous le nom de « Jésuites »). Notre appartenance à Béthanie, impliquait une certaine règle de vie : la prière quotidienne du chapelet (prière mariale par excellence) (1), la réception fréquente des sacrements, en particulier du sacrement de la réconciliation (autrefois appelé « sacrement de pénitence »), l’étude de grands textes de la Tradition catholique ou du Magistère de l’Église. Nous nous engagions à faire un peu d’apostolat. Cet apostolat consistait parfois à distribuer le plus récent message du pape aux portes des églises paroissiales, car nous trouvions que la voix du pape n’était presque pas entendue.

Une fois que l’appel à la vie religieuse active, fut clair en moi, il me fallait découvrir où le Seigneur me voulait; dans quelle Congrégation religieuse, Il me désirait. J’étais bien « embêté » de répondre à cette question. J’ai alors appris qu’un ancien étudiant en philosophie de l’Université Laval, que j’avais connu en jouant au « basketball » pour cette faculté, était rendu à Rome, chez les Oblats de la Vierge Marie. Cela m’a intrigué; et je lui ai demandé de m’envoyer de la documentation sur le fondateur des Oblats de la Vierge Marie, le Père Bruno Lantéri. Dès que j’ai lu cette documentation, je n’en suis pas revenu : tout semblait écrit spécifiquement pour moi : ce que le fondateur des Oblats de la Vierge Marie avait vécu, était exactement ce que je vivais. Bruno Lantéri avait été formé par un Père Jésuite, le Père Nicolas Diessbach; il a voulu fondé une Congrégation religieuse qui ait pour but de donner les Exercices spirituels de Saint-Ignace. Il a désiré que la Congrégation soit offerte à Dieu par la Vierge Marie ». Les mots « Oblats de la Vierge Marie » veulent précisément dire cela : « offerts à Dieu par Marie ». Le Père Lantéri a même dit qu’il n’était pas le fondateur de notre Congrégation; que la véritable fondatrice était précisément la Vierge Marie. Affirmation très forte, n’est-ce pas? Le Père Lantéri a été un « confesseur admirable », un grand apôtre de la Miséricorde du Seigneur, prodiguée spécialement par l’intermédiaire du sacrement de la réconciliation. Notre fondateur disait que l’Oblat de la Vierge Marie devrait mourir en prêchant ou en confessant (en donnant le sacrement de la réconciliation). Notre fondateur avait un amour indéfectible pour le Magistère de l’Église, et en particulier pour la personne du pape. Il a d’ailleurs risqué sa vie pour permettre à Pie VII de se défendre contre les prétentions de Napoléon. C’est notre fondateur qui a fait parvenir au pape, par une chaîne humaine secrète, les documents dont il avait besoin en prison, pour se défendre. Soupçonné de comploter contre l’État, Bruno Lantéri fut exilé et mis au ban de la société, durant trois ans. Les premiers Oblats nous racontent que pour faire fâcher notre fondateur, ils n’avaient qu’à faire semblant de critiquer le pape. Notre fondateur devenait alors rouge de colère. Vous comprendrez comme moi, qu’en lisant tout cela, il me semblait que je lisais ma propre vie. Toute ma jeune spiritualité avait été vécue par un homme des 18ème et 19ème siècles (1759-1830), qui a fondé une Congrégation pour perpétuer cette spiritualité. Je me suis alors expatrié pendant neuf ans. J’ai été vivre en Italie, en espérant qu’un jour, les Oblats de la Vierge Marie, ouvrent une maison au Canada. Ce qui fut fait en 1985. Je suis, pour ma part, revenu dans mon pays, en 1986.

Les similitudes entre notre fondateur et moi, ne s’arrêtent pas là. Le Père Lantéri a vécu à une époque où l’imprimerie connaissait un essor considérable. Il s’est immédiatement rendu compte que l’imprimerie influencerait grandement la vie des gens. Immédiatement, il s’est mis à propager les « bons livres » et à écrire lui-même des œuvres (surtout des pamphlets) pour défendre en particulier les droits de l'Église et du pape. Notre fondateur était attentif aux signes des temps, et adaptait son apostolat au nouveautés du temps. Mathieu Binette, mon bon ami et paroissien, qui m’a convaincu de partir un blogue sur internet, me disait dernièrement que je suis un digne fils du Père Lantéri, car selon Mathieu, si le Père Lantéri vivait aujourd’hui, il est certain qu’il utiliserait l’internet et les réseaux sociaux, pour propager la Bonne Nouvelle.

De plus, dès que la foi catholique était attaquée de quelque manière que ce soit, cela ne prenait guère de temps à notre fondateur, pour réagir. Aussitôt il se mettait à l’œuvre et écrivait un texte pour défendre notre si belle religion. Si vous lisez régulièrement mon blogue, vous savez que je suis, moi aussi, vite sur la gâchette, quand il s’agit de défendre les droits de Dieu et de son Église. Je viens de lire une phrase qui m’a beaucoup plu, dans la biographie la plus récente qui ait été écrite sur notre fondateur. Il y est dit que le Père Lantéri, a écrit ceci vers la fin de sa vie (le 8 mai 1822): « Je ne suis qu’un chien de garde dans le troupeau du Seigneur, qui aboie jusqu’à son dernier souffle » (Timothy M. Gallogher, omv, Begin Again, The Life ans Spiritual Legacy of Bruno Lanteri, The Crossroad Publishing Company, 2013, p. 65; la traduction française de ce texte, a été faite par moi; la lettre se trouve dans le troisième volume du Carteggio, à la page 334). Pour paraphraser cette magnifique phrase de notre fondateur, je dirais ceci : « Guy Simard n’est qu’un chien de garde dans le troupeau du Seigneur, qui aboie et saute quand son Maître est attaqué ».

Oui, vraiment, « tel père, tel fils ».

(1)  Les personnes parmi vous qui lisent mon blogue de façon assidue, savent que la prière du chapelet a changé complètement ma vie, quand j’avais une vingtaine d'années.

2 commentaires:

  1. Au plaisir de redécouvrir le Père Lanteri à travers vous...
    Merci
    M-C

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  2. Au plaisir de redécouvrir le Père Lanteri à travers vous...
    Merci
    M-C

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