samedi 30 novembre 2013

Le pape François et la charte

Le pape François et la charte

Le titre donné à ce texte, a dû vous intriguer. C’est comme si j’insinuais que le pape ait commenté les événements politiques récents au Québec. Il n’en n’est rien. Mais je suis toujours étonné de voir comment les événements dans le monde, s’entrecroisent et s’éclairent les uns les autres. Je ne serais pas très surpris que le pape soit au courant de ce qui se passe au Québec en ce moment, et qu’il prie pour cela. Ne reçoit-il pas régulièrement la visite du cardinal Marc Ouellet (cardinal québécois, préfet de la Congrégation pour les  évêques)?

Quoi qu’il en soit, le pape François a tenu des propos ces jours-ci, qui peuvent nous aider dans notre discernement sur la charte déposée il y a quelques jours, comme projet de loi,  au Québec. Dans un discours que le Saint-Père a tenu il y a deux jours (le 28 novembre) devant l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, nous trouvons des principes importants sur la façon de considérer les religions dans la société. Ce discours, actuellement, n’existe dans son entier qu’en italien, sur internet. J’ai vécu neuf ans à Rome, je connais assez bien l’italien. Je vais traduire pour vous, dans son entièreté, ce discours que je juge très pertinent pour nous en ce moment au Québec. 

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS DE LA PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
 Salle Clémentine, jeudi, le 28 novembre 2013  

Messieurs les Cardinaux, 

chers frères dans l’Épiscopat,

chers frères et sœurs, 
Avant tout, je m’excuse pour le retard. Les audiences ont été retardées. Je vous remercie pour votre patience. Je suis heureux de vous rencontrer dans le contexte de votre Session Plénière. J’adresse à chacun de vous la plus cordiale bienvenue et je remercie le Cardinal Jean-Louis Tauran pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom.  

L’Église catholique est consciente de la valeur que revêt la promotion de l’amitié et du respect entre les hommes et les femmes de diverses traditions religieuses. Nous en comprenons toujours plus l’importance, soit parce que le monde est, en quelque sorte, devenu plus petit, soit parce que le phénomène des migrations augmente les contacts entre personnes et communautés de tradition, culture, et religion différentes. Cette réalité interpelle notre conscience de chrétiens et constitue un défi pour la compréhension de la foi et pour la vie concrète des Églises locales, des paroisses et des très nombreux croyants. 

Il en résulte que le thème choisi pour votre rassemblement, est de particulière actualité : « Membres de différentes traditions religieuses dans la société ». Comme je l’ai affirmé dans l’Exhortation Evangelii gaudium (l’Évangile de la joie), « une attitude d’ouverture dans la vérité et dans l’amour, doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les vrais obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes qui se retrouvent dans les deux camps » (n. 250). En effet, il ne manque pas dans le monde de contextes où le vivre ensemble est difficile : souvent des motifs politiques et économiques se superposent aux différences culturelles et religieuses, levant aussi le voile sur des incompréhensions et des erreurs du passé. Tout cela risque d’engendrer de la méfiance et de la peur. Il n’existe qu’une seule voie pour vaincre cette peur, c’est celle du dialogue, de la rencontre, sous le signe de l’amitié et du respect. Quand on marche en cette voie, le chemin est humain.

Dialoguer ne signifie pas renoncer à la propre identité lorsqu'on va à la rencontre de l’autre, et encore moins, céder à des compromis sur la foi et la morale chrétiennes. Au contraire, « la vraie ouverture implique de se maintenir ferme dans les convictions personnelles les plus profondes, grâce à une identité claire et joyeuse » (ibid, n. 251), et ainsi être ouvert pour comprendre les raisons de l’autre, et être capable de relations humaines respectueuses, dans la conviction que la rencontre de qui est différent de moi, peut être l’occasion d’une croissance dans la fraternité, d’un enrichissement et d’un témoignage. C’est pour cela que dialogue interreligieux et évangélisation ne s’excluent pas, mais s’alimentent réciproquement. Nous n’imposons rien, nous n’usons d’aucune stratégie sournoise pour attirer des fidèles, mais au contraire, nous témoignons avec joie et simplicité de ce que nous croyons et de ce que nous sommes. En effet, une rencontre dans laquelle chaque personne mettrait de côté ce en quoi elle croit, en faisant semblant de renoncer à ce qu’elle a de plus cher, ne serait certainement pas une rencontre authentique. Dans un tel cas, on pourrait parler de semblant de fraternité. En tant que disciples de Jésus, nous devons nous efforcer de vaincre la peur, toujours prêts à faire le premier pas, sans nous laisser décourager par les difficultés et les incompréhensions.

Le dialogue constructif entre personnes de diverses traditions religieuses, sert aussi à surmonter une autre peur, que nous rencontrons malheureusement de plus en plus, dans les sociétés fortement sécularisées: la peur envers les diverses traditions religieuses et la peur envers la dimension religieuse en tant que telle. La religion est perçue comme quelque chose d’inutile et même plus, comme quelque chose de dangereux. Parfois on s’attend à ce que les chrétiens renoncent à leurs propres convictions religieuses et morales, dans l’exercice de leur profession (cfr Benoît XVI, Discours au Corps Diplomatique, 10 janvier 2011). Est répandue la pensée selon laquelle la convivence ne serait possible qu’en cachant la propre appartenance religieuse, et en se rencontrant dans une sorte d’espace neutre, privé de référence à la transcendance. Mais encore là : comment serait-il possible de créer de vraies relations, de construire une société qui soit vraiment une demeure commune, en imposant aux gens de mettre de côté ce qu’ils  considèrent comme étant la partie le plus intime de leur être? Il n’est pas possible de penser à une « fraternité de laboratoire ». Il est certainement nécessaire que tout se passe dans le respect des convictions de l’autre, aussi de celui qui ne croit pas, mais nous devons avoir le courage et la patience de nous rencontrer avec ce que nous sommes. Le futur réside dans le vivre ensemble respectueux de la diversité, et non pas dans l’homologation d’une pensée unique théoriquement neutre. Nous avons vu à travers l’histoire, la tragédie des pensées uniques. La reconnaissance du droit fondamental à la liberté religieuse, dans toutes ses dimensions, est par conséquent indispensable. Sur ce point, le Magistère de l’Église s’est exprimé avec grande conviction, durant les dernières décennies. Nous sommes convaincus que c’est par ce chemin que passe l’édification de la paix dans le monde.

Je remercie le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, pour le précieux service qu’il rend, et j’invoque sur chacun de vous, l’abondance de la bénédiction du Seigneur. Merci.

Bonus :
Le cardinal Stanislas Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, de passage à Paris, est intervenu le 16 novembre dernier, lors du 26ème  Colloque national des juristes catholiques, sur le thème « Le Mariage en questions ». Voici quelques extraits de l’allocution qu’il a donnée à cette occasion.  

« Face aux graves défis de la postmodernité, nous, chrétiens, nous ne pouvons pas rester indifférents, ni nous taire ! A notre époque, le message de l’Exhortation apostolique Christifideles laici a acquis un caractère d’une urgence particulière : « Des situations nouvelles, dans l’Eglise comme dans le monde, dans les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles, exigent aujourd’hui, de façon toute particulière, l’action des fidèles laïcs. S’il a toujours été inadmissible de s’en désintéresser, présentement c’est plus répréhensible que jamais. Il n’est permis à personne de rester à ne rien faire ».[2] Aujourd’hui, tout spécialement, une présence visible et incisive des chrétiens est nécessaire dans la vie publique, avec l’audace d’être vraiment un “ levain évangélique ”, le “ sel ” et la “ lumière ” du monde, en étant guidés par l’Évangile et par la Doctrine sociale de l’Église.  …
A notre époque, la culture dominante enferme la foi dans le domaine strictement privé, éliminant Dieu de la sphère publique. Nous assistons à une véritable “ christianophobie ” et à un dangereux fondamentalisme laïciste. Dans les démocraties occidentales, là où l’on parle de tant de tolérance, la liberté religieuse est même sérieusement menacée. Le pape Benoît XVI a parlé d’une périlleuse expansion de ce qu’on appelle la “ tolérance négative ” qui, pour ne pas importuner les non-croyants ou les autres croyants, élimine tous les symboles religieux de la vie publique. Ainsi - paradoxalement - au nom de la tolérance, on abolit la tolérance elle-même.[4] Une telle situation requiert indéniablement des fidèles laïcs le courage d’aller à contre-courant et d’être dans le monde un “signe de contradiction”. En outre, elle les sollicite à sortir des sacristies et du cadre des discours internes à l’Église, en devenant des témoins persuasifs de l’Évangile au cœur du monde. Il est vrai que, dans la société occidentale, nous, les chrétiens, nous sommes une minorité. Toutefois, le vrai problème n’est pas là. Le sel est “minoritaire” dans la nourriture, mais il lui donne son goût ; le levain est “minoritaire” dans la pâte, mais il la fait fermenter. Notre vrai problème consiste à ne pas devenir insignifiants, “insipides”, à ne pas perdre la “saveur évangélique”... L’antique auteur de la Lettre à Diognète disait : « /Les chrétiens / sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel /.../ En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde... ».
Rencontrant des membres du Sénat et de l’Assemblée nationale de la République française, le pape François a tenu à réaffirmer que « le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’Etat français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent. …  
Aujourd’hui la “liberté du faire” – disait le pape Benoît XVI, commentant l’intéressante étude du Grand rabbin de France, Gilles Bernheim – est en train de se commuer en une “liberté de se faire soi-même”, d’une manière complètement arbitraire, sans tenir compte de la loi que le Dieu Créateur a inscrit dans la nature de l’être humain (la loi naturelle!).[7] Les nouvelles lois sur le mariage et la famille, promulguées par de nombreux Parlements, en sont une preuve éclatante.
Comme chrétiens, en cette époque, nous sommes donc appelés tout particulièrement à être les gardiens de l’être humain, de sa dignité et de ses droits inaliénables. Mais pour accomplir une mission si haute et si importante, nous devons avoir un concept très clair de notre identité de disciples du Christ. Cette conscience est aujourd’hui loin d’être acquise, car elle est souvent chargée de problèmes. Le relativisme et la “pensée faible” engendrent des personnalités fragiles, fragmentées et incohérentes. Les modèles de vie imposés par la culture dominante sèment partout l’égarement et la confusion, même parmi les baptisés. Le cadre “identitaire” du chrétien moyen devient toujours davantage le résultat d’un ensemble de choix arbitraires et commodes. Le pape François dénonce souvent ce danger et parle fréquemment de chrétiens “endormis”, de chrétiens “à temps partiel”, de chrétiens “que de nom”... alors que le monde d’aujourd’hui a besoin de vrais chrétiens mûrs, qui soient d’authentiques témoins du Christ et de son Evangile. En d’autres termes, il a besoin de chrétiens qui vivent à fond la réalité du Baptême reçu. La question de l’identité des baptisés tenait particulièrement à cœur aux Pères de l’Eglise. Saint Léon le Grand exhortait ainsi ses fidèles : « Chrétien, reconnais ta dignité » ; à son tour saint Ignace d’Antioche réaffirmait : « Il ne suffit pas d’être appelés chrétiens, il faut l’être vraiment... ».  …
Vivre à fond l’identité chrétienne signifie surtout décider de mettre Dieu au centre de sa vie. Il ne s’agit pas d’un Dieu quelconque, mais de ce Dieu qui s’est révélé dans le visage de Jésus-Christ.  …
En ce temps de grave crise qui bouleverse le monde et qui n’est pas seulement une crise économique et financière, mais surtout une crise anthropologique, un chrétien court facilement le risque de sombrer dans l’amertume de la déception, de se laisser aller au découragement ou encore de développer une vision apocalyptique et catastrophique de l’histoire. Les changements profonds que connaît notre monde mettent à dure épreuve nos  certitudes de toujours et même notre foi. De fait, l’espérance de beaucoup de nos contemporains commence à vaciller ! Face à une telle situation, les chrétiens se voient confier une tâche extrêmement urgente : être des témoins crédibles de l’espérance. Le pape François nous a encouragés à maintes reprises à ce sujet : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ! ». En outre, il nous a demandé de « lire la réalité, mais aussi (de) vivre cette réalité, sans peurs, sans fuites, et sans catastrophismes. Toute crise – a expliqué le Saint-Père - même la crise actuelle, est un passage, le travail d’un accouchement qui comporte peine, difficulté, souffrance, mais qui porte en lui l’horizon de la vie, d’un renouvellement, qui porte la force de l’espérance /.../ La crise peut devenir un moment de purification, pour revoir nos modèles économiques et sociaux et une certaine conception du progrès qui a nourri nos illusions, pour récupérer l’humain dans toutes ses dimensions ».[11]

[2] Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, n° 3.                    
[4] Cf. Benoît XVI, Luce del mondo. Il Papa, la Chiesa e i segni dei tempi. Una conversazione con Peter Seewald, Libreria Editrice Vaticana 2010, p. 82.
[7] Cf. Benoît XVI, Discours pour la présentation des vœux de Noël à la Curie romaine, 21 décembre 2012.
[11] François, Discours durant la rencontre avec le monde de la culture dans l’Aula Magna de la Faculté Pontificale Théologique de la Sardaigne à Cagliari, 22 septembre 2013.


vendredi 29 novembre 2013

Notre pape n'est pas " politically correct "

Notre pape n’est pas « politically correct »

Je pense que nous connaissons tous l’expression « politically correct ». Le dictionnaire Larousse nous dit que « le mouvement Politically Correct » cherche a établir un nouveau code éthique, bannissant du vocabulaire tout élément discriminatoire. Les termes ou les allusions susceptibles d’offenser certaines parties de la population, doivent être évités. Ce phénomène a pris naissance aux États-Unis au début des années 1970; il est apparu en Grande Bretagne dans les années 1980. Ainsi, on préférera American Native à American Indian, Inuit à Eskimo, differently able à disabled, visually impaired à blind. ». Il s’agit donc de tout faire pour n’offenser personne, pour que notre langage contribue à ne discriminer personne. Et cela peut aller très loin dans la volonté de ne condamner aucun comportement. Par exemple, le fait d’avoir changé le mot « avortement » par les mots « interruption volontaire de grossesse », relève directement du PC (politically correct). Autrement dit, on ne veut plus appeler un chat un chat, ou un chien un chien.

Or le moins que l’on puisse dire, c’est que le pape François ne se soucie guère de cette nouvelle tendance ou de ce « nouveau code éthique », comme le définit le Larousse. Il n’a pas peur d’appeler un chat un chat; et un chien un chien. Comme vous le savez probablement, le pape a choisi comme lieu de résidence permanente, la Maison Sainte-Marthe, où il logeait durant le dernier conclave. Chaque jour, le pape célèbre la messe dans cette maison, à 7hres du matin, devant des fidèles ou divers groupes. C’est lors de ces eucharisties quotidiennes, que notre cher pape semble le moins se préoccuper du langage « politically correct ». À au moins deux reprises, le pape a fait allusion aux chrétiens " corrompus ". Or ce qui est intéressant, c’est la description qu’il fait de ceux qu’il appelle « les corrompus ». Lundi matin, le 3 juin, le pape a décrit trois catégories de chrétiens : les pécheurs, les corrompus et les saints. C’est en partant de l’évangile de ce jour-là, qui rapportait la parabole de Jésus sur les vignerons homicides, que le Saint-Père a fait cette distinction. Ce jour-là, le pape ne s’est pas beaucoup attardé à décrire les « pécheurs » car, a-t-il dit, nous savons très bien ce qu’est un pécheur, puisque nous le sommes tous. Voici ses propres mots, à ce sujet : « Nous nous connaissons de l’intérieur; nous savons ce qu’est un pécheur. Et si quelqu’un parmi vous n’a pas ce sentiment, qu’il aille pour une consultation chez un médecin spirituel, parce que quelque chose ne tourne pas rond ».

Le pape s’est ensuite attardé à décrire ceux qu’il appelle « les corrompus » :

« La parabole cependant nous parle d’un autre profil de chrétien, de ceux qui veulent s’emparer de la vigne et ont perdu le rapport avec le Patron de la vigne. Un Patron qui  nous a appelés avec amour, nous protège, et qui nous donne la liberté. Ces personnes se sont senties fortes, autonomes de Dieu. Les corrompus se sont cimentés dans le péché. Petit à petit, ils ont glissé dans cette autonomie, l’autonomie dans le rapport avec Dieu, pensant ne pas avoir besoin de ce Patron qui pourrait nous déranger. Ceux-là sont les corrompus, ceux qui étaient des pécheurs comme nous tous, mais qui ont fait un pas de plus, comme s’ils s’étaient cimentés vraiment dans le péché: ils n’ont pas besoin de Dieu! Mais ce n’est qu’une apparence, parce que dans leur code génétique ce rapport avec Dieu existe. Et comme ils ne peuvent le nier, ils se créent un dieu spécial: eux-mêmes. Ce sont les corrompus, et c’est un danger qui nous guette tous. Dans les communautés chrétiennes, les corrompus pensent seulement à leur propre groupe, à eux-mêmes. Judas a commencé comme pécheur avare, et a fini dans la corruption. C’est un chemin dangereux ce chemin de l’autonomie : les corrompus n’ont plus de mémoire, ils ont oublié cet amour avec lequel le Seigneur a créé la vigne, et les a créés, eux! Ils ont coupé le lien avec cet amour ! Et ils deviennent les adorateurs d’eux-mêmes. Les corrompus font tellement de mal dans les communautés chrétiennes. Que le Seigneur nous protège du risque de glisser sur le chemin de la corruption. »

Ensuite, le pape s’est mis à décrire les saints :

Les Saints n’ont pas perdu la mémoire de l’amour de Dieu. Dans l’évangile de ce jour, les saints sont ceux qui « vont toucher le loyer de la vigne ». Ils savent ce qui les attend, mais ils doivent le faire, et ils font leur devoir. Les saints, ceux qui obéissent au Seigneur, ceux qui adorent le Seigneur, ceux qui n’ont pas perdu la mémoire de l’amour avec lequel le Seigneur a créé la vigne. Comme les corrompus font tellement de mal à l’Eglise, les saints font tellement de bien. De ces corrompus, l’apôtre Jean dit qu’ils sont l’antéchrist, qu’ils sont au milieu de nous, mais ne sont pas des nôtres. Des Saints, la parole de Dieu nous parle comme d’une lumière, «ceux qui seront devant le trône de Dieu, en adoration». Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de nous considérer des pécheurs ; la grâce de ne pas devenir des corrompus : pécheurs oui, corrompus non! Et la grâce de prendre le chemin de la sainteté ».  (Tiré de Radio-Vatican,  6 juin 2013 : Le Pape François : "Les corrompus font beaucoup de mal à l'Eglise")

Le lundi 11 novembre dernier, le pape, toujours lors de son homélie à la Maison Sainte Marthe, a repris la distinction entre « pécheurs et corrompus ». Cette fois, il nous a fait mieux comprendre ce qu’il entend par « pécheurs ». Dans l’évangile du jour, le Seigneur disait : « Si ton frère a commis une faute contre toi, fais-lui de vifs reproches, et, s’il se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet une faute contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : « Je me repens, tu lui pardonneras. » (Lc 17, 3-4). Le pape a commenté ainsi ce passage de l’évangile :  

« Quand je lis ce passage je vois toujours un portrait de Jésus. Nous l’avons entendu tant de fois : lui ne se lasse jamais de pardonner. Et il nous conseille de faire la même chose. Le pécheur qui demande pardon, bien qu’étant réellement repenti, tombe encore et il tombe à plusieurs reprises dans le péché. Il se repent, mais il ne peut sortir de cela : il est faible. C’est la faiblesse du péché originel. Il y a de la bonne volonté, mais il y a également la faiblesse et  le Seigneur pardonne. Là où il y a tromperie l’Esprit de Dieu est absent. Telle est la différence entre pécheur et corrompu. Celui qui mène une double vie est un corrompu. Celui qui pèche, en revanche, voudrait ne pas pécher, mais il est faible ou il se trouve dans une condition à laquelle il ne peut trouver de solution, mais il va voir le Seigneur et lui demande pardon. Celui-là, le Seigneur l’aime, l’accompagne, Il est avec lui. Et nous, nous devons dire, nous tous qui sommes ici : « pécheurs oui, corrompus, non ». Les corrompus ne savent pas ce qu’est l’humilité. Jésus les comparaient aux sépulcres recouverts de peinture : beaux dehors, mais dedans, emplis d’os pourris. Un chrétien qui se vante d’être chrétien mais ne mène pas une vie de chrétien est un corrompu. Nous connaissons tous quelqu’un qui est dans cette situation et nous savons tous quel mal font à l’Église les chrétiens corrompus, les prêtres corrompus. Que de mal ils font à l’Église! Ils ne vivent pas dans l’esprit de l’Évangile, mais dans l’esprit de la mondanité. Une pourriture recouverte de peinture: telle est la vie du corrompu. Et ceux-là, Jésus ne les appelait pas pécheurs. Il les appelait « hypocrites». Jésus pardonne toujours, il ne se lasse pas de pardonner. L’unique condition qu’il demande est que l’on ne veuille pas mener cette double vie. Demandons aujourd’hui au Seigneur d’échapper à toute tromperie, de nous reconnaître pécheurs. Pécheurs oui, corrompus non. » (Tiré de L’Osservatore Romano du 14 novembre 2013 : Pécheurs oui, corrompus, non, messe du 11 novembre 2013 - Pape ... )


mercredi 27 novembre 2013

Pourquoi je me sens " menacé " par la charte

Pourquoi je me sens « menacé » par la charte

Bonjour à vous !

Le 8 novembre dernier, j’écrivais un texte sur mon blogue, intitulé : « La fameuse « charte ». La phrase qui, selon moi, a fait le plus impression sur les gens, est celle où je disais que je me sens « menacé » par cette charte. On m’a demandé pourquoi je me sens menacé par cette charte. Puisque la question m’a été posée, cela veut dire que je n’ai probablement pas été assez clair sur ce point. Or, c’est vraiment le point principal , le point le plus important de mon texte. Il vaut donc la peine que je m’explique un peu mieux sur la question. Voici deux extraits de mon texte du 8 novembre, qui jettent un peu de lumière sur ma pensée.   

Premier paragraphe : Mais je tiens à ce que mes paroissiens sachent que Guy Simard, omv, pasteur catholique ici à la Pointe-aux-Trembles, se sent aussi menacé par ce projet de loi. Je me sens menacé dans mes valeurs profondes, dans ce en quoi je crois de tout mon cœur : ma foi en Jésus Christ, Notre Seigneur.

Dernier paragraphe : Nous sommes en droit de nous demander ce qu’il y a derrière cette volonté de légiférer de l’État. La majorité des intervenants dans le débat, ces jours-ci, disent clairement que jusqu’à maintenant, cela ne posait aucun problème que des employés de l’État affichent clairement leur croyance. Et c’est un fait. Si c’est un fait, il y a une raison pour laquelle certains membres du gouvernement tiennent tant à légiférer. Je soupçonne, pour ma part, que le gouvernement souhaite une société athée. Je pense personnellement, en me basant sur des déclarations entendues ici et là ces jours-ci par des personnalités très fortes au Québec, que c’est l’athéisme grandissant et militant (on peut militer de façon camouflée), qui pousse le gouvernement à légiférer en la matière. On veut lancer clairement le message suivant : toutes les religions sont une menace à la paix dans le monde et à la paix civile, car toutes les religions asservissent l’être humain, en particulier la femme. On veut une société sans Dieu et on légifère en ce sens. Plusieurs croiront que j’exagère. Mais c’est mon opinion; et comme curé de paroisse, je me dois de l’émettre. 

Autrement dit : c’est le non-dit de la charte qui me préoccupe. C’est ce qu’elle ne veut pas dire, mais que je soupçonne comme étant vrai. Puisque certains employés de l’État, en ce moment, portent des signes religieux évidents, et que cela ne pose aucun problème, il faut que le gouvernement ait quelque chose derrière la tête pour légiférer de façon aussi contraignante. Et pour moi, il est clair que certains membres du gouvernement ne veulent rien savoir de la religion, de toutes les religions. Pour eux, la religion est un obstacle à la vie harmonieuse en société; et ils veulent éliminer de la société, tout ce qui fait référence à la religion. Ils veulent une société sans Dieu. Ils pensent comme Mme Janette Bertrand et Mme Lise Payette, qui affirment que toutes les religions sont mauvaises.

Pour cela, ils font une loi qui éliminera le plus possible le fait que l’on voit des gens qui manifestement croient en Dieu. Ils jouent le même jeu que les États totalitaires de l’ancienne Union Soviétique : la religion est à bannir de la société. Or je suis croyant, je crois en Dieu. Face à cette volonté d’éliminer la religion de la société civile, je me sens menacé. Je vois que je suis un obstacle pour eux, un obstacle qu’ils veulent affaiblir et, éventuellement, éliminer. N’est-il pas normal que je me sente menacé? Ceci étant dit, je sais bien que le combat contre la liberté religieuse ne va pas aussi loin, chez nous, que dans les États totalitaires de l'ancien bloc de l'est. Mais il n'en demeure pas moins qu'à mes yeux, le combat contre la liberté religieuse est bel et bien entamé ici au Québec, par la sortie de ce nouveau projet de loi. La liberté religieuse a toujours impliqué le droit de manifester librement et publiquement sa foi. Vouloir limiter ce droit par des contraintes exagérées, c'est lutter contre la liberté religieuse. 

Personnellement, je préfère cent fois mieux un musulman qui croit en Dieu, qui prie Dieu à chaque jour pour avoir des lumières d’en haut pour gouverner sa vie, que des gens qui ne croient pas en Dieu et qui veulent mener le monde selon leurs propres critères et leur propre jugement. « Ta Parole, Seigneur, est la lumière de mes pas, la  lampe de ma route » (Ps 118, 105 ). « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain; si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes. »  (Ps 126, 1)



dimanche 24 novembre 2013

Le Christ Jésus, Roi de l'univers

Le Christ Jésus, Roi de l’univers

Chers amis,

Nous vivons aujourd’hui un jour extraordinaire dans l’Église universelle. Non seulement nous vivons une des solennités les plus belles et les plus grandioses de l’année liturgique, la « solennité du Christ Roi de l’univers », mais nous vivons aussi la clôture de l’année de la foi promulguée par le pape Benoît XVI, en octobre 2012. Ici à Montréal, la présente solennité a revêtu un caractère encore plus sacré, si cela se peut. Notre archevêque, Mgr Christian Lépine, a consacré hier soir, en la vigile de la fête, le diocèse de Montréal au Sacré-Cœur de Jésus, par la médiation du Cœur Immaculé de Marie. Ce fut un réel moment de grâce et de joie. Je crois que ce fut la plus belle cérémonie (ou célébration) que j’aie vécue à date dans notre cathédrale. Tout était beau, simple et grandiose : le chant, les gestes, et surtout les prières. Je ne serais pas surpris d’apprendre que les prières adressées à la Vierge Marie et la prière de consécration au Cœur de Jésus aient été composées par notre archevêque lui-même.

Je n’ai jamais vu notre archevêque aussi joyeux, et cela m’a grandement réjoui. J’imagine qu’il n’a pas la tâche facile depuis que le Seigneur l’a nommé à son poste de pasteur de l’Église de Montréal. À la fin de la célébration, Il a remercié notre Sauveur Jésus Christ, et il a invité les gens à manifester leur joie par une bonne main d’applaudissements. Nous étions tous debout, et les applaudissements ont duré très longtemps. Nous avions devant nous notre archevêque qui ne cessait d’applaudir, et les gens ne voulaient surtout pas arrêter d’applaudir avant lui. Après de longues minutes d’applaudissements, Mgr Lépine a dit : « Nous pourrions continuer comme ça toute la nuit », manifestant ainsi l’immense joie qui l’habitait à ce moment précis. Je me serais cru au Centre Bell, qui est situé à deux pas de la cathédrale. Le Centre Bell est l’endroit où joue notre club de hockey ici à Montréal (les « Canadiens de Montréal ») et qui fait salle comble à chaque partie. D'ailleurs, hier soir, étant samedi, en me rendant à la cathédrale, j’ai été pris dans le trafic et le bouchon de circulation dus aux partisans des Canadiens. J’ai été heureux hier soir, de faire en quelque sorte concurrence à ce que nos journalistes sportifs nomment parfois notre « messe nationale », en faisant allusion aux matchs de hockey des « Canadiens ». Au Centre Bell, il arrive parfois qu’une personnalité sportive soit applaudie pendant plusieurs minutes. Mais hier, à la véritable messe, celle instituée par Jésus lui-même, c’est Jésus Christ, notre Sauveur et le Roi de l’univers, qui a été applaudi chaleureusement par les croyants qui venaient conclure l'année de la foi. Et la foi était manifestement au rendez-vous. Notre archevêque nous a confié que depuis qu’il était devenu archevêque de Montréal, il était habité par ce désir de consacrer le diocèse au Cœur de Jésus, par le Cœur Immaculé de Marie, et qu’il a attendu le moment qui lui semblait le plus propice pour poser ce geste. Hier fut « le temps favorable et le jour du salut », selon l’expression consacrée par saint Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens (2 Co 6, 2). Au terme de la célébration, notre archevêque nous a dit que ce geste de consécration à peine posé, avait déjà porté beaucoup de fruits spirituels pour le diocèse. J’en suis aussi personnellement convaincu.   

Ce matin, en me réveillant, j’ai fait une prière au Christ Roi de l’univers. Il y a un seul jour dans l’année où je fais cette prière, que j’ai apprise quand j’avais une vingtaine d’années. Et ce jour, c'est aujourd’hui. Cependant, je la dis normalement plusieurs fois durant la journée. La voici, pour ceux et celles qui ne la connaîtraient pas :

" Ô Christ Jésus, je vous reconnais pour Roi universel. Tout ce qui a été fait, a été créé pour Vous. Exercez sur moi tous vos droits. Je renouvelle mes promesses du baptême, en renonçant à Satan, à ses séductions et à ses œuvres, et je promets de vivre en bon chrétien. Et tout particulièrement, je m’engage à faire triompher, selon mes moyens, les droits de Dieu et de votre Église. Divin Cœur de Jésus, je vous offre mes pauvres actions, pour obtenir que tous les cœurs reconnaissent votre royauté sacrée et que, ainsi, le règne de votre paix s’établisse, dans l’univers entier.  Amen. "


Et, de fait, hier soir, en la cathédrale de Montréal, tous les participants, cierges allumés en main, ont renouvelé leurs promesses du baptême, en renonçant au mal et en proclamant leur foi en Dieu et en l’Église.

À chaque année, en cette solennité du Christ Roi de l'univers, me vient aussi à l’esprit le magnifique écrit du poète indien Rabindranath Tagore, intitulé: Le Roi et le mendiant. Je vous invite à lire ce poème, et ce que j'en dis, sur mon blogue, en date du 20 novembre 2011. Pour y avoir accès plus rapidement, veuillez cliquer sur le lien suivant: 

Dieu ma joie: Solennité de Jésus Christ, Roi de l'univers :



jeudi 21 novembre 2013

Guy Simard, humoriste

Guy Simard, humoriste


Chers lecteurs et lectrices de mon blogue,

Depuis deux ans et demi environ, vous me connaissez sur mon côté un peu sérieux. Mais je ne suis pas toujours sérieux. J’aime beaucoup rire, et les gens qui me connaissent bien, savent par expérience, que je les fais beaucoup rire. Parfois involontairement, mais la plupart du temps, de façon consciente et voulue. D’ailleurs, si mon blogue a pour titre Dieu ma joie, ce n’est pas pour rien. La joie est mon désir le plus profond (je vous encourage à nouveau à lire le premier long texte que j’ai mis sur mon blogue, à ce sujet, en juin 2011; voir l'archive du blogue, à droite).

Pour vous montrer mon petit côté humoristique, je vous partage aujourd’hui un fait qui s’est passé, il y a environ deux ans. Alors que j’étais au bureau de la paroisse, j’ai reçu, un certain lundi matin, un appel téléphonique de monsieur Luc Cauchon. J’ignorais tout de cet individu. Il se présente et me dit qu’il travaille pour l’émission Midi Morency (François Morency est un de nos humoristes et animateurs radio les plus connus au Québec) qui était en ondes au moment où M. Cauchon m’a téléphoné. Ce cher monsieur me dit qu’à chaque lundi, François Morency lui lance un défi qu’il doit réaliser durant les deux heures que dure l’émission. Le défi de ce jour était de trouver un curé qui viendrait en studio avec son bedeau, la petite cloche qui est utilisée dans les églises, et qui chanterait sur les ondes, le menu du restaurant Valentine en latin (pour ceux et celles d’entre vous qui ne connaissent pas ce restaurant, sachez que c’est un restaurant de « fast food » très connu à Montréal). Et M. Cauchon de me dire que j’étais l’heureux élu, grâce à un de mes paroissiens qui écoute régulièrement l’émission et qui lui aurait dit que son curé serait « game » (aurait l’audace) de faire cela. Inutile de vous dire que j’ai été très surpris par cette demande, qui m'a paru très farfelue. Mais l'animateur radio s'est fait vraiment insistant et " suppliant ". J’ai rapidement pesé dans ma tête, les pour et les contre de cette proposition insolite, pour finalement accepter à certaines conditions : ce cher monsieur Cauchon, devrait oublier le bedeau, faire lui-même traduire en latin le menu du restaurant Valentine car je n'avais pas le temps de le faire, et payer les frais de stationnement de mon auto. Monsieur Cauchon a acquiescé à toutes mes demandes. Il ne me restait alors que très peu de temps pour me rendre sur les lieux de la station radiophonique.

En sortant du bureau de la paroisse, j’aperçois notre bedeau qui sortait lui aussi et qui venait de terminer ses heures de travail. Je baisse la vitre de mon auto et je lui dis où je m’en vais. Il me dit que Midi Morency est son émission de radio préférée et qu’il aimerait beaucoup venir avec moi. Ce qui fut fait. Je vais vous laisser écouter ce que cela donne. Un petit détail, cependant, avant de vous laisser rire (je l’espère) à votre tour: avant d’entrer en ondes, M. François Morency m’avertit du fait qu’à chaque jour, son émission se termine de la façon suivante : tous les gens dans le studio arrêtent de parler, et lorsque la petite lumière jaune qui est sur la table devant nous, s’allume, toutes les personnes se mettent à crier « Heye ». François Morency, ayant un prêtre catholique devant lui, me demande: « Comment on dit ça en latin, Heye? Je n’avais aucune idée de la réponse, mais j’ai inventé un mot. J’ai répondu: « Heyus », car je trouvais que cela « sonnait latin ». Toute l’équipe a donc décidé de terminer l’émission ce jour-là par le cri de joie: « Heyus ». Ma sœur Marie, qui habite dans la ville de Québec, et qui a écouté plus d’une fois l’extrait radiophonique que vous allez probablement entendre dans un instant, commence toujours les messages qu’elle m’envoie depuis deux ans via internet, par la salutation suivante: « Heyus ! ».

Pour entendre mon intervention à l’émission Midi Morency, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous : 


mercredi 13 novembre 2013

Athéisme et foi

Athéisme et foi

Il devient de plus en plus clair dans mon esprit, que deux visions s'affrontent au Québec, dans les choix de société. Alors que dans les années 1950, la grande majorité des Québécois étaient croyants catholiques, la grande majorité des Québécois en 2013, ne le sont plus. Nombreux sont peut-être les catholiques de nom au Québec, ou les catholiques baptisés, mais de moins en moins nombreux sont les catholiques qui croient que Jésus est Dieu et qui, pour cette raison, sont très fiers d’être chrétiens catholiques. Par contre, de plus en plus de gens se disent athées et sont très fiers de l’être. C’est le cas de plusieurs personnalités connues. Il semble même, à entendre certaines d’entre elles, que ce soit une gloire que d’être athée en ce 21ème siècle. Voilà tout un changement dans la société. Et nous ne pouvons qu’entrevoir les contrecoups d’une telle situation.

Comme je le laissais entendre dans le précédent paragraphe, ce qui caractérise un ou une catholique, ce n’est pas d’abord et avant tout d’adhérer à un système de valeurs, mais bien plutôt d’adhérer à une Personne.  Le fondement de la foi catholique, c’est la croyance en Jésus Fils de Dieu et Dieu lui-même. On pourrait aussi dire que le fondement de la foi catholique, c’est de croire au Dieu que nous a révélé Jésus le Christ : à savoir que le seul et vrai Dieu est en trois Personnes : le Père (Dieu le Père), le Fils (Dieu le Fils, qui, depuis deux mille ans, se nomme : Jésus) et l’Esprit Saint (Dieu le Saint Esprit). Quand je prépare les jeunes parents au baptême de leurs enfants, je suis toujours surpris de constater que la grande majorité d’entre eux ne savent pas que Jésus est Dieu. Et ils sont très étonnés d’apprendre que, pour ma part, je crois que Jésus est Dieu. Ici, en paroisse, on demande aux jeunes parents de venir présenter leurs bébés à la communauté chrétienne, un dimanche. Je leur dis que lorsqu’ils viendront à la messe, qu’ils ne se gênent pas pour demander aux paroissiens s’ils croient que Jésus est Dieu. Et je leur dis de prêter attention aux prières que le prêtre fait durant la messe. Le prêtre s’adresse  à Dieu le Père « par Jésus Christ son Fils, Notre Seigneur et notre Dieu, dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles ».

Être catholique, n’est pas une sinécure. Ce n’est pas une piqûre de morphine qui nous permet de nous évader de ce monde, de rêver à un monde meilleur. Je vous encourage fortement à lire le texte de Didier Decoin que j’ai déjà mis sur mon blogue et dont je vous donnerai la référence au bas du présent message. M. Decoin était athée. Il a été surpris par la grâce et est devenu chrétien catholique. Il avoue bien honnêtement et bien franchement qu’il est beaucoup plus facile de vivre et de se conduire en athée, que de vivre et de se conduire en chrétien. Je n’ai aucune difficulté à croire cela. L’évangile est divin; l’évangile invite sans cesse l’être humain à se dépasser, à vaincre son égoïsme.

Être catholique ne résout pas tous les problèmes et toutes les interrogations. Quand j’ai vu ces jours-ci les terribles images de la dévastation causée par le typhon Haiyan aux Philippines, je n’ai pu m’empêcher de me demander comment un Dieu Père peut permettre de telles tragédies humaines. En regardant le téléjournal, je m’imaginais plusieurs de mes concitoyens athées qui, regardant les mêmes images, devaient se dire : « Et dire que certaines personnes croient quand même à un Dieu, à un Dieu bon, infiniment bon. » Voilà en effet, qui est tout un mystère. Mais nous devons aussi avoir l’honnêteté de nous dire que de telles tragédies qui, aux dires de nombreux scientifiques, deviendront de plus en plus fréquentes, sont souvent en grande partie dues à l’homme. Vous avez peut-être vu à la télé ces jours-ci, monsieur Naderev "Yeb" Sano, le délégué des Philippines pour les conférences de l’ONU sur le climat, en pleurs, accuser l’égoïsme humain pour une telle tragédie. Aux membres du sommet qui a lieu en ce moment à Varsovie sur le climat, monsieur Sano a dit ceci:

« À quiconque continue de nier la réalité des changements climatiques, j’ose vous demander de sortir de votre tour d’ivoire et de vous éloigner de votre confortable fauteuil. Je vous somme d’aller aux îles du Pacifique, aux îles des Caraïbes et aux îles de l’Océan Indien, et de voir les impacts de l’augmentation des niveaux d’eau;   …   Et si cela ne suffit pas, vous pouvez rendre visite aux Philippines en ce moment. »

Ce cher monsieur a même entrepris une grève de la faim " jusqu’à ce qu'une évolution significative se dessine " dans le but de mieux lutter contre le réchauffement de la planète. Cet homme a raison, c’est certainement le réchauffement de la planète qui cause en ce moment, et causera dans le futur de nombreuses catastrophes dites « naturelles ». Les gouvernements des pays du premier monde sont bien prêts à donner des millions et même des milliards de dollars, pour reconstruire des pays dévastés par des cataclysmes, mais ils ne veulent pas mette de milliards pour combattre la cause de ces dévastations : le réchauffement climatique. De même pour la faim dans le monde. Il est prouvé scientifiquement, que si l’être humain n’était pas aussi égoïste, belliqueux et avide d’argent, il n’y aurait personne qui mourrait de faim de nos jours. Ceci étant dit, je ne nie pas que des cataclysmes vraiment naturels se soient produits dans le passé et même, aussi, probablement maintenant, mais une grande part des maux qui affligent l’être humain, sont dus à l’homme, et non pas à Dieu. Dieu a le dos large, mais il ne faut pas quand même pas exagérer et tout lui mettre sur le dos.

J’ai interrompu l’écriture de ce texte, pour aller célébrer l’eucharistie avec mes paroissiens. J’ai été émerveillé de constater que la première lecture de la messe d’aujourd’hui est tirée du livre de la Sagesse et consiste en une mise en garde envers les puissants et les grands de ce monde. En voici un extrait :

« Écoutez donc, ô rois, et comprenez ; instruisez-vous, souverains de toute la terre.
Soyez attentifs, vous qui commandez aux foules, qui vous vantez de la multitude de vos peuples. Car la domination vous a été donnée de la part du Seigneur, et le pouvoir de la part du Très-Haut, lui qui examinera votre conduite et scrutera vos intentions.
En effet, vous étiez les serviteurs de sa royauté, et vous n'avez pas rendu la justice avec droiture, ni observé la loi, ni vécu selon les intentions de Dieu. Terrifiant et rapide il fondra sur vous, car un jugement implacable s'exerce sur les grands; le petit obtient le pardon et la miséricorde, mais les puissants seront jugés avec puissance.
Le Souverain de l'univers ne reculera devant personne, il ne se laissera influencer par aucune grandeur ; car les petits comme les grands, c'est lui qui les a faits, et il prend soin de tous pareillement. Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse. » (Sg 6, 1-11)

Pour ma part, en tant que croyant, devant le mystère de la vie et de la mort, j’aime à faire des actes de foi. Mes sentiments à cet égard, sont très bien rendus par le chant de Robert Lebel, que voici :

Pendant ce temps  (tiré de l’album : À Toi Mes Hymnes)

Pendant que dansent dans le ciel
Les étoiles, la lune et le soleil,
Que nos jours s'en vont comme la paille au vent,
Qu'un vieillard fait place... à ses petits enfants.


Pendant que grondent des volcans,
Des tornades, de violents ouragans,
Que la terre tremble et glisse sous nos pieds,
Qu'un torrent dévale emportant le passé...

Pendant ce temps, Toi tu es Dieu.
Pendant ce temps, Toi tu es là.
Et tout ce temps, Tu es l'Amour.
Et tout ce temps, je crois!

Pendant que s'endort l'occident,
Que des peuples se lèvent à l'orient,
Qu'un petit va naître... et qu'un autre se meurt,
Qu'une mère pleure... quand l'autre a du bonheur.


Pendant que passent les saisons,
Que la neige étale sa toison,
Qu'aux moissons succède le temps des labours,
Qu'un printemps s'éveille éveillant nos amours...

Pendant que je m'en fais pour rien,
Que mon âme s'inquiète pour demain,
Qu'à ma porte, ton amour attend dehors
Et qu'il frappe chaque jour un peu plus fort.


Plus grand que toutes mes questions
Et plus vaste que tous mes horizons,
Que mes plans, mes rêves et mes plus beaux projets,
Ô mon Dieu, Tu es, Tu seras, Tu étais!

Pendant que l'Humain est Humain,
Que la terre se maintient dans ta main,
Que se mêlent à nos prières et nos chansons
Ceux qui luttent à leur manière pour ton nom.

Pendant ce temps, Toi tu es Dieu.
Pendant ce temps, Toi tu es là.
Et tout ce temps, Tu es l'Amour
Et tout ce temps, je crois!


Pour lire des écrits qui ont rapport à ce thème, et qui ont déjà parus sur mon blogue, veuillez cliquer sur les liens suivants :

Dieu ma joie: Didier Decoin: à contre-courant


 


 








  

lundi 11 novembre 2013

Mattie Stepanek: artisan de paix

Mattie Stepanek : artisan de paix
Mattie J.T. Stepanek

En ce jour du 11 novembre 2013, où nous commémorons l’armistice, je désire faire connaître un jeune garçon décédé à l’âge de 14 ans, en 2004. Avant-hier, je n’avais jamais entendu parler de ce jeune homme (je suis conscient que j’ai, en une seconde, fait vieillir le jeune garçon, mais il a une telle maturité pour son âge, que je le considère comme un adulte) dont le nom est Mattie Stepanek (Matthew est son véritable prénom). C’est grâce à la chaîne télévisée EWTN que j’ai fait  la connaissance du jeune Mattie, hier soir. La mère de Mattie parlait de son fils et j’ai vu une vidéo très impressionnante où Mattie donnait les trois conditions pour devenir, selon lui, un artisan de paix (a peacemaker) et pour construire un monde où règne la paix. Si vous allez sur Wikipedia et que vous écrivez le nom de Mattie, vous lirez des lignes qui sont très surprenantes. En lisant ces lignes, je me disais : « Comment se fait-il que je n’aie jamais entendu parler de ce jeune prodige? » Voici les premières lignes du texte que l’on retrouve dans Wikipedia. Malheureusement, je n’ai pas trouvé le texte en français. J’en donnerai une traduction, mais il vaut toujours mieux lire l’original.

Matthew Joseph Thaddeus Stepanek (July 17, 1990 – June 22, 2004), known as Mattie Stepanek, was an American poet, who published five books of poetry and one book of essays. His volume Hartsongs (ici, il y a une erreur car le vrai titre est Heartsongs; je me suis permis de faire la correction) reached The New York Times bestsellers list.[1] He became a peace advocate and motivational speaker, and lobbied on Capitol Hill on behalf of peace[neutrality is disputed], people with disabilities, and children with life-threatening conditions. He has also won numerous awards.
Stepanek suffered from a rare form of muscular dystrophy, dysautonomic mitochondrial myopathy, that resulted in his death a month before his 14th birthday. His sister and two brothers also died from the disease during early childhood, and his mother has the adult form, diagnosed only after all four of her children were born.

Matthieu Joseph Thaddée Stepanek (17 juillet, 1990 -  22 juin, 2004), connu sous le nom de Mattie Stepanek, était un poète américain, qui a publié cinq livres de poésie et un livre d’essais. Son livre Heartsongs, est parvenu à atteindre la liste des bestsellers du New York Times. Il est devenu un avocat pour la paix et un conférencier motivateur. Il a milité sur la colline du Capitole, en faveur de la paix et pour les gens qui ont des handicaps, dont les enfants qui vivent des conditions qui menacent leur vie. Il a aussi gagné de nombreux prix.
Stepanek souffrait d’une rare forme de dystrophie musculaire (dont vous pouvez trouver le nom ci-dessus), qui l’a conduit à la mort un mois avant d’atteindre ses 14 ans. Sa sœur et deux de ses frères sont aussi décédés de la même maladie en bas âge, et sa mère souffre, à l’âge adulte, de la même maladie qui a été diagnostiquée uniquement après que ses enfants soient nés.

Je suis tout à fait conscient que ma traduction n’est pas parfaite ; et je m’en excuse.

Hier, à la télévision, je voyais Jeni, la mère de Mattie, affectée désormais par la terrible maladie. Elle est dans une chaise spéciale et a un tube à quelques centimètres de sa bouche. À toutes les deux phrases, elle doit aller puiser de l’air dans ce tube. Dans la vidéo que vous pourrez regarder dans un instant, M. Aroyo, qui conduit l’interview, demande à madame Stepanek : « Chère madame, vous avez dit en quelque part, que vous avez un jour atteint ce qu’on appelle « le fond du baril » (c’est moi qui paraphrase) ; que vous êtes allée aussi bas qu’il est possible d’aller dans notre condition humaine. Qu’est-ce qui vous a permis de sortir de là ? » Et madame Stepanek, d’avouer bien candidement, que son fils Mattie l’a grandement aidé, en lui disant ceci : « Maman, ne respire pas seulement pour vivre, comme automatiquement ; choisis de respirer ». Dans un autre interview, madame Stepanek dit que cela lui a pris des mois avant de comprendre le message que son fils lui a donné alors qu’il était sur son lit de mort. Mais un jour, elle a compris et elle a trouvé plusieurs raisons de vivre.

En écoutant le jeune Mattie hier, dans une vidéo où il donne les trois conditions pour atteindre la paix, ce qui m'a le plus impressionné, c’est ceci : ce jeune n’arrête pas de nous dire de façon très convaincante, que nous avons toujours le choix de nos actes. Il faut choisir, il faut décider. Il n’arrête pas de dire que tout dépend de nos décisions. Comme il fait bon entendre ce message, alors que tout le monde semble vouloir décider à notre place, ou mettre en doute la liberté humaine.

Le jeune Mattie parle souvent des chansons qu’il entend dans son cœur. Le titre de son livre, Heartsongs, signifie d’ailleurs cela. Dans une des vidéos mises sur internet, celle du 22 octobre 2010, nous entendons Mattie nous dire que quand il s’arrête, qu’il fait silence, il entend clairement une voix qui chante dans son cœur et qui lui dit : " Je t'aime, je t'aime. "

Mattie n’était pas supposé vivre après 2001. Il avait écrit pratiquement tous ses poèmes avant la fin de l’année 2001. En 2003, Mattie est devenu très malade et il perdait beaucoup de sang. Tout le monde pensait que c’était la fin. Un jour, un homme a donné à Jeni (la mère de Mattie) pour Mattie, une relique du Frère André Bessette. Mattie a « appliqué » la relique sur lui et il a prié. Après sa prière, il a dit qu’il était prêt à poursuivre la mission qui lui était confiée aussi longtemps que Dieu le voudrait. L’hémorragie de sang s’est arrêtée, sans que les médecins ne comprennent pourquoi. Dans les mois qui suivirent, le jeune Mattie est passé à la télévision, à l’émission d’Oprah Winfrey, ce qui lui a permis d'être connu par un large public. Il s’est ensuite lié d’amitié avec Jimmy Carter (l’ancien président des Etats-Unis) et a été interviewé plusieurs fois à la télévision. Tout cela, dans les deux dernières années de sa vie. On peut donc dire que c’est grâce à l’intercession du saint Frère André, que le message de Mattie est maintenant connu dans le monde entier.

Voici quelques uns de ses poèmes: 

Heartsong
By Mattie J. Stepanek (1990-2004)
I have a song, deep in my heart,
and only I can hear it.
If I close my eyes and sit very still
it is so easy to listen to my song
When my eyes are open
and I am so busy and moving and
busy, if I take time and listen very hard, I can still hear my heartsong.
It makes me feel happy.
Happier than ever.
Happier than everywhere,
and everything and everyone in the whole wide world.
Happy like thinking about
Going to Heaven when I die.
My heartsong sounds like this-
I love you! I love you!
How happy can you be!
How happy can you make this whole world be!
And sometimes it’s other
Tunes and words, too.
But it always sings the same special song.
But do you know what?
All people have a special song inside their hearts!
Everyone in the whole wide world has a special heartsong.
If you believe in magical, musical hearts.
And if you believe you can be happy
Then you, too, will hear your song. 

Pour entendre Mattie réciter lui-même ce poème, veuillez cliquer sur le lien suivant, et vous rendre à la 37ème minute, 26ème seconde: 
  1. World Over - Suffering - Raymond Arroyo with Jeni Stepanek, Ph.D ...

    www.youtube.com/watch?v=zK2mQJKwhFU
    22 oct. 2010 - Ajouté par EWTN
    EWTN Global Catholic Television Network: World Over - Raymond Arroyo - Jeni Stepanek, Ph.D. and ...   

The Language of God

 Do you know what
Language God speaks?
God speaks Every-Language.
That's because God made
Everyone and Gave
Everyone different Languages.
And God understands all of them.
And do you know what is God's
Favorite Language?
God's favorite language is
Not grown-ups's language,
But the Language of Children.
That's because children
Are special to God.
Children know how to share,
And they never lose
Their Heart-Songs.

Et voici maintenant, ce qui est considéré comme étant le poème le plus fameux, ou le plus connu, qu'ait écrit le jeune Mattie. Il a écrit ce poème le jour du terrible attentat aux tours du World Trade Center , le 11 septembre 2001,  " pour notre monde ". 

For Our World

We need to stop.
Just stop.
Stop for a moment.
Before anybody
Says or does anything
That may hurt anyone else.


We need to be silent.
Just silent.
Silent for a moment.
Before we forever lose
The blessing of songs
That grow in our hearts.


We need to notice.
Just notice.
Notice for a moment.
Before the future slips away
Into ashes and dust of humility.
Stop, be silent, and notice.
In so many ways, we are the same.
Our differences are unique treasures.
We have, we are, a mosaic of gifts
To nurture, to offer, to accept.


We need to be.
Just be.
Be for a moment.
Kind and gentle, innocent and trusting,
Like children and lambs,
Never judging or vengeful
Like the judging and vengeful.
And now, let us pray,
Differently, yet together,
Before there is no earth, no life,
No chance for peace.

September 11, 2001
© Matthew Joseph Thaddeus Stepanek 1990 -2004
from Hope Through Heartsongs, Hyperion, 2002
Mattie Stepanek was 11 years old when he wrote this poem on the day of 9-11.

 Et si vous désirez entendre Mattie réciter lui-même le poème, veuillez cliquer ici : 
  1. For Our World by Mattie J.T. Stepanek - YouTube

    www.youtube.com/watch?v=q29fkAO4uro
    16 avr. 2013 - Ajouté par Jeni Stepanek
    One of Mattie J.T. Stepanek's most popular (and needed) poems. Mattie wrote this poem on September 11, 2001 as an international passage  ...